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ses Principes de la connaissance; il l'exposa | Wurtemberg fut chassé de son pays, Gœlz, son de nouveau avec infiniment d'esprit et de saga- ami et son partisan, ne se racheta d'une dure cité dans ses Trois dialogues entre Hylas et prison qu'en payant 2,000 florins d'or. ImpliPhilonous. Mais quelque favorable que fùt cette | qué, trois ans plus tard, dans la hideuse guerre doctrine aux dogmes de l'immatérialité, de la des paysans, qui l'avaient forcé de se mettre à création, de la Providence, elle était trop con- leur tête, et, pris de nouveau par les troupes de traire au sens commun pour faire fortune hors l'Empire, il ne fut relâché que sur sa promesse de l'école. Dans l'école même, Reid, tout en la de ne plus reprendre les armes. Le repos forcé trouvant inattaquable en soi, renversa la théorie rongea lentement ce corps et ce cœur du moyen des idées-images qui lui servait de base; et âge. Pour tromper les ennuis de son inaction, depuis lors l'idéalisme de Berkeley, ainsi que tandis que sa vieille armure se rouillait avec celui de Mallebranche, a été considéré comme il casque et épée dans un coin obscur de son châdevait l'être, comme une savante absurdité, des- | teau, il écrivit son autobiographie. C'est sur cet tinée à mourir en naissant. LAFAIST. écrit naïf que Goethe a calqué en grande partie BERLICHINGEN (GOETZ ou GODEFROI DE). A les scènes pittoresques et dramatiques de son toutes les époques de transition il naît des carac- Gætz de Berlichingen, admirable début de ce tères singulièrement trempés, qui s'attachent | génie universel, qui a compris toutes les époavec obstination au passé qui croule et rejettent ques et reproduit dans le drame de Goetz toutes loin d'eux le présent comme une matière hété- les passions qui agitaient les esprits penseurs, rogène. Tel était Goetz de Berlichingen, le che- les caractères actifs et les masses au moment où valier à la main de fer, né, dans la seconde croulait la féodalité allemande. Goetz mourut le moitié du xve siècle, à Jaxthausen, en Souabe. | 23 juillet 1562, dernier représentant de cette L'Allemagne en ce temps était en proie aux défits, noblesse cuirassée, remuante, généreuse, qui aux guerres privées, aux rapines, en un mot à allait faire place aux légistes de la cour impél'état anormal de la chevalerie, qui avait fait | riale, aux conseillers de la cour aulique et aux son temps et mettait le trouble dans une société bourgeois. L. SPACH. qu'autrefois elle avait été appelée à embellir et à défendre. L'empereur Maximilien, résolu de couper le mal par la racine, fit passer à la diète de Worms en 1495, l'édit de paix perpétuelle, qui interdisait toute voie de fait entre les membres du corps germanique; la Chambre imperiale, établie par la même assemblée, devait évoquer à elle tous les différends.

Goetz avait assisté à cette diète : son caractère énergique se soulevait contre la destruction de toute existence chevaleresque, de toute individualité indépendante, d'autant plus que des mesures qui changent de fond en comble l'état d'une société ne s'exécutent jamais sans vexations, sans injustices de détail. Malgré l'édit, les guerres privées continuaient; Gætz avait suivi la bannière de princes puissants, tantôt l'aigle | de Brandebourg, tantôt le lion bavarois. Lorsque vint à éclater la guerre de succession, dite | de Landshut, entre les deux branches de l'antique maison de Wittelsbach, Goetz prit parti pour le duc Albert de Bavière contre Robert, comte palatin. Ce fut au siége de Landshut qu'il perdit sa main droite, remplacée par une main de fer, qu'on montrait encore il y a une vingtaine d'années à Jaxthausen. Cette querelle terminée en 1507, Goetz fut en lutte avec les chevaliers sur les bords du Kocher, avec les villes impériales sur les bords du Neckar. Lorsque Ulric de

