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Le nombre des infortunés qui périrent de cette manière barbare est de dix-sept. Une de ces malheureuses victimes, Jean Platvoet, chevalier, ayant reconnu, parmi les archers, un de ses anciens domestiques, tàcha, par ses instances et ses prières, de l'engager à lui sauver la vie. Ce fidèle serviteur, touché par les prières et l'horrible situation de son ancien maître, le cacha sous un banc, après l'avoir couvert de son habit; mais un jeune homme, fils d'un tisserand, qui, par hasard, était entré dans la salle avec son père, ayant aperçu le collier d'or qui était la décoration ordinaire des chevaliers, le fit remarquer à son père. Ce forcéné arracha l'infortuné Platvoet du lieu où il était caché, et le précipita par la fenêtre comme les autres magistrats. Cet archer, qu'un sentiment d'humanité avait porté à sauver les jours de son maître, fut, dans le même moment, impitoyablement massacré par ses compagnons furieux.

Le duc, qui était à Paris, informé de ces horribles excès, revint à Bruxelles au mois de janvier de l'année suivante. Les Louvanistes, consternés par cette nouvelle inopinée, envoyèrent une députation à Bruxelles, pour tâcher, par tous les moyens, d'obtenir leur grâce du duc irrité, en s'offrant à expier leur crime par toutes les réparations qu'il lui plairait d'exiger. Le duc leur enjoignit d'envoyer, au jour qu'il leur fixa, une députation à Tervueren, où il enverrait des commissaires pour entendre leurs propositions. Les députés de Louvain, s'y étant rendus au nombre de trois, proposèrent de condamner tous ceux qui avaient contribué au massacre des nobles, à un pélerinage d'outre-mer. Cette

1380.

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1381.

punition, n'ayant pas paru une réparation suffisante. et proportionnée à la gravité du délit, fut rejetée, et les conférences, rompues; mais les principales villes du Brabant, s'intéressant à celle de Louvain, agirent si puissamment, que le duc consentit à un accommodement, dont les principaux articles furent, que les bourgeois, auteurs et complices de l'assassinat des nobles et de l'émeute du peuple, seraient, au nombre de quatorze, relégués dans l'île de Chypre, et qu'il leur serait payé du trésor public, une somme pour les frais du voyage; que les nobles, auteurs et complices de l'assassinat de Gauthier de Leide, seraient, au nombre de neuf, condamnés au bannissement, et qu'il serait assigné par forme de dédommagement, une somme aux parens de ceux qui avaient été tués.

Les bourgeois furent les seuls qui furent satisfaits de cet arrangement. Les jeunes seigneurs ne pouvaient contenir leur indignation: ils criaient hautement que le sang de leurs pères ne pouvait être racheté par une vile somme d'argent; que, par une injuste condescendance, par une coupable indulgence, on avait accordé le pardon à des scélérats; que le duc affectait une partialité criante pour les bourgeois. Ces clameurs réveillèrent les mécontentemens et renouvelèrent le tumulte. Déjà les nobles, maîtres des châteaux voisins, faisaient des courses et des dégâts continuels dans le territoire de Louvain. Tout ce malheureux pays fut livré pendant les deux années suivantes à la fureur des deux partis : les nobles et les bourgeois y exerçaient comme à l'envi toutes les sortes de désastres et de brigandages. Les mécontentemens particuliers

avaient allumé la guerre civile, et la guerre civile
amena la révolte ouverte. Les bourgeois firent une
alliance secrète avec les Gantois, qui s'étaient ré-
voltés contre leur comte.

Le duc se détermina enfin à soumettre cette ville 1382;
séditieuse par la force des armes. Il fit donc tous
les préparatifs nécessaires pour cette expédition,
et ayant convoqué les états à Genappe, dans le mois
d'octobre, il leur déclara qu'il avait résolu de ré-
primer l'insolence des Louvanistes par la force, et
leur ordonna de venir le joindre avec un certain
nombre de troupes, au jour qu'il leur indiqua.
Les Louvanistes, ayant été informés de ces dispo-
sitions, travaillèrent de leur côté avec la plus grande
activité, à fortifier et à approvisionner la ville, pour
la mettre en état de soutenir un siége. Cependant la
division se répandit parmi les habitans: les plus sa-
ges étaient d'avis de se soumettre; mais, dans les
divisions populaires, les plus sages sont toujours
les moins écoutés. Gauthier Repaërd, Jean de Mo-
lenbeck et Matthias Wauterman, qui avaient le plus
grand ascendant dans la ville, parce qu'ils étaient
les plus turbulens, déterminèrent les habitans à sou-
tenir le siége, et ils furent chargés d'en diriger les
opérations avec le titre de capitaines.

