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OISEAU, dis-nous, que rêves-tu là-haut?

Sur ce rocher, sur cette pointe verte,
Battant de l'aile et la tenant ouverte,
Puis la laissant se refermer bientôt ?
Oiseau, dis-nous, que rêves-tu là-haut?

Eh! que rêver, eh! que rêver là-haut?
Je vois le monde, et je l'ai sous mon aile;
Mais à quoi bon? ce monde qui m'appelle,
Ce vaste monde est un vaste tombeau.
Eh! que rêver, eh! que rêver là-haut?

-Pleures-tu donc, pleures-tu donc là-haut?
-Pourquoi pleurer? De ce torrent qui fume
Là sous mes pieds, pourquoi grossir l'écume?
Les pleurs, voilà le peu que cela vaut.
Pourquoi pleurer, pourquoi pleurer là-haut?

-Que fais-tu donc, que fais-tu donc là-haut?
Ce
que tu fais, et ce qui fait la nue
Qui suit son cours, à la cime chenue
Dort un moment, et repart aussitôt.
Ainsi je fais, ainsi je fais là-haut.

--Où vas-tu donc, où vas-tu donc là-haut?
-Où tu t'en vas toi-même avec la nue,
Tous engagés dans l'immense étendue,
Qui toujours s'ouvre et jamais ne se clôt.
Ainsi je vais, ainsi je vais là-haut.

LE SILENCE.

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-Quoi! toujours seul, toujours tout seul là-haut?
-Triste passant, que ta voix m'importune!
Va, si tu veux, interroger la lune,

Vous jaserez à vous deux comme il faut;
Mais laisse-moi, laisse-moi seul là-haut.

LE SILENCE.

DANS les bois, dans les bois,

On entend une voix :
Est-ce l'oiseau qui chante,
Ou l'onde qui serpente
Dans les bois ?

Dans les bois, dans les bois,

On entend une voix:

Est-ce une jeune fille,

Ou le faon qui sautille
Dans les bois ?

Dans les bois, dans les bois,

On entend une voix :

Un soupir de colombe,

Ou de feuille qui tombe
Dans les bois ?

Dans les bois, dans les bois,

On entend une voix:

Est-ce une ombre éveillée

Errant sous la feuillée

Dans les bois ?

56

LORSQUE L'ENFANT PARAÎT.

Dans les bois, dans les bois,

On n'entend plus de voix:
D'arbre en arbre s'avance,

Seul, tout seul, . . . le Silence ...
Dans les bois.

LORSQUE L'ENFANT PARAÎT.

LORSQUE l'enfant paraît, le cercle de famille Applaudit à grands cris; son doux regard qui brille

Fait briller tous les yeux,

Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être, Se dérident soudain à voir l'enfant paraître,

Innocent et joyeux.

Soit que juin ait verdi mon seuil, ou que novembre Fasse autour d'un grand feu vacillant dans la chambre Les chaises se toucher,

Quand l'enfant vient, la joie arrive et nous éclaire. On rit, on se récrie, on l'appelle, et sa mère Tremble à le voir marcher.

Quelquefois nous parlons, en remuant la flamme,
De patrie et de Dieu, des poètes, de l'âme
Qui s'élève en priant;

L'enfant paraît, adieu le ciel et la patrie
Et les poètes saints; la grave causerie
S'arrête en souriant.

LORSQUE L'ENFANT PARAÎT.

57

La nuit, quand l'homme dort, quand l'esprit rêve à

l'heure

Où l'on entend gémir, comme une voix qui pleure,
L'onde entre les roseaux,

Si l'aube tout à coup là-bas luit comme un phare,
Sa clarté dans les champs éveille une fanfare
De cloches et d'oiseaux!

Enfant, vous êtes l'aube. et mon âme est la plaine
Qui des plus douces fleurs embaume son haleine
Quand vous la respirez;

Mon âme est la forêt dont les sombres ramures
S'emplissent pour vous seul de suaves murmures
Et de rayons dorés !

Car vos beaux yeux sont pleins de douceurs infinies, Car vos petites mains, joyeuses et bénies,

N'ont point mal fait encor;

Jamais vos jeunes pas n'ont touché notre fange; Tête sacrée, enfant aux cheveux blonds! bel ange A l'auréole d'or!

Vous êtes parmi nous la colombe de l'arche. Vos pieds tendres et purs n'ont point l'âge où l'on marche ;

Vos ailes sont d'azur.

Sans le comprendre encor, vous regardez le monde, Double virginité! corps où rien n'est immonde, Ame où rien n'est impur!

58

L'ANGE GARDIEN.

Il est si beau, l'enfant, avec son doux sourire,
Sa douce bonne foi, sa voix qui veut tout dire,
Ses pleurs vite apaisés,

Laissant errer sa vue étonnée et ravie,
Offrant de toutes parts sa jeune âme à la vie
Et sa bouche aux baisers !

Seigneur! préservez-moi, préservez ceux que j'aimę
Frères, parents, amis, et mes ennemis même
Dans le mal triomphants,

De jamais voir, Seigneur ! l'été sans fleurs vermeilles,
La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,

La maison sans enfants!

V. HUGO.

VEILI

L'ANGE GARDIEN.

EILLEZ sur moi quand je m'éveille,
Bon ange, puisque Dieu l'a dit ;
Et chaque nuit quand je sommeille
Penchez-vous sur mon petit lit.
Ayez pitié de ma faiblesse ;

A mes côtés marchez sans cesse,
Parlez-moi le long du chemin;
Et pendant que je vous écoute,
De peur que je ne tombe en route,
Bon ange, donnez-moi la main.

MME. A. TAstu.

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