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prendre pour empêcher que les autres villes de la Flandre ne suivissent l'exemple de Tournai Le résultat de leurs délibérations fut qu'ils se porteraient avec toutes leurs forces à Mortagne, à trois liques de Tournai. Philippe, craignant que les confédérés ne lui présentassent la bataille dans cet endroit qui leur était avantageux, parce qu'ils pouvaient y déployer toutes leurs forces, pourvur à la sûreté de la ville, et se rendit le lendemain à Lille: c'était un dimanche. Il croyait que les ennemis, respectant la solennité du jour, différeraient de l'attaquer il se rendit à Bouvines, village près de Cisoin, sur la Marque, et fit passer cette petite rivière à ses troupes sur le pont de Bouvines. Déjà l'avant-garde passait, mais les confédérés, ayant épié sa route, marchèrent sur ses traces avec une si grande diligence, qu'ils atteignirent son arrièregarde. Le roi, qui, pendant que son armée défilait, se reposait sous un frêne, accablé de fatigue et de chaleur, ayant appris cette nouvelle, fit, contre l'avis de son conseil, repasser promptement le pont aux corps qui étaient déjà au-delà de la rivière, et rangea son armée en bataille: il marcha à la tête de ses troupes, précédé de sa bannière, portée par Galon de Montigny. Le chevalier Guérin, nommé à l'évêché de Senlis, commandait l'armée sous les ordres du roi. L'empereur, les comtes de Flandre et de Boulogne furent tellement étonnés de voir les Français, qu'ils jurèrent mutuellement de réunir tous leurs efforts pour chercher, atteindre et immoler le roi. Ils rassemblèrent donc leurs soldats les plus déterminés, dont ils formèrent trois escadrons celui de l'empereur était au centre, et

ceux des deux comtés aux deux ailes. Ces furieux dirigèrent tous leurs corps, avec tant d'opiniâtreté et d'acharnement, qu'après une heure du combat le plus terrible, ils parvinrent à tuer ou à écarter les braves gentilshommes qui environnaient leur prince. Le roi se trouvé entouré des furieux qui ont juré sa mort. Tristan et Montigny, les seuls qui fussent restés à ses côtés, paraient tous les coups dont il était assailli. Le roi, blessé à la gorge, foulé aux pieds des chevaux, allait tomber dans les mains de ses ennemis. Tristan et Montigny, conservant, dans un si pressant danger, toute la fermeté de leur courage, leur opposèrent une résistance si vigoureuse, que, par des prodiges inconcevables de valeur, ils laissèrent à Pierre de Courtenay, comte d'Auxerre et marquis de Namur, qui volait au secours du roi, le temps de l'aider à remonter sur son cheval. Les Français, indignés de la fureur des ennemis contre leur roi, se rallient et se mettent à leur tour à chercher l'empereur ils tombent sur les gendarmes qui l'entourent, les dispersent, et atteignent l'empereur. Un gentilhomme français prend la bride de son cheval; un autre le saisit au corps; un troisième le blesse à l'estomac, et il n'échappe à leurs efforts redoublés, que par les secours prompts de ses Allemands, et par la vitesse de son cheval. Otton effrayé, entraîne dans sa fuite la plupart de ses gens. Cette déroute décida du sort de la bataille. Le duc Henri et le comte Renaud, acharnés au combat, soutinrent encore, après la défaite de leurs compagnons, tous les efforts de l'armée victorieuse; mais ils durent enfin céder. Le duc, qui perdit sept cents chevaliers dans cette journée, trou

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va le moyen de se sauver le comte fut pris: Les
comtes de Flandre et de Salisbury étaient égale-
ment tombés au pouvoir du vainqueur. Fernand et
Renaud furent conduits, chargés de fers, à Paris,
où ils furent jetés dans une étroite prison. Salisbu-
ry fut rendu par échange. Le comte de Flandre,
après avoir gémi, pendant douze ans, dans une
dure captivité, fut seulement relâché au commen-
cement du règne de S. Louis, qui engagea la reine
Blanche, sa mère, à lui rendre sa liberté. Cette ba-
taille mémorable se donna le 27 de juillet.

