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puissante armée, et il réduisit, en passant, la ville d'Ipres avec tout le quartier voisin sous l'obéissance du comte. Artevelde, informé que les Français dirigeaient leur route sur Gand, vint les rencontrer au village de Rosebecq, à trois lieues de Courtrai, où s'engagea un terrible combat, dont le succès fut long-temps balancé. Les Flamands y montrèrent un acharnement féroce, qu'augmentaient l'exemple et les vociférations de leur chef. «Qu'on tue tout, » criait Artevelde; qu'on épargne seulement le roi: » ce n'est qu'un enfant : on doit lui pardonner; car il ne sait ce qu'il fait : il va comme on le mène: >> nous le menerons à Gand pour l'apprendre à » parler flamand ». Cette forfanterie fut abaissée. Les Français déployèrent une valeur plus réfléchie, dont la victoire fut le prix. Le fougueux Artevelde, dans son désespoir, voyant que sa défaite était inévitable, chercha la mort dans la mêlée. Les Flamands, sans compter les prisonniers et les blessés, perdirent dans cette terrible bataille, plus de vingt mille hommes.

Le bruit de cette victoire étonna tellement les Flamands, que toute la province rentra sous l'obéissance du comte Louis. Les Gantois seuls, appuyés de la protection de Richard, roi d'Angleterre, persistèrent dans leur rebellion, et ils choi- Meyer. sirent, pour remplacer Artevelde, François Agricola, qui s'était déjà signalé par son audace et ses excès; cependant, comme l'hiver approchait, le roi Oudegh., de France, croyant qu'il serait difficile et dangereux de continuer la guerre dans la Flandre, prit le parti de retourner en France: il prit sa route par Courtrai. La vue des éperons dorés que l'on con

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servait dans cette ville, comme un monument de la grande défaite que les Français avaient essuyée dans ces environs, ieur inspira une si violente fureur, que le roi ( du moins, selon que les Français disent, ajoute Oudegherst) ne put empêcher les atrocités auxquels ils se portèrent; et cette malheureuse ville fut livrée, par cette soldatesque furieuse, aux flammes et au pillage.

Le roi s'arrêta à Tournai, d'où il manda aux Gantois, qu'ils eussent à lui envoyer promptement trois cent mille francs; qu'ils renonçassent à l'allian ce de l'Angleterre ; qu'ils obéissent au pape Clément; qu'ils donnassent au comte Louis une juste satisfaction de leurs méfaits; qu'ils livrassent des otages pour sûreté de l'accomplissement de ces conditions, et qu'au moyen de cet arrangement ils ob tiendraient la paix; que cependant, s'ils ne voulaient pas accéder à ces propositions par voie amiable, il les y contraindrait par voie de fait; mais les fiers Gantois, se reposant sur l'appui de l'Angle terre, refusèrent d'accepter ces offres. Le roi, voyant que ses efforts étaient inutiles, retourna à Paris, et les Gantois, avertis de son départ, reprirent les armes, brûlèrent la ville d'Ardenbourg et désoléId., ch. 179. rent le quartier de Bruges; cependant, comme ils craignaient le retour du roi de France, ils récla mèrent la protection du roi d'Angleterre, qui en voya à leur secours une forte armée, sous la con duite de l'évêque de Nortwick. Les Gantois, prévenus de l'arrivée de leurs fidèles alliés, vinrent les joindre dans la West-Flandre, qu'ils livrèrent à la plus horrible dévastation. Mais les seigneurs flamands, qui tenaient le parti de leur comte, ac

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compagnés

compagnés de ceux du Franc, rencontrèrent les Gantois et les Anglais près de Dunkerque, où les deux partis se livrèrent un combat sanglant, dont l'avantage resta aux rebelles. La perte fut terrible des deux côtés. Oudegherst porte celle des Flamands seulement, à plus de neuf mille hommes.