BERLIN, capitale de la monarchie prussienne et en particulier de la Marche de Brandebourg, située sur la Sprée, par 31° 2′ 30′′ de longitude. E. et 52° 33′ de latitude N., est une des plus grandes et surtout des plus belles villes de l'Europe. Bâtie dans une plaine sablonneuse et aride, elle est à 127 pieds au-dessus du niveau de la mer, à 120 lieues nord-nord-ouest de Vienne et à 195 nord-est de Paris. C'est le chef-lieu de la régence de Brandebourg, la résidence du roi et le siége du gouvernement. Cette ville a plus de 4 lieues de circonférence; l'enceinte en est formée d'un mur de 14 pieds de hauteur. Il y a 13 portes et 9 quartiers dont 5 ont le nom de villes et ont été réunis, en 1714; les autres celui de faubourgs. Ces quartiers sont : Berlin propre; Koeln sur la Sprée, divisé en vieux et en nouveau Koln; Friedrichswerder, Dorotheenstadt, Friedrichstadt, Friedrich-Wilhelmstadt, Koenigstadt, quartiers de Stralau et de Spandau. La Sprée traverse Berlin du sud-est au nord-ouest. Berlin a 158 rues, 22 places publiques et marchés, 27 églises paroissiales et 37 ponts. En 1828 on y a compté 11,971 maisons; le nombre de ses habitants, y compris la garnison, était de 236,830, parmi lesquels 5,338 réformés français, 860 réformés bohêmes, 4,614 catholiques et 4,432 juifs; ces derniers ont obtenu le droit de citoyen depuis le mois de mars 1812 et font partie

des habitants les plus riches et les plus éclairés | ministre Ancillon. Dans les chaires de cette unide Berlin. C'est à Berlin que s'est formé Men- versité, le droit, la philologie, les études oriendelsohn, le premier philosophe juif des temps tales, l'histoire, la physique, la médecine font modernes. La religion évangélique est la domi- briller les talents les plus remarquables. Pendant nante. le semestre de 1832 à 1833 on comptait à Berlin 1,732 étudiants. La bibliothèque royale, riche et régulièrement organisée, possède 250,000 volumes, outre un grand nombre de manuscrits précieux. L'Académie des sciences, fondée par Leibnitz, est célèbre par ses travaux, et plusieurs établissements d'instruction supérieure, tant pour le civil que pour le militaire, mériteraient également d'être cités. Les artistes trouvent au musée, ouvert en 1828, une riche collection de modèles et des monuments de toutes les époques et de toutes les écoles; la peinture de la période avant Raphaël y est surtout bien représentée. Berlin possède en outre plusieurs établissements de bienfaisance et un grand nombre d'institutions scientifiques. Il y a peu d'années, on a fait le relevé des écrivains qui s'y trouvaient et qui alors étaient au nombre de 416. Berlin fait un commerce considérable et possède plusieurs manufactures de drap, de porcelaine, d'étoffes de soie, de coton, etc., et une grande fonderie royale en fer. La cour de Berlin fut très-brillante sous le règne de Frédéric le Grand, et la société est réputée spirituelle et très-cultivée. Plusieurs littérateurs français, à la tête desquels fut Voltaire, ont fait de Berlin la ville du bon goût et de l'esprit.

