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DE L'EMPLOI Du citrate et DE L'ACÉTATE de soude comme pURGATIFS; par M. le docteur J. DELIOUX, professeur à l'École de médecine navale de Cherbourg. J'ai déjà eu l'occasion d'appeler l'attention sur les motifs qui doivent assurer, parmi les sels neutres alcalins, une grande prééminence, comme purgatifs, à ceux à base de soude. Le goût plus ou moins désagréable de ceux qui sont habituellement prescrits est la seule cause qui nuise à leur vulgari sation; il y a beaucoup de personnes qui ont pour le sulfate de soude une répugnance absolue, ou qui le vomissent aussitôt ou peu après l'avoir pris. Le phosphate de soude, quoique beaucoup moins sapide, n'est pas encore à l'abri de ces inconvénients. Il y a donc une utilité pratique incontestable à rechercher des com'posés sodiques qui jouissent à la fois de propriétés purgatives et de la saveur la plus faible; pouvoir ménager la répugnance du malade, flatter son goùt même, c'est, en beaucoup de circonstances, faciliter l'acceptation du remède, favoriser sa tolérance et assurer ses effets médicateurs.

Le tartrate neutre de soude m'a présenté, sous ce rapport, des avantages assez marqués pour le recommander en toute confiance; et depuis que je l'ai signalé, je l'ai employé un si grand nombre de fois que je suis parfaitement fixé sur ses excellentes propriétés purgatives. Mais, quelque artifice que l'on emploie pour masquer sa faible saveur alcaline, elle déplait encore à certains malades difficiles.

J'ai expérimenté deux autres sels neutres qui offrent une saveur moins forte encore que le tartrate de soude, et qui, à dose égale, purgent un peu moins que lui, ce qui leur laisse un certain mérite comme laxatifs, mais qui, à dose un peu supérieure, et sans que les voies digestives en soient le moindrement offensées, produisent des résultats à peu près identiques.

Ce sont le citrate et l'acétate de soude. A l'époque où le citrate de magnésie fut préconisé, j'eus l'idée d'expérimenter comparativement le citrate de soude; quelques essais me démontrèrent ses propriétés purgatives, et je crois qu'il aurait balancé la réputation du premier, s'il eût obtenu la même protection officielle. Depuis, en 1854, il a été signalé d'une manière toute particulière par un pharmacien de Lyon, où plusieurs médecins paraissent l'avoir employé souvent et avec avantage.

Ce sel est très-facile à préparer, puisqu'il suffit de faire réagir l'acide citrique

sur le carbonate de soude. On l'obtient en agglomérats de petits cristaux prismatiques aiguillés. Il est très-soluble dans l'eau, à laquelle il ne communique qu'une très-légère saveur alcaline que l'on masque aisément par l'édulcoration, et avec le concours d'une substance aromatique, telle que l'hydrolat de fleurs d'oranger ou l'alcoolé de zestes d'oranges ou de citrons. Mais, vu la cherté de l'acide citrique, ce sel ne serait livré qu'à un prix assez élevé pour ne pouvoir se généraliser dans un hôpital ni même dans la pratique civile.

L'acétate de soude est un sel connu depuis longtemps en médecine; il est inscrit au Codex, mais il est peu usité; les pharmacologistes ne le signalent que comme diurétique à petites doses, à l'instar de l'acétate de potasse, beaucoup plus employé, quoique ce dernier ne paraisse pas avoir plus d'influence sur la diurèse, et qu'il ait l'inconvénient d'être tellement déliquescent, qu'on ne peut guère le conserver pour l'usage médical dans les pharmacies, qu'à l'état de solution: quelques auteurs cependant ont annoncé qu'il purge à hautes doses; du reste, s'ils ne l'avaient pas dit, il n'y aurait pas grand mérite à le prévoir, car, pour qui sait apprécier le mode d'action purgative des substances salines, il y a une loi thérapeutique, savoir un sel alcalin, neutre et soluble étant donné, à hautes doses, c'est-à-dire en solution concentrée, il agit comme purgatif.

