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chef plus habile et une discipline plus exacte. L'armée ennemie, qui était à-peu-près égale en nombre, était commandée par Guillaume, marquis de Juliers; Guillaume, comte d'Ostrevant, et Edouard, duc de Gueldre.

Le duc Wenceslas passa donc, à la tête de ses troupes, la Meuse, la Gheule et la Worme: il ravagea dans sa route les campagnes du pays de Juliers, et vint établir son camp dans la campagne de Bastwiller, à une lieué de Geilkirken. On assurait que les troupes ennemies étaient en marche; mais on ignorait en quel nombre et à quelle distance. Le duc résolut de livrer bataille à la première rencontre : ses officiers, plus prudens, tâchaient r en vain de modérer cette ardeur trop précipitée, en lui conseillant d'attendre l'arrivée de Jacques de Bourbon, qui s'avançait à grandes journées avec une troupe d'élite, composée de la première noblesse de France.

Le présomptueux Wenceslas, méprisant ces sages avis, divisa son armée en deux corps: il prit le commandement du premier, et il confia celui du second à Robert, fils de Guillaume le Riche, comte de Namur. La bataille se donna le vendredi 22 acût 1371, vers sept heures du matin. Les ennemis parurent tout-à-coup en ordre de bataille, et commencèrent à charger les Brabançons qui, se voyant prévenus, criaient de tous les rangs au duc: voilà les ennemis; au nom de Dieu et de S. George, couvrez-vous la tête de votre casque. A la tête du premier corps étaient les cavaliers bruxellois, suivis d'une troupe de valets, qui por taient des bouteilles de vin et des pâtisseries enve

loppées dans des serviettes blanches. Les troupes auxiliaires des Brabançons commencèrent par disperser cette multitude embarrassante, en lui présentant la pointe de leurs lances : ils étaient en si grand nombre, qu'ils remplissaient tout l'intervalle qui était der entre les deux corps. Le combat fut long et opiniâtre: Henri de Cuyk, seigneur d'Hoogstraeten, y fit des prodiges de valeur : il s'empara, au rapport de Dintre, de l'étendard du duc de Gueldre; tua de sa propre main soixante-sept hommes, et tomba sur le champ de bataille, percé de coups. Gêrard Obisius, prévôt de Binche, après avoir fait. un grand carnage de ceux de Gueldre, resta au pouvoir des ennemis. Gérard Rolbeck, de Bruxelles, et Eustache Vandenbogaerde, de Juliers, qui, peu de jours avant la bataille, avaient eu un vif démêlé, dans lequel ils en étaient venus aux injures, se e: cherchèrent dans la mêlée, se rencontrèrent et s'enfèrrèrent l'un l'autre. Edouard, duc de Gueldre, fatigué de carnage et accablé de chaleur, ayant soulevé la visière de son casque pour respirer l'air fut tué d'une flèche qui vint lui percer la tête. Le coup lui fut porté, selon l'opinion des historiens les Hist. Gelr., plus dignes de foi, par un de ses chevaliers, appelé Herman Bier de Heze, dont le duc avait violé la femme. La victoire paraissait se décider en faveur des Brabançons : la première ligne des ennemis était enfoncée, et Wenceslas se croyait maître du champ de bataille. Ces premiers succès animèrent tellement les Brabançons, qu'emportés par un courage aveugle, ils avancèrent avec tant de précipitation et de désordre sur les vaincus, qu'ils furent entraînés, avec eux, dans leur déroute; car la seconde ligne

