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point, ne vienne à l'irriter, à l'enflammer, à l'ulcérer et à le perforer ensuite.

Remplacer les sondes en gomme élastique par une canule en ivoire garnie d'un robinet en argent ou en platine, quand l'ouverture fistuleuse est bien établie, bien directe, que tout épanchement dans le péritoine est devenu impossible, par suite de l'union intime des parois abdominales avec la tumeur ovarique.

Les effets immédiats de l'injection iodée varient suivant l'état particulier des malades. Au moment de l'injection, bien des femmes n'éprouvent aucune sensation, et, si on ne les prévenait, elles ne se douteraient pas de l'opération qu'elles viennent de subir. D'autres ressentent une chaleur légère, rarement accompagnée de douleurs et de coliques; dans quelques cas, cette sensation va jusqu'à une sensation de cuisson. La fièvre est plus ou moins forte. Quelquefois il survient des envies de vomir, des nausées, quelques symptômes de péritonite légère; il y a de l'agitation, de l'insomnie; peau chaude, ventre plus ou moins sensible, surtout dans les points en rapport avec le kyste. Mais tous ces accidents, ordinairement très-légers, cèdent promptement au repos, aux cataplasmes émollients laudanisés, aux onctions mercurielles, etc., et disparaissent le plus souvent dans les vingt-quatre premières heures; rarement ils durent deux ou trois jours.

Il est impossible d'indiquer a priori le nombre des lavages et des injections qu'il faut employer pour arriver à une guérison radicale. Ces lavages et ces injections sont nécessaires tant que le kyste n'est pas entièrement revenu sur lui-même, tant qu'il conserve une certaine capacité, en un mot, tant qu'il y a fistule; car il y aurait danger à laisser celle-ci se boucher, si le kyste n'était pas entièrement oblitéré; et si sa capacité contenait seulement une cuillerée ou une demi-cuillerée de liquide, il n'en faudrait pas davantage pour que la maladie se reproduisit. Quant à la fréquence des injections iodécs, elle est basée sur la nature du liquide; s'il devient fétide, ou s'il prend une mauvaise odeur, il faut répéter les lavages et rapprocher les injections iodées. S'il ne s'altère pas, des injections iodées, répétées tous les huit jours, suffisent. Seulement on doit en modifier la composition suivant l'état du kyste et son étendue, suivant qu'on juge à propos d'activer ses propriétés vitales et d'y produire une inflammation plus ou moins vive.

L'idée de traiter les kystes de l'ovaire par l'injection iodée paraît avoir pris nais

sance aux États-Unis d'Amérique, comme celle d'en faire l'extirpation. Nous avons rapporté, dans notre numéro d'août 1849, un cas d'hydropisie ovarique traitée par une injection iodée dont les proportions n'étaient pas déterminées. Peut-être cette injection était-elle trop forte, car il survint des accidents fort graves; mais enfin la malade guérit. C'est une idée fort rationnelle d'ailleurs, de considérer et de traiter un kyste de l'ovaire comme un vaste abcès froid; car c'est à cette fâcheuse terminaison qu'il finit naturellement par arriver. M. Boinet avait obtenu de beaux succès en traitant les abcès froids par les injections iodécs, qui transforment ceuxci en abcès chauds; il a pensé avec raison que c'était également le seul moyen possible d'obtenir la guérison des kystes ovariques. Mais il ne faut pas attendre, pour obtenir cet heureux résultat, que la malade soit trop affaiblic, car l'opération ne ferait alors que précipiter le dénoùment fatal.

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(Journ. des Conn. médico-chirurg.)

ADHÉRENCE ANORMALE ET CHATONNEMENT DES PLACENTAS, SUITE D'ACCOUCHEMENT DE DEUX JUMEAUX, TRAITÉS AVEC SUCCÈS PAR L'EMPLOI DE L'INJECTION A GRANDE EAU; par M. VULLIAMOZ-BLANC, de Lausanne. Le 14 mars 1850, Mme Calame, sagefemme à Lausanne, canton de Vaud en Suisse, fut appelée à midi auprès de la femme P..., qui était en travail d'enfantement à terme de sa quatrième grossesse. Cette femme, délicate, d'une constitution nerveuse, âgée de 35 ans, était accouchée antérieurement sans accident.

