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denarde et de leurs alliés, ni aucune atteinte aux actes du comte de Namur pendant le temps qu'il avait exercé la régence de Flandre; que du reste, tout ce qui avait été fait et ordonné par Robert de Cassel, pendant son gouvernement, était révoqué Iet annullé. L'acte de cet arrangement fut rédigé le

8 février 1326.

Louis, délivré de sa pénible détention, se rendit à Paris auprès du roi Charles, pour implorer son secours et son aide contre ceux de Bruges, dont il voulait tirer une vengeance éclatante. Le roi le lui promit et lui accorda sa protection.

E Les Brugeois, qui craignaient le juste châtiment S qu'ils sentaient qu'ils avaient mérité, envoyèrent leurs députés à Paris, pour supplier le roi Charles et le comte Louis de leur indiquer un jour et un 1 lieu pour traiter des réparations et amendes que le I comte pourrait prétendre ou demander pour leurs attentats et leurs rebellions. Le comte, du consentement du roi, leur assigna un jour, à Arques, près de S.-Omer, où comparurent les députés de toutes les parties intéressées. Les rebelles, après plusieurs explications et plusieurs débats, obtinrent enfin leur grâce aux conditions suivantes (elles sont très-intéressantes pour la connaissance des usages du temps): que ceux de Bruges, Ipres, Courtrai, et leurs adhérens fonderaient un couvent de Chartreux de douze frères, au faubourg de Courtrai, pour l'honneur de Dieu et le repos des ames des trépassés, et qu'ils emploieraient à cet effet jusqu'à la somme de quatre mille livres de Flandre; qu'ils restitueraient aux églises et abbayes les dommages et intérêts qu'elles avaient supportées, selon l'estimation et ordonnance

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de six personnes que le comte nommerait à cet ef fet; que trois cents personnes de Bruges et de Courtrai seraient envoyées en pélerinage, savoir: cent à S.-Jacques, en Galice; cent à S.-Gilles, en Provence, et cent à Notre-Dame de Roquemadour, en Querci; que le comte Louis sera réintégré dans son comté de Flandre, et que ceux de Bruges et leurs adhérens lui prêteront un nouveau serment, sauf la souveraineté au roi de France; qu'ils payeront au comte, pour ses frais et dépens, cent mille livres tournois; qu'ils consigneront dans les mains du roi de France, ou de son commis, la somine de deux cent mille livres tournois, au moyen de laquelle le roi prendrait à sa charge la satisfaction qui échéait à ceux de Gand et d'Audenarde pour les dommages et intérêts qu'ils avaient soufferts pendant les troubles; que pour nourrir et entretenir dans la Flandre la bonne paix et union, le roi enverrait, de dix en dix ans, ses commissaires dans cette province, pour y faire de nouveau publier et jurer cette paix; qu'au moyen de ces conditions, tous les excès seraient pardonnés et tous les pri sonniers, de part et d'autre, délivrés, et que les par ties intéressées retourneraient respectivement dans leurs états. Ce traité fut conclu à Arques, par les députés du roi et du comte d'une part, et par députés des villes de Bruges, Ipres, Dam, Nieuport, Bergues, Cassel, Messines, Warneton, Poperinghe, Bourbourg, Bailleul, Courtrai, Oudenbourg et l'Ecluse, d'autre part.

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Les habitans de Grammont ne furent point compris dans cette paix pour l'exécrable trahison qu'ils avaient exercée contre le comte Jean de Namur,

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qui en avait conçu un si vif et si juste ressentiment, que dans tous les traités, il faisait toujours excepter la ville de Grammont; cependant, ils obtinrent à leur tour leur pardon, à condition qu'ils démoliraient leurs portes, murs et forteresses, avec promesse de ne jamais les rétablir.

1327.

Les Flamands, qui paraissaient si repentans, si soumis et si humiliés, n'attendaient qu'un moment favorable pour reprendre les armes. La mort de Charles-le-Bet les y enhardit. La petite ville de BerIgues-S.-Winocx avait donné le signal du désordre et du brigandage. Un turbulent, dont le nom est Jacques Peyt, qui s'était mis à la tête de la populace, exerçait sa fureur sanguinaire contre les citoyens les plus respectables par leur naissance et 1 par leur rang, sur-tout contre les nobles et les prêtres, et ce monstre, par un atroce rafinement de cruauté, forçait le père à être le bourreau de son fils; le frère, de son frère; l'ami, de son ami. Ceux de Bruges et d'Ipres, réunis à leurs anciens alliés, ayant réorganisé la rebellion et rappelé les capitai- Oudegh., ch. nes qu'ils avaient nommés, pendant les troubles 153. passés, se jetèrent sur les nobles et les officiers du comte, qui, sur la foi du traité, étaient paisiblement retournés dans leurs habitations et rentrés dans leurs dignités.