Berlin, ville moderne, possède un grand nombre de belles places, de rues bien alignées, de promenades agréables et de ponts d'une construction remarquable. Parmi les édifices publics plusieurs se distinguent par l'élégance ou par une architecture imposante. Nous citerons surtout les suivants : l'arsenal, le château, l'université, le dôme, l'église catholique, le musée, la porte de Brandebourg, le principal corps de garde, en face du palais du roi, l'Académie de musique, l'Opéra, la salle de spectacle, l'école militaire, l'église luthérienne de Saint-Nicolas (la | plus ancienne église de Berlin ), l'église SainteMarie avec une tour de 286 pieds de hauteur, élevée sous le règne de Frédéric-Guillaume II, par Langhans; l'église réformée, avec un carillon; la nouvelle église française, la synagogue juive, etc. Les plus beaux édifices sont situés | dans la magnifique rue dite des Tilleuls et ainsi nommée de la promenade qui en occupe le centre. Cette rue, une des plus belles de l'Europe, | s'étend depuis le nouveau pont de la Sprée jusqu'au portique appelé Porte de Brandebourg. Au delà du même pont est la place du château, bordée de trois côtés du château, du dôme et du musée; la Bourse est un peu plus loin. Parmi les monuments publics de la statuaire on remarque surtout la statue équestre et en bronze du grand électeur, celles en marbre et à pied du maréchal Blücher, des généraux Scharnhorst et Bulow, les monuments du Wilhelmsplatz et celui du vieux Dessau. Un immense vase en porphyre orne la place du musée ou du château, et un peu en dehors de la ville, sur le Kreutzberg, s'élève la flèche gothique en bronze consacrée à la mémoire de la délivrance de l'Allemagne en 1813. Berlin peut être considéré comme la métro-été construite en 1223. Les fondements du châpole de l'Allemagne du nord et comme le principal foyer de lumières de tous les pays de la confédération germanique. Le mouvement intellectuel y est immense: il n'y a guère de tendance, de faculté scientifique qui n'ait son représentant dans cette capitale de la Prusse. L'université de Berlin, fondée en 1807, a compté, depuis son origine, parmi ses professeurs les hommes les plus distingués, tels que Fichte, Hegel, Wolf, Ritter, Schleiermacher, Neander, de Savigny, Raumer, etc. MM. de Humboldt appartiennent également à Berlin, ainsi que le

Berlin a été occupée par les Autrichiens et les Russes, en 1760, et par les Français, en 1806, après la bataille d'Iéna. A l'exception de ces deux occupations, les fastes de la ville n'offrent point de grands événements. L'origine de Berlin ne remonte pas au delà du moyen âge, et cependant elle n'est pas connue d'une manière certaine. On croit que c'est Albert II, margrave de Brandebourg (de 1206 à 1220), qui a fondé cette ville et celle de Koeln qui y est réunie. On sait d'une manière positive que l'église de Saint-Nicolas a

teau furent posés en 1442; mais c'est surtout
Frédéric-Guillaume, le grand électeur, auquel
Berlin doit ses principaux embellissements, ainsi
que les fortifications dont elle était autrefois en-
ceinte. Cependant alors Berlin n'avait que 20,000
habitants; ce nombre s'éleva à 50,000 sous Fré-
déric, premier roi de Prusse, et sous le grand
Frédéric elle devint ce qu'elle est, une des villes
les plus belles et les plus curieuses. Voir Spiker,
Berlin et ses alentours au XIXe siècle, Berlin,
1833, in-4° avec planches.
BERLUE, Vor, Vue.

CONV. LEX. MOD.