La préparation de l'acétate de soude est simple et peu coûteuse; l'acide acétique et le carbonate de soude en font les frais. A meilleur marché encore on pourrait le retirer du commerce en employant celui que l'on forme dans les fabriques d'acide pyroligneux. Il est très-soluble, et sa dissolution aqueuse possède une saveur à la fois fraîche et légèrement saline, qui n'a vraiment rien de désagréable; avec du sucre et un correctif aromatique, on peut en composer une limonade d'un goût encore plus agréable que celle au citrate de soude. Cette qualité, jointe à l'infériorité du prix de revient, mérite de le faire prendre en considération.

J'ai constaté les propriétés purgatives de ces deux sels par des expériences assez nombreuses instituées à l'hôpital maritime de Cherbourg. Leurs dissolutions ont été bues par tous les malades sans aucun dégoût. Un seul a vomi une potion contenant 30 grammes de citrate de soude; il avait un embarras gastrique avec état nauséeux, et ce résultat, par conséquent, ne prouve rien contre la tolérabilité du médicament. Un seul a gardé 40 grammes de citrate de

soude, sans avoir ultérieurement aucune évacuation alvine; mais il était atteint d'intoxication saturnine et d'une constipation qui ne cédait habituellement qu'à des purgatifs énergiques. Les autres sujets qui ont pris ce sel, depuis 30 jusqu'à 50 grammes, ont eu, de une à deux heures après l'ingestion du remède, trois, quatre ou cinq selles, sans coliques, ou avec des douleurs abdominales très-légères.

L'acétate de soude a paru encore plus satisfaisant quant au goût; il a toujours été toléré, et il a déterminé si rarement de légères coliques, que peu de substances me paraissent susceptibles de purger aussi doucement. Il faut le doser au moins à 40 grammes, et ce n'est généralement qu'à 50 et 60 qu'il produit des évacuations suffisantes pour constituer une purgation.

Je ferai, à propos de ces deux sels, une observation et une recommandation qui s'appliquent, d'ailleurs, à tous les purgatifs.

L'action purgative a une période d'incubation d'une durée à peu près égale pour toutes les substances purgatives d'un même genre; ainsi les résineux, les mereuriaux insolubles, les huiles, sollicitent des évacuations tardives, au terme de quelques heures que l'habitude apprend presque à compter: au contraire, les sels neutres solubles, au bout d'une ou deux heures, ont tout préparé dans l'intestin pour une débâcle alvine. Que si, au moment prévu, les évacuations refusent à se produire, fort souvent ce n'est pas que la matière des évacuations fasse défaut, mais c'est qu'il y a une impuissance ou une inertie temporaire de la contractilité intestinale. Alors il ne s'offre qu'un parti à prendre, et il sera d'autant plus efficace qu'on aura moins attendu : c'est d'émouvoir cette contractilité, ou de lui venir en aide en administrant des lavements, à pleine seringue, d'eau simple, ce qui suffit dans un grand nombre de cas, ou d'cau miellée, ou d'eau de son; je tiens celle-ci pour très-laxative; et si l'on ne réussit pas encore, on a la ressource finale d'un lavement décidément purgatif. C'est là le moyen, non-seulement de faire atteindre au malade le but de la médication, mais encore de mettre un terme à l'état de malaise, de plénitude ventrale, aux épreintes qui accompagnent l'action dynamique d'un purgatif en voie de manquer son effet. Voici ce qui arrive quand les sels neutres ne purgent pas au bout de deux, de trois heures au plus; leur dissolution, qui était arrivée dans l'intestin à l'état concentré, s'y était étendue par un afflux exubérant de fluides séreux; du moment que le

mouvement péristaltique tarde à chasser au dehors cette masse de fluides et de fèces délayés par eux, la dissolution saline, qui ne devait point être résorbée tant qu'elle était concentrée, peut l'être dès qu'elle est étendue; et si cette résorption s'opère, insensiblement la plus grande partie du sel entrera dans les secondes voies pour sortir ultérieurement par l'émonctoire urinaire, tandis que, au fur et à mesure, l'hypersécrétion intestinale tarira faute d'aliment. Avec les sels neutres il ne faut jamais trop attendre, il faut brusquer leur effet purgatif pour peu qu'il tarde. Aussi, règle générale, toutes les fois que, au bout de trois heures au plus, les évacuations ne se sont pas manifestées, prescrivez un lavement, la purgation prendra son cours; sinon on accusera le remède quand l'échec ne serait imputable qu'à une manière défectueuse de conduire son action. Depuis que cette méthode est suivie dans mon service d'hôpital, il est extrêmement rare que l'administration d'un purgatif reste sans résultat.

