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s'obligea d'indemniser ses sujets des pertes et des

intérêts qu'il leur avait causés; que comme les vil

les de Louvain, Bruxelles et Tirlemont étaient les seules qui eussent envoyé leurs députés à cette assemblée, ces villes ne payeraient que leur contingent, et qu'au cas que les autres refusassent de satisfaire à la taxe qui leur serait imposée, on les y contraindrait par la force; qu'on respecterait dans tous les points la juridiction et l'autorité du duc, ainsi que les priviléges et franchises des villes; que le duc et la duchesse expédieraient leurs lettres-patentes, par lesquelles ces princes reconnaîtraient que le subside octroyé dans cette occasion, ne tirerait à aucune conséquence pour l'avenir, et que le Brabant conserverait toutes ses franchises, libertés et coutumes; qu'on dresserait un acte de toutes ces conventions, et que s'il s'y rencontrait quelques obscurités, deux députés de chaque ville s'assembleraient à Genappe, pour y conférer sur les points contestés, jusqu'à ce qu'on eût donné les éclaircissemens et les explications convenables. Ces réglemens furent signés le dernier jour d'avril 1374.

les

Il fut réglé, par un acte du 4 juillet suivant, que dans les neuf cent mille moutons accordés par actes antérieurs, les monastères, qui étaient ceux des ordres de S.-Benoît, de S.-Bernard ou Citeaux, de S.-Norbert ou Prémontrés, et de S.-Augustin, en payeraient cent mille, dont quinze mille à titre de subside ultérieur, et que les huit cent vingt-cinq mille qui étaient à la charge des villes et du platpays, se payeraient par les chevaliers, barons, villes et plat-pays; mais ces monastères, qui avaient été taxés dans cette somme sans leur consentement,

puisqu'ils

puisqu'ils n'avaient point intervenu à la répartition, ni même à l'imposition de cette aide, refusèrent d'acquitter leur contingent. Cette affaire entraîna des suites fâcheuses. Ces moines portèrent des plaintes très-amères au pape, qui eut recours aux armes de l'anathême : il lança un interdit sur tout le Brabant, et cita à son tribunal et le duc et les villes qui avaient aidé ce prince dans son exécution militaire. Ce procès bizarre ne fut terminé qu'en 1577, par un concordat humiliant pour le duc.

Tome III.

15

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1375.

CHAPITRE XXIII.

NOUVEAUX troubles dans Louvain. - Les nobles sont chassés par les bourgeois. - Edit de Wenceslas, qui donne l'accès des charges aux bourgeois. Horribles briganda

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ges.
-Assassinat de Gauthier de Leide.-
Massacre affreux des magistrats de Lou-
vain. Accommodement entre le duc et les
Louvanistes. Mécontentement des nobles
et renouvellement des troubles et des brigan-
dages. Le duc investit Louvain. - Nou
vel accommodement. - Le duc entre à Lou-
vain, où il punit de mort le chef des révol
tés. Nouvelle conspiration: le chef est
décapité.

La ville de Louvain était sourdement agitée. Les dettes énormes dont elle était accablée, avaient altéré ou plutôt anéanti son commerce: les négocians de cette ville étaient arrêtés dans tous les pays où ils voyageaient. Le duc, pour appaiser les murmures du peuple sur cet objet, nomma seize commissaires, qu'il choisit indistinctement parmi les nobles et parmi les bourgeois, et qu'il chargea d'examiner les comptes de la ville, et de chercher les moyens d'en liquider les dettes sa présence aurait peutêtre contribué à rétablir le calme, en surveillant et en accélérant ce salutaire ouvrage; mais il partit dans ce moment-là même pour la France, avec l'empereur Charles IV, son frère, laissant sa capitale

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Brah. Gest.; lib. 6, c. 64 et seq., ap Desroches

ibid..

en proie aux troubles et aux dissentions les plus
funestes. La cause principale de cet acharnement
des bourgeois, était toujours l'injuste prééminence
des nobles, qui occupaient exclusivement toutes les
dignités et tous les emplois. Les mécontens, enhar-
dis par l'absence du duc, donnèrent un libre cours
à leur ressentiment contre les nobles, qu'ils accu-
saient hautement d'être les auteurs de tous leurs
maux ils prirent pour signe distinctif le chaperon
blanc, et chassèrent de la ville tous les nobles,
qui se réfugièrent à Aerschot. Ces nouveaux excès
forcèrent le duc de revenir dans ses états. Wen-
ceslas, croyant, ou plutôt feignant de croire, qu'il
couperait la racine du mal, en accordant aux bour-
geois ce qu'ils demandaient si instamment et si im-
périeusement, porta un édit par lequel il rendit
derechef l'accès aux charges, commun aux nobles
et aux bourgeois. Cette loi ne fut cependant pas
une grâce: l'avide Wenceslas, qui vendait les grâces
comme la justice, reçut pour cette loi une somme
considérable, tirée des trésors de la ville. La haine
qui agitait les deux ordres, ne fit que se déchaîner
avec plus d'audace; et la licence devenant, pour
ainsi dire, une habitude, ne garda plus de ména-
gement ni de frein dans ses fureurs. Louvain et son
territoire était livré à tous les genres de briganda-
ges, aux meurtres, au pillage, aux incendies: les
bourgeois cherchaient les nobles pour les chasser
et les proscrire; les nobles cherchaient les bour-
geois pour les emprisonner ou les assassiner. Gau- 1379;
thier de Leide, tisserand de profession, qui avait
exercé les fonctions de bourgmestre à Louvain,
étant venu, par hasard, à Bruxelles, dans le mois

ap...

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de décembre 1379, y fut attendu, assailli et assassiné pendant la nuit par un parti de nobles qui s'y étaient réfugiés. Le peuple de Louvain, que la nouvelle de cet attentat atroce avait rendu furieux, regarda tous les nobles comme coupables, ou du moins comme complices de ce forfait. Il fit mettre des des aux portes de la ville, afin qu'aucun des nobles ne pût échapper. Tous ceux qu'il put trouver furent conduits à l'hôtel de ville, sous une forte escorte d'archers. Le duc Wenceslas était en France: le magistrat de Louvain, dans cette extré mité, envoya une députation à la duchesse Jeanne, pour lui demander qu'elle fit procéder sans délai aux perquisitions sur l'assassinat de Gauthier de Leide, et qu'elle se rendît en personne à Louvain, en lui représentant que c'était le seul moyen d'empêcher que le peuple ne se portât aux plus terribles violences.

La duchesse eut l'imprudence de différer de se prêter à ces justes demandes. Les bourgeois, prenant ce retard pour un refus et un signe de mépris, animés par quelques intrigans, concurent le projet de venger leurs injures par la plus effroyable représaille. Ces furieux, ayant convoqué le magistrat, firent garder l'intérieur de la salle, où il était assemblé, par une troupe d'archers, et firent entourer le dehors de l'hôtel par une autre troupe de gens armés, qui appelèrent successivement, par leurs noms, tous les magistrats qui étaient dans la salle. Les archers, qui gardaient cette salle, jetaient tour-à-tour, par les fenêtres, les magistrats dont on criait les noms, et cette troupe, qui était dans la rue, les recevait au bout des piques et les égorgeait.

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