Au 1er janvier 1869 la population de fait s'élevait, d'après les relevés officiels à 174,678 habitants (84,651 m., 90,027 f.). Par suite des modifications constatées pendant l'année, elle a atteint au 31 décembre le chiffre de 176,706 habitants (86,167 masc., 90,539 féin.). Pendant l'année, il a été déclaré au bureau de l'état-civil 5,951 naissances qui se répartissent comme suit: Dans ce nombre sont comprises 109 naissances gémellaires (51 masc., 58 fém.) dont 93 légitimes et 16 illégitimes. Il a été célébré 1,701 mariages et prononcé 22 divorces. La mortalité a atteint le chiffre de 6,564 décès (3,329 m. et 3,235 f.), y compris 444 mort-nés soit une augmentation de 826 décès comparativement à la moyenne annuelle de la période septennale 1862-68. L'excédant du chiffre des décès (mort-nés exclus) sur celui des naissances est de 169. Moyenne quotidienne des naissances: 16,3 mariages : 4,6 Maximum de la mortalité quotidienne : 53 décès, le 4 février. 6 le 19 décembre. Le nombre des individus décédés à domicile est de 4,521, parmi lesquels on compte 1,563 indigents. Les hôpitaux, hospices et prisons ont fourni ensemble un contingent de 2,043 décès, soit 290 de plus que la moyenne correspondante des années 1864-68. QUELQUES FAITS et considérations relatifs à l'épidémie de choléra, qui a régné à Mons, du 13 juin au 15 octobre 1866, par M. le docteur WILLIÈME, correspondant (1). Le 6 juin 1866, le nommé Arthur Lambert, jeune homme demeurant à Bruxelles, arrivait chez ses parents, rue NotreDame à Mons. Il était en traitement depuis cinq ou six jours pour une affection peu grave en apparence, puisqu'elle ne l'avait pas empêché de parcourir en chemin de fer la distance. qui sépare ces deux villes, et qu'il fallut vivement insister, à son arrivée à Mons, pour obtenir qu'il consentit à retourner chez lui en voiture. Ses parents firent immédiatement appeler un médecin; celui-ci se crut d'abord en présence d'une sorte d'empoisonnement le malade racontait, qu'après avoir pris ⚫ du calomel, il avait, de son chef, fait usage d'eau citronnée. L'on supposa que le composé mercuriel avait été absorbé à la faveur de l'acide citrique. Le mal ne tarda pas à s'aggraver: il y eut dès le lendemain des selles et des vomissements; puis, survinrent des oppressions et du refroidissement. Ce jeune homme succombait le 9 juin à 10 heures du matin. Il fut enterré le lundi 11. Le lendemain, son père se rendait aux élections; rentrait chez lui sans accuser le moindre malaise; s'entretenait jusqu'à 10 heures du soir avec un parent, homme très-intelligent qui a rempli auprès de tous les membres de la famille le rôle d'infirmier. C'est de cet homme que nous tenons tous ces détails. Lambert père avait une première selle liquide, le 13 à 5 heures du matin; celte selle était bientôt suivie de plusieurs autres, ainsi que de fréquents vomissements. Il était (1) Mémoire communiqué à l'Académie dans sa séance du 23 février 1867, voir Bulletin, t. I. 3e série, no 2. atteint de choléra et succombait à quatre heures du soir. C'est le premier cas reconnu et constaté par la police locale. La dame Lambert tombait malade à son tour, le lendemain ; se trouvait dans une position fort grave, le 16 et le 17; mais la réaction finit par s'établir, et elle fut sauvée. Le 16 juin, un de nos confrères nous disait qu'il venait de rencontrer la maladie chez un garde-convoi faisant le service. entre Mons et Bruxelles. Le 17, à onze heures du matin, l'hôpital civil recevait son premier cholérique. A partir de ce jour, l'épidémie était déclarée; elle ne devait plus nous quitter avant la dernière quinzaine d'octobre. Elle commença à sévir dans le Grand-Biguinage. Ce quartier, composé d'un grand nombre de petites cours et d'impasses habitées par des familles pauvres, forme la partie basse de la ville, en aval, sur la Trouille. Quoique mieux aéré depuis la démolition de nos remparts, l'air y circule moins facilement que dans les autres quartiers: la caserne casematée demeurée debout au sud; les établissements de l'usine à gaz et l'hôpital civil au sud-ouest, l'hôpital militaire à l'ouest, avec les jardins clôturés de murs qui leur sont interposés, constituent une sorte d'écran qui interdit l'accès des vents qui soufflent de ces différentes directions. Au nord et à l'est, il est abrité par la colline sur laquelle est bâtie la partie haute de la ville. Ces conditions défavorables semblaient d'abord expliquer la première localisation du mal; mais à peine s'était-il fixé depuis quelques jours dans ce quartier, qu'il apparaissait rue du Grand-Quiéfroy et au Mont-du-Parc, deux points culminants, battus et balayés par les vents d'ouest et nord-ouest. I atteignait, dans le courant de la première semaine de juillet, la rue de Bertaimont, où il faisait de nombreuses victimes. Nous l'observions le 10 juillet dans la ruelle des |