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CHAPITRE XVIII.

DISSENTIONS entre les patriciens et les plébéiens à Louvain: le mayeur Couterel en est le principal instigateur. Occasion de ces

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troubles.- Couterel est destitué : il anime le duc contre les nobles. La populace de Louvain arrache les magistrats de l'hôtel de ville, et les traîne à la citadelle. - Création d'un nouveau magistrat. - Couterel domine dans Louvain. Conférence entre les mécontens et les députés envoyés par la duchesse Jeanne. - Le duc assiége Louvain: les factieux se soumettent. Traité entre le duc et les rebelles. Excès de Couterel. Plaintes des nobles. - Le duc vient camper près de Louvain. - Couterel ménage un accommodement: il quitte Louvain: il suscite de nouveaux troubles; il est proscrit ; il obtient sa gråce et revient à Louvain. — Trou bles dans Bruxelles.

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Les dissentions entre les patriciens et les plébéiens Divzens.

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recommencent avec plus de fureur. C'est à Louvain lib. 6, cap. qu'éclatèrent les premières étincelles de ces nouvel- 43 et seq., les séditions, dont le mayeur de cette ville, Pierre ibid. Couterel, fut le principal moteur. Couterel était un homme remuant et énergique, que son ascendant sur le peuple rendait redoutable aux nobles, qu'il cherchait l'occasion d'abaisser. Un petit incident la lui offrit : un marchand, qui amenait des

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poissons au marché de Louvain, s'étant embourbé dans une espèce de mare, avait attelé à son chariot un cheval qu'il avait rencontré dans un paturage voisin, pour l'aider à se tirer de ce mauvais pas; et dès qu'il fut dégagé, il remena le cheval à l'endroit où il l'avait pris. Couterel n'en fit pas moins arrêter et emprisonner le marchand comme voleur: l'accusé fut traduit devant le magistrat de Louvain, qui le trouva innocent et le renvoya absous. Le mayeur refusa opiniâtrément de faire exécuter la sentence, et de relâcher le marchand. Les échevins, qui étaient au nombre de sept, indignés de voir leur autorité aussi injustement méprisée, cassèrent le mayeur. Couterel, s'étant ligué et concerté avec un nommé Réné Schoonvorst, qui était dans l'intime faveur du duc, alla trouver cet autre intrigant à Tervueren, où était le duc. Ces deux boute-feux, aussi acharnés l'un que l'autre contre les nobles, accumulèrent à leur charge les griefs les plus odieux, et les accusèrent même d'avoir empiété sur l'autorité du duc. L'acte arbitraire qu'ils avaient exercé en cassant le mayeur, donnait sans doute un fondement à cette accusation. Couterel et Schoonvorst ne cessèrent donc d'aigrir l'esprit du duc contre les nobles, en lui insinuant que, s'il ne s'empressait pas à mettre un frein à leurs vues ambitieuses, il n'aurait jamais de véritable autorité dans Louvain; qu'il serait facile de parvenir à réprimer leur insolence, en permettant au peuple de se lever contre les nobles. L'événement a assez démontré que le duc n'avait que trop approuvé ce conseil atroce; mais, dans le moment, soit qu'en effet le duc n'attachât pas une grande importance à cette af

faire, soit qu'en effet il craignît de s'exposer au blâme et à la haine des citoyens honnêtes, il ne donna aucune réponse et ne prit aucune résolution sur cet objet, et partit pour le Luxembourg.

Couterel retourne à Louvain, et ayant rassemblé le peuple sur la Place, il réunit dans une harangue grossièrement adaptée à l'esprit de la multitude, tous les motifs les plus propres à échauffer les têtes: il commence par se répandre en plaintes amères sur les mauvais traitemens qu'il' avait reçus en particulier des nobles: il remet enI suite sous les yeux du peuple la dureté de ces nobles, leur orgueil, leur tyrannie; le mépris et l'injustice avec lesquels ils avaient toujours traité le peuple, en s'exemptant de tous les impôts, dont celui-ci était cruellement vexé, en s'emparant de tous les emplois, dont ce même peuple était indignement éloigné, il fallait donc sans délai qu'il réveillât

