Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub
[graphic]

Ibid., p. 177

gnit aux instances du comte Jean, ses ardentes priè res, et elles furent également rejetées. Le duc menaça, et il fut enfin écouté: il obtint qu'on signerait une trève de deux ans, pendant laquelle on discuterait les griefs réciproques.

Le comte Jean, religieux observateur du traité, défendit aux habitans de Bouvignes, sous les pei nes les plus sévères, de commettre le moindre acte qui pût donner aux Liégeois le moindre sujet de mécontentement ou même le moindre prétexte de plainte; mais les Dinantois, que le désir de la vengeance avait rendu sourds aux principes de l'honneur, ne cessaient de harceler, d'inquiéter, de provoquer les Bouvignois par toutes les espèces de voies de fait, pour les forcer à prendre les armes : voyant enfin que toutes ces tentatives ne pouvaient engager ce peuple à rompre la foi de ses engagemens et à braver les ordres de son prince, ils conçurent le hardi projet d'élever sur la montagne qui domine Bouvignes, une tour qu'ils appelèrent Montorgueil, d'où ils jetaient des brandons de feu sur les maisons, et des débris de rochers sur les habitans qui pas saient dans les rues.

Cette insulte était une violation d'autant plus manifeste de la trève, que la tour avait été bâtie sur le territoire de Namur. Le comte Jean crut donc qu'il ne devait plus respecter un traité, que les Dinantois avaient si audacieusement enfreint, et il envoya des troupes pour attaquer la fameuse tour, et la ruiner.

L'évêque de Liége, Adolphe de la Marck, oubliant la dignité de son caractère et les devoirs de son ministère, n'eut point de honte de venir lui

[graphic]

même sur les lieux avec les comtes de Berg et de la Marck, pour donner la main aux Dinantois, afin de les engager et de les aider à faire le siége de Bouvignes, que le fougueux prélat avait juré de détruire: il s'était fait accompagner par un chanoine de Liége (son nom est Henri de Pétershem), digne en effet d'être associé aux projets et à la gloire de son évêque. Ce prêtre avait inventé ou plutôt perfectionné une machine, à laquelle les écrivains du temps donnent le nom de chat, qui cependant, comme l'observe le père Demarne, était connue bien avant ce temps. Les assiégeans, aidés par le génie infernal du chanoine de Liége, étaient parvenus, en frappant les murs avec cette terrible machine, à pratiquer une large brèche, où l'on décida de donner l'assaut. Toute la nuit fut employée à en faire les préparatifs et les dispositions; mais les braves bourgeois de Bouvignes, qui avaient sagement prévu les intentions des assiégeans, avaient avisé aux moyens de les empêcher d'en obtenir les effets. Dès la pointe du jour, c'est-à-dire, au moment où les Liégeois se disposaient à donner l'attaque, ils virent, à leur grand étonnement et à leur grande honte, que la brèche était si solidement réparée, qu'il eût été très-dangereux de risquer l'assaut. L'évêque fut si déconcerté de ce revers inattendu, qu'il prit brusquement le parti de lever le siége, avec le regret et la honte d'avoir vu, après quarante jours de siége, échouer toutes ses forces (car tous les Liégeois armés étaient dans les environs de Dinant), devant la petite ville de Bouvignes.

Il eut d'autant plus de chagrin d'avoir si subitement abandonné le siége, qu'à peine éloigné de deux

[graphic]
[graphic]

lieues de Bouvignes, il apprit que le comte de Namur avait été défait le jour même de la levée du siége, par cinq cents hommes au plus, au combat de Burdinne, dans la Hesbaie, où le comte, qui avait senti que ses forces n'étaient pas suffisantes pour opérer la levée du siége, avait dirigé sa marche pour tâcher, par cette diversion, de forcer les Liégeois à renoncer à leur entreprise.

Mais le comte fut en quelque sorte dédommagé de ce revers en apprenant la retraite des Liégeois il comprit en effet qu'un ennemi qui se déconcer tait si facilement, ne devait pas inspirer tant de crainte il avait, d'un autre côté, négocié très-habilement une alliance avec le comte de Luxembourg, qui lui fournit des secours puissans, avec les quels il fut en état de pousser la guerre avec tant d'avantage qu'il reprit l'offensive, et il s'avança si rapidement dans le pays de Liége, qu'il parut, au grand étonnement des Liégeois, devant les murs de leur capitale, d'où il revint sur Ciney, qu'il ne put cependant emporter. Les habitans firent leurs préparatifs de défense avec tant de diligence, qu'ils Ib., p. 178. forcèrent l'armée du comte à se retirer. La poursuite fut même si vive, que le comte lui-même, ayant été renversé de son cheval, n'échappa à la mort que par le généreux dévouement d'un de ses chevaliers qui sacrifia sa vie pour sauver son prince.

