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Essais histor. sur Paris.

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la nature ou le hasard même lui présente, saisit un double avantage, celui du vent, et celui du soleil, qu'il mit dans les yeux aux Français. L'amiral français Kieret (il y en avait deux sur leur flotte) fut tué: Edouard eut la cuisse percée d'une flèche. Il était cinq heures du soir; la victoire commençait à pencher pour les Français: une escadre flamande parut, qui, se rangeant du côté d'Edouard, dont la présence et l'exemple animaient les Anglais, lui Nangii con- valut le gain de la bataille. L'amiral français, Bahuchet, fut pendu au grand mat de son vaisseau, Saint-Foix, par ordre d'Edouard. Faut-il donc, dit à ce sujet un ingénieux écrivain, que les fastes d'Angleterre ne puissent étaler un triomphe, qu'il ne soit en même-temps souillé par quelque action féroce! Cette victoire ouvrit l'entrée de la Flandre à Edouard, qui se rendit à Gand, où les princes alliés s'empressèrent de venir le rejoindre: ils le suivirent à Vilvorde, où ils concertèrent le plan de la campagne: ils s'y décidèrent à en commencer les opé rations par le siége de Tournai, qu'ils fixèrent au mois de juillet. Le roi de France, informé de ce projet, mit dans cette place une garnison nombreu se, commandée par d'excellens officiers. La ville fut absolument investie le 30 de juillet, par le duc Jean, par le roi Edouard, et par le comte Guil laume, qui pressèrent incontinent le siége avec vigueur. Les assiégés, joignant la bravoure à la fines se, faisaient de fréquentes sorties, dans lesquelles ils remportaient l'avantage, et les assiégeans faisaient des excursions continuelles dans les campagnes voisines, d'où ils ramenaient dans leur camp des butins considérables. Le comte de Hainaut s'empara dans cet intervalle d'Orchies et de Saint-Amand.

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Cependant la ville commençait à ressentir la famine. Philippe, pour faire une diversion, se retira sur le pont à Botvines, où il espérait d'attirer les ennemis, pour les forcer par ce moyen à abandonner le siége de Tournai; mais les assiégeans, pénétrant le but de cette opération, resserrèrent plus étroitement la ville. Philippe, voyant qu'il lui était impossible de la sauver, ni par la force ni par la ruse, prit le parti d'employer le ministère de sa sœur, Jeanne de Valois, comtesse douairière de Hainaut, belle-mère d'Edouard, qui sortit de l'abbaye de Fontenelle, où elle avait pris le voile depuis la mort de son mari, pour venir dans les deux camps négocier la paix. Cette princesse parvint par ses instances et ses remontrances à engager les deux rivaux à entamer des conférences. Edouard y envoya de son côté le duc Jean; Renaud, duc de Gueldre; Guillaume, marquis de Juliers; Jean de Hainaut, sire de Beaumont. Philippe y députa de sa part, Jean, roi de Bohême; Charles, comte d'Armagnac; Adolphe, évêque de Liége, et Louis comte de Flandre; mais les deux rois étaient trop acharnés pour consentir à la paix. La comtesse Jeanne ne put déterminer ces seigneurs qu'à conclure une trève de dix mois, laquelle fut signée le 25 de septembre 1340. Cette trève fut cependant prolongée pour deux ans. Philippe licencia ses troupes, et Edouard reprit le chemin de son île.

Ce monarque avait attaché tant de prix et tant d'importance à l'amitié et à l'alliance des Belges, que, pour en témoigner particulièrement sa reconnaissance aux habitans de la Flandre, il leur avait envoyé une immense quantité de laine pour en fa

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1342.

briquer des draps: il avait également accordé, par un diplome daté d'Anvers, pendant le séjour qu'il y fit, du 18 août 1339, un privilége infiniment avantageux aux négocians de Bruxelles, par lequel il assura de sa protection et de sa sauve-garde les marchands qui importeraient d'Angleterre dans la Belgique, des laines pour y fabriquer des draps, ou qui transporteraient de la Belgique en Angleterre des draps pour les y débiter. Les draps de Bruxelles étaient dans ce temps très-estimés.

Ce monarque, voulant resserrer plus étroitement les liens qui l'attachaient aux Brabançons et aux Flamands, leur donna la marque la plus éclatante de sa confiance, en livrant à leur foi la reine sa femme et les princes ses fils, dont deux virent le jour dans ces provinces; Léonel, à Anvers, et Jean, à Gand.