BERME. On appelle ainsi, en termes de ponts et chaussées et de fortifications, un chemin ou espace de quatre pieds, qu'on laisse entre le rempart, ou levée, et le bord d'un fossé ou d'un canal, pour empêcher que les terres des premières, venant à s'ébouler, ne remplissent ces derniers; on l'appelait aussi autrefois, dans la seconde de ces acceptions, retraite, lisière ou le pas de la souris. X. BERMUDES ou îles DE SUMMERS (SummersIslands), archipel composé d'environ 400 petites îles peu fertiles, dans l'océan Atlantique, à la hauteur de l'État américain de la Caroline, et à 250 lieues de la côte des États-Unis. Elles sont entourées d'écueils et hérissées de rochers; au nord, les écueils se prolongent très-avant dans la mer. Les rochers constituent une grande partie du sol de l'archipel et sont la cause de sa stérilité; quelques-unes ne sont même que des rochers inhabitables; mais partout où il y a de la terre le sol est fertile et produit, sous une température douce, quoique agitée par les ouragans, du froment, du coton, du tabac, divers fruits et des bois de construction, parmi lesquels on compte le genévrier qui acquiert dans cet archipel une grosseur considérable. Il n'y a qu'un dixième de toute la surface de l'archipel qui soit cultivé et qui vaille la peine de l'être; d'ailleurs le défaut d'eaux vives est un grand inconvénient; aussi les 400 îles ne nourrissent qu'une population d'un peu plus de 4,000 habitants dont les trois quarts sont des nègres. A peine y a-t-il 200 blancs. Ils subsistent de la pêche, de l'exportation du sel et de la construction des navires dans laquelle ils ont fait de grands progrès. La plus grande de ces îles est celle qu'on appelle Bermude; elle est très-étroite, mais elle a 5 lieues de long.

Les Bermudes furent découvertes par les Espagnols au XVIe siècle; mais n'y trouvant pas d'or et n'espérant même pas pouvoir les cultiver, ils négligèrent cette découverte qui, dans la suite, fut totalement oubliée; ce ne fut qu'un siècle après, en 1610, que le hasard fit retrouver cet archipel. Deux anglais, en se sauvant d'un naufrage, y abordèrent : c'étaient sir Thomas Gates et sir George Summers; cette seconde découverte, annoncée à un peuple plus actif et plus industrieux que les Espagnols, ne fut pas infructueuse comme la première. Deux ans après, le gouvernement anglais envoya une expédition sous les ordres de Richard Moore pour fonder une colonie dans cet archipel désert. La première tentative de colonisation manqua d'échouer contre un obstacle singulier : déjà on comptait en

| viron 600 colons aux Bermudes, lorsque les rats, introduits on ne sait comment, peut-être par des navires européens, se multiplièrent au point que la place ne fut plus tenable pour les hommes et que la colonie fut sur le point de disparaître; on trouva pourtant moyen de se débarrasser de ces hôtes incommodes, et depuis ce temps les Bermudes sont devenues une colonie utile pour l'Angleterre. Quoique le nom de Summers ait eu une autre importance pour cet archipel que celui de Jean Bermudez qui le découvrit, le nom de ce dernier est pourtant resté et a prévalu dans la géographie. DEPPING.

BERMUDEZ (JEROME). On sait que la Galice était la patrie de ce poëte du XVIe siècle; qu'il entra dans l'ordre des dominicains, et qu'il professa la théologie à Salamanque. Du reste, son origine, l'époque de sa naissance et celle de sa mort sont enveloppées d'une même obscurité. On croit vaguement qu'il descendait de Diego Bermudez, neveu du Cid. Quoi qu'il en soit, Bermudez a droit à une place honorable entre les auteurs espagnols du XVIe siècle : fameux comme théologien, comme humaniste, il l'est encore plus comme auteur dramatique. Les tragédies de Nice lastimosa et de Nice laureada, dont il puisa le sujet dans l'histoire d'Inez de Castro et qu'il publia sous le nom d'Antonio de Silva, sont assurément fort médiocres sous le rapport du plan; mais à cette époque l'art dramatique en Espagne sortait à peine de l'enfance. Ce qui plaît dans ces tragédies, ce qu'il faut admirer, c'est la pureté du style, le naturel du sentiment, la poésie répandue dans les chœurs; ce sont enfin quelques belles scènes dans Nice lastimosa, telles, par exemple, que celle ou les conseillers du roi de Portugal délibèrent sur le sort d'Inez. nous ne ferons qu'indiquer un poëme en cinq chants et une Hespéroëde du même auteur, tous deux écrits à la louange du trop fameux duc d'Albe.

