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ÉTOILE DU MARIN

ÉTOILE DU MARIN.

E ciel est noir, la mer gronde,

LE

Les dangers sont grands la nuit: Seul fanal levé sur l'onde,

Une seule étoile luit;

Sa lueur blanchit la voile,
Rayon serein,

Rayon d'espoir, c'est l'étoile
Du marin.

Sa douce clarté console
Le marinier qui s'endort:
C'est la divine boussole
Qui doit le conduire au port.
Sa lueur blanchit la voile,
Rayon serein,

Rayon d'espoir, c'est l'étoile

Du marin.

C'est un flambeau tutélaire;
Dieu l'a placé de sa main;
C'est le phare qu'il éclaire
Dans les ombres du chemin.
Sa lueur blanchit la voile,
Rayon serein,

Rayon d'espoir, c'est l'étoile
Du marin.

C'est la madone qu'implore
Le pêcheur au désespoir,

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A

LE LAC.

INSI toujours poussés vers de nouveaux rivages Dans la nuit éternelle emportés sans retour, Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges Jeter l'ancre un seul jour?

O lac! l'année à peine a fini sa carrière,
Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,
Regarde! je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir!

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,
Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,
Ainsi le vent jetait l'écume de tes ondes
Sur ses pieds adorés.

Un soir, t'en souvient-il? nous voguions en silence; On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux, Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence Tes flots harmonieux.

LE LAC.

Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos:
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissait tomber ces mots :

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«O temps! suspends ton vol; et vous, heures propices!
Suspendez votre cours:
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours!

«Assez de malheureux ici-bas vous implorent, Coulez, coulez pour eux;

Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent, Oubliez les heureux.

«Mais je demande en vain quelques moments encore, Le temps m'échappe et fuit;

Je dis à cette nuit: Sois plus lente: et l'aurore
Va dissiper la nuit.

«Aimons donc, aimons donc; de l'heure fugitive, Hâtons-nous, jouissons!

L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive; Il coule et nous passons!»

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse, Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur, S'envolent loin de nous de la même vitesse

Que les jours de malheur?

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Eh quoi! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace!
Quoi! passés pour jamais? quoi! tout entiers perdus?
Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,
Ne nous les rendra plus!

Eternité, néant, passé, sombres abîmes,
Que faites-vous des jours que vous engloutissez ?
Parlez nous rendrez-vous ces extases sublimes
Que vous nous ravissez ?

O lac! rochers muets! grottes! forêt obscure!
Vous que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,
Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,
Au moins le souvenir!

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,
Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,
Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages
Qui pendent sur tes eaux!

Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe, Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés, Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface De ses molles clartés!

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,
Que les parfums légers de ton air embaumé,
Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,
Tout dise: ils ont aimé !

LAMARTINE.

LE GOLFE DE BAYA

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LE GOLFE DE BAY A.

VOIS-TU comme le flot paisible

Sur le rivage vient mourir!
Vois-tu le volage zéphyr

Rider, d'une haleine insensible,
L'onde qu'il aime à parcourir!
Montons sur la barque légère
Que ma main guide sans efforts,
Et de ce golfe solitaire

Rasons timidement les bords.

Loin de nous déjà fuit la rive:

Tandis que

d'une main craintive

Tu tiens le docile aviron,
Courbé sur la rame bruyante,
Au sein de l'onde frémissante
Je trace un rapide sillon.

Dieu! quelle fraîcheur on respire!
Plongé dans le sein de Thétis,
Le soleil a cédé l'empire

A la pâle reine des nuits;

Le sein des fleurs demi-fermées
S'ouvre, et de vapeurs embaumées
En ce moment remplit les airs;
Et du soir la brise légère

Des plus doux parfums de la terre
A son tour embaume les mers.

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