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C'est ce qu'il nous sera facile de voir, Messieurs, en jetant un coup d'œil rétrospectif sur les travaux accomplis pendant l'année qui vient de s'écouler.

Mais auparavant, il ne sera peut-être pas inutile de nous rappeler à quelles fins nous avons cru devoir fonder une Société nouvelle. Et à ce sujet, Messieurs, je ne crois pouvoir mieux faire qu'en vous citant quelques lignes extraites d'un remarquable discours de M. le professeur Cruveilhier, discours prononcé en 1855 à la rentrée de la Société anatomique de Paris. Vous y trouverez, j'en suis sûr, l'expression de votre pensée, de même que j'y ai trouvé l'expression de la mienne.

« Notre Société, a dit M. Cruveilhier, n'est point une Société savante, mais bien une Société d'instruction médicale, une Société composée d'élèves arrivés à cette période de leurs études médicales où ils ne jurent plus sur la parole du maître et sont animés de cette noble indépendance qui ne sacrifie qu'à la vérité.

Son but essentiel est de discuter, non des points de doctrine, mais des points de faits; non de s'élever à des considérations générales et de donner des lois à la science, mais d'en recueillir laborieusement les matériaux, de juger ces matériaux, les pièces de conviction sous les yeux, de telle sorte qu'aucune observation ne puisse prendre place dans nos Bulletins sans être revêtue de tous les caractères de l'authenticité.

› Mais c'est là, Messieurs, une grande, une magnifique mission! »

Nous pouvons nous le dire, quelles que soient les épithètes dont M. Cruveilhier daigne la qualifier: c'est bien là aussi notre mission à nous! C'est là ce que nous voulions, ce que nous voulons

encore.

Nous voulons voir, parce que voir c'est savoir; parce que c'est le moyen par excellence, surtout en médecine pour échapper aux jugements erronés, aux spéculations fausses, sources de tant de mécomptes dans le science et de tant de dangers dans la pratique. Et nous nous sommes entendus pour voir plus et pour voir mieux tous profitant de la sorte du travail de chacun, et chacun dans son travail s'éclairant des lumières de tous.

» Je ne m'étendrai pas davantage sur ce sujet, Messieurs ; j'ai cru qu'il était convenable de vous ramener un instant à notre point de départ. M. Cruveilhier vous a spécifié pour moi, et notre but, et les moyens par lesquels nous nous efforçons de l'atteindre. J'en reviens actuellement à

ce qui fait plus particulièrement l'objet de notre réunion.

Cette fois, du reste, ma tâche se trouve singulièrement facilitée. Je n'ai pas, comme l'année dernière, à vous rappeler les travaux que nous devons à la plupart de nos membres; je n'ai pas non plus à vous énumérer les nombreuses pièces pathologiques qui font actuellement partic de nos collections. Le Bulletin que nous avons publié dans le courant de l'année, se trouve avoir, à défaut d'autre mérite, au moins celui d'être le résumé fidèle et consciencieux de nos différentes productions. C'est le catalogue raisonné de ce qui nous est passé sous les yeux.

Les noms de nos membres effectifs, ceux des nouveaux membres que nous avons reçus ont été publiés. Je n'ai pas à m'en préoccuper.

Quant à nos travaux, tout ce que je puis faire, c'est, me bornant à quelques citations, de vous signaler comme ayant surtout appelé votre attention et provoqué votre curiosité. Ces tumeurs ovariques, présentées par M. le professeur V. Uytterhoeven et sur lesquelles il a tenu à vous faire constater le mode d'action et les avantages de son nouveau procédé opératoire. Ces cas de déformation de la charpente osseuse soit par suite de rachitisme, de mal de Pott, soit par suite de luxation spontanée et de carie de l'articulation coxo-fémorale, et grâce auxquels nous avons pu suivre pas à pas, avec M. Roger, les progrès et la marche d'affections osseuses encore si obscures et pourtant si importantes à bien connaître.