Les divers temps du nouvel accouchement n'offrirent de variétés que les suivantes :

D'abord, il fallut à la fin du second temps procéder à l'ouverture des membranes, dont la dureté s'opposait à l'issue spontanée de l'cau de l'amnios. Le fœtus expulsé, étant très-petit en proportion du volume du ventre de l'accouchée, fit soupçonner l'existence d'un jumeau, dont la sagefemme constata la présence par le toucher vaginal et abdominal. On procéda immédiatement à la ligature du cordon, et l'on donna à l'utérus, que l'on frictionnait, le temps de revenir en partie sur lui-même. Appelé près de la patiente à quatre heures de l'après-midi, je prescrivis, vu la stupeur dont cet organe était frappé, des frictions avec le liniment volatil et l'usage de 10 grains d'ergot de seigle.

Les douleurs expulsives et les contractions se manifestèrent; mais ce ne fut qu'à

neuf heures du soir qu'eut lieu, par les extrémités inférieures, l'issue du second enfant, qui fut secondée par quelques légères tractions sur ces extrémités; la tête étant arrêtée dans l'excavation du bassin dans la première position (occipito-cotyloïdienne gauche), on lui fit exécuter des mouvements de flexion, de quart de rotation et d'extension qui l'amenèrent hors de la vulve. Les frictions abdominales furent continuées spécialement sur l'hypogastre, et l'on plaça un bandage de corps. De vigoureuses contractions utérines succédèrent à cette médication. Un des fœtus était mort, non à terme. A onze heures du soir, la sage-femme exerça vainement quelques tractions sur les cordons ombilicaux, dont l'un était frêle et l'autre très-gros. Voyant ce défaut de décollement des placentas, elle m'appela derechef auprès de l'accouchée. Considérant que, malgré l'action expulsive de l'utérus, les arrière-faix étaient retenus dans sa cavité, et que je ne trouvais à l'orifice ni ces corps, ni même un de leurs bords; qu'en outre la femme P... éprouvait en un point de l'utérus, pendant ses contractions, une douleur vive et brûlante qui augmentait par la pression, ainsi qu'à la moindre traction des cordons; voyant enfin que cet organe était inégal et raboteux, je ne doutai nullement de l'adhérence des placentas, ce dont je m'assurai par le toucher, par lequel je reconnus aussi un chatonnement incomplet de ces corps. Je prescrivis immédiatement, par le moyen d'une sonde œsophagienne profondément placée dans l'utérus, des injections abondantes, toutes les cinq minutes, d'une décoction tiède de mauves. Une légère hémorrhagie s'étant manifestée, elle fut domptée par l'eau froide, qu'on substitua à la première.

Le 15 mars, l'hémorrhagie n'existant plus, j'explorai derechef extérieurement l'utérus, qui continuait à être douloureux à la pression; j'insistai sur l'emploi de la grande cau tiède en irrigations, trois ou quatre fois de suite toutes les cinq minutes. Cette médication fut continuée sans interruption jour et nuit jusqu'au 16 mars.

J'appelai mon collègue M. le docteur Zimmer en consultation; il fit immédiatement l'investigation du lieu d'insertion des placentas, vu que sa main était plus petite que la mienne, dont la malade redoutait beaucoup la présence. Nous étions convenus que s'il parvenait au lieu de l'adhérence, il s'abstiendrait de toute tentative de décollement. Il pénétra avec difficulté à travers l'orifice interne, qui était resserré, et se contenta d'extraire une portion des

placentas qui était déjà décomposée. On continua avec persévérance le même traitement, que la malade supportait d'autant mieux, qu'elle exprimait avec effusion l'amélioration qu'il lui procurait.

Le 17 mars, quelques fragments des placentas sortirent spontanément; mais ils tendaient à la putréfaction et répandaient déjà une odeur sui generis. La malade avait de la fièvre, de la céphalalgie, une toux intense et une vive douleur au côté droit de l'hypogastre. On fit usage d'une décoction d'althéa et de fomentations émollientes; on persévéra dans l'emploi de l'eau tiède en irrigations.

