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ne pouvait découvrir la trace de la double sous-acromiale ni de tumeur arrondie et affection que j'avais eu à traiter. dure dans l'aisselle. Creux sous-claviculaire conservé.

OBS. II. Avant d'avoir obtenu ce succès, j'avais pu en constater un autre. J'avais été consulté par Mme Ma..., de Saint-Sulpice, pour une petite fille âgée de deux mois et chez laquelle existait une omphalocèle assez peu prononcée, mais compliquée de fistule urinaire. J'avais vu cette enfant le 10 mai 1846; je lui avais appliqué le bandage que j'ai décrit plus haut, et, le 12 juillet, la guérison était complète. Cette guérison ne s'est pas démentie depuis.

OBS. III. Il y a trois mois, j'ai eu à traiter en ville un enfant du sexe masculin, affecté aussi d'une fistule urinaire bien caractérisée. Cet enfant appartient au garde-magasin militaire. Je vis l'enfant le 27 mars 1847. Je lui appliquai le bandage, et, le 28 avril, il était parfaitement guéri. Sa guérison a été aussi parfaite que chez les autres.

En livrant à mes confrères ces trois observations, je m'abstiens de tout commentaire. Je serai heureux si le traitement si simple, si facile, et en même temps si sûr que je propose, peut remplacer les opérations sanglantes ou autres que l'on a jusqu'ici employées pour guérir cette affection; et si les nombreux succès que j'ai retirés de son application dans les cas d'omphalocèle, peuvent le faire généralement adopter par les personnes qui cherchent avant tout à guérir leurs malades.

(Journ. des Conn. médico-chirurg.)

NOTE SUR LA LUXATION SPONTANÉR DE L'ÉPAULE; SES CAUSES ET SON TRAITEMENT.

Le fait suivant, qui est rapporté par M. Yvonneau, donne une juste idée des circonstances dans lesquelles ce déplacement peut se produire. Les détails de l'observation nous paraissent trop précis pour permettre des doutes bien sérieux sur la réalité de cette Inxation consécutive; aussi les relatons-nous dans leur totalité.

-

OBS. Un jeune homme, terrassier, fut apporté à l'hôpital de Blois. Renversé la veille et comme enseveli dans un éboulement, il se présenta à l'examen avec une entorse du coude-pied gauche, une plaic du poignet droit, et une tuméfaction notable du moignon de l'épaule droite avec ecchymose sur toute sa face externe et un peu sur sa face postérieure.

Il ne pouvait mouvoir le bras volontairement. Les mouvements imprimés étaient douloureux; le membre était rapproché de la tête sans difficulté. Abandonné à son poids, il restait dans une direction normale. Point de crépitation; pas de saillie anormale au moignon de l'épaule. Aucune dépression

Toute idée de luxation étant ainsi écar tée, on se contenta d'applications résolutives, le bras étant soutenu par un coussin. Le lendemain soir, il se plaignait d'une douleur vive à l'épaule; symptômes de réaction générale. (Saignée.)

Le troisième jour, il y a une amélioration sensible; mais la douleur de l'épaule n'a pas entièrement disparu. Le malade garde le lit à cause de son entorse.

Le cinquième jour, le malade se plaignit d'une douleur plus vive de l'épaule, qui avait commencé dans la nuit. Une déformation du moignon de l'épaule était visible; l'acromion faisait saillie. Au-dessous de cette apophyse, les parties molles se laissaient déprimer; on sentait une tumeur dure en avant de l'aisselle; le coude n'était pas sensiblement éloigné du trone. Malgré l'existence évidente d'une luxation tout récemment effectuée, le malade déclarait qu'il ne s'était pas levé, qu'il n'était pas tombé du lit, qu'il n'avait fait aucun mouvement qui pût en rendre compte.

Pour obtenir la réduction, le bras porté en haut, en dehors et un peu en arrière, fut ensuite ramené, en décrivant un are de cercle, en avant et en bas, puis fixé le long du corps dans la demi-flexion. La réduction fut aussi prompte que facile. On appliqua des compresses résolutives, et l'individu sortit au bout de vingt-deux jours, complétement guéri de sa luxation.