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Ces tumeurs de toutes espèces et de toute nature recueillies principalement par M. E. Allix, dont le zèle ne s'est jamais ralenti. Cet exemple si singulier de mort subite par suite de rupture des cordes tendineuses de l'une des colonnes charnues de la valvule mitrale, découvert et décrit par le même; et ce spécimen de cancer épithelial de la main présenté par M. Lebrun, pièces pathologiques dont M. d'Udekem a reproduit les dessins coloriés avec un rare talent et une exactitude des plus scrupuleuses;-enfin, Messieurs, et pour en finir, - ces deux cas de ramollissements aigus du foie qui nous mettaient si heureusement au courant d'une lésion grave, objet, pour le moment, de préoccupation scientifique en France, et d'études approfondies en Allemagne et en Angleterre.

Quelques observations ont été publiées in extenso; beaucoup et des meilleures se trouvent encore dans nos archi

ves et ne pourront, qu'à tour de rôle, être livrées à la publicité. Et à ce propos, Messieurs, et puisqu'il s'agit ici de publications faites et à faire, je me permettrai quelques réflexions qui ne rentrent peutétre pas précisément dans mon cadre, mais qu'il me semble pourtant assez important de soumettre à votre appréciation.

Quelques membres, et de ceux d'entre nous dont le jugement est le plus souvent et à plus juste titre considéré, ont émis l'opinion que cette publicité que nous donnions à nos réunions hebdomadaires était tout au moins inutile.

Ils voudraient que nous travaillassions uniquement pour nous mêmes et que nous nous bornassions à étudier pour ainsi dire en famille, ces matériaux dus à nos investigations; considérant comme de trop de faire connaître aux autres que nous avions vu telle ou telle chose, que nous avions relativement à tel fait telle ou telle manière de penser.

Certes, Messieurs, et là-dessus nous sommes tous du même avis, le plus grand iutérêt de notre Société réside dans nos réunions hebdomadaires. La question de voir est, comme j'avais l'honneur de vous le dire tout à l'heure, celle qui pour nous prime toutes les autres. Elle est, si je puis m'exprimer de la sorte, le point vital de nos séances.

Mais en dehors de ce fait principal, n'en existe-t-il pas d'autres qui ont aussi leur valeur, qui s'y rattachent ou en découlent naturellement?

Ces matériaux dont les descriptions ont été faites a les pièces de conviction sous les yeux, ces observations revêtues de tous les caractères de l'authenticité, ainsi que le veut Cruveilhier, ne constituent-ils pas pour les autres une source de renseignements précieux? Et, si parfois nous sommes heureux de recueillir ailleurs que chez nous des faits qui viennent réformer ou simplement éclairer nos jugements et compléter nos études, ne devons-nous pas nous efforcer de donner aussi tout ce que nous sommes capables de donner?

Nous avons peu produit jusqu'ici et déjà, n'est-ce pas grâce à la connaissance de l'objet de nos investigations que nous avons vu siéger parmi nous et que nous avons l'espoir de voir encore des hommes, des savants dans le commerce desquels nous avons beaucoup à gagner? N'est-ce pas elle qui nous a valu l'envoi de pièces pathologiques rares, qui sans cela eussent été perdues pour nous? Qui pourrait nier, du reste, que la pu

blicité provoque un examen plus approfondi, qu'elle ouvre à la discussion de nouveaux horizons, qu'elle soit un contrôle nouveau d'où la lumière doive nécessairement jaillir plus vive et plus éclatante? Loin donc de la répudier pour nos travaux quelque modestes et quelque humbles que nous les jugions, désirons-la, au contraire, la plus large et la plus complète possible.

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Au surplus, ce n'est pas en Belgique qu'il faut chercher à tarir cette source d'instruction. En général, nous ne sommes que trop portés à nous taire et à garder et cela pour nous ce que nous savons à notre détriment mutuel, forcés que nous sommes alors d'aller chercher au loin, et vous le savez, Messieurs, a beau mentir qui vient de loin —, ce que nous eussions pu trouver, avec toutes les garanties désirables, peut-être chez notre voisin le plus proche.

Persévérons donc dans la voie où nous sommes engagés, et sachons gré à l'excellent recueil scientifique qui a bien voulu nous servir d'intermédiaire avec le public, sachons-lui gré de l'empressement et de la courtoisie qu'il a mis à nous recevoir au nombre de ses collaborateurs.