Le comte Louis, qui venait de se rendre à Paris pour faire hommage, au roi Philippe de VaElois, des domaines qu'il tenait de la couronne de France, réclama les secours et la protection de ce prince, contre ces indomptables Flamands. Le roi envoya incontinent l'évêque de Senlis, pour fulminer contre la Flandre un nouvel interdit, dont ce

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pendant ceux de Gand et d'Andenarde furent ex ceptés, pour autant qu'ils persévéreraient dans la foi qu'ils devaient au comte Louis, leur prince lé gitime. Les Flamands furent très-insensibles à cet interdit, dont ils ne firent qu'une dérision. Le roi sentit donc qu'il fallait des armes plus efficaces pour dompter l'opiniâtreté de ces rebelles, et il donna l'ordre à toute la noblesse de se trouver, au mois d'août, à Arras, où étant venu lui-même, il dirigea sa marche sur Cassel pour y attaquer les séditieux, qui étaient retranchés sur une montagne qui domine cette ville. Le comte de Hainaut, Guillaume I.er, vint l'y joindre à la tête de sa noblesse. Le comte Louis de Flandre et le comte Jean de Namur, qui était réconcilié avec son oncle depuis la paix d'Arques, lui amenèrent les nombreux renforts qu'ils avaient rassemblés à Gand, à Audenarde et dans les villes fidèles. Les Français, à qui une confiance présomptueuse dans leurs forces avait inspiré une imprudente sécurité, dédaignaient presque de garder leur camp; mais ce défaut de vigilance et de discipline faillit de causer leur perte. Nicolas Zannekin, qui était le chef des Flamands, s'étant aperçu de cette négligence, conçut le hardi projet d'enlever le roi il invite à cet effet l'élite de sa troupe à l'accompagner, et il ordonna au reste de le suivre par les routes qu'il leur indique c'étaient des chemins creux, coupés par des haies. Les chefs et les soldats français étaient négligemment couchés, sans armes et sans ordre, à l'ombre des haies et des arbres, pendant la chaleur du midi. Les rebelles, profitant de la négligence et du désordre de leurs ennemis, approchaient du quartier du roi; mais un

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événement imprévu déconcerta leurs projets. Robert de Cassel, qui revenait d'une course, à la tête d'un corps de cavalerie, rencontra la troupe que conduisait Zannekin. Les Français, profitant du = moment où Robert arrêtait les rebelles, formèrent leurs bataillons et leurs escadrons. Le comte de Hainaut, qui était déjà venu renforcer Robert, = fut bientôt suivi de toute l'armée, et la bataille s'en1 gagea avec le plus vif acharnement. Les Flamands enveloppés, qui se battaient plutôt, dit le père Demarne, pour vendre leur vie, que pour disputer la victoire, furent si cruellement battus, qu'après avoir laissé la campagne couverte de plus de treize mille de leurs compagnons (que Meyer réduit cependant de six à neuf mille), ils se sauvèrent avec la précipitation et le désordre qui accompagnent la crainte et le danger. Leur chef, Zannekin, qui avait dirigé toutes ces opérations avec une sagesse digne des plus grands éloges, s'il avait suivi une plus juste cause, périt dans cette sanglante journée.

Les Français, qui avaient également perdu une bonne partie de leur monde, attaquèrent, prirent, saccagèrent et brûlèrent la ville de Cassel, où ils exercèrent les plus horribles cruautés, mettant tout à feu et à sang, sans distinction d'âge, de sexe ni ■ de condition. Cette défaite fut suivie de la soumission de Bruges et de toutes les villes rebelles, qui donnèrent des otages au comte Louis pour l'assurer de l'accomplissement de tout ce qui leur serait enjoint. J Le roi Philippe, avant de quitter la Flandre, fit venir le comte Louis : » Beau cousin, lui dit-il, je suis venu ici sur la prière que vous m'en avez

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