Le 18, sortic de portions des placentas décomposées; je fis ajouter une cuillerée de chlorure de soude, toutes les cinq minutes, dans une des injections. La face de la malade était d'un jaune paille, le pouls lent et petit. La faiblesse était extrême; il y avait perte d'appétit et insomnie. Je supprimai la tisane, et prescrivis le régime analeptique, l'usage de vin vieux et de bouillon de viande.

A notre visite du soir, la sage-femme nous apprit qu'à quatre heures le reste des placentas s'était présenté spontanément dans le vagin, où elle avait saisi avec facilité ces corps volumineux. Ils furent soumis à notre examen, et mon collègue et moi pensâmes que ces corps, devenus gélatineux, étaient probablement la dernière portion des placentas qui s'était détachée par l'application persévérante de la méthode mentionnée ci-dessus, et dont j'ai exposé les avantages dans mon 3o mémoire. (Mémoire appuyé d'observations récentes sur l'emploi de la grande eau en injections dans l'adhérence anormale du placenta ).

L'expérience m'a prouvé récemment la nécessité de veiller attentivement à ce qu'il n'y ait pas même un intervalle d'une demi-heure entre les injections; car cette négligence suffit pour perdre l'accouchée.

Dans l'incertitude qu'il fût resté un fragment de l'arrière-faix, et vu l'odeur que répandaient ceux qui étaient hors de l'utérus, nous continuâmes les injections chlorurées, toutefois en diminuant insensiblement leur nombre.

Les lochies étaient de couleur tuile et répandaient une odeur infecte.

Le 19 mars, elles avaient un meilleur aspect. Le traitement fut continué pendant quinze jours, en réduisant les injections à deux par jour. Les lochies ne tardèrent pas à prendre leurs caractères normaux. L'enfant, du sexe masculin, fut placé en nourrice, vu la délicatesse de la mère, dont la poitrine était lésée depuis quelques mois. Cette complication n'eut aucune

suite fâcheuse, et la malade se remit progressivement.

(Revue clinique française et étrangère.)

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CONDUITE DE L'ACCOUCHEUR DANS LA PRÉSENTATION DE LA FACE; par M. CHAILLYHONORE. Le procédé de Baudelocque, d'après M. Chailly-Honoré, qui consiste à convertir la présentation de la face en présentation du sommet, ne doit pas être mis en pratique, ni dans les positions postérieures primitives de la face, ni dans les antérieures; ces diverses positions se convertissant toutes en définitive en sousmento-pubiennes secondaires. Quel que soit le point du détroit supérieur que regarde le menton, ce menton revient en effet toujours en avant, et l'accouchement se termine spontanément dans ce cas, de la même façon que dans les positions mento-antérieures primitives.

Si l'on agissait dans les positions mentopostérieures seulement, le menton étant bien plus souvent à droite et en arrière que dans toute autre position, l'intervention, dans la présentation de la face, serait presque la règle, et ce n'est pas ce que l'expérience prouve.

D'après M. Chailly encore, bien que les positions mento-postérieures puissent, dans quelques rares circonstances, donner lieu à de graves accidents, on ne peut s'autoriser de ces accidents exceptionnels pour intervenir toujours, quand le menton sera en arrière, au détroit supérieur, car, pour obvier à un accident qui, trèsprobablement, n'aurait pas lieu, on devrait agir toujours, la position mentoiliaque droite postérieure étant celle que l'on rencontre le plus souvent au détroit supérieur. Ce serait compromettre la sûreté de la mère et celle de l'enfant en entravant la marche naturelle de l'accouchement.

Si, au lieu de convertir la présentation, on la respecte au contraire, l'accouchement se fera spontanément et aussi favorablement que pour les positions mentoantérieures.

En tous cas ces tentatives sont presque toujours infructueuses, la position pouvant se reproduire, aussitôt qu'elle est abandonnée à elle-même, ou bien parce qu'on rencontrera des obstacles insurmontables dans l'exécution de ce procédé.

Dans la plupart des cas, les fonctions de l'accoucheur doivent donc se borner à soutenir le périnée, mais au moment du dégagement il ne faut pas soutenir avec trop de force, dans la crainte d'augmenter la compression des jugulaires qui appuient alors sur l'arcade du pubis.