Les Dinantois, de leur côté, étaient venus former le siége de Poilvache, forteresse située à trois lienes de Namur, et à deux lieues de Dinant, sur un rocher très-élevé, au bord de la Meuse. Ce château, Gramaye, qui, comme l'assure Gramaye, fut bâti par les BoNamur., P. hémiens, est en effet appelé par les anciens, castrum

[graphic]
[ocr errors]

ער

E Bohemorum. Conrad I.er, qui avait épousé Clémence, fille de Henri III, est, selon l'opinion commune, le premier comte de Luxembourg qui ait = possédé cette forteresse qui vint au pouvoir de Henril'Aveugle, comte de Luxembourg et de Namur; mais après la mort de ce prince, quand les comtés de Luxembourg et de Namur furent partagés entre le comte de Bar et le comte de Flandre, la question de savoir à laquelle des deux maisons appartiendrait cette forteresse, occasionna des difficultés et des disputes, et les prétendans convinrent à la fin qu'elle resterait aux comtes de Luxembourg, à condition qu'ils en feraient hommage à celui de Namur. Ce domaine fut donné comme un apanage à Waleran, second fils de Waleran, duc de Luxembourg, avec le titre de comté.

[graphic]

201

[ocr errors]

Les Dinantois emportèrent ce château, après un siége très-court. Les habitans de Hui faisaient de leur côté des courses et des dégâts sur les rives de la Mehaigne, où ils livrèrent aux flammes le village de Waseigges. Ces succès, ou plutôt ces excès, 1321 engagèrent les deux partis à mettre un terme à ces calamités, par une paix dont les conditions ne sont point connues.

La Flandre ne fut pas exempte des troubles qui avaient désolé les provinces de Brabant et de Namur. Louis de Nevers, dit de Crécy (parce qu'il fut tué à la bataille de Crécy), fils de Louis de Nevers et de Réthel, avait succédé dans le comté de Flandre à son aïeul, Robert de Béthune. Il s'était Oudegherst élevé à ce sujet un violent démêlé. Robert de Cassel, ch. 147 second fils de Robert de Béthune, prétendait que cette succession lui appartenait, et Matthieu, duc

[graphic]
[blocks in formation]
[ocr errors]

de Lorraine, qui avait épousé Mathilde, seconde
fille de Robert de Béthune, y réclamait également
son droit. Louis s'appuyait d'un accord de 1516,
par lequel il avait été expressément conditionné
que, dans le cas où Louis de Nevers, père de
Louis de Nevers et de Crécy,
de Crécy, mourût avant
Robert de Béthune, son père, comme il arriva
en effet, la Flandre appartiendrait à Louis de Cré-
cy. Cet accord avait été confirmé par le contrat
de mariage de ce dernier; mais ces dispositions
étaient contraires à la coutume de France, qui
porte que la représentation ne peut avoir lieu;
et les prétendans étant fils et fille de Robert de
Béthune, fondaient leurs droits sur la proximité du
degré, et sur la loi du pays. Le roi de France,
Charles-le-Bel, évoqua l'affaire à sa cour, qui ad-
jugea la Flandre à Louis de Crécy, au détriment
de Robert de Cassel, son oncle, qui eut pour son
partage les villes de Warneton, Dunkerque et Bour-
bourg, que la maison de S.-Pol posseda après
Robert.

Le comte Jean de Namur, qui jouissait d'un très-grand crédit à la cour de France, avait employé toute son influence pour en obtenir une décision favorable à Louis de Crécy, son petit nevey; et ce prince, pour lui en témoigner sa reconnaissance, lui donna la seigneurie de l'Eau, c'est-à-dire, du port de l'Ecluse. Les habitans de Bruges, qui regardèrent avec raison cette donation comme très-préjudiciable à leur commerce, adressèrent à ce sujet de si pressantes représentations au comte de Flandre, qu'ils le forcèrent à écrire au comte Jean, pour l'engager à conclure au moins

[graphic]

из

« VorigeDoorgaan »