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passé cet engagement sans le consentement de son chapitre. Les chanoines de Liége, regardant conséquemment cet acte comme illégal, sommèrent le duc d'abandonner ces villes, et, sur le refus qu'il en fit, l'excommunièrent. L'évêque leva l'excommunication, et le duc vint, à la tête d'une armée nombreuse, soumettre la ville de S.-Trond. Les conditions qu'il leur avait imposées, était modérées et raisonnables; mais elles étaient plus avantageuses au duc qu'à l'évêque. Ce dernier, dans le principe, avait caché son ressentiment et son chagrin; mais quand il se vit le plus fort, il se vengea sur les habitans de S.-Trond par tous les genres d'oppressions, en les chargeant de contributions, en les accablant de menaces. Ces infortunés habitans appelèrent à leur secours le duc Henri, comme leur protecteur et leur médiateur. Le duc, étant entré dans la ville, accompagné d'une suite nombreuse, défendit aux habitans de payer le moindre argent à l'évêque, au-delà de la somme stipulée dans les conditions qu'il leur avait dictées, et prit hautement leur défense contre les injustes vexations de leur évêque. Cependant ce dernier s'était adressé au pape pour en obtenir un octroi qui l'autorisât à percevoir le vingtième sur tous les prêtres de son diocèse, pour dégager, avec cette somme, les trois villes aliénées. Mais comme le diocèse de Liége comprenait une grande partie du Brabant, le duc ne put absolument se résoudre à souffrir que les ecclésiastiques de sa domination fussent chargés d'un impôt si onéreux par un prince étranger. Il leur défendit donc de payer le vingtième, en les menaçant, s'ils obéissaient à l'évêque, d'exiger la

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1256.
Id., ib.

dime pour sa part. L'évêque, pour se venger, excommunia le duc à son tour..

Les choses en étaient venues à cette extrémité quand les principaux seigneurs de la Belgique s'assemblèrent à Bruxelles pour terminer les dissentions dont toutes les provinces étaient agitées. Toute la contestation paraissait terminée selon les principes les plus équitables, l'assemblée était dissoute, et le duc Henri était parti pour assister à un tournoi. Le perfide Liégeois, qui nourrissait dans son cœur tous les sentimens d'une vengeance qu'il ne cherchait qu'à assouvir, en déchargea tout le poids sur les habitans de S.-Trond: il entra opinément dans la ville, cassa les magistrats, en nomma de nouveaux, qu'il connaissait dévoués à ses intérêts, et fit abattre les maisons des citoyens attachés au parti du duc. Les principaux citoyens, épouvantés. de ces actes de sévérité, se sauvèrent avec leurs richesses. L'impitoyal le prélat déclara par un serment solennel, que, si les émigrés ne rentraient pas incontinent dans leurs foyers, il ferait démolir leurs maisons: il fit faire des retranchemens devant la porte du Brabant, et fit élever une tour fortifiée à la porte de Maestricht pour contenir les habitans et foudroyer la ville, si les Brabançons venaient pour en former le siége. Le duc, qui venait d'assister à un tournoi, apprenant ces nouveaux excès, résolut Mier. Chart., de recommencer la guerre; mais on vint encore une fois à des moyens d'accommodement, et il fut arrêté de part et d'autre, que la paix conclue dernièrement subsisterait, et que Florent, régent de Hollande, qui faisait alors sa résidence à Louvain auprès du duc Henri; Otton, comte de Gueldre,

tom. 1.

A

frère de l'évêque de Liége; Jean d'Avesnes, Godefroid de Perwez, Gérard de Marbais, et son fils, qui étaient les seigneurs les plus distingués du Brabant, seraient nommés arbitres pour terminer la contestation. Leur jugement portait que les citoyens, dont on avait confisqué les biens, seraient dédommagés; que les bannis seraient rappelés; que la tour, que l'évêque avait élevée, subsisterait pour mettre les habitans dans l'impuissance de se révolter.

Mever.
Divaus.