Guillaume, comte de Namur, après la procla mation de la trève, était revenu dans ses états, il pensa, avec la comtesse sa mère, à exécuter un projet qu'elle méditait depuis la mort de Jean L.er, son époux. Elle désirait de réparer ou de compen ser les pertes que le comte de Namur avait faites par la paix de Dinant, de 1199. Elle saisit donc la circonstance du moment, où le roi Jean de Bohême cherchait de l'argent pour procurer à son fils Charles, la couronne impériale, et elle lui proposa d'acheter la terre de Poilvache, que le roi, accepta cette proposition avec empressement, vendit à la comtesse avec les mairies dépendantes, savoir : Poilvache, Fallise, Sorinne, Assesses, gne, Ochay, Schaltin, Leignon, Falmagne, Hannine, Focamp, Martinvoisin et Vireul, pour une

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somme

somme de trente-trois mille florins d'or de Florence: le contrat en fut dressé le 10 avril 1542. Les comtes de Namur y établirent des prévôts, et cette charge n'était confiée qu'aux familles les plus notables du comté. Celle de Baré-de-Comogne, actuellement encore existante à Namur, compte parmi ses ancêtres, un Hubin Baré, pair du château de Namur, qui exerçait cette fonction de prévôt de Poilvache sur la fin de ce siècle.

Cette importante 'acquisition procura à la province de Namur un avantage marqué, en lui donnant plus de force, d'influence et de consistance. Ces avantages engagèrent la comtesse à faire de nouvelles acquisitions. Le roi de Bohême lui vendit, du consentement de Béatrix de Bourbon, son épouse, et de Charles, son fils aîné, pour la somme de cinquante mille réaux d'or, les seigneuries de Mirwart et d'Orchimont et tous les domaines qu'il possédait à Nassogne, Lomprez, Villance, Graide.

La trève qui suspendit les hostilités, n'éteignit point la haine et n'endormit point l'ambition de ces deux implacables rivaux. Cette trève fut donc rom-. pue sous de vains prétextes, qu'ils alléguèrent, selon l'usage, comme des motifs conformes à la justice, parce qu'ils étaient favorables à leurs desseins. La Bretagne devint le théâtre d'une guerre sanglante, atroce, dont une trève, conclue pour trois ans, suspendit les horreurs. Edouard, qui était décidé à la rompre dès l'instant qu'il aurait pris toutes les mesures nécessaires pour recommencer la guerre, employa les premiers momens de tranquillité pour renouer ses intelligences avec le Flamand Artevelde, qui lui promettait de faire parvenir le prince

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Tome III.

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de Galles, son fils aîné, à la souveraineté de la Flan dre. Edouard avait dirigé ses projets avec tant d'activité, que toutes les dispositions étaient faites pour attaquer la France par la Bretagne, la Guyenne et la Flandre : il cherchait seulement un prétexte pour rompre la trève; mais il craignait de compromettre ce fantôme de vertu politique, qu'on appelle honneur, , qui consiste à sauver les apparences de la justice. Il s'arma donc d'un motif spécieux pour renouveler la guerre : il envoya de nouvelles troupes dans la Bretagne et dans la Guyenne, et il attendait le premier signal pour passer lui-même dans la Flandre avec son fils; mais la fortune rompit toutes ses mesures et déconcerta toutes ses espérances. Le tribun Artevelde, qui, comme tous ses pareils, avait commencé par être révéré comme le soutien et le vengeur de sa patrie, avait fini par en être abhorré comme l'oppresseur et le tyran. Le despotisme altier qu'il exerçait, le luxe insolent qu'il étalait, avait dessillé les yeux de la saine partie de la nation flamande. Cet intrigant, voyant qu'il était tombé dans la défaveur, avait eu l'adresse de faire venir secrètement, de l'Ecluse à Gand, cinq cents Anglais, qu'il introduisit, sans qu'on s'en aper çût et sans qu'on s'en doutât, dans sa maison, qui était située dans un quartier, appelé Paddenhouc; mais le chef du parti opposé à Artevelde, qui était un nommé Gérard Denys, doyen des tisserands, ayant été informé du stratagême du premier, concerta les moyens de le prévenir, et il assembla à cet effet tous les tisserands, à la tête desquels il pénétra dans la maison d'Artevelde, qu'il tua de sa propre main avec un grand nombre de ces An

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