Deux autres faits de cette espèce ont été observés par M. Tonnelé : l'un est relatif à une jeune fille de 14 à 15 ans qui était tombée dans un appartement, l'épaule sur un meuble, et chez laquelle, après avoir constaté au moment de l'accident l'absence de luxation, le chirurgien fut appelé le sixième jour pour la reconnaitre et la réduire. L'autre cas est celui d'un vieillard qui, ayant glissé sur un parquet, était tombé sur le moignon de l'épaule. Plusieurs visites successives avaient permis de constater l'absence de déplacement de l'os jusqu'au huitième jour après la chute, où elle fut reconnue et réduite.

Hest probable, ajoute le rédacteur, que, dans ces cas, la luxation n'est pas complète dans le véritable sens du mot, c'est-à-dire qu'il n'y a pas déchirure de la capsule fibreuse, et que les surfaces articulaires ne s'abandonnent jamais entièrement.

Quant aux causes du déplacement consécutif, M. Yvonneau en compte trois, dont une contusion directe justifie en effet parfaitement l'existence: ce sont l'hydarthrose, qui allonge la capsule et qui prépare la luxa

comme

tion; la paralysie temporaire du deltoïde amenée par la contusion; enfin, cause déterminante, la contraction du pec·toral, déterminée par un mouvement volontaire ou involontaire du malade dans son lit, ou par un accès spasmodique.

- Quoique rien ne paraisse plus ration nel, plus vraisemblable, que cette étiologie ainsi comprise, il est cependant quelques points sur lesquels nous aurions désiré plus de renseignements, afin que les présomptions pussent se convertir en vérités d'observations, et que la possibilité de ce déplacement fût désormais acquise à la science comme fait expérimental rigoureusement établi. Ainsi on suppose que la luxation n'est pas alors complète; mais d'après quels signes le juge-t-on? A quelle différence séméiologique a-t-on reconnu que l'abandon réciproque des surfaces articulaires n'était que partiel? Le texte est muet sur cet ar ticle important.

Or il eût été d'autant plus intéressant de l'éclaircir par des détails exacts, qu'on eût en même temps dissipé un doute qui ne manquera pas de germer dans l'esprit de plus d'un lecteur. N'est-il pas possible, en effet, que, parmi ces luxations données comme secondaires, il y en ait eu un certain nombre qui n'étaient autre chose que des luxations ordinaires, primitives, mais que le gonflement inflammatoire a bien pu ne pas faire reconnaitre dans le premier moment? Pour vider cette difficulté, l'observateur eût, ce semble, dû, en faisant le tableau de l'état immédiatement après l'accident, s'attacher moins aux signes locaux qu'aux autres indices éloignés de luxation; car les premiers sont si aisément masqués par la tuméfaction traumatique, qu'il est peut-être imprudent de leur accorder une confiance exclusive, et de prononcer, d'après leur seule absence, que le déplacement n'a pas lieu. L'allongement du bras est au premier rang parmi les phénomènes du second ordre ou signes indirects; et justement aucune des observations n'en tient compte, soit pour l'indiquer, soit pour noter qu'il manquait. (Bulletin de Thérapeutique et Gazette médicale de Paris.)

DE L'EMPLOI DE LA POUDRE DE VIENNE DANS LES PHLEGMONS DIFFUS; par M. BOCAMY.-L'auteur, fondé sur une expérience assez étendue, préconise de préférence à tout autre moyen, dans le traitement du phlegmon diffus, la méthode de M. Long, qui consiste dans l'application multipliée, sur la région malade, de cautères avec la påte de Vienne.

Le moment d'opportunité pour leur cmploi n'est pas indifférent. Il ne faut pas les

établir dès le début du mal, mais attendre, au contraire, que la rémission des symptômes locaux et généraux soit bien déclarée, et que le doigt explorateur reconnaisse l'existence du pus disséminé dans les mailles du tissu cellulaire.

M. Bocamy est si persuadé de l'efficacité de cet héroïque moyen qu'il n'hésite jamais à le prodiguer. Un malade affecté d'un vaste phlegmon diffus de la cuisse eut dix-huit cautères appliqués simultanément à 2 centimètres de distance les uns des autres. Chacun d'eux offrait la largeur d'une pièce de 20 sous.

