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CHAPITRE XIII.

TROUBLES et révoltes dans la province de Namur.- Guerre entre les habitans de Bouvignes et de Dinant.

dans la Flandre.

Troubles et révoltes

Chr. Zant

fliet., p. 166.

L'ESPRIT d'insurrection, qui avait infecté les dif- 1313.
férentes villes du Brabant, avait pénétré dans la pro-
vince de Namur. Le comte Jean, que l'empereur
Henri VII avait nommé pour négocier un traité d'al-
liancé avec le roi Philippe-le-Bel, était absent de
ses états. La comtesse avait exigé de nouveaux im-
pôts des habitans de Namur, qui en avaient été si
vivement irrités, qu'ils avaient forcé la comtesse à
se renfermer avec ses enfans dans le château, où
ils la tenaient assiégée : ils disaient même hautement
qu'ils lui (réservaient et qu'ils lui préparaient le sort
de l'impératrice Marie, qu'ils avaient chassée de la
ville dans les troubles de 1256. Le comte, instruit
de ces excès, éprouva un embarras d'autant plus
pénible, qu'il était en ce moment dans une détresse
absolue, sans troupes, sans alliés, sans ressources:
il prit cependant le parti de réclamer le secours des
habitans de Hui, avec lesquels il avait constamment
gardé une étroite intelligence; mais les habitans de
cette ville, croyant probablement qu'ils avaient plus
à craindre des rebelles, qu'ils n'avaient à espérer
du comte, refusèrent non seulement de lui prêter
bras, mais encore leurs instrumens, qu'il avait
demandés pour former le siége de Namur.

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Le comte Arnoul de Loz montra plus de géné rosité il fournit au comte Jean et des troupes et des machines et des munitions, et les lui amena lui-même. Le comte, aidé de ce puissant renfort, vint investir sa capitale. L'ardeur des soldats secondait avantageusement l'indignation du comte. Les Namurois, qui se fiaient sur leurs forces, se disposaient tranquillement à soutenir le siége; mais ils virent le moment où ils allaient être les victimes de leur imprudente sécurité. Une troupe de soldats de l'armée du comte, s'en étant secrètement détáchée, s'avança ou plutôt se glissa aux pieds des remparts. Leur marche et leur manoeuvre furent dirigées et combinées avec tant d'adresse et de cé lérité, qu'avant que les Namurois, et avant même que le comte eussent eu le temps de s'en apercevoir, ils avaient déjà présenté l'escalade du côté de S.- Aubain. Déjà, les plus déterminés avaient gagné le haut des murs, quand des bourgeois, que te hasard avait amenés dans cet endroit, décou vrirent heureusement cet hardi stratagême et chargèrent vigoureusement ces téméraires agresseurs. Les cris des combattans répandirent l'alarme, et le son du tocsin attira les bourgeois dans ce quartier. Les Namurois réunis, repoussèrent les assaillans avec de tels efforts, qu'ils les précipitèrent dans le fossé.

Les deux comtes apprirent par ce revers qu'il ne fallait pas mépriser un ennemi qui savait se défendre avec tant de bravoure, et ils comprirent qu'il importait d'apporter plus de précautions dans leurs entreprises its formèrent donc un plan d'attaque dans les règles, et pressèrent le siége avec tant de vigueur, que les Namurois se virent réduits à la

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cruelle nécessité de prendre le parti de la soumission. Le comte Jean traita les rebelles avec plus de ménagement qu'ils n'auraient pu l'espérer, et il se contenta de punir les chefs par des amendes et des = pèlerinages, selon l'usage du temps: il accorda le pardon aux bourgeois, et il promit d'oublier le passé. La taxe à laquelle le corps de ville fut porté dans les amendes, monta à une somme de huit mille 1 livres, et les indemnités auxquelles les particuliers furent condamnés, formèrent une masse non moins considérable.

