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CHAPITRE XVII.

WENCESLAS. Le comte de Flandre exige le paiement de la somme due à Marguerite, son épouse: il réveille l'ancien différend au sujet de la possession de Malines: la guerre est déclarée à ce sujet. Traité qui règle 2 la succession de la Lorraine, du Brabant et du Limbourg. - Le comte de Flandre dévaste le Brabant; bat les Brabançons; prend Bruxelles, Tervueren et Louvain. -Le peu-Lepeuple de Louvain refuse de préter le serment au comte de Flandre. - Les Flamands sont chassés de Bruxelles.-Les Brabançons sont battus près de Santfliet. Usage des bombes. Hostilités réciproques. — Accommodement entre le duc Wenceslas et le comte Guillaume de Namur. Le comte de Hainaut est choisi pour arbitre de ces querelles. Cette guerre est terminée par un traité conclu à Ath. Domination tyrannique du com

te de Flandre à Anvers.

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WENCESLAS était petit-fils de l'empereur Henri VII,

fils de Jean, roi de Bohême, et frère de l'empereur Charles IV, qui, pour relever l'éclat de la dignité de Wenceslas, lui confirma tous les droits, tous les honneurs, et toutes les prérogatives que les empereurs précédens avaient concédés aux ducs de Lorraine, et lui en accorda de nouvelles. Un an avant la mort de Jean III, il lui avait accordé le

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Brah. Gest., lib. 6, cap.

9 et seq., ap.

Desroches
Epit., lib. 5,

C. II.

titre de duc, en érigeant le comté de Luxembourg en duché.

Si le duc Wenceslas, outre les titres que donne la souveraineté, avait possédé les vertus qui devraient en faire l'honneur et le soutien, les Brabançons n'eussent pas senti sitôt et si amèrement la perte qu'ils avaient faite dans la personne du dernier duc. Dès le commencement de son règne, les Flamands s'emparèrent de presque tout le Brabant. Le comte de Flandre exigeait le paiement de la somme que le feu duc avait assignée par son testament à sa fille Marguerite. Wenceslas, par le serment qu'il avait prêté à sa joyeuse entrée, avait promis de satisfaire à cette juste obligation; mais il tâchait, par des prétextes et des subterfuges, d'éluder, ou du moins de différer le paiement, en alléguant que le comte demandait plus qu'il n'était stipulé. Le comte vivement indigné, réveilla l'ancien différend au sujet de la possession de Malines, qu'il prétendait lui appartenir, fondé sur ce que le feu duc n'avait pas rempli les obligations qui lui incombaient par le traité de vente. Les deux princes eurent, à Malines même, une conférence, dans laquelle ils disputèrent leurs droits en termes peu mesurés, dont le résultat fut qu'ils se quittèrent plus acharnés l'un contre l'autre. Le comte avait trouvé le moyen de gagner les Malinois, en leur promettant entr'autres priviléges, de leur rendre franc le marché des poissons, du sel et de l'avoine, privilége que le duc Jean II leur avait accordé. Les Malinois, séduits par cette promesse, se donnèrent au comte, et la guerre fut décidée. Le comte mit la plus grande activité et la plus grande énergie

dans ses dispositions: il jeta une forte garnison dans Malines, et mit sous les armes l'élite de toute la jeunesse flamande : Gand, Bruges, Ipres, toute la Flandre se rangea sous ses drapeaux.

Wenceslas était dans ce moment à Maestricht, où il était venu trouver l'empereur Charles IV, son frère, pour y régler, avec son épouse, les articles de la possession et de la succession de leurs états: il y fut arrêté que Wenceslas et Jeanne posséderaient également les duchés de Lorraine, de Brabant et de Limbourg, leur vie durant; que cependant il ne serait permis à Wenceslas d'en aliéner ou d'en démembrer aucune partie, sans le consentement de son épouse; que s'il arrivait que Jeanne décédât la première, sans enfans, lesdits duchés resteraient à Wenceslas; que si, au contraire, il arrivait que Wenceslas mourût sans enfans, et que Jeanne passât à un nouveau mariage ce seraient les enfans de ce second mariage qui succéderaient à ses états; que s'ils mouraient tous les deux sans enfans, la succession desdits duchés passerait à l'empereur Charles, ou à un autre des plus proches parens de la maison de Luxembourg. Les villes du Brabant donnèrent leur consentement à ce traité. La duchesse Jeanne y souscrivit, moins pour avantager son époux, que pour mortifier sa sœur Marguerite, épouse du comte de Flandre, contre laquelle elle était vivement irritée.

