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Oudegh., ch. 154.

» faite vous devez peut-être vous reprocher d'a» voir donné occasion à la révolte, par votre né

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gligence à rendre la justice que vous devez à vos peuples c'est ce que je ne veux point examiner » pour le présent. J'ai dû faire de grandes dépenses pour une pareille expédition: j'aurais droit de » prétendre à quelque dédommagement; mais je » vous tiens quitte de tout, et je vous rends vos » états soumis et pacifiés. Gardez-vous bien de nous faire revenir une seconde fois pour un pa»reil sujet, car si votre mauvaise administration » m'obligeait de revenir, ce serait moins pour vos » avantages, que pour mes intérêts ». Le roi ajouta qu'il ne suffisait pas de rétablir l'ordre, mais qu'il fallait, par une salutaire terreur, prévenir le désordre, en effrayant, par la punition des coupables, ceux qui seraient tentés de les imiter.

Le comte, trop fidèle aux remontrances du roi, fit périr dans l'espace de trois mois, cinq cents cou .pables dans les différentes villes de la Flandre. Les chefs eurent la tête tranchée, et les autres périrent par divers supplices. Un des plus déterminés mutins du pays, appelé Guillaume Lechanu, natif de Bruges, qui craignait pour sa peau, dit le naïf historien de Flandre, se retira auprès du duc de Brabant, Jean III, qu'il sollicita vainement à déclarer la guerre au comte Louis, en lui assurant qu'on lui fournirait toutes les choses nécessaires pour entreprendre et soutenir la guerre avec avantage; troupes, armes, argent, chevaux, vivres, munitions. Le duc, qui peut-être désirait en secret d'accepter la proposition, ne voulut point y répondre avant d'avoir consulté le roi de France, et il et il envoya

à

cet

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cet effet ce Guillaume Lechanu auprès du roi, qui, au lieu de l'accueillir, le fit mettre aux fers, à la torture et au pilori. Le roi, croyant qu'il étit nécessaire, pour éteindre les restes de la révolte, d'épouvanter, par un terrible exemple, les partisans ou les complices de ce factieux, le fit condamner à un affreux supplice. Ce malheureux, après avoir eu les poings coupés, fut exposé sur une roue, d'où on le retira mourant, pour l'attacher à la queue d'une charrette et le traîner au pied d'une potence, où il fut pendu.

Toutes les villes rebelles furent condamnées et taxées par le comte, qui s'y rendit à cet effet, à des amendes proportionnées à leurs facultés et à leurs délits. Les Brugeois, comme les plus coupables, furent condamnés à faire une amende honorable au milieu du chemin, entre Male et Bruges, où ils devaient crier merci et demander pardon à genoux.

Tome III.

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1312.

CHAPITRE XI V.

JEAN III.-Impôt établi sur les villes et les abbayes pour liquider les dettes de l'état. - Famine, peste.Otton, comte de Buren, prend la ville de Tiel: il s'évade de Louvain. - Guerre contre Renaud, seigneur de Fauquemont: il est soumis, et détenu à Louvain. Prétentions de Jean, roi de Bohéme, au duché de Brabant: il déclare à ce sujet la guerre au duc Jean.

Renaud, transféré de Louvain à Genappe, est reláché : sa perfidie: le duc Jean l'assiége dans Fauquemont. Gérard, comte de Juliers, est choisi pour médiateur. - Congrès de Rolduc. Le roi Jean est nommé arbitre entre le duc Jean et Renaud. Con

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grès de Nivelles. -La guerre recommence. Le duc
assiége derechef Fauquemont: la ville est soumise et
la citadelle rasée.-Philippe de Valois, roi de France,
offre sa médiation, que le duc Jean refuse. - Robert,
comte d'Artois, se réfugie auprès du duc : le roi le re-
demande, et le duc refuse de le rendre. Le roi irri-
té, forme une ligue contre le duc. Les alliés se pos
tent à S.-Trond, et le duc, à Heylissem. -Ravages
commis par les alliés.
les alliés. Le comte de Hainant engage
les deux partis à conclure une trève. Robert d'Ar-
tois se sauve en Angleterre. Entrevue entre le roi
Philippe et le duc Jean, à Compiègne: paix et allian
ce entre le roi et le duc. - Trève entre le duc et les
alliés. - Projet d'établir un évéque particulier pour
Brabant : les ecclésiastiques s'y opposent, et le pape
s'y refuse.