Un de ces événemens imprévus qui déconcertent 1256. toutes les combinaisons politiques, termina toutes les contestations. Le roi Guillaume avait entrepris de porter la guerre dans la Frise: l'hiver était fort avancé il dut même faire la plus grande partie de sa marche sur la glace. Les Frisons, qui voulaient l'attirer dans une embuscade, vinrent, pour ainsi dire, le harceler dans sa tente. Guillaume, que cette espèce d'insulte avait vivement piqué, se mit à les poursuivre dans les roseaux, derrière lesquels ils se tenaient cachés. En traversant un marais, son cheval s'enfonça dans la glace, et le roi fut assailli par une troupe de paysans, qui l'assassinèrent : il était âgé seulement de vingt-huit ans. Sa mort fut suivie d'une paix entre Florent, régent de Hollande, et Marguerite, comtesse de Flandre. Il fut stipulé que Gui et Jean de Dampierre, avec les autres prisonniers, seraient rendus pour une grosse somme d'argent; que le comte Florent, tuteur de son neveu Florent, ou, à son défaut, le jeune Florent lui-même, donnerait sa main à Béatrix, fille de Gui de Dampierre; qu'au cas que ni l'oncle ni le neveu n'épousât Béatrix, un des fils de Gui épou

serait Mathilde, fille du feu roi Guillaume, et que, dans l'un ou dans l'autre cas, il serait assigné pour apanage des futurs époux, les îles de Zélande, lesquelles relevaient des comtes de Flandre: cet arrangement fut conclu à Bruxelles, par la médiation du duc Henri, et ratifié à Péronne, par le roi S. Louis. C'est dans cette dernière assemblée, convoquée au dimanche avant la fête de S.-Michel, que le roi obligea préalablement les d'Avesnes à renoncer à tous les droits que le roi Guillaume leur avait accordés sur le comté de Namur et sur la Flandre impériale, et à révoquer la cession qu'ils avaient faite, du comté de Namur, à Henri, comte de Luxembourg. Jean et Baudouin jurèrent de se conformer à la volonté du monarque, qui reçut également le serment de Gui de Dampierre, par lequel il promettait de rendre à Jean d'Avesnes, toute la partie du Hainaut, appelée dans ce temps l'Ostrevaut, et de renoncer, au nom de ses successeurs, à toutes les prétentions qu'ils pourraient former sur le Hainaut, en tout ou en partie. Dès que ces formalités préliminaires furent accomplies, le roi annulla la cession que la comtesse Marguerite avait faite, du Hainaut au comte d'Anjou, en lui passant, par forme de dédommagement, la somme à laquelle montaient les frais de la guerre, que la comtesse de Flandre devait lui payer dans le terme de cinq ans, et il finit par renouveler la sentence qu'il avait portée dix ans auparavant, par laquelle il adjugeait la Flandre à Gui de Dampierre, et le Hainaut, à Jean d'Avesnes.

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Ces arrangemens paraissaient avoir terminé toutes les difficultés. Cependant Jean, fils de Jean d'A

vesnes,

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Hocs. Leod,

vesnes, qui n'attendait qu'une occasion ou un prétexte pour renouveler ses prétentions sur le comté de Namur, profita des troubles qui s'élevèrent dans cette province sous le gouvernement de l'impératrice Marie, à qui le comte Baudouin, empereur de Constantinople, son époux, avait confié pendant son absence l'administration de ce comté. L'esprit de licence qui s'était emparé du peuple, avait détruit la police et énervé l'autorité. Les magistrats, par leur lâche tolérance, autorisaient tous les désordres. L'impératrice, pour remédier à ces maux, employa des moyens trop violens, qui achevèrent d'aigrir les esprits. Le peuple, qui déjà murmurait dans le silence contre les impôts dont elle l'avait accablé, réduit au désespoir, fit hautement éclater ses plaintes contre l'avarice et la dureté de leur despotique comtesse. Les grands, qu'elle méprisait, ayant gagné les bourgeois les plus notables, tramèrent une conspiration dont le but était de se soustraire au joug de l'impératrice, et de se remettre sous la domination du comte de Luxembourg. Les conjurés envoyèrent un bourgeois au comte pour lui en faire la proposition. Le comte accepta avec une joie immodérée les offres des Namurois, et promit à l'envoyé de le suivre sous peu de jours: il fut fidèle à sa parole; car il arriva à Namur, le 24 1256, de décembre, et fut introduit dans la ville pendant la nuit. L'impératrice, qui avait ignoré toute cette trame, se sauva précipitamment du château, dont elle laissa le commandement au bâtard de Wesemale, avec ordre de le défendre à l'extrémité. La princesse, étant allée solliciter le secours de tous ses amis, parvint à en rassembler un petit nombre, dont

Tome III.

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