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6.° Que dorénavant il serait défendu aux bour geois de porter des armes ;

7.° Que tous les débats qui surviendraient sur le choix des échevins et des jurés seraient remis à la décision des religieux de S. Dominique, de S. François et de S. Augustin.

Ce traité fut conclu le 19 d'octobre 1361. Cette réconciliation forcée fut aussi peu durable, qu'elle était peu sincère. Les nobles frémissaient de se voir obligés de partager les emplois avec les roturiers. Cette égalité qui les rapprochait de ceux qu'ils re gardaient non-seulement comme d'une classe, mais comme d'une nature différente, blessait cruzellement cet orgueil insultant qu'ils avaient puisé dans le sang et sucé avec le lait. Leur mécontentement était cependant fondé en un point. Couterel, abusant insolemment de son autorité, exerçait un pouvoir despotique dans Louvain: il dilapidait les deniers publics par tous les genres de concussions, en fal sant, à son profit, des ventes illicites, en fabri quant des obligations, auxquelles il donnait une apparence légale en les munissant du sceau de la ville, dont il s'était constitué le gardien.

Cependant, après deux ans d'anarchie, de désor dre et de violences, les nobles, tant ceux qui avaient été exilés, que ceux qui étaient opprimés par Coute rel, faisaient retentir tout le Brabant de leurs justes plaintes. Le duc enfin, moins touché de leurs réclamations, que gagné par leur argent, se détermina à leur porter du secours : il vint, accompagné d'un grand nombre de seigneurs et de soldats, camper à Banck, près de Louvain. Couterel, craignant de devenir la victime du duc irrité, tacha de ménager un ac

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commodement par lequel il pût mettre ses jours en sûreté : il obtint un sauf-conduit, à la faveur duquel il se rendit au camp du duc, avec ses complices, pour y recevoir ses ordres : le duc lui imposa les conditions suivantes :

1.° Que tous, sans exception de rang ou de qualité, jureraient d'observer le dernier traité de paix;

2.° Que les nobles rentreraient dans la ville et seraient réintégrés dans leurs anciennes dignités; 3. Que cependant Couterel, qui, cette année, était premier magistrat, resterait en fonction, et qu'on laisserait subsister la loi qu'il avait portée, par laquelle il était statué qu'on choisirait toujours trois magistrats dans la classe du peuple;

4.° Que le prix de la rançon que les nobles avaient été forcés de payer, leur serait restitué des deniers de la ville;

5.° Que la ville livrerait douze otages pris parmi les nobles, et quarante pris parmi les bourgeois. Ce nouveau traité fut conclu le 8 de février 1563. Les magistrats de Louvain, pour obtenir ces conditions, s'étaient engagés de payer au duc, du trésor public, une somme de 38,000 moutons d'or; une seconde, de 5000, au duc de Juliers; une troisième, de 1000, au seigneur de Berg-op-Zoom, er une quatrième à Réné de Schoonvorst.

Des que ces sommes furent acquittées, le duc se retira à Tervueren. Cette malheureuse anarchie avait duré près de deux ans et demi, pendant lesquels le duc tira plus d'argent de la ville de Louvain, que

s'il l'eût vendue.

Couterel, qui avait conduit les otages à Ter

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vueren, s'était aisément apperçu que ses intrigues étaient découvertes, et qu'il était devenu aussi odieux au duc qu'à la noblesse. Dès qu'il fut de retour à Louvain, il ramassa toutes ses richesses, et il sortit de la ville pendant la nuit, suivi d'un grand nombre de factieux: il se retira successivement sur le territoire de Liége et de Hollande, et sur les frontières de France; mais, quelque part qu'il fût, son génie inquiet ne pouvait rester dans F'inaction: il ne cessait de machiner de nouveaux troubles, et par-tout où il rencontrait des habitans de Louvain, il s'appuyait des obligations qu'il avait fabriquées pendant sa tyrannie, pour les arrêter et les persécuter. Enfin, les magistrats de Louvain, au moyen d'une somme de trois mille écus d'or, arrachèrent du duc un décret d'ajournement contre Couterel, Jean Henneman et quarante de leur complices, qui refusèrent d'y obtempérer. Ce refus porta le duc à lancer un édit de proscription, par lequel, après les avoir déclarés ennemis de la patrie, il promettait une récompense de quatre cents écus d'or à celui qui livrerait Couterel mort ou vif, et une, de vingt-cinq, à celui qui livrerait l'un de ses complices. Cette sentence est du 15 mai 1564. Il n'y en eut qu'un qui fut pris; c'était celui qui autrefois avait été le premier satellite des fureurs de Couterel : il eut la tête tranchée; et Couterel, l'au teur de tant de maux, Couterel obtint sa grâce six ans après, et rentra paisiblement dans Louvain.

La ville de Bruxelles avait été dans le mêmetemps, et pour les mêmes causes, le théâtre d'un tumulte non moins sanglant. Le peuple y avait hautement demandé que la moitié du magistrat füt choisie

dans son ordre, et la noblesse avait été forcée d'y consentir. Cette condescendance rendit nécessairement le peuple plus exigeant et plus entreprenant : il poussa même ses prétentions au point de demander l'exclusion absolue des nobles aux emplois. Les nobles s'étant réunis, convoquèrent à l'hôtel de ville les doyens des métiers. Les bouchers, ayant refusé de s'y rendre, tâchèrent d'attirer dans leur parti les habitans de la paroisse de la Chapelle, pour porter leurs forces réunies contre les nobles, qui, ayant rassemblé une troupe considérable de leurs cliens, empêchèrent cette réunion: ils attaquèrent et dispersèrent la troupe des bouchers, qui furent forcés dans leurs maisons et traînés dans les cachots. Les nobles marchèrent ensuite contre les paroissiens de la Chapelle, dont ils firent une sanglante boucherie. Ceux qui échappèrent au carnage, ne purent se soustraire à la vengeance des nobles, qui livrèrent à divers supplices les malheureux qui étaient tombés vifs entre leurs mains.

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CHAPITRE XIX.

ORIGINE des dissentions entre le duc Wenceslas, le duc de Gueldre et le marquis de Juliers.-Brigands, nommés Linfars; leurs ex cès. Union des seigneurs belges pour exterminer ces brigands. Mariage de Philippe, duc de Bourgogne, avec Marguerite, fille de Louis de Male, comte de Flandre.

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Ce fut dans ces circonstances malheureuses, où le Brabant était agité par les troubles civils, que s'allumèrent les premières étincelles de ces dissen tions funestes qui armèrent le duc Wenceslas con tre le duc de Gueldre et le marquis de Juliers. Renaud, premier duc de Gueldre, après la mort de son épouse Sophie, fille de Florent Berthold, seigneur de Malines, avait épousé Eléonore, fille d'E douard II, roi d'Angleterre, dont il avait eu deux fils, Renaud et Edouard. La mort du père avait suscité une violente querelle entre les deux frères au sujet du partage de leurs états. Cette querelle fut portée à toutes les fureurs des haines fraternelles. Renaud, qui avait besoin d'argent, avait en gagé au comte de Moers, pour une grosse somine, trois châteaux très-fortifiés, Gangelt, Vucht et Millen, dans la seigneurie de Fauquemont; mais le comte, prévoyant que, si Renaud venait à succomber, Edouard ne manquerait pas de reprendre ces trois châteaux, prit le parti de proposer au duc Wenceslas de les acquérir pour une somme égale

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