son courage, ou perdit sa liberté sans retour: » il fallait saisir l'occasion favorable qui lui était > offerte: le duc lui-même, convaincu de l'injustice » de la noblesse, seconderait les efforts du peuple, » ou du moins les tolérerait ». La populace, qui était déjà naturellement envenimée contre la noblesse, reçut aisément ces impressions. Les tisserands, les drapiers et les autres aftisans vont assiéger l'hôtel de ville. Les magistrats épouvantés demandent à ces furieux pourquoi ils sont venus avec cet appareil menaçant ils répondent qu'ils exigent une reddition exacte des comptes des revenus de la ville, et qu'ils déposeront les armes, dès qu'on leur aura donné cette satisfaction. Les magistrats, se sentant irréprochables dans leur administration, et se fiant

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à la parole de Couterel, qui leur avait juré qu'il ne leur serait fait aucun mal, firent ouvrir les portes à la populace. Cette troupe furieuse entre, fait livrer les clefs de la ville, et, contre la foi donnée, traînent les nobles chargés de chaînes dans la citadelle. Ces malheureux, pour éviter la mort, dont ils étaient menacés, firent une convention avec le perfide Couterel, par laquelle, au moyen d'une somme qu'ils s'engagèrent à payer, il leur permit de sortir de la ville. Il fallut faire une levée considérable pour satisfaire à la rançon de tous les prisonniers, qui étaient en grand nombre, puisqu'on en compte cent quarante-huit des plus notables. Le prix en fut payé au duc, qui emporta la plus grosse somme, et aux deux chefs du complot, qui par tagèrent le reste; et pour laisser une apparence de gouvernement, on forma un nouveau magistrat, composé de quatre membres choisis parmi les nobles, et de trois, choisis parmi le peuple. Toutes les affaires furent dès ce moment administrées se lon la volonté et les caprices de Couterel.

L'absence de Wenceslas augmentait l'embarras de la duchesse: elle tâcha cependant de prendre les mesures les plus propres à appaiser le tumu Ite: elle commença par envoyer des députés à Louvain, pour demander, que préalablement les choses fussent rétablies sur l'ancien pied. Les mécontens de mandèrent que la duchesse leur assignat l'abbaye du Parc, pour y conférer avec ces députés sur les moyens de pacifier les choses : elle y consentit. Gérard de Heyden, sire de Bautershem, s'y rendit avec quelques autres seigneurs; mais les esprits étaient si exaltés, qu'ils ne purent, par les moyens

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même les plus pressans, les concilier, ni les ramener à la paix et à la soumission.

Couterel et ses partisans, craignant que le duc ne prit le parti de venir les forcer dans la ville, firent tous les préparatifs pour soutenir un siége: ils imposèrent le centième denier sur les biens de tous les habitans. Cette mesure violente leur procura une somme considérable; cependant le duc, comme ils l'avaient prévu, parut devant les murs de Louvain, au mois d'octobre, à la tête d'une armée. Les factieux consternés, envoyèrent des députés au duc, pour le supplier d'accepter leur soumission, s'offrant à donner aux nobles toutes les satisfactions et tous les dédommagemens qu'ils voudraient exiger. Le duc, ayant ouï son conseil sur ces propositions, leur accorda la paix aux conditions sui

vantes :

1.° Que les torts réciproques du peuple et de la noblesse seraient ensévelis dans l'oubli,

2.° Que les auteurs de la sédition viendraient demander leur grâce au duc, tête nue, et à ge

noux;

3.° Que dorénavant les échevins seraient élus dans la noblesse et dans le peuple, savoir: quatre parmi la noblesse; trois parmi le peuple; onze conseillers jurés pris indistinctement dans les deux ordres, du nombre desquels on élirait deux bourgmestres pris dans les nobles;

4.° Que ceux qui n'avaient pas encore acquitté l'amende qui leur avait été imposée pendant les troubles, en seraient déchargés ;

5.° Que les priviléges accordés au joyeux avéne ment du duc, seraient maintenus dans toute leur vigueur ;

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