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glais qui s'y étaient retirés. Les uns, comune Ou=degherst, fixent la date de cet événement à l'an 1544, les autres, comme Meyer, à l'an 1545, au 17 juillet.

Edouard éprouva le plus violent transport de colère en apprenant la mort d'Artevelde, et il jura de tirer une vengeance éclatante des assassins ca de son cher compère; car c'est ainsi qu'il l'apIpelait; mais des événemens inattendus dans la Bre

tagne, des revers dans la Guyenne, changèrent la face des affaires dans ces deux provinces, comme dans la Flandre,

L'ardeur obstinée d'Edouard parassait redoubler par les obstacles. Geoffroi d'Harcourt, gentilhomme normand, qui, fuyant, comme Robert d'Artois, la colère de son maître, était venu se jeter dans les bras d'Edouard, irrita l'impatience de ce monarque en secondant ses vues: il lui conseilla d'envahir la Normandie, qui était sans défense. Edouard y débarque sans opposition: il poursuit sa marche par la Picardie, qu'il brûle, qu'il pille et qu'il ravage : toutes les malheureuses villes qu'il il trouve sur sa route éprouvent sa fureur. Déjà, était arrivé sous les murs de Paris. Philippe, à la tête d'une armée de 100,000 hommes, sort de sa capitale. Jean, roi de Bohême, vieillard aveugle; Louis, comte de Flandre; Guillaume, comte de Namur; Jean, régent du Hainaut, étaient venus se ranger sous les drapeaux de Philippe. l'Anglais pressé, se retire précipitamment : Philippe l'atteint dans les plaines de Crécy, village du Ponthieu, où il attaqua, le 26 du mois d'août 1346, avec son imprudente ardeur, la faible armée d'Edouard, qui,

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1347.

lib. 5, cap.

suppléant au nombre par le génie, la prudence et l'activité, écrase ou met en fuite l'armée française avec son roi. Trente mille Français, dans lesquels se trouvait l'élite de la noblesse, y mordirent la poussière. Le roi, qui y fut blessé, ne fut sauvé que par l'agilité et la bravoure de Jean de Hainaut, qui, prenant le cheval du roi par le chanfrein, l'arracha de la mêlée. Le roi de Bohême et le comte de Flandre Ꭹ furent tués.

Le duc Jean, qui, dans le fait, avait paru op posé au roi de France, lui était toujours resté attaché dans le coeur : il se rendit au mois de juin de l'an 1347 à Saint-Quentin, pour y conclure le ma riage de ses trois filles selon les intentions et la volonté de Philippe. L'aînée, Jeanne, épousa Wenceslas, comte de Luxembourg; la puinée, Mar guerite, épousa Louis, comte de Flandre, et Ma rie, la cadette, Renaud, duc de Gueldre: cepenBrab. Gest., dant, le roi Edouard avait conçu à cet égard un 55, 56, 57, projet différent; son but était de marier sa fille au p. Desroch. comte Louis, et celle du marquis de Juliers, au duc Renaud; mais il fut singulièrement traversé, ou, pour mieux dire, joué par ces deux jeunes princes. Le comte Louis, qui n'avait que seize ans, avait quitté la France pour venir prendre possession des états de son père, qui venait d'être tué à la bataille de Crécy. Edouard, pour engager les Flamands à décider leur comte à épouser sa fille, leur avait promis de leur faire passer une provision considérable de laine, dont l'Angleterre faisait un trèsgrand commerce; mais le jeune prince, qui avait conçu une horreur invincible pour cette alliance, disait hautement, que jamais il ne se soumettrait à

devenir le gendre du meurtrier de son père; cependant, quand il vit que ses Flamands employaient la menace et la violence pour l'y forcer, il prit le parti de dissimuler, en feignant de céder à leurs désirs et à leurs instances: il consentit à faire les cérémonies des fiançailles à Bergues-Saint-Winox, où le roi et la reine avaient amené leur fille; mais Louis, ayant saisi l'occasion d'une partie de chasse, pour échapper à la surveillance des vingt chevaliers qui l'escortaient ou plutôt qui le gardaient, profita du moment où ils s'étaient éloignés et dispersés, et ayant vivement piqué son cheval, il gagna le territoire de France, et vint se jeter dans les bras du roi Philippe, qui conclut le mariage que le jeune comte désirait si ardemment, avec la princesse Marguerite de Brabant.

