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anneaux dans les étranglements herniaires. En effet, je ne conprends pas qu'il ait pu me supposer l'idée de nier les mouvements de totalité des aponévroses: car, évidemment, en rappelant les propriétés du tissu fibreux, je ne pouvais avoir en vue que ses mouvements intrinsèques et nullement ceux qui peuvent lui être communiqués, comme aux os, aux cartilages, etc. Pour ce qui est de l'action musculaire réflexe des muscles abdominaux, action provoquée par la douleur résultant de l'incarcération intestinale, je ne la nie pas; seulement je ne pense pas qu'elle puisse être considérée comme la cause active immédiate de l'étranglement. Mes raisons sont que j'ai peine à comprendre qu'une telle action puisse s'exercer d'une manière continue, sans interruption aucune, pendant un, deux, quatre, huit, et quelquefois dix jours et plus, ce qui devrait être cependant, si elle entrait comme élément principal dans la production de l'incarcération; ensuite, je pense qu'il est impossible d'expliquer de cette manière les étranglements opérés par le fascia cribriforme, par l'anneau ombilical, les éraillures de la ligne blanche, l'orifice abdominal du canal inguinal, attendu que l'action des muscles larges doit plutôt avoir pour résultat la dilatation que le resserrement de ces ouvertures aponevrotiques. Les bons effets du chloroforme dans les étranglements, que M. Lefebvre invoque à juste titre, ne prouvent rien en faveur de son opinion, car on peut tout aussi bien les expliquer en disant que l'anesthésie, en paralysant les muscles abdominaux, supprime une des forces qui poussent les gaz vers la partie herniée et qui les empêchent de rentrer dans la portion du tube intestinal qui est restée dans sa cavité naturelle.

J'ai donné, dans mon premier discours, une théorie de l'étranglement aigu fondée sur le rôle que jouent les gaz intestinaux dans la production de cet état morbide, et une explication déduite de la torsion qu'éprouverait l'intestin au niveau

des anneaux aponevrotiques. La première théorie n'est pas nouvelle, et je n'ai voulu que la préciser davantage et en étudier les éléments avec un peu plus d'attention qu'on n'a coutume de le faire; la seconde est neuve, et j'ai cru pouvoir l'établir après des observations que j'ai faites en répétant les expériences de M. O'Beirn.

M. Thiry n'admet ni l'une ni l'autre de ces théories. « La présence des gaz dans les étranglements mécaniques, primitifs, immédiats, n'est pas constante, dit-il, ou du moins leur quantité est peu considérable. Cela se comprend; dans ces cas, la tumeur est petite, dure, résistante, immédiatement douloureuse, et ne présente pas habituellement cette rénitence si évidente dans les hernies anciennes (p. 578). Ainsi, M. Thiry commence, pour me combattre, par émettre une contre-vérité flagrante, en admettant que la rénitence, c'est-à-dire la tension, est plus marquée dans les hernies anciennes que dans celles qui sont récemment étranglées; et, chose singulière, il affirme en même temps que dans celles-ci il y a plus de dureté et de résistance. Que faut-il, dans ces deux opinions contradictoires, considérer comme l'expression véritable de la pensée de M. Thiry? Si c'est la dernière affirmation, comme j'aime à le croire, voudrait-il me dire à quoi il attribue la dureté et la résistance de l'intestin, si les gaz n'y sont pour rien? Et voudrait-il aussi m'expliquer ce que signifie le son clair et plus ou moins tympanique que produit la percussion dans ces circonstances?

« Mon hypothèse est d'autant plus gratuite, dit M. Thiry, que, dans tous les cas, ces gaz seraient impuissants..... pour maintenir et prolonger l'étranglement. Rien ne serait, en effet, plus facile que de refouler ces gaz dans la cavité du ventre, soit par une compression douce, progressive, soit par l'application du froid sur la tumeur, puisqu'il est prouvé que le froid réduit con

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sidérablement la force expansive des gaz (p. 579). Comment se fait-il donc alors que souvent, après s'être épuisé en efforts inutiles de taxis et s'être décidé à faire l'opération, on trouve encore l'intestin distendu à un tel point, qu'avant le . débridement et quoique l'on ait les parties sous les yeux et sous la main, on ne puisse parvenir à en faire rentrer les gaz dans l'abdomen? Est-ce que M. Thiry prétendra que cela dépend de ce que l'on ne sait pas exercer convenablement le taxis? Dans ce cas, qu'il veuille bien répéter lui-même l'expérience de M. O'Beirn en imprimant à l'intestin la torsion sur laquelle j'ai insisté, et qu'après avoir obtenu cet effet il essaye, n'importe de quelle manière, de refouler les gaz contenus dans l'anse étranglée : il verra, comme je l'ai dit, qu'au lieu de les faire rentrer dans le bout d'intestin situé derrière le trou du carton, il fera, au contraire, sortir de nouvelles portions de ce bout qui viendront à leur tour entrer dans la composition de la hernie artificielle.