L'expérience suffirait bien à elle seule pour démontrer la valeur de ce procédé, qui nous paraît effectivement abréger de beaucoup la durée de la maladie en favorisant ensuite le recollement des parties que la · suppuration avait isolées. Mais l'auteur, appelant le raisonnement à son aide, avance que l'action du mélange de Vienne a encore un autre avantage, celui d'arrêter les progrès de la suppuration. « En effet, dit-il, it faut, pour ce but, changer la manière d'être des tissus malades, modifier, pour ainsi dire, leurs propriétés vitales. Or le caustique de Vienne n'irrite pas; mais il fait naltre une espèce de fièvre locale salutaire dont le but essentiel, dans le phlegmon diffus, est de tarir les suppurations ruineuses et le délabrement des tissus qui en est une conséquence nécessaire. »

Le fait pourrait bien être plus réel que l'explication ne paraît séduisante. Quoi qu'il en soit, et revenant aux préceptes pratiques, l'auteur spécifie que, dans ce mode de traitement, l'action du caustique sur les tissus doit être profonde; que, par conséquent, il importe de laisser la pâte de Vienne sur la peau pendant quinze à vingt minutes, au lieu de cinq à dix minutes, comme dans les cas ordinaires.

Si la collection purulente est déjà formée lorsqu'on est appelé auprès du malade, le caustique est encore indiqué : seulement on aura alors la précaution de faire avec la lancette une petite incision sur le centre du cautère préalablement appliqué.

(Gazette médicale de Montpellier et Gazette médicale de Paris.)

TRAITEMENT DES ULCERATIONS DU COL UTÉRIN PAR LA SOLUTION DE COTON-POUDRE; par M. MITCHELL.— On emploie habituellement dans ces maladies les attouchements avec la pierre infernale pour permettre à la solution de continuité de se cicatriser à l'abri de la couche protectrice que l'escarrhe lui forme. Mais souvent le but est dépassé et la cautérisation provoque une inflammation fâcheuse. C'est par la considération de

semblables accidents que M. Mitchell a été conduit à appliquer le collodion au traitement des ulcérations utérines.

Voici comment il procède.

La femme étant placée sur le côté gauche et le spéculum introduit, on essuie la surface ulcérée successivement avec plusieurs morceaux de linge jusqu'à ce qu'elle soit entièrement débarrassée du mucus adhérent qui la recouvre. Alors un pinceau de poil de chameau trempé dans le collodion est porté sur l'ulcération; et l'on attend environ deux minutes pour l'y laisser sécher complétement. On en dépose ainsi deux ou trois couches l'une après l'autre, si cela est né cessaire. Le premier contact détermine une légère sensation de brûlure causée par l'éther, puis un refroidissement dont l'évaporation rend compte.

Il faut renouveler le même pansement au bout de quarante-huit heures, parce que la sécrétion qui se rassemble sous ce vernis finit par le détacher. Dans les cas de simple abrasion, trois applications ont été suffi

santes.

Si la maladie est plus obstinée, s'il existe des granulations volumineuses, l'auteur emploie en premier lieu le nitrate d'argent, le nitrate acide de mercure, ou la potasse fondue, et dépose ensuite par-dessus l'escarrhe une couche du mélange siccatif. Il dit avoir réussi par ce procédé à guérir des ulcères étendus dans un espace de temps moindre de moitié que celui qui aurait été nécessaire sans l'auxiliaire du collodion.

Dans la vaginite sans ulcération, une couche de collodion étendue sur les parois du conduit enflammé diminue de beaucoup la douleur, qui résulte des moindres frottements. (Dublin medical Press et Gazette médicale de Paris.)

