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ROMARIN.

J'ai voulu m'exiler de France;
Lorsque, impatient de marcher,
J'ai voulu partir, et chercher
Les vestiges d'une espérance;

Partout où j'ai voulu dormir,
Partout où j'ai voulu mourir,
Partout où j'ai touché la terre,
Sur ma route est venu s'asseoir
Un malheureux vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

A. DE MUSSET.

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ROMARIN.

JE planterai sur cette tombe aimée

Le romarin, la fleur du souvenir;
Le laurier vert et la rose embaumée:
Toutes les fleurs, que mai vient rajeunir.
Ne parlez pas du cyprès qui succombe,1
Qui va rejoindre un mort dans le cerceuil;
Parlez du lierre environnant la tombe,
De l'espérance accompagnant le deuil.
Dans cet asile où germe le mystère,
N'attristons pas les esprits ni les yeux;
Laissons sortir les parfums de la terre,
Laissons chanter les oiseaux sous les cieux

HIPPOLYTE LUCAS.

1 Le cyprès une fois coupé ne refleurit plus, et meurt.

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POURQUOI DIRE?

SUR

L'OISEAU NOIR.

UR cet arbre couvert de neige, un oiseau noir,
Immobile et muet comme le Désespoir,

Regarde fixement la terre désolée.

Guette-t-il quelque proie au fond de la vallée? Est-il mort? Tout-à-coup contre le rameau sec D'où la neige est lancée, il aiguise son bec; Puis, d'une aile pesante, il s'envole et retombe Cù le fossoyeur morne a creusé mainte tombe. N. MARTIN.

POURQUOI DIRE?

POURQUOI dire

Aux échos

Mon martyre
En grands mots?

De ma lyre

Les oiseaux

Pourraient rire:

Et les sots!

Sachons taire,

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LA TRISTESSE.

L'OISEAU D'OR.

UN oiseau chantait sur la branche

Toute fleurie et toute blanche.

C'était un oiseau si vermeil

Qu'on l'eût dit venu du soleil.

Il chantait d'une voix si claire
Que l'ame en vibrait comme un verre.

Il avait des airs si vainqueurs

Que l'espoir gonflait tous les cœurs.

Mais il n'est plus. - Ah! qu'il renaisse,
Cet oiseau d'or de ma jeunesse !

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N. MARTIN.

LA TRISTESSE.

L'ÂME triste est pareille

Au doux ciel de la nuit

Quand l'astre qui sommeille
De la voûte vermeille

A fait tomber le bruit;

Plus pure et plus sonore,
On y voit sur ses pas
Mille étoiles éclore,
Qu'à l'éclatante aurore
On n'y soupçonnait pas.

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LA TRISTESSE.

Des îles de lumière
Plus brillante qu'ici,
Et des mondes derrière,
Et des flots de lumière
Qui sont mondes aussi !

On entend dans l'espace
Les choeurs mystérieux,
Ou du ciel qui rend grâce,
Ou de l'ange qui passe,
Ou de l'homme pieux!

Et pures étincelles
De nos âmes de feu,
Les prières mortelles
Sur leurs brûlantes ailes
Nous soulèvent un peu!

Tristesse qui m'inonde,
Coule donc de mes yeux,
Coule comme cette onde
Où la terre féconde

Voit un présent des cieux!

Et n'accuse point l'heure
Qui te ramène à Dieu!

Soit qu'il naisse ou qu'il meure,
Il faut que l'homme pleure

Ou l'exil, ou l'adieu!

LAMARTINE

S

MA CHANSON.

LA VIE EN PLEURS.

j'étais seul, tout seul au monde,
Et sans devoirs, je pleurerais
Tant, la fin, que j'en mourrais.
Oui, que ma vie en pleurs se fonde!
Coulez, mes pleurs! fuyez, mes jours!
D'un même flot, d'un même cours.

O tristes larmes bien-aimées,
Emmenez-moi, prenez mon cœur!
Emmenez-le, comme une fleur
Les ondes qu'elle a parfumées.
Coulez, mes pleurs! fuyez, mes jours!
D'un même flot, d'un même cours.

Où va la fleur? où va cette onde?
À l'océan dont tous les flots
Gemissent comme des sanglots,
Cherchant le bord qui leur réponde.
Coulez, mes pleurs! fuyez, mes jours!
D'un même flot, d'un même cours.

MA CHANSON.

UEL est ce ruisseau qui cent fois
Revient, serpente,

QUEL

Tantôt perdu sous les grands bois,
Tantôt des monts longeant la pente?
C'est, comme l'onde au pied dansant,

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