Après ces objections, M. Thiry en émet plusieurs autres qui ne prouvent qu'une seule chose, c'est qu'il prend une espèce de plaisir à bouleverser l'ordre de mes idées et à les enchevêtrer les unes dans les autres, de manière à en faire le plus inconséquent galimatias qu'il soit possible d'imaginer. Ainsi, il dit (p. 579), que puisque j'admets que l'épiploon et la matrice s'étranglent quelquefois, je fais un aveu qui renverse ma théorie de la dilatation gazeuse; il trouve encore que je fais une argumentation étrange en expliquant le mécanisme des étranglements par une comparaison tirée de ce qui se passe dans le paraphimosis, dans la compression d'un doigt par une bague ou d'une jambe par une jarretière. « Ce sont cependant là des organes pleins, dit-il. Il ne comprend pas que j'aie pu alléguer à l'appui de mon opinion que le cordon spermatique ne s'étrangle pas dans les entérocèles in

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guinales incarcérées: il n'y a là, dit-il, rien d'extraordinaire, car il ne peut, dans ce cas, partager le sort de l'intestin, qui y joue le rôle d'un intrus. « Éprouve-t-il, lui, dit M. Thiry, une striction anormale? Prétendriez-vous, par hasard, la faire exercer par l'intestin, qui est un organe creux? Alors, autant vaudrait soutenir que les effets de l'étranglement se ressentent par des anneaux et non par l'organe hernié-(p. 580). »

Je l'avoue, je suis tombé d'étonnement en étonnement en parcourant ces lignes. Comment! je fais une étude dans laquelle j'établis d'abord ce que je considère comme le mécanisme le plus ordinaire de l'étranglement aigu, puis, dans un examen subséquent, je recherche quels sont les résultats de cet étranglement ainsi établi, et M. Thiry s'empare de ces résultats pour me représenter comme les faisant servir à l'explication du mécanisme! N'est-ce pas là bénévolement raisonner à côté de la question? Qui ne voit que, si je me suis servi des exemples qu'il rappelle, c'est pour m'élever des phénomènes qu'ils présentent à ceux que doivent offrir les hernies incarcérées, non au moment où elles se forment, mais après qu'elles sont définitivement constituées? Est-ce que M. Thiry n'admettrait pas l'identité de ce qui se passe dans un tissu comprimé, soit que la cause de la striction s'exerce de dehors en dedans, soit qu'elle agisse de dedans en dehors? J'ai quelques raisons de le croire, si j'en juge par certains passages de son discours (p. 583); mais ne voit-il pas encore une fois qu'il confond ainsi les effets histologiques, qui sont produits dans les parties et qui ne varient pas, quelle que soit la direction de la compression, concentrique ou excentrique, avec les résultats d'ensemble, de totalité, qui sont, en effet, sujets à changer suivant le mode d'application de l'agent compressif? J'ai dit que l'épiploon s'étrangle quelquefois comme d'autres organes pleins; mais qu'est-ce que cela prouve contre

le mécanisme de l'incarcération de l'intestin par les gaz? Cette objection aurait quelque valeur si je n'admettais qu'une seule espèce d'étranglement; mais ai-je rien dit qui puisse me faire supposer une pareille idée ? J'ai allégué en faveur du mécanisme que j'ai assigné à l'étranglement aigu, tel que nous l'envisageons ordinairement, l'intégrité du cordon spermatique dans les entérocèles inguinales incarcérées; cela ne signifie rien, selon M. Thiry. Pardon, cela signifie que l'intestin s'étrangle, en se dilatant, sur l'anneau, tandis que le cordon, qui reste impassible, qui ne change pas de volume, échappe à la striction; ces phénomènes s'expliquent en admettant ma théorie; ils ne se comprennent pas en adoptant celle de M. Thiry car, si l'anneau se contractait circulairement sur les parties contenues, le cordon, qui se trouve sur un des points de sa circonférence, n'échapperait pas à cette action. Il n'y a rien dans tout cela qu'il faille rapporter ni à l'intrusion d'un voisin malhonnête, ni à des effets qui seraient ressentis par les anneaux au lieu de l'être par l'organe hernié.

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Mon honorable adversaire, après m'avoir combattu de la manière que l'on vient de voir à propos de l'incarcération par la dilatation gazeuse, argumente contre ce que je dis de la torsion de l'intestin. Il a fait et assisté à beaucoup d'autopsies d'individus morts à la suite d'étranglements, il a lu mes observations et jamais il n'a rencontré ce mouvement de torsion dans la tumeur herniaire (p. 580). » La raison en est que, « dans les étranglements mécaniques, la quantité d'intestin qui forme hernie est fort petite et ne peut pivoter sur elle-même. » Puis, ⚫ généralement, dans les hernies de force, le siége de l'étranglement se trouve, non aux anneaux externes, mais aux anneaux internes, de sorte que l'étranglement existe déjà lorsque l'intestin opère le phénomène indiqué. Dans tous les cas, cette torsion ne constituerait pas un étranglement,

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