ABCÈS AIGU DU FOIE; OUVERTure par la LANCETTE ; GUÉRISON; par le docteur WILLIAM M'LEAN. L'observation rapportée par M. M'Lcan est intéressante sous plus d'un rapport: elle l'est d'abord, et surtout, en ce qu'elle offre un exemple bien formel d'un abcès du foie terminé par guérison. On sait que ces exemples-là ne sont pas fort communs. Si l'on voulait voir, dans les indurations fibreuses qu'on rencontre à la surface du foie, autant de signes d'abcès cicatrisés, cette dernière terminaison ne serait pas rare; mais quand on songe que de semblables indurations se rencontrent chez des sujets qui n'ont jamais éprouvé de symptômes aigus du côté du foie, et combien il est rare de voir de ses propres yeux un abcès manifeste du foie se terminer par la guérison, il est impossible

de se ranger à une telle opinion, soutenue néanmoins par des auteurs recommandables, et la fréquence même de ces indurations dépose contre la signification qu'on a voulu leur attribuer. Ici, pas le moindre doute sur ce fait, et il est d'autant plus à noter, que le sujet n'avait pas moins de 80 ans. Cet homme éprouva d'abord des frissons alternant avec de la chaleur et une sueur profuse; en même temps une douleur obtuse se fit sentir dans l'hypocondre droit, s'irradiant jusque dans l'épaule du même côté. La région hépatique était tuméfiée et douloureuse. Ces symptômes augmentèrent, malgré l'emploi de deux saignées, l'application de vingt sangsues et d'un vésicatoire loco dolenti, l'administration de poudres purgatives. Au bout de huit à dix jours de maladie, la tuméfaction était considérable à la région hépatique, et la fluctuation était évidente. Une lancette à abcès fut plongée sur la tumeur; il en sortit quatre soucoupes de pus bien lié, coloré par la bile. Une mèche fut introduite dans la plaie, et l'on pansa avec un cataplasme. La nuit suivante, il sortit encore une grande quantité de matière, et quand, le lendemain matin, on enleva la mèche, la plaie donna encore autant de pus mêlé de bile qu'immédiatement après l'incision. Le pouls était fréquent et déprimé. On prescrivit un peu de quinine, du vin et du bouillon. A partir de ce jour, l'écoulement purulent diminua peu à peu, et les symptômes généraux s'amoindrirent. On entretint les selles par l'emploi de pilules de coloquinte, et au bout de trois semaines, toute suppuration avait cessé. La convalescence ne tarda pas à être complète.

Il n'est pas douteux, d'après ces quelques détails, et en remarquant surtout le peu de temps qu'il a fallu au pus pour se présenter sous la peau, que l'abcès n'ait été, dès le début, superficiel. En outre, on a vu qu'il a suivi une marche tout à fait aiguë. Ces deux circonstances ont sans doute contribué beaucoup à l'heureuse issue d'une si grave maladie, en abrégeant sa durée et en ne permettant pas au pus de se frayer une issue à travers quelque organe interne, comme l'estomac ou le poumon. Le caractère aigu et franchement inflammatoire de l'abcès est sans doute la condition à laquelle il faut attribuer l'innocuité d'une mèche dans la plaic. En thèse générale, nous pensons qu'on devrait préférer l'ouverture sous-cutanée. Cette méthode aurait d'ailleurs ici un autre avantage que celui de prévenir l'introduction de l'air dans le foyer. En offrant au pus un conduit de décharge dans une direction déclive elle l'exposerait moins à tomber dans la cavité du péritoine, au cas où le foyer ne serait pas parfaitement cir

conscrit par des adhérences. L'observation ne dit pas quelles précautions on a prises pour s'assurer, autant que possible, de l'existence de ces adhérences avant de se décider à une ouverture par l'instrument

tranchant.

Nous ferons encore une remarque au sujet de cette observation : c'est qu'il n'y est en aucune façon question d'ictère. L'ictère a manqué, en effet, dans la plupart des cas connus d'abcès hépatiques. Si, comme le

pense M. Haspel (Mémoires de médecine, de chirurgie et de pharmacie militaires, t. LV), l'ictère, quand il existe, dépend surtout de la compression des canaux hépatiques par le liquide purulent, ce symptôme doit manquer spécialement dans les cas où l'abcès étant situé superficiellement, peut se déve lopper facilement du côté des parois abdominales, comme c'était le cas chez le malade de M. M'Léan. (Monthly Journ. of med. Sc. et Gazelle méd, de Paris.)

Chimie médicale et pharmaceutique.