Si enfin, par suite d'anomalies dans la marche de l'accouchement, après que la face a franchi le détroit supérieur, le menton restait en arrière et à droite ou allait se rendre tout à fait en arrière, on devrait y pourvoir le mieux possible.

(Union médicale et Presse médicale.)

TRAITEMENT DE L'OPHTHALMIE PURULENTE DES NOUVEAU-NÉS PAR LES INJECTIONS D'ALUN ET LES ONCTIONS D'AXONGE. La gravité bien connue de l'ophthalmie purulente des nouveau-nés et l'insuffisance trop réelle de la plupart des médications qu'on dirige contre cette maladie nous engagent à donner de la publicité au traitement qui est suivi d'une manière générale à l'hôpital ophthalmique de Londres, où affluent un si grand nombre de cas de ce genre. C'est principalement dans l'emploi des injections répétées entre les paupières que ce traitement consiste. M. Bowman fait faire plusieurs fois dans la journée des injections alumineuses avec alun 20 centigrammes, eau 30 grammes, et de plus fait oindre le bord des paupières avec de l'axonge, afin d'en prévenir l'adhésion. Si l'inflammation est très-vive et récente, il débute par une injection avec une solution de nitrate d'argent (20 centigr. pour 30 gram.), et continue avec les injections alumineuses. Ces dernières, qui ont pour but de déterger les muqueuses, sont renouvelées toutes les demi-heures, toutes les heures, ou toutes les deux heures, suivant l'intensité de l'inflammation et la rapidité avec laquelle se renouvelle la sécrétion purulente. Après chaque injection, on oint de nouveau le bord des paupières pour prévenir leur agglutination. Pas de sangsues, de vésicatoires, ni d'autres moyens accessoires; encore moins de cautérisation avec le nitrate d'argent ou d'onctions avec une pommade concentrée de ce sel. M. Bowman pense, contrairement à l'avis de M. Mackenzie, que l'emploi des sangsues peut être évité, et présente d'ailleurs de sérieux inconvénients chez les jeunes enfants. Les injections astringentes peu concentrées, telles que celles d'alun, lui paraissent l'emporter sur la cautérisation avec le crayon de nitrate d'argent, surtout parce qu'elles sont moins douloureuses et permettent de toucher tous les points de la membrane enflammée.

Les bons effets de ce traitement, dit M. Bowman, ne tardent pas à se montrer. Diminution marquée dans l'abondance de l'écoulement, qui passe à l'état muqueux; diminution de l'injection, de la photophobie et du spasme, aussi bien que de l'agi

tation. Peu de jours suffisent en général pour amener ce résultat, et les choses ne tardent pas à marcher encore plus rapidement vers la guérison. L'avantage de cette méthode, dit M. Bowman, c'est qu'elle est également applicable à toutes les périodes de l'inflammation, caractérisée par l'exsudation purulente. Employée de bonne heure, elle sauve l'œil; employée plus tard et lorsque la cornée a suppuré ou s'est ulcérée, lorsque l'iris ou le cristallin ont fait hernie au dehors, elle a encore pour effet salutaire d'arrêter le désordre et de prévenir une destruction ultérieure. Il ne faudrait pas croire, du reste, que M. Bowman ne mette jamais en usage de traitement général au contraire, il accorde toujours une attention particulière à l'état du tube digestif, à la constitution et au tempérament des petits malades, et prescrit les remèdes qui lui paraissent appropriés à chaque cas particulier.