Cette cruelle victoire fut cependant favorable aux rebelles. Toute la West-Flandre embrassa le parti de ceux que la fortune avait favorisés. Les Anglais, profitant de la consternation que leur victoire avait répandue dans les villes voisines, vinrent mettre le siége devant Ipres, qui, disent les historiens, n'était défendue, comme les anciennes villes de la Belgique, que par un mur de gazon, une haie de pieux et un vaste contour de fossés. Les Gantois envoyèrent au secours des Anglais un corps nombreux, commandé par leur capitaine Agricola. Les Anglais s'étaient emparés des faubourgs qui, dans ce temps, étaient beaucoup plus grands que la ville. Les assiégés, ne voyant pas le moyen de résister à cette effroyable multitude, prirent la courageuse résolution de mettre le feu à leurs faubourgs.. Les Anglais, considérant qu'ils avaient passé neuf semaines sans succès devant cette ville, levèrent le siége et distribuèrent leurs troupes dans les divers quartiers de la West-Flandre. Les habitans d'Ipres ne manquèrent pas d'attribuer ce départ des Anglais à un miracle opéré par une Notre-Dame des frères mineurs, et ils faisaient encore tous les ans, du temps d'Oudegherst, en mémoire de cet événement, une procession générale, Ele 8 du mois d'août.

Cependant, une nombreuse armée d'Anglais fit

Tome 111.

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Meyer. Oudegh., ch, 281, n. 1.

une nouvelle descente dans la ville de Gand, pour faire une jonction avec ceux qui étaient répandus dans la West-Flandre, où les Gantois envoyèrent cette armée auxiliaire avec une très-forte escorte, sous la conduite d'Agricola, qui, en passant, emporta la ville d'Audenarde, et livra tous les nobles de cette ville, qui tenaient le parti de leur prince, à la fureur de la soldatesque, qui les mit en pièces.

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Le roi Charles, informé de ces continuelles dévastations, assembla derechef une formidable armée, qu'il conduisit dans la West- Flandre, d'où enfin il chassa les Anglais, qui avaient leurs principales forces près de Bergues, et força cette par tie de la Flandre à rentrer sous l'obéissance du comte Louis. Les Gantois, par représailles, en, voyèrent toute la garnison d'Audenarde dans le Tournaisis, où elle exerça toutes les cruautés qui signalent les guerres civiles.

Les deux rois, voulant mettre un terme à ces calamités, désignèrent la ville de Calais pour y traiter d'accommodement, et les ducs de Berry et de Lancastre, au nom de leurs rois, conclurent une trève d'un an, dans laquelle les Gantois et leurs adhérens furent compris.

Le comte Louis mourut pendant cette trève. Sa fille Marguerite, qui, après la mort de Philippe de Rouvres, avait épousé Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, succéda à son père dans le comté de Flandre, qui, par ce mariage, passa sous la domination de la maison de Bourgogne,

Agricola, qui commandait dans Audenarde, se reposant sur la foi du traité, était allé tranquille

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ment aux noces d'un de ses neveux; mais le seigneur d'Escornai, qui cherchait à venger sur les Gantois les affronts qu'il en avait reçus, profita de l'éloignement et de la sécurité de son ennemi pour lui enlever Audenarde par le moyen d'un stratagême, ou, pour parler plus proprement, d'un tour qu'on ne pouvait pas prévoir: il s'entendit et il se concerta avec des femmes, qu'il engagea à se présenter, à la pointe du jour, aux portes de la ville avec des comestibles que les villageoises apportent ordinairement dans les villes, comme des œufs, du beurre, du lait, et il avait fait marcher dervière ces femmes, à une certaine distance, des chariots remplis de foin, sous lequel étaient cachés des komme armés. Les gardes de la porte s'occupèrent 5à visiter ces denrées, et à percevoir les droits auxquels elles étaient assujetties. Les deux premiers chariots profitent de ce moment pour passer la por→ te, et les conducteurs coupent les traits, et prennent la fuite: les homme armés, sautent des chariots, surprennent et égorgent les gardes. Escornai, qui s'était caché dans un bois avec quatre cents hommes, entre dans Audenarde: il s'engagea sur la Place un combat, dans lequel Pierre Winck lieutenant d'Agricola, fut battu et forcé de passer Escaut à la nage pour sauver sa vie. Les Gan tois, que la nouvelle de la reprise d'Audenarde ara rendus furieux, s'assemblent en tumulte et en armes sur le Marché. Agricola, qui, pour détourner coups qu'il craignait, tâchait de livrer à cette ultitude échauffée une victime sur laquelle elle t assouvir sa rage, accusa le seigneur d'Herzèle d'avoir voulu livrer Gand au comte, et la popu

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