A peine le duc Henri était-il revenu dans ses
états qu'il se vit menacé d'une nouvelle guerre. L'em-
pereur Fréderic, ayant passé le Rhin et la Meuse,
après avoir forcé tous les princes et les seigneurs
de ces cantons à le reconnaître, se disposait à fon-
dre sur le Brabant. Le duc, suivant dans cette oc-
casion, comme dans toutes les autres, les princi-
pes de sa lâche politique, qui le faisait passer d'un
parti à un autre, selon l'intérêt ou le danger du
moment, abandonna le parti d'Otton, et vint avec
les principaux seigneurs de ses états, prêter le ser-
ment de fidélité à Fréderic, lui laissant son fils pour
garant de sa promesse; et pour se délivrer de tous
les embarras, où auraient pu le jeter de nouvelles
guerres dans l'état de détresse où il était réduit, il
prit sagement le parti de se raccommoder avec le
prince de Liége.ownl

Le parti de l'empereur Fréderic avait tellement pris la prépondérance dans l'Allemagne et dans la Belgique, qu'il n'y avait plus que l'archevêque et les habitans de Cologne, qui tinssent encore celui d'Otton. Le duc Henri, accompagné de Thiéri, archevêque de Trèves, se rendit à Cologne, et en

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gagea les habitans et l'archevêque à reconnaître les lois de Frederic, qui y fit son entrée le 4 du mois d'août, aux grandes acclamations de tout le peuple.

Jeanne, comtesse de Flandré et de Hainaut, soit hauteur, soit négligence, avait différé de venir prê ter le serment de fidélité à l'empereur Fréderic, qui s'appuya de ce motif pour s'emparer du pays d'Alost, de Waes, des Quatre Métiers et des îles de Zélande. La comtesse allégua, pour excuser ce délai, la captivité de son époux: elle employa la médiation de quelques seigneurs qui lui étaient af fectionnés, pour calmer l'empereur, qui se tint satisfait de cette excuse.

Le duc Henri, fatigué des longues guerres qui avaient énervé ses forces et épuisé ses peuples, employa les dernières années de son règne à fermer les plaies de l'état il s'appliqua à augmenter les ressources du commerce, à épurer la législation, à embellir les villes, à étendre les priviléges des habitans.

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La mort de Gertrude, comtesse de Moha, fille du comte Albert, qui ne laissait point d'enfans, vint le distraire de ces soins, en renouvelant sa fameuse querelle avec l'évêque de Liége, qui, après avoir reçu la foi et l'hommage des terres de Moha et Walef, y fit son entrée le 19 mars 1225. Le duc, dégoûté de la guerre, eut recours aux voies de justice réglée, et fit citer l'évêque au tribunal de Francfort, où le duc succomba il avait compté envain sur son bon droit; les intrigues et l'autorité de l'évêque étouffèrent la voix de la justice.

Une guerre nouvelle, suscitée par une troupe de sectaires insensés, vint troubler la fin du règne de Henri. Ces fanatiques, connus sous le nom de

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Stadings, exerçaient depuis plusieurs années leurs fureurs et leurs brigandages dans l'archevêché de Brême ils se tenaient enfermés dans des marais inaccessibles, d'où ils se portaient dans les campagnes, qu'ils désolaient par les massacres et les pillages. Les archevêques de Brême avaient successivement déployé leurs forces pour extirper cette horde dévastatrice. Ces brigands, dont le nombre et l'audace s'étaient accrus par le succès, venaient de gagner sur l'archevêque, Gérard de Lippe, une bataille considérable dans laquelle le frère de ce prélat avait été tué. Cet avantage mit le comble à leurs fureurs sacriléges. Devenus insensibles aux prières, aux raisons, aux menaces, ils répétaient impunément leurs orgies, où le ridicule égalait l'impiété ils faisaient des figures de cire, qui étaient comme les objets de leur culte insensé ils consultaient les diables, les devins, les sorcières, et exerçaient d'horribles profanations sur l'eucharistie: ils déchargeaient sur-tout leur rage sur les prêtres et les moines, qu'ils livraient aux plus cruels tourmens. Le pape, pour mettre un terme à ces monstrueux excès, engagea tous les ducs et les comtes de la Germanie inférieure à réunir leurs forces contre ces dangereux ennemis. Henri, fils aîné du duc Henri, fut déclaré chef de cette espèce de croisade. Florent, comte de Hollande ; Thiéri, comte de Clèves; les seigneurs du Brabant, dont les principaux étaient Gauthier Berthold, seigneur de Malines, Arnould de Wesemale, Guillaume de Grimberghe: ceux de la Flandre, qui étaient Robert, seigneur de Béthune; Thiéri, gouverneur de Dixmude, Rase, seigneur de Gavre, vinrent se ranger sous les drapeaux du

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