Plusieurs rois des Asturies ont porté le nom de BERMUDEZ; Bermudez Ier fut élevé au trône en 788, et Bermudez III périt dans la bataille de Carion en 1037; c'était le dernier de la famille des anciens rois goths. Mlle OZENNE. BERNADOTTE. Voy. CHARLES XIV JEAN. BERNARD (SAINT-), célèbre montagne des Alpes, à 10,380 pieds au-dessus du niveau de la mer. A 7,542 pieds est un hospice célèbre, fondé par saint Bernard de Menthon, et habité par des religieux qui, à l'aide de chiens, vont à la recherche des voyageurs ensevelis sous la neige. Le passage du grand Saint-Bernard par le premier consul Bonaparte et ses troupes est

un des prodiges opérés par l'armée française. | 1137, il détacha de la cause d'Anaclet plusieurs BERNARD (PETIT SAINT-), montagne qui fait Romains, et surtout Roger, duc de Sicile, le seul partie de la chaîne des Alpes grecques, entre des princes qui lui prêtât encore son appui. Aost et la Savoie. Elle a pris son nom d'un hos- Anaclet étant mort, celui que l'on élut à sa pice élevé à l'instar du grand Saint-Bernard. Son place obtint son pardon d'Innocent II par l'ensommet est élevé de 1,125 toises. C'est le passage tremise de saint Bernard, et le schisme fut éteint. le plus commode des Alpes. Il fut franchi par Après avoir assisté à trois conciles en l'an 1147, Annibal lorsque ce général marchait sur Rome. confondu les erreurs de Pierre de Brueys de BERNARD (SAINT), naquit l'an 1091, à Fon- Hensi, et forcé l'évêque de Poitiers, Gilbert de taine, village de Bourgogne, dont son père Porcé, de rétracter ses erreurs au concile de nommé Tescelin, était seigneur. Sa mère se Reims en 1148, choisi pour médiateur entre les nommait Aleth de Montbar. Malgré les avanta- peuples de Metz et quelques princes voisins, il ges de l'esprit et du corps, qui, joints à ceux de termina leurs différends et mourut le 20 août sa position, lui assuraient des succès dans le 1153. Il fut canonisé 20 ans après sa mort par le monde, il montra de bonne heure une véritable pape Alexandre III. Le style de saint Bernard passion pour la solitude. Il commença ses étu- | est vif, noble et serré, ses pensées sublimes, son des dans l'école du chapitre de Châtillon, et pa- discours délicat. Il est également plein d'oncrut plus tard avec éclat dans l'université de tion, de tendresse et de force; il est doux et véParis. Après avoir passé quelque temps avec hément. Nous ajouterons cependant qu'il est ses frères et quelques amis en retraite dans la souvent gâté par l'affectation et les jeux de mots. maison de son père, il entraîna ses compagnons Il exprime le culte qu'il rend à la Vierge par les au nombre de 30, à l'abbaye de Cîteaux, où ils termes d'une galanterie mystique et d'une afféprirent l'habit de l'ordre. L'an 1115, l'abbé terie souvent ridicule. Ce défaut du reste tenail Étienne, chef de l'ordre, ayant fondé l'abbaye à son siècle, et n'empêche pas que ce ne soit à de Clairvaux, dans une vallée aride et déserte du juste titre qu'il a été appelé le dernier des Pères. diocèse de Langres, nommée la Vallée d'Ab- | Ses ouvrages se composent de lettres, de traités sinthe, près de la rivière d'Aube, saint Bernard théologiques et mystiques, de sermons. Un de en fut nommé abbé. Il n'avait alors que 25 ans. ses plus remarquables écrits est, sans contredit, La réputation de science et de piété de saint Ber- le Traité de la considération, adressé à Eunard devait attirer sur lui l'attention des puis- gène III. La seule édition de ses ouvrages qui sances rivales, du sacerdoce et de l'empire; soit consultée aujourd'hui est celle de don Mabilaussi assista-t-il aux conciles de Troyes en 1128, lon (1690, 2. vol. in-fol.) H. BOUCHITTE. MOD. et de Châlons en 1129. Ce fut d'après son jugement, auquel on était convenu de s'en rapporter, que l'assemblée d'Étampes, réunie par la volonté de Louis le Gros, en 1130, reconnut Innocent II pour souverain pontife, et rejeta Anaclet. Ce pape étant venu en France, saint Bernard l'accompagna à Orléans, et persuada au roi d'Angleterre, Henri 1er, de le reconnaître. De là il le suivit en Allemagne, et dans la conférence que le pontife eut avec l'empereur Lothaire II, il parla avec liberté à ce prince pour le détourner de la demande qu'il avait faite au pape du rétablissement des investitures. De retour en France, Innocent II tint un concile à Reims, visita Cluni et Clairvaux, et emmena saint Bernard à Rome; de là il le fit passer en Alle- | magne, où il réussit à ménager la paix entre Conrad et Lothaire. Rappelé auprès du pape qui avait été forcé de se réfugier à Pise, il assista au concile de cette ville en 1134, à l'issue duquel il réconcilia avec le clergé romain celui de Milan, qui s'était attaché à Anaclet. Il n'eut pas moins de succès lorsque, rappelé en Italie en

