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1306.

fut terminée. Jean, seigneur d'Audenarde, avait relevé ces deux terres de Jean d'Avesnes, contre la volonté du comte de Flandre, qui prétendit que ces deux terres, étant une partie de la seigneurie d'Audenarde, étaient du ressort de la Flandre. La décision de ce différend fut également soumise à des arbitres, qui furent Robert de Béthune, fils aîné de Gui, comte de Flandre, et Guillaume, seigneur de Mortagne. Les difficultés que suscita ce dernier, et les informations qu'il exigea, prolongèrent cette affaire. Cependant le seigneur d'Audenarde reconnut toujours le comte de Hainaut pour son suzerain, et les échevins de Lessines avec les hommes de fief promirent, par un acte solennel, daté du dimanche dans l'octave de la nativité de la Vierge, de l'an 1285, de reconnaitre toujours le comte de Hainaut et ses successeurs, comme leur suzerain. Jean, seigneur d'Audenarde, se déshérita la même année des terres de Lessines et de Flobecq, entre les mains du comte de Hainaut, qui en adhérita Jean de Rosoi, fils de ce seigneur, lequel, pour sa plus grande assurance, en donna en 1295 la moitié au comte de Hainaut, et en 1298 lui en céda la totalité pour être réunies à ses états. Ces terres ont, pour toutes ces contestations, été appelées Terres de débats.

Cette querelle se réveilla avec une nouvelle force Id., ch. 142. en 1306, tant pour les terres d'Alost, de Waes, etc., que pour celles de Lessines et de Flobecq. Le comte de Flandre, voulant y mettre une bonne fin, avait à cet effet levé une armée respectable; mais le duc de Brabant, Jean II, que le comte de Flandre avait attiré à son parti, interposa sa médiation pour engager

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7 les deux comtes à terminer leurs différends par la voie d'arbitres : ils accédèrent à cette proposition, et Jean, comte de Namur, avec Gui, son frère, fut nommé 1 de la part du comte de Flandre, et Gui, évêque i d'Utrecht, avec Gauthier de Châtillon, comte de Porceau, connétable de France, de la part du comte de Hainaut. Les parties promirent de se soumettre à la décision de ces arbitres, dont cependant les opérations n'aboutirent qu'à les engager à une trève de cinq ans.

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L'expiration de la trève ramena le renouvellement des contestations, et les deux comtes reprirent les armes. Le comte Robert de Flandre, accompagné de ses fils, Louis de Nevers et Robert de Cassel, parut dans les plaines qui sont entre Grammont et Lessines, à la tête d'une puissante armée, dans laquelle était un corps de noblesse française que ses fils lui avaient amené, et il jura qu'il ne rentrerait pas dans ses états, que la querelle ne fût vidée. Le comte Guillaume de Hainaut avança à la tête d'une très-belle et très-forte cavalerie composée pour la plus grande partie des seigneurs de ses états: son infanterie était plus faible, parce que ceux de Hollande et de Zélande préférèrent avec raison rester sur leurs frontières pour les défendre contre les Flamands, qui attendaient les événemens pour se jeter dans la Zélande, dans le cas où le comte de Hainaut eût eu essuyé des revers; mais Jean, comte de Namur, et Gérard, seigneur de Sotteghem, prévinrent l'effusion du sang en ménageant une paix, @qui fut conclue à Grammont aux conditions sui

vantes:

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Que le comte de Hainaut retiendrait les îles de

110. Id., ch. 143. Meyer. ad an, 1310.

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»Zélande, en rendant hommage au comte de Flandre, à condition qu'il donnerait à Gui, frère du » comte Robert, autant de revenus que ces îles se»raient estimées;

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Que le comte de Hainaut renoncerait au droit qu'il pourrait prétendre sur la terre d'Alost, le » pays de Waes et les Quatre Métiers;

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Qu'il publierait une amnistie générale, et qu'il re» cevrait dans la Zélande tous ceux qui en avaient été » exilés comme partisans des Flamands, en les réta» blissant dans la paisible jouissance de leurs biens. >>

Le comte de Namur et le seigneur de Sotteghem avec trois seigneurs du Hainaut, se rendirent garans de cet accord, en consentant qu'au cas que le comte Guillaume viendrait à l'enfreindre, le comte de Flandre mettrait la main sur les terres qu'ils possédaient dans la Flandre.