En résumé, le citrate et l'acétate de soude sont des purgatifs commodes pour leur sapidité peu prononcée et facile à couvrir; très-doux, ne déterminant aucune colique ou n'en éveillant que de très-légères; sûrs lorsqu'on les administre à une dose appropriée à la constitution des sujets, et lorsque, à l'occasion, on favorise leur action comme il convient de le faire pour tous les purgatifs, et notamment pour les sels neutres.

(Bulletin général de thérapeutique, 15 avril.)

TRAITEMENT De l'angine paR LA SAIGNÉE DES VEINES RANINES. - Persuadés qu'il y a de l'avantage à piquer le vaisseau dans lequel se jettent immédiatement les radicules veineuses des parties enflammées, les anciens pratiquaient la saignée sur un assez grand nombre de veines, sur la temporale, la frontale, l'angulaire de l'œil, la ranine, la dorsale du pénis, etc. Aujourd'hui on ne pratique guère plus de saignées que sur les veines volumineuses situées au bras, au pied et au cou, et peutêtre y a-t-il un peu d'exagération dans une proscription aussi absolue de l'ouverture des veines des organes enflammés. A la rigueur on pourrait la comprendre, quand on peut dégorger directement la partie malade par une application de sangsues ou de ventouses scarifiées; mais quand cette application ne peut se faire. qu'à une grande distance de l'organe malade, et quand au contraire, par l'ouverture d'une veine très-facile à atteindre o

fournissant une certaine quantité de sang, on peut agir sur la circulation de la partie enflammée, il nous semble que la phlébotomie pourrait peut-être rendre des services; et c'est à ce titre que nous appelons l'attention sur les efforts remarquables qu'un médecin espagnol, M. Gonzales Arajo, a obtenus de la saignée des veines ranines dans le traitement de l'angine inflammatoire.

M. Arajo a rapporté sept observations; mais il en est une surtout qui sera trèsprobante. La première est celle d'un conducteur de voitures, âgé de quarante-huit ans, qui était affecté d'une angine des plus intenses, portant sur les amygdales, la luette, le voile du palais, la base de la langue et le pharynx, avec accès de suffocation tenant au gonflement considérable avec œdème de la voûte palatine, langue blanche, sèche à son centre, un peu rouge sur les bords, face rouge et vultueuse, devenant livide au moment des accès. Les symptômes généraux étaient graves, pouls petit et dur, accablement général, impos sibilité de prendre du repos, chaleur vive, impossibilité de boire, yeux injectés, un peu de céphalalgie. En présence de la gravité de ces accidents, M. Arajo lui pratiqua deux saignées au bras et lui fit appliquer dix-huit sangsues autour du cou. Néanmoins, six heures après, il était dans le même état, sauf que le pouls était moins développé et la peau moins chaude. Nouvelle saignée et sinapismes promenés sur les membres. Le lendemain matin, les symptômes étaient devenus plus alarmants, les accès de suffocation plus fréquents et le pouls avait repris ses caractères. M. Arajo proposa la saignée des ranines, qu'il pratiqua immédiatement de la manière suivante : il saisit avec un linge l'extrémité de la langue et l'élevant un peu, il ouvrit avec la pointe d'une lancette les deux veines ranines. Il s'écoula environ une once de sang et, à l'aide d'un collutoire chaud, le malade en rendit encore une demi-once. Les effets en furent des plus remarquables. Le malade put faire usage d'un gargarisme astringent avec ratanhia et cachou. Le lendemain tout danger avait cessé; l'œdème du voile du palais avait beaucoup diminué, ainsi que l'inflammation en général et le gonflement du pharynx et de l'isthme du gosier. On continua le gargarisme, en y ajoutant des manuluves chauds. L'amélioration se soutint, et le quatrième jour le malade entrait en pleine convalescence.