Mémoire sur le CAFÉ; par M. PAYEN (1). - Payssé, Chenevix, Cadet de Vaux et Cadet de Gassicourt ont examiné la composition du café sans isoler aucun des principes immédiats; Runge découvrit et Robiquet étudia la caféine, substance azotée, cristallisable. Robiquet a signalé dans le café deux substances grasses, dont l'une lui parut analogue aux résines.

Un habile chimiste allemand, M. Rocheleder, examina, en 1844, les matières grasses du café: il en retira de l'acide palmitique et de l'acide oléique; il fit voir que le café ne contient pas de résine; indiqua la présence d'une substance azotée, la légumine. Le tissu résistant lui sembla formé de l'une des substances ligneuses que j'ai fait connaitre.

Malgré les efforts des savants dont je viens de citer les noms, les connaissances chimiques qui se rattachent à cet important produit laissent à désirer. J'ai entrepris de les pousser un peu plus loin.

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Examen organographique. La masse résistante, d'apparence cornée, formant le périsperme ou endosperme de ces graines dépouillées de leur péricarpe, présente sous le microscope un tissu de cellules juxtaposées, à parois épaisses, creusées de cavités irrégulières, communiquant entre elles par de petites ouvertures.

Les parois épaisses, désagrégées par l'aeide sulfurique en présence de l'iode, acquièrent cette coloration bleu indigo qui dénote la cellulose, puis se résolvent en solution gommeuse indiquant la dextrine. Les corpuscules organiques agglomérés, teints de couleur orangée par ces réactifs, signalent avec leur composition azotée : 1° une euticule périphérique recouvrant, dans tous leurs replis, les surfaces du périsperme; 2° les substances azotées spon

(1) Voir ce qui a été dit sur le café dans notre tome IV, pag. 621 et 811.

(2) La partie de l'extrait aqueux qui ne se dis

gieuses remplissant les cellules épidermiques, et renfermant des matières oléiformes; 3° dans les cellules plus internes, des corps granuleux analogues, contenant des substances grasses; 40 enfin des membranes lamelliformes, injectées des matières azotées, dans les méats intercellulaires.

Analyse immédiate. Le café doit être d'abord réduit en poudre fine et grossière, au moyen d'une lime ou sous le pilon; on l'épuise ensuite par l'éther dans un appareil à déplacement et distillation continue.

La solution éthérée donne, par le rapprochement à sec, une matière grasse que l'on épure au moyen de lavages à l'eau bouillante.

Les solutions aqueuses rapprochées laissent un résidu fauve ou brun, qui, traité par l'alcool anhydre (2), abandonne, après l'évaporation, un dépôt cristallin qu'il suffit de laver par l'alcool froid, dissoudre dans l'alcool bouillant et faire cristalliser, pour obtenir de ce traitement, répété deux fois, la caféine en prismes déliés, blancs et brillants.

La caféine pure ainsi obtenue, pour la première fois directement, est fusible à chaud et volatile sans résidu; ses vapeurs, condensées, reproduisent des cristaux sublimés en prismes incolores et diaphanes. Elle a donné, dans quatre analyses, des nombres qui diffèrent peu de la composition admise. Sa composition élémentaire et son poids équivalent, indéterminé jusqu'alors, correspondraient à la formule suivante :

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Le café que l'on a épuisé par l'éther est soumis à un lavage jusqu'à épuisement, avec l'alcool à 0,60; les solutions rapprochées en consistance légèrement sirupeuse, sont mêlées avec trois fois leur volume d'alcool à 0,85. Le liquide se sépare en deux parties l'une est visqueuse et se dépose; l'autre, très-fluide, surnage. On décante celle-ci, qui renferme la plus grande partie du composé cristallisable de nouveau. On peut s'en assurer en mettant une petite quantité de la solution dans un tube, puis y ajoutant une goutte d'ammoniaque: la coloration jaune virant au vert, graduelle ment plus intense, est l'indice certain de ce fait; il a conduit au procédé que nous décrivons, et sert encore de guide dans les opérations ultérieures, lorsque, ayant des eaux-mères à traiter, on cherche à éliminer par l'alcool les substances étrangères au composé que l'on veut obtenir. D'ailleurs, pour reprendre dans les divers précipités une partie du composé cristallisable, il suffit de les redissoudre à courte cau, puis de précipiter de nouveau par l'alcool à0,85 ou 0,90; le liquide surnageant entraîne en dissolution la substance cherchée.