M. Bowman a ajouté quelques détails pratiques sur la manière de faire les injections, détails que nous croyons devoir reproduire, par cela même que cette petite opération présente quelques difficultés, et que, mal faite, elle est sans aucune influence sur la marche de la maladie. L'enfant est couché sur le dos, la tête inclinée de côté, sans bonnet, et plié jusqu'au cou dans une alèse ou dans un drap, de manière à éviter de le mouiller; puis l'opérateur, qui est assis, place la tête de l'enfant entre ses genoux, entr'ouvre délicatement les paupières avec l'index et le pouce de la main gauche, placés, l'un sur la paupière supérieure, l'autre sur l'inférieure, et en ayant soin de les faire reposer sur le bord de l'orbite pour ne pas comprimer le globe de l'œil, glisse la canule mousse et à jet très-fin de la seringue, qui ne doit pas contenir plus de 4 onces, dans l'écartement des paupières, et injecte le liquide dans différentes directions, afin de balayer les mucosités et le pus. Une seule injection suffit ordinairement à chaque fois. On voit que le traitement recommandé par M. Bowman remplit les indications principales du traitement de l'ophthalmie purulente enlever les mucosités et le pus, modifier les surfaces enflammées. Peutêtre cependant trouvera-t-on cette médication un peu insuffisante pour les cas très graves; et pour notre part, nous serions tout disposé à y joindre l'emploi du calomel à doses réfractées, comme moyen purgatif et altérant surtout. Nous ferons remarquer également que ce traitement rappelle, par la fréquence des injections, les irrigations froides avec lesquelles M. Chassai

gnac a obtenu de si remarquables succès dans ces derniers tems.

(London Journ. of med, et Bullet. gén. de thérap. médicale et chirurg.)

ANÉVRYSME FAUX CONSÉCUTIF SURVENU A LA SUITE D'UNE SAIGNÉE, GUÉRI PAR LA POSITION; par M. A. THIERRY. - Le 9 mai 1852, M..., âgé de 28 ans, d'une bonne constitution, se fit pratiquer une saignée du bras gauche, à neuf heures du matin, par un médecin de la ville. En revenant chez lui, il fut obligé d'entrer chez un marchand de vin, pour faire arrêter son sang, qui coulait avec abondance par l'ouverture de la saignée.

Deux jours après, à la suite d'un effort, une nouvelle hémorrhagic eut lieu par la même ouverture: cette fois, les sœurs de charité firent une compression méthodique, et elles adressèrent le malade à M. le docteur Charpentier, qui reconnut une tumeur fluctuante située sur le trajet de l'artère brachiale, présentant des battements isochrones à ceux du pouls, et crut voir un anévrysme faux, suite d'une plaie d'artère.

M. Charpentier adressa le malade à M. Jobert (de Lamballe) et à moi. M. Jobert l'engagea à entrer à l'Hôtel-Dieu pour s'y faire opérer. Je le vis aussi. Je constatai avec MM. Charpentier et Alix les signes de la maladie citée plus haut. Notre opinion fut unanime.

Sur ma proposition, on établit sur la tumeur une compression avec des disques d'agaric. Trois jours après, je supprimai cet appareil, qui gênait beaucoup le malade. Je me souvins d'avoir été obligé, dans des cas semblables, par suite de la gangrène de la peau, de lier le bout supérieur et le bout inférieur de l'artère. Je plaçai le membre dans la flexion forcée, le bras ramené par-dessus la tête, et la main appliquée sur la joue du côté opposé. Le malade resta pendant cinq jours dans cette situation pénible. Je le mis ensuite dans une position semblable à celle que M. Velpeau a proposée pour les malades atteints de fracture de la clavicule, le bras appliqué contre le corps et la main ramenée sur l'épaule du côté opposé. Au bout de quinze jours, MM. les docteurs Jodin, Charpentier et Alix constatèrent que la tumeur était réduite à un très-petit noyau. Le bras fut maintenu dans la même position pendant quinze jours encore, et, au bout de ce temps, le noyau avait complétement disparu.

J'adressai alors mon malade à M. Néla

ton, qui trouva le fait remarquable et fort heureux, puisque l'anévrysme est guéri avec conservation de la perméabilité du vaisseau au niveau de la blessure.

Sans entrer dans des discussions qui ont été souvent soulevées sur la guérison des blessures ou des piqûres des artères, peut-on admettre que la position donnée au membre ait eu de l'influence sur la guérison obtenue, ou bien cette guérison estelle une de celles dont la nature fait tous les frais? Dans la première hypothèse, on serait autorisé à proposer dans les anévrysmes de cette nature, la flexion outrée comme moyen thérapeutique pour l'artère fémorale, on fléchirait la cuisse sur le bassin; pour l'artère poplitée, la jambe sur la cuisse (1).