Dans le deuxième cas, le malade était dans un état bien autrement grave, lorsque M. Arajo fut appclé; le pouls était pc

tit, serré, intermittent; la peau froide, la prostration générale, la face pâle, avec une teinte livide, le front et le cuir chevelu baignés d'une sueur froide, l'œil fixe et la respiration très-gênée, avec un râle trachéal. Ce ne fut qu'avec la plus grande difficulté qu'on parvint à lui faire ouvrir la bouche et à reconnaître la vive inflammation dont toute l'arrière-gorge, le voile du palais et le pharynx étaient le siége, inflammation qui le mettait dans l'impossibilité de parler, de respirer et d'entendre ce qu'on lui disait. C'était un jeune homme de trente ans, d'une très-bonne constitution et qui avait déjà été soumis à un traitement très-énergique : quatre larges saignées du bras, 25 sangsues au cou, un gargarisme astringent, des boissons délayantes, des sinapismes aux extrémités, un vésicatoire autour du cou. M. Arajo eut grande peine à entr'ouvrir les mâchoires et à les tenir écartées avec le manche de deux cuillers de bois. Saisissant alors la langue avec une pince, il la maintint au dehors et la souleva; puis, avec la pointe d'une lancette, il ouvrit les deux veines ranines. Cette saignée fournit deux onces de sang environ, et ce fut comme par enchantement que cet homme parut revenir à la vie. Dans la journée il put dire quelques mots, quoique avec embarras; dans la nuit, on ouvrit une seconde fois les ranines, qui donnèrent 25 grammes de sang; gargarisme astringent, bains de bras, etc. La nuit fut tranquille, et le lendemain le malade se trouvait dans un état satisfaisant, le pouls régulier, quoique encore petit, la face animée, le regard naturel et expressif, Le voile du palais, en partie revenu sur lui-même, offrait des espèces de rides; l'inflammation œdémateuse était en voie de disparaître ; les piliers et les amygdales laissaient un passage convenable à l'air, le malade pouvait parler, se gargariser, etc. En peu de jours il fut rétabli ; depuis cette époque, le malade a eu une nouvelle atteinte de son angine un an après; il a été guéri en quatre jours par la saignée des ranines, les cataplasmes émollients autour du cou, les gargarismes astringents, les sinapismes aux extrémités. (La Union et Bullet. gén. de thérapeutique.)

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née par l'expérience de trois générations de praticiens. Mon grand-père tenait probablement ces renseignements de Gouan, son contemporain, qui s'exprime ainsi dans son Traité de botanique appliquée : « C'est à Jourdan, recteur de l'hôpital de › Tein, qu'on a la grande obligation d'a» voir, enfin, donné la formule d'un re» mède anti-épileptique que sa famille » possédait depuis longtemps, et vraisem» blablement c'est cette espèce (galium » mollugo) qui fut tant vantée par les an›ciens et désignée sous le nom de galium » palustre album latiore folio, etc... » Les auteurs modernes signalent à peine cette plante qui jouit de propriétés anti-spasmodiques irrécusables, et qui, dans l'état actuel de l'art médical, peut être considérée comme l'anti-épileptique le plus fidèle. Nos pharmaciens sont munis d'extrait de galium que nous employons à la dose de 8 grammes pour les enfants et de 16 pour les adultes.

L'expérience m'a pleinement confirmé l'opinion de Garidel, observant que, lorsque le suc de cette plante évacue, l'effet en est plus certain. L'étude soutenue que j'ai faite de ces préparations me fait un devoir de faire revivre ce précieux agent tombé dans l'oubli.Voici la meilleure préparation c'est celle que j'avais envoyée à notre confrère feu le docteur Gril, de Nimes (1):

Je pile la plante fraîche, à laquelle j'ajoute un seizième de son poids d'alcool; je broie encore quelques instants; j'exprime et expose le suc à la température de 100°; je filtre et fais dissoudre dans la colature s. q. de sucre, pour l'amener à l'état de sirop concentré, auquel j'ajoute un quart d'eau de fleurs d'oranger. Ce sirop est d'une saveur très-agréable surtout pour les enfants, qui le prennent avec plaisir. La dose est d'une cuillerée par heure, lorsque les accès sont rapprochés, et deux ou trois, soir et matin, dans le cas contraire.