Le comte Louis, ayant appris ces arrangemens, n'en conçut que plus de ressentiment, et pénétra dans le Brabant, où tous ses pas furent marqués par le ravage et l'incendie. Le duc Wenceslas, au lieu de venir au secours de ses états, était resté à

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le

Maestricht, où, dit Butkens, il s'amusait avec assez peu de soin, se laissant mener par conseil de jeunes gens sans expérience, plus adonnés à leurs plaisirs qu'à ce qu'était né cessaire pour la défense de la patrie.

Cependant le comte de Flandre, qui poursuivait le cours de ses succès, était déjà aux portes de Bruxelles : les habitans de cette ville, renforcés par les troupes envoyées de Louvain, marchèrent fièrement à sa rencontre. Les Brabançons étaient supé rieurs en nombre; mais ils n'avaient ni ordre, ni cavalerie, ni chef. Le petit nombre de nobles qui avaient été forcés de suivre cette multitude en désordre, avait tâché de l'engager à attendre, avant le combat, l'arrivée du duc, de la cavalerie et des renforts : mais cette multitude échauffée, sourde à ces sages remontrances, attaqua les Flamands, le 17 août 1556, à Scheut, près d'Anderlecht. L'issue de la bataille fut telle qu'on devait l'attendre les Flamands se battirent avec ordre et en braves, et les Brabançons avec confusion et en lâches : celui qui portait l'étendard de Brabant, nommé Vanassche, Î'ayant abandonné honteusement dès le premier choc, entraîna toute la troupe dans sa fuite. Les Brabançons furent complètement défaits, la plupart tués dans la bataille, et le reste massacré dans les bois, ou submergé dans les marais et dans la Senne, Le vainqueur entra sans résistance dans Bruxelles, où il fit prêter aux habitans le serment de fidélité: il fit arborer l'étendard de Flandre sur l'hôtel de ville, cassa l'ancien magistrat, en créa un nouveau, et mit une forte garnison dans la ville, d'où il se rendit en grande diligence à Louvain, et,

dans sa

route!

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route, il s'empara du château de Tervueren. Louvain, soit par crainte, soit par trahison, se rendit sans résistance au vainqueur : il fit assembler le magistrat et les habitans sur la Place, pour leur faire prêter le serment de fidélité : la plupart des magistrats obéirent; mais dans le moment même, un moine de S.te-Gertrude, à Louvain, nommé Guillaume Desadelère, se précipite au milieu de la foule, en criant à haute voix : « Perfides! qu'allezvous faire ? est-ce ainsi que vous gardez la foi que vous avez, il y a peu de mois, jurée à vos maîtres légitimes ? est-ce ainsi que, contre les principes de la justice, contre la foi du serment, contre la volonté du ciel, vous vous donnez à un injuste usurpateur ? Cette tache ne sera jamais effacée » dans la postérité; et le Dieu vengeur des parjures, punira votre crime par des supplices éternels. Ces paroles changèrent tout-à-coup les dispositions des esprits, que, dans le premier moment, la terreur avait glacés; et le peuple, qui détestait les Flamands, se retira sans prêter le serment exigé. Le duc, qui était venu sans armée, eraignant pour sa propre sûreté, se retira à Bruxelles, puis à Malines. Nivelles, Léau, Tirlemont se soumirent sans opposition à la domination flamande.

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Un citoyen de Bruxelles, nommé Everard T'Serclaes, d'un esprit adroit, entreprenant, hardi, et qui avait accompagné le duc à Maestricht, ayant appris que les Flamands faisaient fort négligemment la garde pendant la nuit dans Bruxelles, pratiqua des intelligences secrètes avec les parens et les amis qu'il avait dans la ville: il fit avancer, dans la nuit du 24 octobre 1556, un petit nombre d'hommes.

Tome III.

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