(Gazette des hôpitaux.)

EFFETS DU COÏT APRÈS UNE AMPUTATION; par M. SAUREL. Le régime est la condition de succès la plus importante après les grandes opérations; l'ablation d'un membre principalement exige de celui qui a dù s'y soumettre, une grande sobriété non-seulement dans l'usage du boire, du manger, de l'exercice, mais aussi et surtout dans l'usage des fonctions reproductrices. Voici un fait qui me parait assez rare pour être publié, et qui montrera aux chirurgiens combien il est nécessaire de surveiller les personnes qui ont subi de grandes opérations.

Pendant le mois de septembre 1849, et alors que je me trouvais à Montevideo (Amérique du Sud), M. le docteur Brunel, médecin français établi dans cette ville, me conduisit chez un officier de la Légion française, âgé d'une trentaine d'années et bien constitué, qui, ayant eu l'articulation du genou droit fracassée par une balle, avait dû subir l'amputation de la cuisse. Il m'apprit que, quelques jours après l'opération, tout marchant parfaitement et le moignon étant presque cicatrisé, le blessé lui avait demandé à quitter l'hôpital et à se faire transporter chez lui pour y attendre la fin de sa guérison. On s'empressa d'y consentir, ne prévoyant nullement ce qui devait arriver.

Le malade avait une femme jeune et jolie, qui avait soigné son mari avec ce dévouement dont les femmes seules sont

(1) Ce que l'auteur propose ici, en admettant comme vraie sa première bypothèse, a déjà été mis en pratique avec un complet succès dans diverses lesions artérielles. A M. Malgaigne revient l'honneur d'avoir indiqué le premier la flexion forcée des membres comme un moyen certain d'arrêter

capables; on était donc bien tranquille sur les soins qu'il recevrait encore. En permettant au malade de rentrer chez lui, le chirurgien crut devoir lui conseiller, en même temps qu'un régime sévère, l'abstention des plaisirs de l'amour; il le promit sans hésiter; mais comme l'ont dit naguère MM. Velpeau et Ricord, le diable est bien malin !

Nous avons dit que la femme du malade était jeune et jolie, nous devons ajouter qu'elle aimait d'autant plus son mari qu'elle avait été sur le point de le perdre; ses caresses n'en étaient que plus passionnées; d'ailleurs, un seul lit réunissait les deux époux.... La tentation était trop forte notre officier ne put y résister et se livra au plus doux des plaisirs.... Mais la punition ne tarda pas à arriver. A la suite de l'ébranlement déterminé par l'acte générateur et qui avait retenti jusqu'au membre amputé, le moignon s'enflamma, la plaie se rouvrit et il y eut une saillie de l'os de près de deux pouces; en même temps, le scrotum devint le siége d'une inflammation érysipélateuse et tomba en gangrène.

A l'époque où je vis le malade, il y avait près de deux mois que ces accidents avaient cu lieu; la plaie du scrotum, qui avait succédé à l'escarrhe, n'était pas encore fermée; la partie de l'os de la cuisse qui faisait saillie était nécrosée, mais le séquestre était encore adhérent; les chairs de bonne nature qui enveloppaient cette extrémité dépassaient le niveau du reste du moignon, en formant comme un champignon charnu de deux pouces environ de diamètre.

(Revue thérapeutique du Midi.)

EMPLOI DE L'ACÉTATE DE PLOMB CONTRE L'ÉPISTAXIS. Assez généralement l'on se borne à des moyens externes, dans les hémorrhagies nasales graves; les faits ne manquent pas cependant pour prouver que certains remèdes internes, parmi lesquels l'acétate de plomb se distingue, ne sont pas moins précieux dans ces cas. Voici une observation qui le prouve. Un individu saignait du nez depuis quatre heures. M. Agnew appelé crut pouvoir admettre, d'après l'état du pouls, une

certaines hémorrhagies artérielles. M. Bobillier, de Dunkerque, a publié, il y a peu de temps, plusieurs faits pleinement confirmatifs du précepte émis par le savant chirurgien de l'hôpital SaintLouis (Voir Journal de médecine, de chirurgie et de pharmacologie, tome XIV, p. 247). Dr D.

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