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DissENTIONS entre les nobles et les bourgeois. Tumultes à Anvers, à Malines, à Boisle-Duc, à Louvain, à Bruxelles. - Fanatiques armés contre les juifs. Assemblée

et lois de Cortenbergh.

C'EST dans ce temps que s'élevèrent entre les nobles et les bourgeois, ces funestes dissentions qui, du Brabant, se répandirent dans presque toutes les provinces belgiques. Anciennement il n'y avait que les nobles et les familles privilégiées, conecc nues sous le nom de patriciennes, qui fussent admises aux fonctions publiques: le peuple, privé du droit de citoyen, était réduit à la vile fonction d'esit clave; il supportait tous les impôts et toutes les charges de l'état ; mais enfin, fatigué, indigné de cette servitude humiliante, pour laquelle il sentit qu'il n'était point fait, il fit entendre ses plaintes et valoir ses droits, il demanda hautement d'avoir entrée aux emplois et part aux délibérations publiques. L'orgueil et l'injustice des nobles et des magistrats, n'avaient pas peu contribué à donner lieu aux justes réclamations et aux plaintes fondées du peuple, et aux maux innombrables qui en furentt les suites. Ce fut à Anvers qu'éclata la première étincelle de cet incendie qui embrasa bientôt toute la Belgique. Le sang des chefs de la sédition avait étouffé ce feu naissant. Malines, que le duc Jean avait achetée de l'église de Liége, avec le droit que cette

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église y avait exercé, avait suivi l'exemple d'Anvers les habitans avaient même osé fermer leurs portes au duc, qui venait pour y apaiser les troubles. Le duc était d'autant plus irrité de cette audace, que, pour s'attacher les habitans de cette ville, qui venait de passer sous sa domination, il leur avait accordé plus d'avantages et plus de priviléges. Il y avait récemment établi un marché d'avoine, de sel et de poissons, avec défense de transporter ces denrées d'un endroit à un autre, avant d'avoir été exposées sur le marché de Malines. Cette faveur même était une injustice marquée qui porta un très-notable préjudice à la ville d'Anvers, qui avait obtenu anciennement un semblable privilége de l'empereur. Les habitans de cette ville, n'ayant pu obtenir auprès du duc la justice qu'ils réclamaient pour le maintien de ce droit, portèrent leurs doléances à la connaissance de l'empereur Henri VII, motivées sur ce que le duc ne tenait la ville d'Anvers de l'empereur, qu'à titre bénéficiaire, il n'avait pas le droit d'abroger des lois portées par les empereurs qui étaient les chefs suprêmes de la Belgique. L'empereur accéda à leur demande, et par la suite le duc Jean lui-même et ses successeurs confirmèrent ce privilége des Anversois.

Cependant, le duc, que la résistance des habitans de Malines avait irrité, ayant levé une armée dans tout le Brabant, était venu, au mois de mars de l'an 1503, attaquer cette ville; mais, pour épargner le sang, il n'en forma point le siége: il se contenta de la tenir bloquée. Les fêtes de pâques approchaient les religieux saisirent la circonstance du temps, pour demander une trève qui fut accor

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dée. Les perfides Malinois, au mépris de cette trève, ayant profité du moment, où la partie du camp occupée par ceux d'Anvers et de Lierre, qui se reposaient sur la foi du traité, était négligemment gardée, vinrent fondre inopinément sur cette troupe, 18 dont ils firent un grand carnage. Le duc, qui était posté à l'autre côté de la Dyle, ne put venir assez promptement à leur secours, pour empêcher leur défaite. Cependant, les Malinois furent vigoureusement repoussés dans leurs murs, où ils furent serrés plus étroitement. Les vivres commençaient à leur manquer les convois qu'ils ramenaient dans ples différentes sorties qu'ils faisaient, pour chercher des approvisionnemens, furent souvent interceptés par les Brabançons : ils imaginèrent un nouveau moyen de pourvoir aux besoins de la garnison: ils firent construire des bâteaux, avec lesquels, passant de la Dyle dans l'Escaut, ils allaient chercher les provisions nécessaires sur les côtes de Flandre. Le duc y envoya une flottille composée d'un nomre bre égal de bâteaux, qui rencontra celle des Malinois, près de Rupelmonde, où se donna un combat, dans lequel les Malinois furent presque tous tués, pris ou noyés. Cette défaite les força enfin à se remettre à la discrétion du vainqueur, qui se contenta de les condamner à une forte amende. Ce siége ne fut terminé qu'au mois d'août.