Mais n'oublions pas, pour que nos publications répondent dignement à l'accueil sympathique qu'elles ont généralement reçu, n'oublions pas, dis-je, qu'il nous reste encore bien des lacunes à combler, bien des taches à faire disparaître. Les notes manuscrites, les renseignements détaillés, font trop souvent défaut à ceux qui sont chargés de rédiger les procèsverbaux, pour que, quoi qu'ils y mettent de bonne volonté, ils puissent toujours accomplir leur mission d'une façon satisfaisante. Il ne faut pas l'oublier : rendre convenablement ses propres idées n'est déjà pas chose des plus aisées, et la besogne est bien autrement ardue quand il s'agit de formuler la pensée d'autrui. Cette irrégularité, facile à corriger, il suffira j'en suis convaincu, de faire appel à votre bonne volonté pour qu'elle ne se reproduisc plus. Les autres améliorations elles surgiront d'elles-mêmes, petit à petit, dans le courant de l'année; je ne m'arrèterai pas à vous les signaler.

Quant à vos collections, elles se sont, vous le savez, accrues de pièces rares et curieuses, dans le détail desquels je crois d'autant moins devoir entrer qu'elles se trouvent indiquées par l'énumération de nos principales observations: l'une étant toujours chez nous la compagne néces saire, le corollaire indispensable de l'au

tre. Certes, nous n'avons pas tout conservé. Nous nous sommes, au contraire, montrés parfois sévères dans le choix à opérer. Malgré cela nous possédons un ensemble de spécimens fort respectable et qui ne fait que gagner tous les jours, tant sous le rapport du nombre et de l'intérêt que sous celui de la bonne préparation. .

En résumé, Messieurs, la Société marche, fonctionne régulièrement. Elle n'a depuis un an cessé de progresser. Elle accomplit chaque jour des travaux utiles et sérieux. Laborieusement, minutieusement elle recueille les faits et précise les observations. Plus tard d'autres viendront à qui incombera la tache de les systématiser.

Les quelques difficultés qui pourraient encore entraver notre marche, comptons sur l'avenir pour les dissiper, et l'avenir encore nous tiendra ses promesses.

Mais n'oublions pas que si nous devons beaucoup à nous-mêmes, que si nous pouvons être fiers du résultat de nos constants efforts, de hautes protections, de bienfaisantes influences ont fait disparaître bien des empêchements qui sans elles eussent pu devenir des obstacles parfois insurmontables. La Faculté de médecine, le

Conseil d'administration de notre Université, et surtout le Conseil général des Hospices qui, par une dérogation toute spéciale à ses règlements, nous a largement ouvert la porte de ses amphithéâtres, ont droit à toute notre reconnaissance et je suis heureux d'être en ce moment votre interprète pour la leur témoigner hautement et publiquement.

On

Enfin, Messieurs, si nous avons été à même de nous diriger dans l'étude d'une science neuve encore pour beaucoup d'entre nous, si nos assemblées ont toujours été fructueuses et remplies d'enseignements, c'est à notre honorable Président que nous en sommes redevables. peut dire de lui qu'il a fondé deux fois la Société une fois en la constituant; une seconde fois en la maintenant et en la faisant prospérer par son habile et savante direction. Et dès notre début, alors que nous n'étions rien, le nom seul du professeur Gluge a suffi pour que notre Société prît, sans autre bannière, un rang respectable et respecté parmi ses sœurs.

C'est donc à lui que revient avec l'honneur de nous avoir fait ce que nous sommes, la meilleure partie de nos éloges et de nos sentiments de gratitude. »

IV. VARIÉTÉS.

Société des Sciences médicales et naturelles de Bruxelles.

Programme des questions proposées pour le concours de 1860.

Première question. — Donner un résumé des progrès de la psychologie physiologique et pathologique dans le but d'établir une classification des maladies mentales basée sur les rapports qui doivent exister entre les phénomènes psychiques et somatiques. Prix une médaille d'or de la valeur de 300 francs.

2me Question. Discuter au point de vue des connaissances physiologiques et chimiques actuelles, les différentes méthodes de pansement des plaies et établir, sur des expériences cliniques, le mode d'action des agents qui ont été employés dans ces circonstances. Prix : une médaille d'or de la valeur de 200 francs.

