OISEAU, dis-nous, que rêves-tu là-haut? Sur ce rocher, sur cette pointe verte, Eh! que rêver, eh! que rêver là-haut? -Pleures-tu donc, pleures-tu donc là-haut? -Que fais-tu donc, que fais-tu donc là-haut? --Où vas-tu donc, où vas-tu donc là-haut? LE SILENCE. 55 -Quoi! toujours seul, toujours tout seul là-haut? Vous jaserez à vous deux comme il faut; LE SILENCE. DANS les bois, dans les bois, On entend une voix : Dans les bois, dans les bois, On entend une voix: Est-ce une jeune fille, Ou le faon qui sautille Dans les bois, dans les bois, On entend une voix : Un soupir de colombe, Ou de feuille qui tombe Dans les bois, dans les bois, On entend une voix: Est-ce une ombre éveillée Errant sous la feuillée Dans les bois ? 56 LORSQUE L'ENFANT PARAÎT. Dans les bois, dans les bois, On n'entend plus de voix: Seul, tout seul, . . . le Silence ... LORSQUE L'ENFANT PARAÎT. LORSQUE l'enfant paraît, le cercle de famille Applaudit à grands cris; son doux regard qui brille Fait briller tous les yeux, Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être, Se dérident soudain à voir l'enfant paraître, Innocent et joyeux. Soit que juin ait verdi mon seuil, ou que novembre Fasse autour d'un grand feu vacillant dans la chambre Les chaises se toucher, Quand l'enfant vient, la joie arrive et nous éclaire. On rit, on se récrie, on l'appelle, et sa mère Tremble à le voir marcher. Quelquefois nous parlons, en remuant la flamme, L'enfant paraît, adieu le ciel et la patrie LORSQUE L'ENFANT PARAÎT. 57 La nuit, quand l'homme dort, quand l'esprit rêve à l'heure Où l'on entend gémir, comme une voix qui pleure, Si l'aube tout à coup là-bas luit comme un phare, Enfant, vous êtes l'aube. et mon âme est la plaine Mon âme est la forêt dont les sombres ramures Car vos beaux yeux sont pleins de douceurs infinies, Car vos petites mains, joyeuses et bénies, N'ont point mal fait encor; Jamais vos jeunes pas n'ont touché notre fange; Tête sacrée, enfant aux cheveux blonds! bel ange A l'auréole d'or! Vous êtes parmi nous la colombe de l'arche. Vos pieds tendres et purs n'ont point l'âge où l'on marche ; Vos ailes sont d'azur. Sans le comprendre encor, vous regardez le monde, Double virginité! corps où rien n'est immonde, Ame où rien n'est impur! 58 L'ANGE GARDIEN. Il est si beau, l'enfant, avec son doux sourire, Laissant errer sa vue étonnée et ravie, Seigneur! préservez-moi, préservez ceux que j'aimę De jamais voir, Seigneur ! l'été sans fleurs vermeilles, La maison sans enfants! V. HUGO. VEILI L'ANGE GARDIEN. EILLEZ sur moi quand je m'éveille, A mes côtés marchez sans cesse, MME. A. TAstu. |