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à celle qu'il avait comptée à Renaud. Wenceslas accepta cette proposition, et ce fut là comme le premier germe de division qui occasionna la rupture du duc Wenceslas et du duc Edouard. Renaud. que la perte d'une sanglante bataille avait livré dans les mains de son frère irrité, fut étroitement enfermé dans la citadelle de Nieubeke, sur l'Issel, entre Deventer et Zutphen. Marie, cette fille de Jean III, qui avait épousé Renaud, se rendit dans le Brabant, pour engager Jeanne et Wenceslas à tirer une vengeance éclatante de cet affront. Wencéslas, cédant à ses sollicitations, marcha à la tête d'une armée dans la Gueldre, où il s'empa1 ra de Bommelewerdt, qu'Edouard reprit incessamment. Les deux princes, ayant accepté la médiation de quelques seigneurs, consentirent enfin à un accommodement; mais Renaud ne fut point élargi.

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La cause de toutes ces petites guerres qui accablaient, désolaient et ruinaient les malheureux habitans de ces provinces, existait dans la pitoyable constitution du pays, qui, étant divisé et morcelé entre une infinité de souverains, était nécessairement exposé à la rapacité de ces petits princes qui ne cherchaient que des motifs ou des prétextes, des moyens ou des occasions, pour agrandir leurs domaines en dépouillant leurs voisins. La faiblesse de ces petits souverains favorisait les troubles civils et les brigandages.

C'est dans ce temps en effet qu'une troupe de brigands nommés Linfars, du nom de leur chef, qui, des bords du Rhin, s'étaient répandus dans la Belgique, y exerçaient les plus grands ravages, dévas

Tome III.

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tant les campagnes, pillant les maisons, dépouil lant et massacrant les voyageurs. L'empereur Char les IV publia un édit par lequel il était enjoint à tous les seigneurs de la Belgique de se prêter mutuellement du secours pour en purger les provin ces. Wenceslas fut constitué chef de cette société, qu'on appela Land-fried, c'est-à-dire, paix du pays. L'empereur lui donna la qualité de vicaire de l'empire, de protecteur et de défenseur des routes publiques. Wenceslas donna la chasse aux brigands, assiégea et prit la forteresse de Hemersbach, près de Kerpen, qui était leur principal repaire: il en fit mourir quatorze des principaux. Il envoya du côté de la Moselle des soldats qui les poursuivirent avec tant de célérité qu'ils en atteignirent et massacrèrent la plus grande partie, et dissipèrent l'autre. Ceux qui tombaient vifs entre leurs mains, étaient livrés aux bourreaux. La plupart des villes et des seigneurs s'unirent pour exterminer les restes de ces brigands. Le duc Wenceslas et la duchesse Jeanne, le duc de Juliers, les magistrats de Cologne, d'Aix-la-Chapelle, etc., firent un traité d'union par lequel ils promirent de se secourir mutuellement contre les vagabonds qui désolaient les campagnes. L'acte en fut expédié à Cologne, en 1369.

Mais cette union fut peu durable: pour lui donner de la consistance, il fallait un ensemble, et pour lui donner de l'ensemble, il fallait un centre, Or, les intérêts et les pouvoirs étaient si divisés, que tous les princes, toutes les villes, ayant des vues différentes, ne pouvaient tendre à un but uni forme; mais le temps approchait, où la Belgique