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Le comte Jean commençait seulement à jouir de 1317. la tranquillité qu'il avait su rétablir dans ses états C par une conduite tempérée, selon les circonstances, par la fermeté et la modération, quand une vieille rivalité qui divisait deux petites villes voisines, Bouvignes, au comté de Namur, et Dinant, au pays de Liége, occasionna une guerre cruelle dans les deux !provinces. Cette antipathie, qui avait pour cause Ibid., p. 172. une jalousie de commerce, avait déjà occasionne de fàcheux débats, dans le temps du comte Gui, pour une assez modique somme que ceux de Bouvignes réclamaient de ceux de Dinant. Les Dinantois, fiers de leur nombre et de leurs richesses, n'avaient répondu à leurs voisins que par des procédés, pour ainsi dire, insultans, qui avaient exaspéré la haine des Bouvignois. Cette animosité réciproque en était venue à ce point, où l'on ne cherche qu'à se provoquer sans raison et à se nuire sans ménagement. Les deux villes rivales ne cherchaient plus en effet que l'occasion d'exercer leur ressentiment. Les Dinantois saisirent un jour où la plus grande partie des habitans de Bouvignes était sortie de la ville.

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Les malheureux qui y étaient restés, n'ayant conçu aucune défiance, n'avaient pris aucune précaution. Les Dinantois, qui s'en étaient assurés, vinrent se jeter sur les faubourgs, où ils pillèrent et massacrè rent tout ce qui s'offrit à leur rapacité et à leur fureur. Le comte de Namur, indigné de l'atroce perfidie dont ses sujets avaient été la victime, prit cependant le parti de dissimuler son ressentiment pour cacher plus adroitement ses vues, et conduire plus sûrement ses projets: il craignait, en prenant une part active dans cette querelle, d'irriter les Liégeois auxquels il était incapable de résister il se contenta donc d'envoyer secrètement à Bouvignès, de temps en temps, un petit nombre d'hom mes de guerre, qui à la fin formèrent un secours assez puissant pour aider les habitans de Bouvignes à rendre à leurs ennemis les coups qu'ils en avaient reçus.

Le comte attendait dans le silence et l'impatience l'issue de cette querelle, à laquelle il feignait de ne prendre aucun intérêt et même de ne faire aucune attention. Ceux de Bouvignes ne tardèrent pas de Ibid., p. 176. tenter un coup décisif : ils sortirent de leur ville,

et ils dirigèrent leur marche sur Hastier, où ils se partagèrent en deux corps: une partie se cacha et s'embusqua, et l'autre s'avança et se montra du côté de Dinant, comme dans le dessein de braver et de défier leurs ennemis. Les Dinantois, qui regardèrent ce mouvement comme un défi, marchèrent à l'endroit où ils avaient vu ceux de Bouvignes. Dès que ces derniers eurent aperçu la tête des ennemis, ils se replièrent avec vivacité sur le petit bois où l'autre corps était caché. Les Dinantois, prenant la mar

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1che précipitée des Bouvignois pour une fuite, ne gardèrent plus d'ordre ni de rang, et vinrent se jeter avec impétuosité dans le bois, où ils espéraient d'atteindre les ennemis dont ils croyaient déjà la défaite assurée. Ceux-ci, voyant leurs ennemis engagés dans le bois où ils les attendaient, se retournent 7 et se préparent au combat. Les Dinantois, attaqués en face par les uns, pris en flanc et en derrière par les autres, c'est-à-dire, par ceux qui étaient en embuscade, furent impitoyablement massacrés : les prisonniers même, qui avaient été d'abord épargnés, furent également immolés à la rage des vainqueurs. Les Liégeois, ayant appris la nouvelle de cette affreuse déconfiture, ne prirent pas la peine de considérer que le premier tort provenait du côté des Dinantois; que l'action de ceux de Bouvignes n'était qu'une représaille que les lois de la guerre pouvaient justifier: ils ne virent que le fait sans examiner le droit, et, dans une de ces assemblées tumultueuses où la justice et la raison n'ont pas le droit ni le moyen d'élever la voix, le peuple furieux, ne suivant que sa fougue aveugle et son grossier instinct, résolut à grands cris de faire la guerre au comte de Namur.

Cette brusque résolution (c'est la juste expression du père Demarne) fut promptement suivie des effets. Les Liégeois, ne respirant que vengeance et carnage, se répandirent dans la partie du comté de Namur, voisine du Condroz et de la Hesbaie, où ils livrèrent tout au fer et au feu. Le comte Jean fit les plus vives et les plus justes représentations; mais on fut sourd à sa voix et insensible à ses doléances. Le duc de Brabant ( c'était Jean III), joi

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