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LE GRAND-PRETRE JOAD.

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Jephté sous son manteau tenait ses pleurs voilés ;
Mais parmi les sanglots, on entendit: «Allez.>>
Elle inclina la tête et partit. Ses compagnes,
Comme nous la pleurons, pleuraient sur les montagnes;
Puis elle vint s'offrir au couteau paternel.

- Voilà ce qu'ont chanté les filles d'Israël.

DE VIGNY.

LE GRAND-PRÊTRE JOAD AU JEUNE R01

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JOAS.

MON fils, de ce nom j'ose encor vous nommer, Souffrez cette tendresse, et pardonnez aux larmes Que m'arrachent pour vous de trop justes alarmes. Loin du trône nourri, de ce fatal honneur, Hélas! vous ignorez le charme empoisonneur; De l'absolu pouvoir vous ignorez l'ivresse, Et des lâches flatteurs la voix enchanteresse. Bientôt ils vous diront que les plus saintes lois, Maîtresses du vil peuple, obéissent aux rois; Qu'un roi n'a d'autre frein que sa volonté même; Qu'il doit immoler tout à sa grandeur suprême; Qu'aux larmes, au travail, le peuple est condamné, Et d'un sceptre de fer veut être gouverné; Que, s'il n'est opprimé, tôt ou tard il opprime. Ainsi, de piége, et d'abîme en abîme, Corrompant de vos mœurs l'aimable pureté, Ils vous feront enfin haïr la vérité;

Vous peindront la vertu sous une affreuse image; Hélas! ils ont des rois égaré le plus sage!

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LE CORRÈGE.

Promettez sur ce livre et devant ces témoins
Que Dieu sera toujours le premier de vos soins;
Que, sévère aux méchants, et des bons le refuge,
Entre le pauvre et vous vous prendrez Dieu pour

juge,

Vous souvenant, mon fils, que, caché sous le lin, Comme eux vous fûtes pauvre, et comme eux orphelin RACINE (Athalie).

LE CORRÈGE.

NOURRICE d'Allegri, Parme, cité chrétienne,

Sois fière de l'enfant que tes bras ont porté ! J'ai vu d'un œil d'amour ta belle antiquité, Rome en toute sa pompe et sa grandeur païenne;

J'ai vu Pompéi morte, et comme une Athénienne,
La pourpre encore flottant sur son lit déserté ;
J'ai vu le dieu du jour rayonnant de beauté ;
Et toute humide encore de la vague ionienne:

J'ai vu les plus beaux corps que l'art ait revêtus ;
Mais rien n'est comparable aux timides vertus,
A la pudeur marchant sous la robe de neige;

Rien ne vaut cette rose, et cette belle fleur
Qui secoua sa tige et sa divine odeur
Sur le front de ton fils, le suave Corrège.

A. BARBIER.

RÊVES.

LA PAUVRE VEUVE.

ELLE

me prit sur ses genoux:
Si bonne était ma mère !
Elle avait un regard si doux,
Le plus doux de la terre!

Elle me chanta ma chanson,
Si bien chantait ma mère !
Sa voix avait un si doux son,
Le plus doux de la terre!

Elle me dit: «Mon pauvre enfant,
Hélas! qu'allons-nous faire ?»>
-Ma mère, quand je serai grand,
N'ayez pas peur, ma mère!

OLIVIER

RÊVES.

AMIS, loin de la ville,

Loin des palais de roi,
Loin de la cour servile,
Loin de la foule vile,
Trouvez-moi, trouvez-moi.

Aux champs où l'âme oisive
Se recueille en rêvant,
Sur une obscure rive
Où du monde n'arrive
Ni le flot, ni le vent,

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SIMPLE VIE.

La tour hospitalière

Où je pendrai mon nid
Ait, vieille chevalière,
Un panache de lierre
Sur son front de granit!

Mais, donjon ou chaumière,
Du monde délié,

Je vivrai de lumière,

D'extase et de prière,

Oubliant, oublié !

V. HUGO

SIMPLE VIE.

OH! laissez-moi mes rêveries,

Mes beaux vallons, mon ciel si pur,
Mes ruisseaux coulant aux prairies,
Mes bois, mes collines fleuries,
Et mon fleuve aux ondes d'azur.

Laissez ma vie, au bord de l'onde,
Comme elle, suivre son chemin,
Inconnue aux clameurs du monde,
Toujours pure, mais peu profonde,
Et sans peines du lendemain.

Laissez-la couler lente et douce,
Entre les fleurs, près des coteaux,
Jouant avec un brin de mousse,
Avec une he be qu'elle pousse,
Avec le saule aux longs rameaux.

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