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violent, passe les murs et gagne la ville, dont une partie devint la proie des flammes. Les habitans de Courtrai, dit le commentateur d'Oudegherst, à la vue des flammes qui ravageaient leurs maisons, ne gardent plus de mesures: ils firent fermer les portes de la ville, et leur fureur se déchaîna contre les nobles, qu'ils regardaient comme les auteurs de tous leurs maux. La populace, armée d'épées, de bâtons et de massues, les égorgeaient ou les assominaient sans pitié. Les femmes, écumantes de rage, couraient dans les rues, les cheveux épars, animant, par leurs cris, leurs époux au carnage, et elles se croyaient heureuses, dit Meyer, quand elles pouvaient tremper leurs mains dans le sang d'un seigneur. Le comte Jean de Namur trouva le moyen de se sauver par la porte de Lille; mais le comte Louis n'eut pas la même adresse ou le même bonheur; car il fut arrêté, avant d'avoir gagné la porte, avec tous les gentilshommes de sa suite, qui furent livrés par les habitans de Courtrai aux députés de Bruges. Ces féroces Brugeois eurent la cruauté de faire mourir sous les yeux du prince, ces malheureux seigneurs, dont il implora inutilement la grâce, et ils assouvirent leur rage sur leurs cadavres palpitans, qu'ils découpèrent par lambeaux. Meyer n'en compte que six; mais Oudegherst en cite un plus grand nombre, dans lequel il met Meyer ad le précepteur du comte. Cet infortuné prince fut lui-même traité avec le plus grand mépris par ces forcénés, qui le lièrent sur un mauvais cheval, sur lequel il fut traîné dans les prisons de Bruges.

an. 1325.

Oudegh.,

ch. 151.

Le roi de France, Charles-le- Bel, informé de ces horribles excès, envoya le bailli de Verman

dois à Bruges, pour redemander, au nom du roi, le comte Louis, comme sujet et vassal de la couronne; mais la fureur des Brugeois était montée à un si haut point, que le bailli vit le moment où il allait en devenir la victime, et il n'y échappa que par l'intervention de quelques bourgeois moins inconsidérés et moins exaltés, qui eurent assez d'influence sur cette populace pour réprimer sa fougue et modérer sa rage. Le roi, profondément indigné de cet attentat, fit sommer les Brugeois de ! rendre la liberté au comte Louis; mais ces opiniâtres Flamands répondirent que le comte ne serait élargi que lorsqu'ils auraient soumis les villes de Gand et d'Audenarde, qui tenaient le parti du prince, et ils déférèrent à Robert de Cassel, le titre de régent de Flandre, qu'il accepta avec d'autant plus Meyer, ibid. d'empressement, qu'il espérait que ce titre le conduirait à la souveraineté, qui était l'objet de ses désirs secrets. Louis, qui avait pénétré les vues ambitieuses de son oncle Robert, avait donné l'ordre aux habitans de Warneton, de le tuer, disent quelques auteurs, qui rapportent qu'il échappa au coup qu'on lui préparait, par la générosité du chancelier du comte, qui le prévint du danger dont il était menacé. Louis, ajoute-t-on, fit arrêter ce magis» trat: Pourquoi, lui dit-il, avez-vous trahi mon Villaret, t. 8, » secret? Pour sauver votre honneur, répon- p. 136. » dit le généreux ministre, qui fut chargé de fers, » au lieu de couronnes qu'il méritait. »

Le roi Charles prit le parti d'éprouver une nouvelle tentative pour ramener les Brugeois à la raison: il leur envoya une députation pour leur proposer de relâcher le comte Louis, en leur offrant des

Oudegh., ibi

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conditions aussi avantageuses qu'honorables; mais les Brugeois fermèrent la bouche aux députés, en leur déclarant positivement qu'ils ne consentiraient à la délivrance du comte, qu'au préalable ceux de Gand et d'Audenarde, avec tout le reste de la Flandre, ne se fussent réunis à leur parti. Les députés se retirèrent à Gand, et Robert de Cassel, pour forcer le reste des Flamands à prendre son parti, s'avança dans la Flandre avec la plus grande partie de la populace. Les Gantois envoyèrent une forte troupe contre cette multitude. Les deux partis se rencontrèrent, selon Oudegherst, près de Nevelles, et selon Meyer, près de Deinze, où, après un combat sanglant, les Gantois furent défaits avec une perte considérable.