Pontani,

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des troupes de Juliers, profitant de cette confusion, fond tout-à-coup avec une valeur déterminée sur les Brabançons en désordre, les rompt, les bat, les enveloppe, et leur arrache la victoire. Les Brabançons furent presque tous pris ou tués, et le duc luimême, victime de son ardeur présomptueuse, partagea le sort des premiers. Robert de Namur, à qui le duc avait défendu de bouger de son poste, dans la crainte que les ennemis ne vinssent surprendre le premier corps des Brabançons par derrière, ne fit qu'exécuter cet ordre trop ponctuellement; car il ne fit pas le moindre mouvement pour secourir les Brabançons. Toutes les forces des ennemis, profitant de son inaction, vinrent accabler ce corps, composé de deux mille hommes, qui, trop faible pour résister à un nombre supérieur, fut pris en tê te, en flanc et en derrière, et forcé de se rendre avec son chef. Les armes, les bagages, les équipages tombèrent dans les mains des ennemis. Wa leram, fils du comte de Saint-Paul; Louis, frère du comte de Namur; Guillaume, fils de ce comte; Jean, fils aîné du seigneur de Bréda, et deux cent soixante et dix autres, tant chevaliers que gentilshommes, furent faits prisonniers avec les deux chefs, Wenceslas et Robert. Wenceslas fut conduit à Nideggen, petite ville sur la Roër, dans le duché de Juliers.

La nouvelle d'une défaite si désastreuse avait plongé les Brabançons, et sur - tout la duchesse Jeanne, dans la plus grande consternation. L'état, privé de son chef, était menacé de tomber dans la confusion et dans les désordres de l'anarchie. Les villes, au nombre de quarante-trois, s'assem

blèrent pour aviser aux moyens de pourvoir à la sûreté du pays. La duchesse, de son côté, se rendit à Coblentz, auprès de l'empereur Charles VI, pour l'engager à négocier l'élargissement du duc. L'empereur promit à la duchesse d'y employer tous ses efforts et toute son autorité il se rendit en effet avec une suite nombreuse à Aix-la-Chapelle, où il fit venir le marquis de Juliers, qu'il força à rendre la liberté au duc Wenceslas, sous peine de proscription de corps et de biens. Guillaume obéit à cette sévère sommation, et la paix fut conclue aux conditions suivantes que le duc Wenceslas serait remis en liberté sans payer de rançon; que les autres prisonniers, qui n'avaient contracté aucun engagement avec les vainqueurs pour leur délivrance, seraient également relàchés sans rançon; que l'aîné des fils de Guillaume, marquis de Juliers, serait nommé par l'empereur, duc de Gueldre, Cette = province était, pour ainsi dire, sans chef depuis la mort du duc Edouard, tué à la journée de Bastwiller, le duc Renaud, son frère, ne lui ayant guè re survécu que trois mois.

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1372.

CHAPITRE

XXI.

DIPLOME du duc Wenceslas, par lequel il ratifie et renouvelle les lois de Cortenbergh.

Le duc Wenceslas rendu à ses états, s'occupa de la législation. Par un diplome, publié au nom du duc et de la duchesse, il remit en vigueur les fameuses lois de Cortenbergh, portées par le duc Jean II, avec toutes les prérogatives, priviléges et immunités qu'elles contiennent. Voici la substance des principaux articles de ce diplome important:

Le duc et la duchesse enjoignent à tous ceux qui ont été ou qui seront admis au conseil de Cortenbergh, d'observer et de faire observer, avec la plus inviolable ponctualité, tous les articles des lois de Cortenbergh, déclarant que, pour leur faciliter les moyens de parvenir à l'exécution de ces lois avec plus de sûreté et moins d'entraves, ils prennent tous les membres de ce conseil en général et en parti culier, ainsi que tous ceux de leur famille, sous leur protection et sauve-garde et sous celle de leurs successeurs, étant les ducs responsables de tout le mal que lesdits membres pourraient éprouver à ce sujet dans leurs personnes ou dans leurs biens, et chargés de leur en procurer une réparation prompte et équivalente, et d'en tirer une vengeance juste et exemplaire.

Ils accordent à tous les habitans de leurs états indistinctement, qui se rendront à Cortenbergh, soit pour y plaider leur propre cause, soit pour y

don

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