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tirait ses informations. Les personnes chargées de nos affaires dans la méditerranée, peuvent seules expliquer pourquoi l'on n'a fait aucune enquête sur la perte de Capri.

Envoyé ensuite dans les îles Ioniennes, sir Hudson Lowe parvint à se faire porter sur la liste de l'état-major de l'armée, lorsque lord N. Bentinck vint prendre le commandement de nos troupes en Sicile; et par une circonstance plus heureuse encore, il fut nommé agent militaire près l'armée prussienne commandée par le maréchal Blücher. Dans cet emploi il se distingua par la clarté de ses rapports et des détails qu'il donna des opérations du maréchal dans la campagne de 1814. Il est évident qu'il se servit alors d'une autre plume que celle qui a transmis, depuis, ses dépêches de Sainte-Hélène. Sa dernière promotion a été celle de lieutenant général, gouverneur de Sainte-Hélène. La postérité jugera (car il a, comme tant d'autres grands hommes, des droits à passer à la postérité), sa conduite, sa manière de maintenir l'honneur de son pays, et les droits qu'il a à l'estime de ses contemporains.

Voyons maintenant quelle a été la conduite de l'ex-espion en chef de Capri, depuis qu'il est lieutenant général.

Avant l'arrivée de sir Hudson Lowe à Sainte

Hélène, il existait des rapports de société entre les prisonniers et les habitans de l'île et au lieu de fuir la vue d'un homme habillé de rouge, comme on fuit celle d'un basilic (1), il ne se passait pas de semaine que des officiers anglais en uniforme ne fussent admis à la table de Napoléon. Ce prince sortait souvent alors à cheval ou en voiture; ainsi sa personne fut en peu de temps connue de ceux qui étaient préposés à sa garde,

Il est un fait qui mérite qu'on le fasse remar quer, c'est que tout le temps que le système de sir George Cockburn fut suivi, il ne partit aucune lettre de Longwood, qui n'eût été remise au gouverneur. Cet ordre de choses, s'il n'était pas agréable, était au moins supportable, et la décence était en quelque sorte observéc. Immédiatement après le départ de sir George, sir Hudson Lowe changea entièrement les ordonnances établies par son prédécesseur, quoiqu'elles eussent été approuvées par le gouvernement, et que les Français en eussent paru satisfaits; nous ferons observer que, pendant les neuf mois qu'elles ont été suivies, elles n'avaient produit aucun inconvénient. Pour les remplacer, sir

(1) Allusion à ce que quelques journalistes ont dit de l'aversion que Napoléon avait pour les uniformes anglais.

Hudson introduisit un système de restrictions qui n'a pas d'exemple dans l'histoire d'Angleterre; il prétendit qu'il n'avait rien changé que d'après les avis de sir George Cockburn, qui, avant son départ, lui avait avoué, disait-il, que les réglemens établis, avaient beaucoup d'inconvéniens. Cet artifice ne produisit cependant pas l'effet qu'il en attendait, car personne à Longwood n'ajouta foi à ses assertions. Napoléon se confina dans ses appartemens, parce que, disaitil, les restrictions imposées par le gouvernement étant dégradantes, s'il s'y soumettait on le représenterait comme un homme qui aurait sacrifié sa réputation, et accepté des conditions humiliantes, même celles d'être conduit, comme une bête féroce, par son geôlier, afin d'acheter quelques années qu'il devait passer dans une déshonorante captivité.

Cet état d'inactivité et de reclusion, joint aux effets du climat, et au manque de société et de distractions, devait nécessairement occasionner des maladies à un homme dont les facultés morales et physiques avaient, depuis sa plus grande jeunesse, été employées de la manière la plus active: aussi l'hépatite (Hepatitis) et tous les dangereux symptômes qui l'accompagnent, se declara-t-elle bientôt. (Voyez ci-après le chapitre Maladie de N.)

Lorsque les compagnons d'exil du monarque détrôné se plaignaient des mauvais traitemens qu'ils essuyaient, sir Hudson Lowe leur faisait savoir verbalement qu'on les chasserait de l'île, et accompagnait cet avertissement d'extraits de sa correspondance avec lord Bathurst: voici quelques échantillons.

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« Il serait à désirer que les officiers qui ont «la permission de rester avec lui, apprissent « que la continuation de leur résidence à Sainte« Hélène est un acte d'indulgence du princerégent, afin de rendre au général Bonaparte sa reclusion aussi supportable qu'il est possible. « Il faut qu'ils sachent que l'abus de cette indul«gence, de sa part, ou de la leur, forcerait son << altesse royale à changer de système à leur égard.

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« S'ils connaissaient leur véritable position, il « y a lieu de croire qu'ils ne vous auraient pas envoyé les déclarations dont vous m'avez transmis la copie. »

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Londres, le 9 juillet 1816.

Quant aux agens de sa suite, on ne saurait « leur rappeler trop souvent que l'autorisation « de résider à Sainte-Hélène est une indulgence « de la part du gouvernement anglais; et vous « leur direz que vous avez reçu l'ordre positif

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« de les éloigner de la personne du général Bo

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naparte, s'ils ne se conduisent pas vis-à-vis « de vous avec le respect dû au răng que vous oc« cupez, et s'ils osent enfreindre les réglemens « que vous avez faits; ce n'est qu'à cette con«dition-là que leur résidence dans l'île est « tolérée. »

Le 17 juillet 1818.

« J'ai reçu et soumis au prince-régent votre dépêche n° 25, du 29 août.

«Quelque doute que vous ayez pu avoir sur << la manière dont vous deviez vous conduire avec «<les personnes de la suite de Bonaparte, ma dépêche du 17 juillet doit l'avoir dissipé.

« Si l'occasion s'en présente, vous ne manquerez pas de faire savoir au général Bonaparte, que si la continuation des services de ces per«sonnes lui est agréable, elle ne peut lui être assurée que par le respect qu'elles porteront à « votre rang et à votre autorité. »

BATHURST.

En conséquence de ces menaces, les officiers français adoptèrent le plan de faire parvenir leurs réclamations par des moyens détournés, afin qu'on eût égard à leurs justes plaintes.

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