soumise à un pouvoir plus concentré, et conséquemment plus ferme, devait être délivrée de cette espèce d'anarchie, qui était la cause principale de toutes ses calamités. Le mariage de Philippe, duc de Bourgogne, quatrième fils de Jean, roi de France, avec Marguerite, fille unique de Louis de Male, comte de Flandre, et de Marguerite de Brabant, fille de Jean III, jeta les premiers fondemens de la grande puissance, à laquelle devait être élevée cette fameuse maison de Bourgogne, qui, dans la suite, réunit sous sa domination toutes les provinces belgiques. Cette alliance était donc singulièrement avantageuse au duc de Bourgogne, puisque la princesse Marguerite devait posséder non- seulement les provinces de Flandre et d'Artois, et les villes de Malines et d'Anvers, du côté de son père, mais encore, du côté de sa mère, le duché de Brabant, vu que la duchesse Jeanne n'avait point d'enfans de Wenceslas, et que la convention par laquelle l'empereur Charles IV avait attribué, au défaut d'enfans, toute la succession de la duchesse à la maison de Luxembourg, étant aussi contraire aux principes de l'équité, qu'à la constitution du pays, ne devait point avoir son effet; mais cette alliance Meyer. ad éprouva de grandes entraves et de fortes oppositions. Toutes les villes de Flandre conjuraient le comte, leur souverain, par les plus pressantes instan¬ ces, de ne donner son consentement à cette alliance, qu'à condition que la France rendrait les villes de Lille, de Douai et d'Orchies, dont elle s'était emparée sans droit et sans titre. Or, les Français étaient décidés à se refuser fermement à accepter cette condition, Le comte Louis, de son côté, avait

an. 1368.

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promis sa fille à Edmond, fils du roi d'Angleterre. C'est pour cette raison que, quand (en 1368) le roi de France s'était rendu à Tournai avec un cortége brillant, pour y terminer le mariage projeté avec la princesse Marguerite, ce comte avait prétexté une maladie pour ne point s'y rendre; mais la mère du comte de Flandre, qui épousait ardemment les intérêts de la famille royale de France, sut, par sa fermeté, applanir toutes ces difficultés, et vaincre tous ces obstacles. Elle vint trouver son fils à Malines, et après lui avoir vivement témoigné toute son indignation pour la manière dont il avait joué le roi de France, son courroux augmenta quand elle vit que ce fils résistait à ses instances. « Ecoute, » lui dit-elle, en se découvrant le sein, je te parle » comme mère et comme comtesse d'Artois, et je te conjure de terminer cette alliance selon l'intention » de ta mère et de ton roi. Si tu t'y refuses, je coupe » cette mamelle qui n'a jamais allaité que toi, et je la jette aux chiens. Je te déclare au surplus, » que si tu persistes dans ton obstination, je te pri » ve, dès ce moment, de ma succession au comté » d'Artois, qui est mon domaine ». L ccomte, tou ché de ces paroles énergiques, consentit à suivre la volonté de sa mère. Les villes de Lille, Douai et Orchies furent rendues à la Flandre; mais cette restitution n'était qu'un simulacre; car le roi de France avait extorqué du futur époux Philippe, un acte secret par lequel il s'engageait à rendre à la France ces trois places, dès que, par la mort de son beau - père, il serait libre possesseur de la

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Flandre.

CHAPITRE X X.

GUERRE entre le duc Wenceslas et le marquis de Juliers. - Bataille de Bastwiller: Wenceslas y est fait prisonnier. - Paix conclue à Aix-la-Chapelle. - Wenceslas est relâché.

Brab. Gest, lib. 6, cap.

ibid.

J'UNION Conclue à Cologne, qui devait durer cinq ans, devint la source d'une guerre sanglante entre le duc Wenceslas et le marquis de Juliers. Les marchands brabançons, qui voyageaient dans la Ger- 53 et seq., manie et dans l'Italie, étaient continuellement dé- ap.Desroch., pouillés par des brigands qui avaient leur retraite dans le pays de Juliers. Wenceslas, comme garde et défenseur des routes publiques, et en vertu du traité de Cologne, envoya des députés à Guillaume, marquis de Juliers, pour lui faire des plaintes amères sur ces excès, et lui en demander des réparations proportionnées. Le marquis de Juliers répondit d'une manière si peu satisfaisante, qu'il fut aisé de comprendre qu'il ne cherchait qu'à provoquer le duc Wenceslas à lui déclarer la guerre. Wenceslas le prévint: il ordonna une forte levée d'infanterie et de cavalerie dans le Brabant, et manda des secours du Hainaut, de la France, de l'AIsace et du Luxembourg: il prit sa route, de Bruxelles par Louvain, sur Maestricht, où Lambert d'Oupey, commandant des troupes de Liége, lui amena un renfort. Wenceslas s'arrêta à Maestricht pour y faire la revue de ses troupes, qui montaient à huit mille hommes, auxquels il ne manquait qu'un

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