Le comte de Namur fit en politique une grande faute, en donnant cette garantie, puisque, comme l'observe sagement le père Demarne, il était aisé de prévoir qu'une paix si désavantageuse pour le comte de Hainaut, ne durerait qu'autant que Guillaume serait forcé de la garder par la crainte que lui inspirait l'armée flamande: il fut en effet la dupe de son zèle irréfléchi; car Guillaume, étouffant dans son cœur la reconnaissance qu'aurait dû lui inspirer la conduite d'un allié généreux, qui avait embrassé sa cause et épousé ses intérêts avec tant de dévouement, refusa d'exécuter le traité dès qu'il vit que ses frontières, délivrées des Flamands, n'étaient plus exposées au danger d'une invasion. L'ingratitude et la déloyauté du comte de Hainaut plongèrent donc celui de Namur dans le plus étrange

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I embarras. Tous les domaines qu'il possédait dans 1 la Flandre, furent impitoyablement saisis par les officiers du comte Robert. Cette mesure sévère ne peut être justifiée que par l'usage du temps. Le comte de Namur adressa des plaintes et des reproches à celui de Hainaut, qui y fut très-peu sensible; cependant, il parvint, tant par ses instantes sollicitations que par ses services, à obtenir la main-levée de ses biens.

ch. 149.

Cette longue querelle fut enfin terminée en 1322, Oudegherst, par la médiation du roi de France, Charles le Bel, qui ménagea un accommodement entre les comtes de Flandre et de Hainaut. Les conditions de la paix de Grammont y furent modérées. Le comte de Flandre renonça à l'hommage qu'il prétendait sur les îles Ede Zélande, et à l'argent que le comte de Hainaut avait promis pour retenir la possession de ces îles; et le comte de Hainaut renonça formellement à la Flandre impériale.

Le débat relatif aux terres de Flobecq et de Lessines, fut renvoyé à la connaissance et à l'arbitrage de six hommes qualifiés, qui devaient tenir ces deux seigneuries, sans que l'un ni l'autre des deux comtes pussent y exercer aucun droit ni aucun acte avant que les arbitres eussent donné leur décision, qui ne fut portée qu'en 1333. Les deux comtes Id., ch. 155. convinrent donc que les deux seigneuries seraient adjugées à perpétuité aux comtes de Hainaut, à charge qu'ils rendraient hommage aux comtes de Flandre, de tout ce qui serait trouvé dans ces deux terres ressortissant de la Flandre; que le comte de Hainaut ne pourait élever dans ces terres d'autres forteresses que celles qui y existaient, qu'avec l'aveu

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et le consentement exprès du comte de Flandre; que le comte de Flandre donnerai ttous les ans au comte de Hainaut la somme de mille livres, qu'il lui assignerait sur les terres d'Ablaton et de Feignies, pour les tenir comme fiefs perpétuels des comtes de Hainaut, et que si Guillaume de Mortagne, pour avoir épousé l'héritière d'Audenarde, prétendait quelque droit aux seigneuries de Lessines et Flobecq, il serait obligé de le poursuivre devant la cour de Flandre. Ce traité, librement accepté et solennellement juré sur les évangiles, ne dura cependant que jusqu'en 1551.

Ce fut cette année en effet que le comte de Flandre, Louis de Mâle, sans déclaration et sans for malité préalable, envoya son grand-bailli d'Alost, mettre la main sur les terres de Lessines et Flobecq, avec ordre de substituer de nouveaux officiers à ceux que le comte de Hainaut y avait établis. Cette voie de fait causa de nouveaux troubles, qui ne furent assoupis qu'en 1355, par une paix conclue le 13 avril, selon Meyer, ou le 23, selon Oudegherst, dont les conditions furent que la comtesse Marguerite de Hainaut tiendrait les terres de Lessines et Flobecq, à charge d'en rendre hommage au comte de Flandre, comme étant terre d'Audenarde, et que le comte de Flandre ferait également hommage à la comtesse de Hainaut des terres d'Ablaton et Feignies.

Ce traité, conclu à l'intervention de l'évêque de Tournai, et des principaux seigneurs de la Flandre et du Hainaut, amena heureusement la fin de toutes ces fâcheuses difficultés.

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