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Cet exemple de modération ne suffit pas pour I contenir les autres villes. Le peuple de Bois-le-Duc traita les nobles encore avec moins de ménagement, en les dépouillant de leurs emplois, et en leur substituant des hommes du peuple. Le duc envoya Jean de Cuyck, avec une troupe choisie, pour réprimer

Batkens, t. 1, Pg. 137.

Preuy.

1305.

1305. Divæus.

Brab. Gest., lib. 5, c. 6, ap. Desroch., Epit. ibid.

ce mouvement; mais un peuple nombreux étant sorti de la ville, défit la troupe, tua le chef, et emmena un grand nombre de prisonniers. L'année suivante amena la fin de cette rebellion, soit que les insurgens ayent été soumis par la force des armes, soit qu'ils ayent été forcés par la nécessité à demander leur grâce; car l'histoire ne s'en explique point. Quoi qu'il en soit, le duc les traita avec indulgence: il réintégra les magistrats déposés, chassa les intrus, exigea une amende, et accorda une amnistie pour le reste.

Le peuple de Louvain forma les même prétentions contre les nobles, qui eurent l'adresse de l'apaiser sans effusion de sang. La fermentation gagna Bruxelles. Le duc était absent: Marguerite, son épouse, tâchait par toutes les voies de douceur, de contenir la fougue du peuple échauffé; mais ses efforts furent sans effet. La populace, sans égards, sans déférence pour la duchesse, se mutine, chasse tous les nobles de la ville, saisit leurs biens, rase leurs maisons. Les tisserands, les drapiers, les cordonniers, les bouchers, les boulangers se répandent en furieux dans tous les quartiers de la ville, insultent, massacrent tous les citoyens notables qu'ils rencontrent. Le duc, qui était à Tervueren, se rend précipitamment à Vilvorde, rassemble ses troupes, et assied son camp dans une vaste plaine. La populace armée se précipite en foule et en désordre des portes de la ville, le 1.er de mai, et marche au camp du duc ces forcénés s'avancent avec un air menaçant: le duc les fait soudain charger avec tant d'impétuosité, qu'il les met en fuite au premier choc: il montra lui-même tant d'ardeur, qu'oubliant le

danger

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danger, il fut renversé de son cheval: il poursuiyit les fuyards, l'épée aux reins, et entra triomphant dans Bruxelles, où il cassa les magistrats choisis dans la classe du peuple, et rétablit les nobles, par un édit, dont les principaux articles furent que les priviléges accordés par ses prédécesseurs aux sept familles patriciennes, étaient irrévocablement ratifiés et confirmés; que tous les ans, huit jours avant la S. Jean-Baptiste, il serait choisi sept échevins de ces sept familles; savoir: un de chaque; que cette élection se ferait par ceux qui auraient exercé les fonctions d'échevins l'année précédente; que le duc resterait entier de rejeter les nouveaux élus, en en substituant d'autres de la même famille; qu'il ne se tiendrait plus d'assemblées de métiers, et qu'il ne se ferait plus de levées d'impôts dans leurs chambres, sans la permission du magistrat; que les ouvriers déposeraient leurs armes; que les priviléges accordés au peuple, depuis l'an 1303, étaient révoqués; que l'administration de l'hospice de S.-Nicolas serait confiée aux échevins, et que les revenus ne pourraient être employés qu'au soulagement des familles patriciennes indigentes; que les tisserands et les drapiers, qui avaient été les boute-feux, seraient chassés de la ville; que l'amman de Bruxelles por terait dorénavant du secours aux patriciens dans les cas où le peuple exciterait quelque mouvement, et que, sur le refus de l'amman, les patriciens seraient autorisés à employer les moyens qu'ils voudraient pour réprimer la sédition. Cet édit est du mois de juin 1306.

Ces dispositions sévères, qui n'étaient propres qu'à aigrir secrètement le mécontentement du peu

Tome III.

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