Toutes les solutions alcooliques sont soumises à la distillation au bain-marie. Le résidu sirupeux est délayé avec 0,25 de son volume d'alcool à 0,90. Mis dans un endroit frais, il donne, au bout de vingtquatre ou de quarante-huit heures, des cristaux grenus que l'on recueille sur un filtre, et que l'on épure en les délayant avec de l'alcool froid à 0,65; on les lave sur un filtre par l'alcool de 0,70 à 0,85.

On le fait alors redissoudre à saturation dans l'alcool à 0,6, en chauffant le mélange au bain-marie. Le refroidissement donne des cristaux abondants et presque purs: ce sont des prismes groupés en sphéroïdes par la réunion de l'un de leurs bouts vers un centre commun. On achève l'épuration en redissolvant dans l'alcool et faisant cristalliser à deux reprises; on met enfin égoutter et dessécher dans le vide à 110 degrés centésimaux (1).

Propriétés et composition de la substance cristalline du café. On ne saurait comprendre les propriétés que manifestent certaines réactions sur cette substance sans connaître sa composition.

Le principe incolore de la riche coloration verte réside dans l'acide que je nomme, par cette raison, chloroginique. Le composé

(1) Dans tous les traitements qui ont pour but l'extraction et l'épuration du nouveau composé cristallisable, on doit faire usage d'eau distillée exempte d'air et de traces d'ammoniaque; cette cau sert aussi à étendre l'alcool pur aux différents degrés; enfin il convient de maintenir les solutions

cristallisable, ou sel naturel du café, est un chloroginate double de potasse et decaféine. Si on le frotte lorsqu'il vient d'être séché à 100 degrés sur une feuille de papier chaud encore, il s'électrise au point d'adhérer à une lame de couteau qu'on lui présente, et de s'y maintenir en flocons volumineux allongés.

Exposé à la chaleur, il n'éprouve aucune altération jusqu'à 150 degrés centésimaux; mais, vers 175 degrés, il se fond, développe une belle coloration jaune, entre en ébullition, se gonfle au point d'occuper cinq fois son volume, et reste spongieux, jaunâtre, solide et friable. Chauffé jusqu'à 250 degrés, sa nuance brunit; il est alors en partie décomposé. Les vapeurs qui s'en dégagent donnent, en se condensant, des cristaux aiguillés de caféine. Si l'on chauffe davantage, la coloration brune devient plus intense, une nouvelle fluidification s'opère, des vapeurs abondantes alcalines s'exhalent, la masse se tuméfie de nouveau au point d'occuper un volume quadruple, ou vingt fois plus grand que celui des cristaux secs employés; le charbon très-léger, ainsi obtenu, reflète à sa superficie des couleurs irisées (2).

C'est sans doute à la présence du chloroginate interposé dans la cellulose du périsperme que l'on doit attribuer surtout le gonflement des grains du café durant la torréfaction.

Ce sel double est à peine soluble dans l'alcool anhydre, mème à chaud.

Sa solution, saturée à chaud dans l'alcool à 95 degrés, le laisse cristalliser, par refroidissement, en prismes irradiés, sur quelques centres communs : plus soluble dans l'alcool à 85 degrés, sa cristallisation y est plus abondante par le refroidissement; la solubilité augmente avec les proportions d'eau. L'eau pure en dissout plus encore, et cette solution, saturée à chaud, se prend en masse par le refroidissement. La solution froide, évaporée dans une capsule, laisse sortir graduellement une couronne de cristaux très-fins en groupes mamelonnés. La solution aqueuse, même en voie de cristallisation, s'altère à l'air, et se colore en jaune, puis en brun verdâtre.

Les cristaux de chloroginate double chauffés légèrement, en contact avec la potasse, se colorent en rouge vermillon ou orangé; chauffé davantage, le mélange se fond, prend une couleur jaune, dégage

dans le vide ou sous des cloches en présence de l'acide sulfurique.

(2) Les phénomènes que nous venons d'indiquer ont été observés en opérant sur 1 décigramme de sel dans un tube ayant 5 millimètres de diamètre et Om, 12 de longueur.

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