(Revue thérapeutique du Midi, 15 avril.)

TRAITEMENT DE LA BLENNORRHAGIE CHRONIQUE PAR L'INFUSION DE POIS CHICHES TORRÉFIÉS, par le docteur E. HENROTAY, médecin de régiment, à Mons.

Dans plusieurs cas de blennorrhagie chronique ayant résisté au copahu, aux

(1) Voici un passage d'une lettre adressée à M. le docteur Miergues par le docteur de BoileauCastelnau, qui explique ce que cette phrase de notre correspondant laissait d'obscur : « Je remis au docteur Gril vos fioles renfermant le remède anti-épileptique. Ce regrettable confrère, médecin de la maison de santé protestante, avait alors

injections, etc., notre confrère a eu recours, et avec succès, à l'infusion de pois chiches (cicer arietinum L.), qu'on lui avait dit être employée souvent en Espagne contre ces écoulements. Voici comment il faut administrer ce remède :

Les pois chiches sont torréfiés, moulus, une once à peu près en est placée dans un sac en flanelle; on verse là-dessus un demi-litre environ d'eau bouillante. La liqueur filtrée, on y ajoute du sucre et un peu de lait, et le malade prend toute la quantité de ce liquide le matin avec une tartine, exactement en guise de café. Cette liqueur n'a pas mauvais goût, elle a un léger goût d'amertume qui rappelle un peu la saveur du café moins l'arome. Après le diner, on prend la moitié de la dose du matin de l'infusion.

La guérison s'obtient ordinairement en 8 ou 10 jours.

(Archives belges de médecine militaire.)

DES INJECTIONS DE PERCHLORURE DE FER POUR COAGULER LE SANG DANS LES ARTÈRES ET LES ANÉVRISMES; par M. PRAVAZ. Voici comment M. Lallemand a rendu compte des expériences de M. Pravaz dans une lettre communiquée à l'Institut.

« Le moyen que propose M. Pravaz consiste à coaguler le sang dans les vaisseaux artériels par une injection de quelques gouttes de perchlorure de fer au maximum de concentration. Cette injection se fait à l'aide d'un trocart très-délié qui doit être introduit très-obliquement à travers les parois de l'artère, par une espèce de mouvement de vrille. A ce trocart se trouve ajustée une seringue, dont le piston doit être à pas de vis, afin que l'injection s'opère sans secousses et que la quantité de liquide injecté puisse être mesurée avec précision; il faut, en outre, arrêter momentanément le cours du sang dans le vaisseau, et prendre quelques autres précautions dont on se rendra un compte plus exact après le récit des expériences faites par M. le docteur Pravaz à l'École vétérinaire de Lyon, en présence de M. Lallemand et de M. Lecocq, directeur de l'École.

1° Sur un mouton adulte, l'artère carotide ayant été mise à nu, la circulation fut interrompue par une compression exercée avec le pouce et l'indicateur en deux points distants l'un de l'autre de 4 à 5

dans cet établissement une jeune fille atteinte d'une épilepsie hystérique. Votre remède fut administré avec succès. Cette fille sortit de l'établissement après la cessation des accès; elle n'y est plus rentrée. Je m'enquerrai si les attaques ne se sont plus reproduites. (N. du R.)

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centimètres. Il pouvait y avoir une cuillerée de sang intercepté dans cet espace. Une ponction fut pratiquée très-obliquement à travers les parois de l'artère, et trois ou quatre gouttes de perchlorure de fer furent injectées. Pour cela, on fit faire au pas de vis de la seringue deux tours complets, dont chacun correspond à environ deux gouttes de liquides expulsées par l'extrémité du trocart. Aussi après l'injection du sel de fer, la pression du doigt annonça une augmentation dans la densité du sang; on pût sentir le caillot se former très-rapidement, et quatre minutes après on crut pouvoir l'abandonner à lui-même, en faisant cesser toute compression. En effet, le caillot ne changea pas de position, et on le sentit encore pendant huit jours à la même place.

