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Divaus.
Hocsem.

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ple, et à augmenter la tyrannie des nobles, apaisèrent les troubles pour le moment, et préparèrent pour la suite les querelles sanglantes qui divisèrent les deux ordres.

Ces troubles ne furent pas plutôt calmés, qu'il s'éleva tout-à-coup un tumulte d'une espèce nouvelle il s'était formé un rassemblement d'hommes sans nom et sans moeurs, qui, séduits par des imposteurs, croyaient qu'ils feraient la conquête du royaume de Jérusalem, quand ils auraient égorgé tous les juifs dans tous les endroits où ils se trouveraient. Cette horde, sans chef, sans mission, sans étendard, qui déclarait hautement qu'elle ne connaissait que Dieu pour son général, s'était répandue de la Flandre, de la Hollande, du Hainaut, de l'Allemagne et de la France dans le Brabant. Les malheureux juifs, se voyant exposés de toutes parts au fer des assassins, implorèrent la protection du duc Jean, et lui demandèrent un asyle, où ils pussent se soustraire à la rage meurtrière de leurs ennemis. Le duc leur donna le château de Genappe, où ils se retirèrent. Ce n'était pas (car la vérité est la première qualité de l'histoire), ce n'était pas sans doute un mouvement d'humanité ou un sentiment de générosité qui avaient porté le duc à accorder sa protection à cette malheureuse race; c'était bien plutôt un motif d'intérêt et une vue de politique, qui l'y avait engagé, parce que les juifs, étant mis en quelque sorte dans la classe des esclaves, lui payaient de très-forts impôts.

Les féroces assassins vinrent assiéger ces malheu reux dans leur retraite de Genappe. Le duc leur fit ordonner de se retirer; mais ils n'en poursuivi

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rent pas moins leurs entreprises. Le duc se vit donc obligé de marcher à main armée contre ces brigands, dont le plus grand nombre fut massacré. Les débris fugitifs de cette horde allèrent se réfugier à Avignon, auprès du pape Clément V, qui, s'étant contenté de blamer vivement leur démence fanatique, leur ordonna de retourner dans leurs pays respectifs.

Le duc Jean, qui sentait approcher sa fin, voyait 1 avec douleur que le mauvais état des affaires, et sur-tout le délabrement pitoyable des finances occasionnaient des mouvemens et des soulèvemens continuels dans le peuple, voulut, avant sa mort, prévenir, par un remède efficace, les funestes conséquences qu'il en prévoyait. Il fit donc assembler les seigneurs et les députés des villes du Brabant à Cortenbergh, où il fit émaner ces réglemens célèbres, connus sous le nom de lois de Cortenberg.

1

Le duc y statue 1.° que les ducs de Brabant n'imposeront plus de droits ni de taxes sur le peuple, sinon pour la levée de la milice, pour les mariages ou la rançon des ducs, et que ces impositions seraient ménagées avec tant de précautions, que personne n'en soit grevé ni lésé ;

2.° Que les ducs traiteront avec la justice la plus impartiale, tous leurs sujets, selon les lois et les formes juridiques, sans distinction de pauvres ni de riches, selon les réglemens originaux rédigés à ce sujet, lesquels seront soigneusement révisés par des jurisconsultes choisis, qui en corrigeront les abus, ou en mitigeront les dispositions qui pourraient être trop dures ou trop onéreuses au peuple;

3.° Qu'ils conserveront dans toute leur intégrité

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et toute leur vigueur les immunités, libertés et franchises des villes, sur le pied qu'elles en ont joui jusqu'à cette époque, et qu'ils rendront la justice à leurs sujets, selon le droit coutumier de chaque ville, sans permettre qu'il y soit porté la moindre infraction ou atteinte;

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4. Que, de l'avis du conseil du pays, ils éliront, dans l'ordre de la noblesse, quatre sujets d'une capacité, prud'hommie et probité parfaites, et dans la classe des roturiers, dix; savoir: trois de Louvain, trois de Bruxelles, un d'Anvers, un de Bois-le-Duc, un de Tirlemont et un de Léau (un acte de 1555, rapporté par Butkens, tom. 2, p. 359, en ajoute un second pour Anvers, et un pour Nivelles), lesquels tiendront toutes les trois semaines une assemblée à Cortenbergh, tant pour y examiner et connaître, corriger et redresser les abus ou les défauts qui pourraient s'être glissés par le passé dans l'administration du pays, ou qui pourraient s'y introduire par la suite, que pour porter les statuts et décrets qu'ils croiraient utiles au bien public;

5.° Que, s'il arrivait qu'un des membres élus mourût, où fût jugé peu propre ou peu habile à remplir ces fonctions, l'assemblée de Cortenbergh le remplacerait par un autre de son choix;

6.° Que les membres élus jureraient sur les saints évangiles, de veiller soigneusement aux intérêts, tant du prince que des sujets, sans distinction de pauvres ni de riches, de maintenir leurs droits respectifs avec un soin exact, et de rendre la justice avec une scrupuleuse impartialité;

7.° Que tous les statuts et décrets portés par l'as

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semblée de Cortenbergh, seraient dès maintenant ratifiés par le duc et ses successeurs, et que s'il arrivait que l'un ou l'autre des ducs vint à les enfreindre, ou refusat de les observer, les sujets seront autorisés à refuser le service, jusqu'à ce que le prince se sera conformé à ces décrets;

8. Il promet sur le livre des évangiles, de tenir pour ferme et irrévocable toutes les dispositions présentes, sans que les dues puissent jamais y porter atteinte en aucune manière, soit par dol, ruse, tromperie, ou par tout autre détour;

9.o Et pour assurer et corroborer d'autant plus les présentes dispositions, le duc enjoint à tous ses barons, chevaliers, vassaux, ainsi qu'à tous les habitans des villes, en vertu de la fidélité et de l'obéissance qu'ils lui doivent, d'en jurer à son exemple l'exacte observation.

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10. Finalement, il déclare derechef que s'il arrivait que l'un ou l'autre de ses successeurs abrogeât l'une ou l'autre des présentes dispositions en tout ou en partie, ou s'en écartat, les sujets seraient déchargés de l'obligation de prêter service, obéissance ou secours, tant que les infractions n'auraient pas été redressées dans tous leurs points; que, si, d'un autre côté, l'un ou l'autre des barons, chevaliers, vassaux ou habitans, portait atteinte ou infraction à ses ordonnances, il est dès maintenant déclaré traître, indigne de tester et inhabile à gérer les emplois.

Cet acte solennel et mémorable est daté du 27 septembre de l'an 1312.

Le duc Jean, après avoir réglé de cette manière les affaires de l'état, employa ses derniers momens

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Dint., MSS.,

lib. 5, c. 16, Epit., ibid.

ap. Desroch.,

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à porter une ordonnance en faveur des abbayes, par laquelle il reconnaît qu'il a quelquefois outrepassé ses droits dans les charges qu'il leur a imposées il y déclare qu'il se repent de ces exactions, et il promet que, dans la suite, ni lui, ni ses successeurs, ne leur imposeront de surcharge extraordinaire. Cet acte est-il une marque de son équité, ou une preuve de sa faiblesse ?

Il mourut de la pierre, à Tervueren, le 26 octobre 1312, et fut enterré à Bruxelles, dans le choeur de l'église de Ste-Gudule, vis-à-vis du maîtreautel.

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