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En d'au

tation des classes ouvrières. tres termes, déterminer jusqu'à quel point la loi des équivalents nutritifs est applicable à l'homme, dans les diverses conditions tant morales que physiques auxquel les il peut se trouver soumis. Appuyer, autant que possible, les règles proposées sur des expériences positives et sur des exemples tirés de l'influence que l'alimentation a pu exercer sur certains peuples à différentes époques et dans différentes régions du globe. - Prix : une médaille d'or de la valeur de 200 francs.

4me Question. Cette question est laissée au choix des concurrents, mais elle devra embrasser un sujet quelconque du domaine de la médecine, de la chirurgie ou de la tocologie (art des accouchements).— Prix une médaille d'or de la valeur de 100 francs.

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PRIX SEUTIN. des différents modes de réduction de l'étranglement herniaire et indiquer celui auquel on doit donner la préférence, en apportant des faits à l'appui. Préciser les circonstances pathologiques et anatomiques qui rendent la kélotomie obligatoire et indiquer le procédé opératoire auquel il convient de recourir pour éviter le plus sûrement les graves accidents qui résultent souvent de cette opération. valeur de ce prix est de 500 francs.

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Conditions du concours. Les membres titulaires et les membres honoraires de la Société, résidant à Bruxelles ou dans la banlieue, sont seuls exclus du concours. Les mémoires devront être écrits

lisiblement en français, en latin, en allemand, en hollandais ou en anglais et être remis (franco), avant le 1er octobre 1860, chez le Secrétaire de la Société, M. le docteur Van den Corput, rue de la Chancellerie, 12. Ils doivent être accompagnés d'un billet cacheté contenant les noms, qualités et domicile de l'auteur et portant sur l'enveloppe la devise ou épigraphe placée en tête du mémoire. Les mé

moires dont les auteurs se seraient fait connaître directement ou indirectement, ceux qui auraient déjà été publiés ou présentés à une autre Société savante et ceux qui parviendraient au secrétariat après l'époque fixée, ne seront pas admis à concourir.

Ainsi arrêté en séance du 7 novembre 1859. Le Président, Dr DIEUDONNÉ.

Le Secrétaire, Dr VAN DEN CORPUT.

Les pharmaciens de Gand, membres de l'Union pharmaceutique de la Flandre occidentale, se sont engagés sur parole à ne jamais compter moins cher que leurs confrères les médicaments qu'ils auraient à préparer après que ces mêmes médicaments auraient déjà été préparés dans quelque autre pharmacie de la ville. Le pharmacien qui exécute une ordonnance en dernier lieu, n'en doit remettre la copie qu'après y avoir apposé son cachet et y avoir marqué le prix de vente au moyen de signes conventionnels connus de tous les contractants.

(Ann. méd. de la Flandre occid., No 15.)

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Le 10 novembre est mort à Amsterdam, le docteur GÉRARD VROLIK, ancien professeur de botanique, de physiologie, d'anatomie et de l'art des accouchements. Le docteur Vrolik, dont la réputation était européenne, est mort à 84 ans ayant conservé jusqu'au dernier jour toute la plénitude de ses facultés intellectuelles.

Le docteur CHAUMET, professeur de clinique chirurgicale à l'École de médecine de Bordeaux, qui était depuis quelque temps convalescent d'une maladie grave, vient d'être enlevé par une apoplexie fou droyante.

-Pour la Belgique, nous avons a enregistrer les décès de MM. CLOSSET, docteur en médecine à Cornesse (Liége), Séb. M. HENRY, docteur en médecine, à Namèche (Namur), VAN HELDEREN, docteur en médecine, à Cortemarcq (Fland, occid.) et KELDERMAN, officier de santé et bourgmestre à Moere (Fland. occid.).

FIN DU VINGT-NEUVIÈME VOLUME.

DES MATIÈRES CONTENUES DANS CE VOLUME.

Abcès de la hanche et de la cuisse (Sur
les), 646.
Académie de médecine de Belgique, 91.

de Paris (Séances de l'), 95, 96,
99, 184, 186, 187, 188, 190, 192, 195,
194, 196, 533, 536, 557, 558, 539,
541, 542, 544, 623, 628, 630, 631,
633, 635, 637, 639, 640.
Accouchements; de la version du fœtus
par un seul pied et de la généralisation
de cette méthode, 160.

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