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QUEN AVEZ-VOUS FAIT?

L'ATTENTE.

L'AURORE a chassé les oragaz

Elle

D'un voile de pourpre et d'azur
pare un ciel sans nuages;

L'onde roule un cristal plus pur;
Sur un gazon humide encore,
Aux premiers regards du soleil,
La rose se hâtant d'éclore
Ouvre un calice plus vermeil;
Un zéphire plus doux la caresse;
Les oiseaux sont plus amoureux;
La vigne avec plus de tendresse
Embrasse l'ormeau de ses nœuds.
Dans ces retraites solitaires,
Tout s'embellit de mon espoir:

Frais gazons, beau ciel, ondes claires,
Sauriez-vous qu'elle vient ce soir?

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QU'EN AVEZ-VOUS FAIT?

Le vôtre est rendu,
Le mien est perdu!

La feuille et la fleur
Et le fruit lui-même,
La feuille et la fleur,
L'encens, la couleur:

Qu'en avez-vous fait,
Mon maître suprême?
Qu'en avez-vous fait
De ce doux bienfait?

Comme un pauvre enfant
Quitté par sa mère,
Comme un pauvre enfant
Que rien ne défend:

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Vous me laissez là,

Dans ma vie amère,

Vous me laissez là,

Et Dieu voit cela!

Savez-vous qu'un jour

L'homme est seul au monde?

Savez-vous qu'un jour

Il revoit l'amour?

Vous appellerez,

Sans qu'on vous réponde,

Vous appellerez,

Et vous songerez !.

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VERGISS MEIN NICHT!

Vous viendrez rêvant,
Sonner à ma porte:

Ami comme avant,

Vous viendrez rêvant.

Et l'on vous dira:

«Personne !...
... elle est morte !»

On vous le dira:

Mais qui vous plaindra?

MME. DESBORDES-VALMOWY.

VERGISS MEIN NICHT!

Paroles faites sur la musique de Mozart.

RAPPELLE-TOI, quand l'Aurore craintive

Ouvre au Soleil son palais enchanté ; Rappelle-toi, lorsque la Nuit pensive Passe en rêvant sous son voile argenté; A l'appel du plaisir lorsque ton sein palpite, Aux doux songes du soir lorsque l'ombre t'invite, Écoute au fond des bois

Murmurer une voix:
Rappelle-toi.

Rappelle-toi, lorsque les destinées
M'auront de toi pour jamais séparé,
Quand le chagrin, l'exil et les années

Auront flétri ce cœur désespéré ;

Songe à mon triste amour, songe à l'adieu suprême! L'absence ni le temps ne sont rien quand on aime.

BALLADE.

Tant que mon cœur battra,
Toujours il te dira:
Rappelle-toi.

Rappelle-toi, quand sous la froide terre
Mon cœur brisé pour toujours dormira;
Rappelle-toi, quand la fleur solitaire

Sur mon tombeau doucement s'ouvrira:
Je ne te verrai plus; mais mon âme immortelle
Reviendra près de toi comme une sœur fidèle.
Écoute, dans la nuit,

Une voix qui gémit:
Rappelle-toi.

A. DE MUSSET.

BALLADE.

VIVE hirondelle qui voyages

Dans le palais des blancs nuages,
N'as-tu pas vu mon bien-aimé ?
- Pas une voix ne l'a nommé.

-Alouette, de loin venue,
Qui te balances dans la nue,
N'as-tu pas vu mon adoré?

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— Non, je ne l'ai pas rencontré.

-Forêt qui chantes et murmures,
Sous le toit vert de tes ramures,
N'as-tu pas vu mon bien-aimé?
-Non, personne ici n'a passé.

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LE BONHEUR DOMESTIQUE.

- Rocher qui dresses dans l'espace
Ta cime où l'aigle plane et passe,
N'as-tu pas vu mon chevalier?
- Non, ni cheval ni cavalier.

Torrent qui roules et qui grondes,
A-t-il franchi tes eaux profondes,
Mon beau guerrier aux cheveux d'or?
- Dans mon lit il repose et dort.

A. VAN HASSELT.

LE BONHEUR DOMESTIQUE.

TOUS les jours m'apportaient une lettre nouvelle.

On m'écrivait: «Ami, viens, la saison est belle;

Ma femme a fait pour toi décorer sa maison,
Et mon petit Arthur sait bégayer ton nom.»>
Je partis, et deux jours d'une route poudreuse
M'amenèrent enfin à la maison heureuse,

A la blanche maison de mes heureux amis.
J'entrai, l'heure sonnait; autour d'un couvert mis,
Dès le seuil j'aperçus, en rond sous la charmille,
Pour le repas du soir la riante famille.

«C'est lui! c'est lui!» Soudain et siéges et repas,
On quitte tout, on court, on me presse en ses bras;
Et puis les questions, les pleurs mêlés de rire ;
Et ces mots que toujours on se reprend à dire :
«C'est donc lui! le voilà! le voilà près de nous !»>
Moi, je serrais les mains à ces tendres époux.

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