Le duc, à la tête d'une puissante armée, parut e devant les murs de Louvain, le 5 décembre. La ville ne fut cependant pas assiégée dans les formes: toutes les opérations se bornèrent à de légères attaques. Les choses restèrent dans cet état pendant l'espace de six semaines, pendant lesquelles l'évêque de Liége, Arnould de Horn, employa tous ses efforts à préparer la paix mais les conditions en

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étaient si dures et si humiliantes, que les Louvanistes ne s'y soumirent qu'avec la plus vive répugnance. Ces conditions étaient, qu'à l'entrée du duc, les habitans viendraient lui demander pardon à genoux, tête découverte et pieds nus; qu'on renverserait les murs en forme de brèche, pour y faire son entrée; que, pour empêcher que la partie de leurs remparts qui avait été détruite, ne restât démolie, et que celle qui subsistait, ne fût rasée, ils paieraient une certaine somme au duc et à la duchesse, leur vie durant; que les nobles bannis sèraient rappelés, et que les chefs de la révolte, Repaërd, Molenbeck, Wauterman et dix-huit autres seraient bannis à perpétuité.

Dès que ces conditions eurent été signées par le duc, la duchesse, l'évêque de Liége, les principaux seigneurs et les villes principales du Brabant, le duc, à la tête de son armée, fit son entrée le 27 de janvier 1585, dans Louvain, où il fit trancher la tête à Jean de Swartere, chevalier, premier moteur et instigateur des troubles.

A peine l'ordre était-il rétabli dans la ville, que, déjà, dès le mois de mars suivant, les tisserands tramaient une nouvelle conspiration. Ce comble de témérité fit enfin comprendre à Wenceslas, que l'impunité était un remède impuissant pour arrêter une fureur aussi obstinée. Le chef de la conspiration eut la tête tranchée, et la tranquillité fut enfin rétablie. Mais cette ville, jadis si florissante, avait tellement perdu de ses forces, de sa population, de son commerce et de ses richesses, que jamais, dans la suite, elle ne put recouvrer son ancienne splendeur.

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Erar de la Flandre.-Les Gantoi refusent de consERtir à un nouvel impôt.-Les Brugeois achètent du comte Louis, l'autorité de creuser un canal: les Gantois font chasser et assommer les ouvriers. La multitude envoyée par les Gantois se répand dans la Flandre: elle est repoussée et défaite par les Brugeois. Accommodement entre les deux villes. - Les Gantois reprennent les armes et obtiennent un nouveau pardon: ils renouvellent leurs brigandages.

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Cessa

tion des hostilités : les Gantois les recommencent.
Philippe Artevelde est nommé leur capitaine; ses
cruautés il surprend le comte Louis dans Bruges.
Le comte se sauve. - Pillage de Bruges. Artevelde
exige le serment de fidélité des Gantois: massacre de
ceux qui le refusent. Les Français viennent dans la
Flandre. - Bataille de Rosebecque; ses suites. — Løs
Gantois persistent dans leur rebellion.-Sac de Cour-
trai.-Le roi de France offre la paix aux Gantois : ils
continuent leurs ravages. Victoire des rebelles, ai-
dés des Anglais. Siége d'Ipres. Prise d'Aude-
narde par les Gantois. Les Anglais sont chassés
de la West-Flandre - Les Gantois ravagent le Tour-

naisis. Trève.

narde est repris.

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Aude

Mort du comte Louis.
Fureur des Gantois : ils établis-
sent de nouveaux chefs. - Agricola prend Dam, et
y est assiégé par les Brugeois, puis par les Français,
qui prennent la ville. Négociations de paix : le duc
Philippe l'accorde aux prières de la duchesse de Bra-
bant, de la comtesse de Nevers et de la duchesse Mar-
guerite: il se rend à Gand.

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Les Flamands ne pouvaient se contenir. Le comte
Louis avait rétabli l'ordre et la paix. « Ce beau pays

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