BERNARD (PIERRE-JOSEPH), né à Grenoble en 1708, vint à Paris, où il était depuis deux ans clerc chez un procureur, lorsque ses poésies, et notamment sa spirituelle Épître à Claudine, et sa jolie chanson de la Rose, lui ouvrirent l'entrée des salons. Le marquis de Pezay l'emmena avec lui en Italie en 1734. Le jeune Bernard fit ses premières armes aux batailles de Parme et de Guastalla. Il ne quitta le marquis de Pezay que pour occuper l'emploi de secrétaire du maréchal de Coigny. Il fut ensuite secrétaire général des dragons et bibliothécaire du château de Choisi-le-Roi. Le style, c'est tout l'homme, a dit Buffon. L'axiome le plus absolu a ses exceptions. Le poëte Bernard, à la plume si gracieuse et légère, était lourd et épais. Voltaire ne voyait que le poëte quand il lui envoya, au nom de la duchesse de Lavallière, la plus belle femme de la cour, ce joli quatrain :

Au nom du Pinde et de Cythère,
Gentil Bernard est averti
Que l'Art d'aimer doit, samedi,
Venir souper chez l'Art de plaire.

Bernard, à qui le surnom de gentil est resté depuis lors, était un des gros mangeurs de l'époque. Il riait le premier de sa gloutonnerie; et lorsqu'il commença à perdre ses forces et son appétit, il disait : Je suis tombé d'un dindon, Son Art d'aimer, longtemps applaudi dans les salons, soutint avec avantage l'épreuve de la publicité, et lui valut les surnoms d'Ánacréon et d'Ovide français. Palissot lui reprochait de parler plus au sens qu'au cœur. Il ajoute : « L'auteur a été, comme son modèle, inspiré par les Grâces, et souvent il a des beautés qui ne sont qu'à lui.» Il cite le charmant épisode qui termine le premier chant. Le génie de Bernard personnifie le siècle où il a vécu, et dont Voltaire a esquissé le portrait avec une précision si éloquente et si vraie : ..

Voici le temps de l'aimable régence,
Temps fortuné marqué par la licence,
Où la folie, agitant son grelot,

D'un pied léger parcourt toute la France,
Où nul mortel ne daigne être dévot,
Où l'on fait tout, excepté pénitence.

