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intime et tendre, et ils ne tardèrent pas à se marier.

« On reprochait à Schoerer, commandant l'armée d'Italie, de ne pas avoir su profiter de la bataille de Loano. Depuis on était peu satisfait de sa conduite; on voyait à son quartier-général de Nice beaucoup plus d'employés que de militaires. Ce général demandait de l'argent pour solder ses troupes et réorganiser les différens services; il demandait des chevaux pour remplacer les siens, qu'on avait laissé périr faute de subsistances. Le gouvernement ne pouvait donner ni l'un ni l'autre. On lui fit des réponses dilatoires; on l'amusa par de vaines promesses. Il fit connaître alors que si on tardait davantage il serait forcé d'évacuer la rivière de Gênes de revenir sur la Roya, et peut-être même de repasser le Var. Le directoire résolut de le remplacer.

« Un jeune général de vingt-cinq ans ne pouvait rester plus long-temps à la tête de l'armée de l'intérieur. Le sentiment de ses talens, et la confiance que l'armée d'Italie avait en lui le désignèrent comme le seul capable de la tirer de la fâcheuse position où elle se trouvait. Les conférences qu'il eut avec le directoire à ce sujet, et des projets qu'il lui présenta, ne laissèrent plus aucun doute. Il partit pour Nice; et le général

Hatry, âgé de soixante ans, vint de l'armée de Sambre-et-Meuse le remplacer à l'armée de l'intérieur, laquelle avait perdu son importance depuis que la crise des subsistances était passée, et que le gouvernement se trouvait assis. »

RETOUR D'ITALIE.

PAR L'EMPEREUR NAPOLEON.

BONAPARTE partit de Rastadt, traversa la France incognito : il arriva à Paris sans s'arrêter, et descendit à sa petite maison, Chaussée-d'Antin, rue Chantereinc. Une délibération de la municipalité de Paris donna quelques jours après à cette rue le nom de rue de la Victoire. Le corps municipal, l'administration du département, le conseil, cherchèrent à l'envi les moyens de lui témoigner la reconnaissance nationale. On proposa au conseil des anciens de lui donner la terre de Chambord et un grand hôtel à Paris. C'eût été tout-à-fait convenable. Le général de l'armée d'Italie, qui, pendant deux ans, avait nourri son armée, créé et entretenu son matériel, soldé plusieurs années de solde arriérée, fait passer trente ou quarante millions aux caisses de France, et plusieurs centaines de millions en chefs-d'œuvre des arts, tout aux affaires publiques, avait négligé sa propre fortune. Il ne possédait pas cent mille écus en argenterie, bijoux, argent, meubles, etc.

Une grande récompense nationale eût donc été tout-à-fait à sa place; mais le directoire, sans qu'on sache pourquoi, s'alarma de cette proposition, et ses affidés l'écartèrent en répondant que les services du général n'étaient point de ceux qu'on récompense avec de l'argent.

« Dès son arrivée, les chefs de tous les partis se présentèrent chez lui; mais ils n'y furent point admis. Le public était extrêmement avide de le voir; les rues, les places par où on croyait qu'il passerait, étaient pleines de monde, mais il ne se montrait nulle part.

L'institut venait de le nommer membre de la classe de mécanique? Ce fut le costume qu'il adopta.

. Il ne reçut d'habitude que quelques savans, tels que Monge, Bertholet, Bordas, Laplace, Prony, Lagrange; peu de généraux, seulement Kléber, Désaix, Lefebvre, Caffarelli-Dufalga, et un petit nombre de députés. Le directoire voulut le recevoir en audience publique. On fit des échafaudages dans la place du Luxembourg pour cette cérémonie, où il fut conduit et présenté par le ministre des relations extérieures, Talleyrand. La substance de son discours fut que, quand la république aurait les meilleures lois organiques, son bonheur et celui de l'Europe seraient as

surés. Il évita de parler de fructidor, des affaires du temps et de l'expédition d'Angleterre.

«Ce discours simple donna cependant beaucoup à penser, et ne put donner prise à aucun ennemi. Le directoire et le ministre des relations extérieures lui donnèrent deux fêtes. Il parut à l'une et à l'autre, y resta peu; il eut l'air d'être peu sensible à ces fêtes. Celle du ministre des relations extérieures, Talleyrand, fut marquée au coin du bon goût; tout Paris y était.

« Une femme célèbre, déterminée à lutter avec le vainqueur de l'Italie, l'interpella au milieu d'un grand cercle, lui demandant quelle était à ses yeux la première femme du monde, morte ou vivante. Celle qui a fait le plus d'enfans, répondit-il.

« On courait aux séances de l'institut pour y voir le général; il n'y manquait jamais. Il n'allait aux spectacles qu'en loges grillées. Il rejeta bien loin la proposition des administrateurs de l'Opéra, qui voulaient donner une représentation d'apparat. Le maréchal de Saxe, Lowendal, Dumouriez, y avaient triomphé au retour de l'armée.

« Lorsqu'au retour d'Egypte, lorsqu'au 18 brumaire, il parut aux Tuileries, il était encore inconnu aux habitans de Paris, ce qui redoubla le désir de le voir.

« Le directoire lui témoignait les plus grands

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