Le duc Renaud, qui n'avait que douze ans, employa à-peu-près le même stratagême pour s'échapper des mains de Guillaume de Juliers, son tuteur, qui voulait le forcer à se marier selon les vues, les intérêts et la fantaisie du roi Edouard, et il obtint le même succès. Le jeune prince, soit de son propre mouvement, soit de l'avis de ses amis, opposait la plus ferme résistance à cette alliance forcée, avec d'autant plus de fondement, que, par cette opposition, il ne faisait que remplir les intentions de son père, qui, en mourant, lui avait désigné pour épouse, la princesse Marie de Brabant. Renaud, voyant que son tuteur était disposé à employer la violence, feignit de se soumettre à ses volontés, pour mieux s'y soustraire, à la première occasionil saisit donc le moment de s'échapper à ses gardes, et il se rendit, avec son jeune frère,

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Oudegherst, ch. 163.

à Anvers, auprès du duc Jean, qui lui donna sa fille.

Le roi Edouard, abandonné des Brabançons, n'en continuait pas moins les opérations de la guerre avec le secours des Flamands: il pressait vivement le siége de Calais, et le roi Philippe, qui sentait que l'infériorité de ses forces ne lui permettait pas d'entreprendre la levée du siége, prit le parti de faire une diversion pour forcer Edouard à abandonner son entreprise : il envoya à cet effet le duc de Normandie, son fils, mettre le siége devant Cassel, pensant que les Anglais viendraient au secours de cette place; mais Edouard laissa ce soin aux Flamands, qui, sous la conduite de Gilles de Rypergherste, tisserand de Gand, leur capitaine (encore un tisserand), mirent les Français en pleine déroute. Le duc de Normandie, ayant rallié sa troupe, revint au quartier d'Ipres, où la partie de ses soldats qui s'était engagée dans une avenue étroite, qui ne lui laissait pas la faculté de manier ses chevaux, essuya une nouvelle défaite très-sanglante; mais la partie qui était restée dans la plaine, attaqua avec plus de succès les Flamands, qui, au premier choc, ayant été forcés de céder au nombre, se réunirent, auprès de Cassel, aux habitans de cette ville, rassemblés dens les environs, avec les Gantois, et les Français excédés de fatigue, furent complètement battus.

Cependant, le roi Philippe, informé de la détresse où étaient réduits les malheureux habitans de Calais, assembla une armée de soixante mille hommes, avec laquelle il offrit la bataille à Edouard, qui la refusa. Philippe, ayant perdu l'espoir de pou

voir secourir Calais, abandonna cette ville à son malheureux sort. Le pape Clément envoya deux légats pour ménager un accommodement entre les deux rois; mais ce ne fut qu'après la reddition de cette ville, qu'Edouard consentit à une trève, dans laquelle les Flamands furent spécialement compris.

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Le comte Louis profita de cette trève pour réta- Id., ch. 164. blir l'ordre, la subordination et la tranquillité dans ses états. Les Brugeois étaient les plus obstinés: il commença donc par appaiser les nobles de ce pays, en leur pardonnant leurs attentats, en leur rendant leurs priviléges et leurs coutumes, en les appelant à son conseil, en les admettant à ses faveurs. L'exem ple de Bruges, qui, s'il est permis d'employer cette expression, donnait le ton à la Flandre, disposa les villes voisines à la soumission. Le comte y envoya das ses trompettes et ses hérauts avec ses étenda rds, qui y furent reçus avec les plus belles démonstrations d'attachement. Les opiniâtres Brugeois, le croirait-on ? avaient à peine vu le comte sorti de leur ville, qu'ils avaient recommencé leurs désordres : le comte y revint, et fit trancher la tête aux plus séditieux : c'étaient encore des tisserands.

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Les habitans de Gand et d'Ipres n'en étaient pas devenus plus raisonnables ni plus dociles : ils avaient déclaré qu'ils ne concluraient aucun accommodement qu'avec l'intervention et le consentement du roi d'Angleterre. Le comte, ayant à cet effet obtenu l'aveu du roi de France, envoya des ambassadeurs auroi Edouard, qui convoqua les députés de Flandre à Dunkerque, où il envoya le duc de Glocestre Pour discuter avec le comte de Flandre les diffé

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