On a raffolé de Gentil Bernard. Son Art d'aimer a été imprimé dans tous les formats et placé dans toutes les bibliothèquès. Il n'appartient plus qu'à l'histoire littéraire du XVIIIe siècle. L'école qu'il a fondée et qu'il avait prise pour modèle a disparu avec l'ère des fictions légères, qui séduisent et amusent plus qu'elles n'intéressent. Son Castor et Pollux est le poëme lyrique le mieux écrit que nous ayons : il obtint un succès prodigieux. Alors le style était tout; il y ❘ définit avec plus d'esprit que de justesse la plus noble des sympathies, l'amitié fraternelle,

Oui, tu serais la volupté

Si l'homme avait son innocence.

|

Son poëme de Phrosine et Mélidor est beau de style, mais la partie dramatique manque de développement et de force. Bernard ne jouit que d'un bonheur passager comme sa gloire. Il se survécut à lui-même. Son esprit et sa raison l'abandonnèrent en même temps; il tomba dans une affligeante imbécillité. Il n'avait plus de souvenir. Il lui arriva au milieu d'une représentation de son Castor et Pollux de demander à ses voisins quel était l'auteur de ce poëme. Le succès brillant qu'obtint cet ouvrage fut fatal à Mouret. Ce malheureux compositeur devint fou et mourut à Charenton. Un spéculateur a pu- | blié en 1803 une très-belle édition des œuvres complètes de Gentil Bernard, en 2 vol. in-8°, ou 4 volumes in-18. Bernard mourut à Paris, en 1776. DICT. DE LA CONV.

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BERNARD (SAMUEL). Son père, l'un des plus célèbres artistes du XVIIe siècle, avait été professeur de l'Académie de peinture, et était décédé en 1615; plus avide de richesse que de gloire, son fils se livra tout entier aux spéculations de la haute finance et devint un des plus opulents banquiers de l'Europe. Il avait fait d'immenses bénéfices sous le ministère de M. de Chamillart, qui de son aveu n'entendait rien en administration. Ce ministre avait la conscience de son incapacité et le mérite plus rare encore de l'avouer. Il écrivait à Catinat : « Je suis un robin qui fait son noviciat dans la guerre : ainsi, entre vous et moi, ce que je dis ne veut rien dire. » Il avait refusé le ministère; Louis XIV l'avait déterminé à l'accepter en lui promettant qu'ils travailleraient ensemble... Les choses n'en allèrent pas mieux, tous les généraux se plaignaient des sottises du ministre ; le maréchal de Berwick s'adressa au roi lui-même, qui, tout en convenant que son ministre de la guerre n'y entendait rien, ne le maintint pas moins en place. La guerre de la succession avait épuisé toutes les ressources. Il n'y avait plus d'emprunt possible. Plus de charges réelles, plus de sinécures à vendre. Le ministre Chamillart avait largement exploité ce dernier genre d'impôt mis sur la vanité. « Toutes les fois, disait-il au roi, que votre majesté crée un office, Dieu crée un nouveau sot pour l'acheter. »> Le ministre avait trop compté sur la Providence. Il était à bout de voie, il fallut céder aux cris implacables de l'opinion publique, et Chamillart avait été renvoyé ; il en sentait lui-même la justice et la nécessité; il approuva sa révocation; il disait hautement : « Que le roi ne pouvait se dispenser de prendre ce parti d'après l'indisposition générale qui s'était déclarée contre lui. » — Vainement il avait tenté de lutter contre les obstacles toujours croissants de sa position. Samuel Bernard, qui était sa seconde Providence, lui avait impitoyablement fermé sa caisse. Le financier, qui lui devait sa grande et rapide fortune, ne voulut pas la compromettre; il se montrait également sourd aux sollicitations, aux flagorneries de son successeur Desmarets; le nouveau ministre hasarda un dernier effort. Il parvint à faire adopter à Louis XIV l'expédient qu'il avait imaginé en désespoir de cause et qui consistait à amener le plus fier des monarques à caresser la vanité d'un financier. - L'histoire contemporaine offre des exemples de ce genre. Mais alors c'était un véritable prodige. Le besoin rapproche toutes les distances. Le duc de Saint-Simon raconte ainsi cette singulière entrevue du roi et

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