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le

Brah Gest., JEAN III succéda à son père, à l'âge de 13 ans:

lib. 5, c. 9,

ap. Desroch., il épousa, deux ans après, Marie, fille de Louis, Epit., lib. 5, comte d'Evreux, fils de Philippe-le-Hardi, roi de

C. 10.

France. Ce comte prit les rênes du gouvernement avec Gérard, comte de Juliers, et Florent Berthold, seigneur de Malines, pendant la minorité du duc Jean: ils eurent pour adjoints quelques membres du conseil de Cortenbergh. Les circonstances critiques du temps avaient nécessité cette mesure. Les guerres ruineuses de Jean I.er, les prodigalités excessives de Jean II, avaient successivement épuisé le trésor de l'état, et les emprunts considérables que ces deux princes avaient été forcés de faire, pour subvenir à leurs énormes dépenses, avaient accumulé des dettes immenses, auxquelles leur successeur ne pouvait satisfaire. Les créanciers, irrités des retards continuels qu'ils éprouvaient, faisaient arrêter, dans tous les pays étrangers, les marchands brabançons, et confisquer leurs marchandises. Le commerce avec l'étranger fut donc interrompu. Les chefs des villes, pour remédier à un si grand mal, imaginèrent un moyen ils levèrent une somme sur tout le Brabant pour liquider la dette du pays, et ils confièrent l'administration de ces deniers, non aux receveurs ordinaires du duc, qui avaient perdu en partie la confiance de la nation, mais aux administrateurs nommés par les villes, avec l'agréation du prince: ils résolurent d'établir sur les villes et les abbayes un impôt qui montait à la somme de 40,000 livres, gros tournois, et de complèter la somme nécessaire par des emprunts, et il fut convenu que ce seraient les receveurs, nommés par les villes, qui percevraient les revenus du duc jusqu'au temps où ces emprunts seraient acquittés, et que, dès que l'un fou l'autre de ces receveurs aurait achevé sa beso

le

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1315. Divæus.

Brab. Gest., Fih. 5, c.20,

ap. Desroch., ibid.

Ibid., c. 21.
Divæus.

gne, il rendrait ses comptes à l'assemblée des états. Les nobles n'intervinrent à cette convention, que pour la signer; car il ne paraît pas qu'ils aient contribué, ni dans l'impôt ni dans l'emprunt, pour la libération de la dette: c'étaient les villes qui, dans ce temps, avaient le plus d'influence et de crédit, sans doute parce qu'elles avaient plus de ressource.

Le jeune duc commença son règne dans les plus malheureuses circonstances. Le Brabant fut affligé de deux terribles fléaux. A commencer du 1." de mai, il tomba pendant un an entier, des pluies continuelles et abondantes, qui pénétrèrent telle ment la terre qu'elle ne donna aucune production. Cette funeste disette causa úne cherté excessive et une famine cruelle, qui fut accompagnée d'une peste si désastreuse, qu'on était obligé d'entasser soixante cadavres dans la même fosse. Selon les supputations faites, il périt le tiers des habitans.

les

A peine les infortunés Brabançons commençaientils à respirer, qu'un malheureux incident vint troubler leur premier moment de tranquillité. Otton, comte de Buren, dans la Gueldre, vassal du duc Jean, s'étant rendu à Bruxelles pour renouveler d'anciennes prétentions, avait été renvoyé par régens sans en avoir obtenu de satisfaction: il s'en était vengé en s'emparant de la ville de Tiel, qui, dans ce temps, était soumise au Brabant. Les Brabançons souffraient impatiemment que le duc, par sa grande jeunesse, fût dans l'impuissance de venger cet attentat. Otton, craignant les effets de leur ressentiment, feignit de se repentir et de se sou mettre, et il vint, de son propre mouvement, se constituer prisonnier à Louvain; mais Guillaume

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