Robert, profitant en chef habile de sa victoire, vint mettre le siége devant Gand, pour arracher de force aux habitans ce qu'ils n'avait pu obtenir de bon gré; mais, par la médiation des ambassadeurs français, qui étaient encore à Gand auprès du Meyer, ad comte de Namur, les deux partis conclurent un

an. 1325.

arrangement, par lequel il fut convenu et arrêté que ceux de Gand s'engageraient, par la foi du serment, à se joindre à ceux de Bruges, et que, de leur côté, ceux de Bruges seraient tenus de délivrer le comte Louis dans le terme de quatorze jours. Robert, satisfait de cet accommodement, leva le siége; mais quand ses députés vinrent à Gand pour recevoir le serment convenu, les habitans refusè rent ouvertement de le prêter, si préalablement ceux de Bruges ne rendaient la liberté au comte. Les Brugeois persistèrent au contraire à exiger qu'avant de relâcher le comte, les Gantois prêtassent le serment.

La querelle ne devint que plus animée; et ceux de Gand nommèrent le comte Jean de Namur, régent de Flandre. Les deux partis prirent réciproquement leurs mesures pour soutenir leur cause avec vigueur. 1 Robert rassembla une nouvelle force pour venir derechef former le siége de Gand, et Jean mit tous ses soins à pourvoir de bonnes garnisons les villes 1 qui tenaient le parti du comte Louis: il se rendit à cet effet à Audenarde, à Alost et à Grammont. Les troupes du comte entrèrent sans difficulté et sans empêchement dans cette dernière ville; mais quand le seigneur de Gavrey fut entré, les habitans qui, à la richesse de son habillement, le prirent pour le comte de Namur, fermèrent leurs portes et massacrèrent indignement ce seigneur avec trois cents hommes de la compagnie du comte.

Le roi de France, informé de ces excès, adressa aux rebelles une lettre, dans laquelle, après leur avoir rappelé tous leurs crimes, il leur enjoint de venir lui rendre compte de leur conduite. Les révoltés n'obtempérèrent point à cet ordre. Le roi, voyant donc qu'il ne parviendrait pas à dompter leur opiniâtreté, lança sur la Flandre l'interdit, qu'il fit exécuter par Jean, évêque de Tournai, et par Enguerrand, évêque de Térouanne. Cet interdit consistait dans la cessation de toutes les cérémonies de l'église et dans la clôture de tous les temples. Les villes de Gand et d'Audenarde furent seules exceptées de cette punition.

ch. 152.

Les Gantois, qui étaient déterminés à soutenir Oudegh., loyalement la cause de leur comte, voyant que ce n'était que par la force des armes qu'on pourrait parvenir à l'arracher des mains des rebelles, com

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au. 1325.

mencèrent par chasser de leur ville tous ceux qu'ils savaient être attachés au parti contraire, entr'autres trois mille tisserands, qu'on soupçonnait avoir été d'intelligence avec ceux de Grammont. Les proscrits vinrent renforcer l'armée des Brugeois. Ratger, un des chefs, réuni à ceux du Franc, du pays de Waes et des Quatre Métiers, vint assiéger la ville de Gand, tandis que Robert venait attaquer celle d'Audenarde; mais les inconvéniens de la saison les forcèrent l'un et l'autre à abandonner leurs opérations. Les Gantois, sous les ordres de Siger, et d'Hector Villain, qu'ils avaient créés leurs capitaines, étant sortis de leur ville, rencontrèrent entre Audenarde et Courtrai une troupe de huit cents réMeyer. ad voltés environ: ils leur députèrent deux moines, chargés de leur dire qu'ils n'avaient que deux partis à prendre, ou de livrer bataille aux Gantois, ou de faire serment au comte : ils acceptèrent le premier parti, en disant qu'ils n'attendaient que le moment de se mesurer avec cette race d'ivrognes et ces bus veurs de bierre. C'est par ces expressions injurieuses qu'ils désignaient les Gantois. Le combat s'engagea, comme on peut le croire, avec le plus vif acharnement, et les rebelles, qui y furent complètement battus, ne pensèrent plus qu'à chercher les moyens de conclure une bonne paix : ils consentirent donc à la délivrance du comte Louis, aux conditions suivantes: 1.° que le comte pardonnait à ceux de Bruges et à leurs adhérens tous les torts et toutes les injures qu'ils lui avaient faites; 2.° qu'il confirmait tous les priviléges de Bruges, d'Ipres et du Franc, de manière cependant que ces priviléges ne portassent aucun préjudice à ceux de Gand, d'Au

1326.

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