» L'expérience, pratiquée de la même manière sur l'artère carotide d'un cheval, a donné un résultat semblable. La portion d'artère dans laquelle la circulation avait été suspendue avait 8 centimètres de long et pouvait contenir environ cinq cuillerécs à café de sang. On y ajouta 8 à 10 gouttes de perchlorure de fer (M. le docteur Pravaz ayant reconnu qu'il faut à peu près deux gouttes de sel de fer pour coaguler une cuillerée à café de sang). Quatre minutes après, chez le cheval comme chez le mouton, le caillot était formé dans l'artère; il était dur et résistant, et n'éprouva aucun déplacement par l'impulsion du sang pendant un quart d'heure. Alors la portion d'artère soumise à l'expérience fut enlevée, et quand on la fendit, on trouva que sa surface interne était dépolie et présentait des granulations et des stries longitudinales dans toute l'étendue de la surface occupée par le caillot.

3o Sur un autre cheval, la même expérience fut pratiquée de la même manière et avec des résultats immédiats identiques. Seulement on conserva l'animal pendant huit jours, en laissant même l'artère à nu, afin de pouvoir suivre les phénomènes à différents moments. On constata que la dureté de la carotide s'étendait de plus en plus au-dessus et au-dessous du caillot primitif. Lorsque le cheval fut sacrifié (après huit jours), l'intérieur de l'artère carotide examiné présenta trois caillots distincts qui oblitéraient l'artère dans l'étendue de 25 centimètres 5 millimètres. Le caillot du milieu correspondait à l'injection; il était plus foncé, noirâtre, granuleux, et avait 3 centimèt. 5 m. de long.

» En résumé, après l'injection du perchlorure de fer, quatre minutes et demie ont suffi chez le mouton et chez le cheval pour amener dans l'artère carotide la for

mation d'un caillot assez consistant et assez adhérent pour ne pas être chassé par l'impulsion de la colonne sanguine venant du cœur. D

Pour son application à la cure des anévrismes chez l'homme, le procédé devrait être ainsi modifié : c'est dans la poche anévrismale qu'il conviendrait de porter le perchlorure de fer, après avoir préalablement arrêté la circulation par la compression de l'artère au delà de l'anévrisme, c'est-à-dire entre la tumeur et les capillaires. La quantité de liqueur styptique employée serait en raison du volume de la tumeur anévrismale, et la durée de la compression de quatre à cinq minutes environ. Ces conditions, suivant M. Pravaz sont suffisantes pour qu'il se forme un caillot compacte, volumineux, capable d'obstruer l'artère à la manière d'un bouchon, et de produire le même effet qu'une liga-. ture.

Une objection qui se présente tout d'abord est celle-ci; l'introduction d'une solution de ce genre dans un anévrisme n'y déterminera-t-elle pas une irritation capable d'entraîner la suppuration? Les expériences faites sur les animaux ne nous. rassurent qu'à demi contre ce danger; et sans vouloir rejeter le nouveau moyen, nous pensons qu'il sera prudent de l'es¬ sayer d'abord sur de petits anevrismes comme ceux du pli du coude, avant d'aborder ceux des artères plus considérables. (Revue médico-chirurg. de Paris.)

ANÉVRISME DE L'ARTÈRE SUS-ORBITAIRE: GUÉRI PAR L'INJECTION DE PERCHLORURE DE

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FER CONCENTré. Voici le premier cas d'application à l'homme du moyen préconisé par M. Pravaz, de Lyon, pour coagu-. ler le sang dans les artères. Il a été communiqué à la Société de chirurgie de Paris, par M. RAOULT-DESLONGCHAMPS, médecin aide-major.

La tumeur, du volume d'un petit œuf de pigeon, était située à la région sus-orbitaire; elle présentait un mouvement d'impulsion assez marqué. On y sentait des pulsations assez énergiques, isochrones, ainsi que l'impulsion, aux battements du pouls. Ces pulsations augmentaient par la pression au-dessus de la tumeur, et diminuaient lorsqu'on la comprimait au-dessous. La pression directe sur la tumeur l'affaissait et la faisait disparaître complétement pour reparaitre aussitôt qu'on ces-. sait de presser.

Ne doutant pas qu'il n'eût affaire à un anévrisme de l'artère sus-orbitaire, M. Deslongchamps, après avoir balancé les avan

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