LES FLEURS QUE J'AIME.

19

L'hiver, saison des nuits, s'avance et décolore
Ce qui servait d'asile aux habitants des cieux;
Tu meurs, un vent du soir vient t'embrasser encore;
Mais ses baisers glacés pour toi sont des adieux.

ELISE MERCŒUR.

LA TOMBE ET LA ROSE.

A tombe dit à la rose:

LA

– Des pleurs dont l'aube t'arrose

Que fais-tu, fleur des amours?
La rose dit à la tombe:

-Que fais-tu de ce qui tombe
Dans ton gouffre ouvert toujours?
La rose dit: Tombeau sombre,
De ces pleurs je fais dans l'ombre
Un parfum d'ambre et de miel.
La tombe dit: Fleur plaintive,
De chaque âme qui m'arrive
Je fais un ange du ciel!

LES FLEURS QUE J'AIME.

FLEURS arrosées

Par les rosées

Du mois de mai,
Que je vous aime,

Vous que parsème
L'air embaumé !

V. HUGO.

Ta naïve beauté

N'offre rien de frivole;
De ta blanche corolle
Tombe la volupté,
Coupe chaste et divine,
Où ma lèvre s'incline,
Sans trouver ces douleurs
Qui font verser des pleurs.
Petite, etc.

Tout forme nos liens

Dans un rayon de flamme;
Je te verse en mon âme,
T'es plaisirs sont les miens.

21

LA VIOLETTE.

23

A

LA VIOLETTE.

IMABLE fille du printemps,
Timide amante des bocages,
Ton doux parfum flatte mes sens,
Et tu sembles fuir nos hommages.

Comme le bienfaiteur discret
Dont la main secourt l'indigence,
Tu me présentes le bienfait,
Et tu crains la reconnaissance.

Sans faste, sans admirateur,
Tu vis obscure, abandonnée,
Et l'œil encor cherche ta fleur
Quand l'odorat l'a devinée.

Sous les pieds ingrats du passant
Souvent tu péris sans défense;
Ainsi sous les coups du mechant
Meurt quelquefois l'humble innocence.

Pourquoi tes modestes couleurs
Au jour n'osent-elles paraître?
Auprès de la reine des fleurs
Tu crains de t'éclipser, peut-être ?

Rassure-toi même à la cour
La bergère sait plaire encore;
On aime l'éclat d'un beau jour
Et les doux rayons de l'aurore.