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Div. Ann.

2356.

déterminés (ils n'étaient que cinquante, au rapport de Butkens), dans un endroit des remparts, où il plaça des échelles, au moyen desquelles il escalada les murs, se répandit, avec sa troupe, dans les rues, criant: Brabant au grand duc! et se rendit maître de l'hôtel de ville, arracha l'étendard du comte, et y substitua celui du duc T'Serclaes, renforcé en un instant par la multitude de citoyens qui s'étaient rendus en foule sur la place, chassa de la ville la garnison flamande, dont il fit un grand carnage.

Ce fut immédiatement après cet événement que le duc et la duchesse firent leur entrée dans Bruxel les. Les autres villes rentrèrent également sous leur doinination. Celle des Flamands n'y avait pas duré plus de deux mois. Les Brabançons essuyèrent ce pendant encore un échec près de Santvliet, dans le marquisat d'Anvers. C'est dans cette bataille que les Brabançons firent le premier usage des bombes. Les Louvanistes, rapportent les Annales de Louvain, en avaient employé trente-deux.

Le comte de Flandre, qui déjà ne possédait plus Lov. ad an. dans tout le Brabant que la seule ville de Malines, n'avait pas perdu l'espoir de reprendre ses conquêtes. Guillaume, comte de Namur, et Engelbert, évêque de Liége, lui envoyèrent des troupes aguerries, qui vinrent dévaster une partie du Brabant: elles ruinèrent Landen, et portèrent le fer et le feu dans tous les villages circonvoisins. Les Brabançons, apprenant ces désastres, marchèrent contre ces nouveaux ennemis. Les deux partis se livrèrent un combat, où le carnage fut égal de part et d'autre. La campagne, qui se continua pendant tout l'hiver,

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se borna à des excursions réciproques, dans lesquelles Lembeke, Gaesbeek, Anderlecht, Lombeék Hellebeke, Afflighem furent réduits en cendres.

L'empereur Charles IV se rendit lui-même dans la Belgique pour y rétablir la paix, et il ménagea un accommodement entre le duc Wenceslas, son frère, et le comte Guillaume de Namur. Le point principal de leur démêlé roulait sur la vente de Poilvache et des autres terres, que le duc voulait annuller, et que le comte voulait maintenir. La réconciliation entre les deux princes fut négociée aux conditions suivantes :

B 1. Le duc Wenceslas renonce, pour lui et ses successeurs, ducs de Luxembourg, à ses droits et prétentions sur le château de Poilvache et ses dépendances;

2.o Le comte Guillaume renonce, de son côté, à tout droit sur les châteaux de Mirwaert, Orchimont, Lomprez et Villance, donnés à Rupert, comte palatin du Rhin, pour la dot d'Elisabeth son épouse, sœur du comte de Namur; consentant que le duc puisse racheter lesdits châteaux et terres du comte palatin.

Les horreurs inutiles, dont tous ces malheureux pays étaient la victime, engagèrent les parties belligérantes à conclure une paix générale. Le comte de Hainaut fut choisi pour arbitre de leurs querelles, et la ville d'Ath fut désignée pour lieu des conférences. Le duc Wenceslas, pour attirer le comte à son parti, lui donna la ville de Heusden; cependant, les Brabançons durent se soumettre à des conditions fort dures.

Il y fut arrêté, 1.° que les prisonniers faits pen

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1357.

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dant le cours de la guerre, seraient rendus de part et d'autre sans rançon;

-2.° Que les biens confisqués seraient rendus ;

3.° Que le comte de Flandre retirerait la garnison d'Afflighem, et y rétablirait les moines;

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4.° Que le même comte déchargerait les Brabançons du serment de fidélité qu'ils lui avaient prêté; que cependant les bourgeois de Louvain, de Bruxelles, de Nivelles et de Tirlemont fourniront tous les ans, tant que le comte vivrait, vingt-cinq hommes, parmi lesquels il y aurait deux chevaliers, pris dans l'ordre de la noblesse, qui feraient le service pendant six semaines dans les armées du comte sous leurs bannières et à leurs frais; que ces hommes seraient tenus, toutes les fois qu'ils en seraient requis, de marcher contre tous les ennemis du comte de Flandre, excepté contre le duc de Brabant;

5.° Que le duc céderait au comte la ville de Malines, à titre de compensation pour les frais de la guerre, pour en jouir avec toutes ses dépendan ces, à perpétuité et à titre héréditaire, et que les titres et les documens par lesquels le roi de France avait assuré la possession de cette ville aux ducs de Brabant, seraient remis au comte;

6.° Que le duc céderait pareillement au comte la ville d'Anvers avec toutes ses dépendances, comme fief de Brabant, à titre de dot et de legs, pour les quels objets Marguerite de Brabant, comtesse de Flandre, n'avait encore rien reçu, et que, venus provenant de cette ville n'équivalaient pas à la somme de 10,000 écus d'or, le duc devrait la compléter, des revenus des pays adjacens;

si les re

7.° Que les Anversois reconnaîtraient le comte

pour leur seigneur, et lui prêteraient le serment de fidélité, sans préjudice aux droits, priviléges et immunités que les ducs leur avaient successivement accordés;

8. Que cependant le duc et la duchesse conserveraient le droit de suzeraineté et le titre de = marquis;

9.° Que le comte conserverait, s'il le voulait, le titre de duc;

10. Finalement, que toutes les forteresses que le comte avait fait construire au territoire d'Assche, seraient démolies.

6 Ce traité honteux fut conclu le 4 de juín, selon Divæus et Butkens, et le 3 de juillet 1357, selon Oudegherst et Meyer. Le comte Louis fit ensuite son entrée dans Anvers. Les malheureux habitans de cette ville furent traités par leur nouveau maître plutôt en esclaves qu'en sujets. Le duc Wenceslas et l'empereur Charles, qui faisaient tous leurs efforts pour plaire au comte, parce qu'ils le craignaient, ne pensèrent pas à soulager ces infortunés. Le comte ôta à la ville d'Anvers le marché franc d'avoine, de sel et de poissons, pour le donner à ceux de Malines, qui sollicitaient cette prérogative avec les plus grandes instances. Le comte, qui voulait faI voriser ces derniers, qui ne lui avaient livré leur ville qu'à cette condition, fit marcher des troupes à Anvers, et fit arrêter deux cent cinquante des citoyens les plus notables, qu'il fit conduire dans les différentes villes de Flandre, où ils restèrent étroitement enfermés, et il ordonna aux magistrats de lui remettre tous les papiers, titres et documens qui concernaient cette affaire. Les infortunés An

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versois gémissaient, murmuraient; mais c'était en cachette, dit Oudegherst: ils réclamaient le traité d'Ath, et se plaignaient amèrement de l'infraction faite à des droits garantis par les traités les plus solennels. Par quel droit, disaient-ils, le comte de Flandre peut-il révoquer les priviléges que les ducs, que les empereurs ont accordés à une ville qui relève immédiatement de l'empire? Le comte, sourd à toutes les réclamations, assigna le marché à Malines, et porta un édit par lequel il défendit aux Anversois d'aller s'établir dans un autre endroit, sans sa permission expresse : il força toutes les corporations de la ville à recevoir cet édit, et à le munir de leur cachet, et il renvoya à Anvers les otages qu'il retenait dans les villes de la Flandre. La domination tyrannique des Flamands à Anvers, subsista pendant quarante-sept ans.

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