ETITE perle cristalline, Tremblante fille du matin, Au bout de ta feuille de thym, Que fais-tu là sur la colline?
Avant la fleur, avant l'oiseau, Avant le réveil de l'aurore, Quand la nature dort encore, Que fais-tu là sur le coteau?
Ce que je fais sur la colline? Je m'y prépare avec amour A m'offrir, quand viendra le jour, Pure à sa pureté divine.
Tu le sais, son rayon n'est beau Que pour la goutte transparente. Voilà pourquoi, persévérante, Je suis déjà sur le coteau.
Du soleil toute la richesse, Du prisme toutes les couleurs, Scintillant dans sa petitesse, Font resplendir la goutte en pleurs.
- Pour que tant de magnificence Ait en toi soudain éclaté,
Goutte, d'où te vient ta puissance?
- Ami, c'est de ma pureté.
ELLE était jeune, elle était belle;
Son front, même au milieu des pleurs, Empreint d'une grâce éternelle, Brillait de lumière et de fleurs; Sa voix faisait tomber les chaîne. Qui pèsent sur les malheureux; Elle endormait désirs et peines .. Où donc es-tu, fille des cieux ?
Elle avait un chaste langage, Un doux sourire, un accent pur, Soit qu'elle chantât dans l'orage, Ou pleurât sous un ciel d'azur; Elle venait, douce hécatombe, Parer nos travaux et nos jeux, Fêter la vie, ou bien la tombe... Où donc es-tu, fille des cieux ?
Elle était pleine de croyance, Aussi les peuples la croyaient; Quand elle parlait d'espérance, Tous les cœurs brisés espéraient: Libre, et fière de son empire, Au pouvoir d'un maître orgueilleux Elle ne vendait pas sa lyre . . .
Où donc es-tu, fille des cieux?
vas-tu, souffle d'aurore,
Vent de miel qui viens d'éclore, Fraîche haleine d'un beau jour?.. Où vas-tu, brise inconstante, Quand la feuille palpitante Semble frissonner d'amour?
Est-ce au fond de la vallée, Dans la cime échevelée
D'un saule où le ramier dort? Poursuis-tu la fleur vermeille, Ou le papillon qu'éveille
Un matin de flamme et d'or?...
Va plutôt, souffle d'aurore, Bercer l'âme que j'adore; Porte à son lit embaumé
L'odeur des bois et des mousses,
Et quelques paroles douces
Comme les roses de mai.
E laboureur répond au taureau, qui l'appelle, L'aurore les ramène au sillon commencé,
Il conduit en chantant le couple, qu'il attelle; Le vallon retentit sous le soc renversé ;
Au gémissement de la roue
Il mesure ses pas et son chant cadencé ; Sur sa trace en glanant le passereau se joue, Et le chêne à sa voix secoue
Le baume de sillons, que la nuit a versé. L'oiseau chante, l'agneau bêle, L'enfant gazouille au berceau, La voix de l'homme se mêle Au bruit de vents et de l'eau, L'air frémit, l'épi frissonne, L'insecte au soleil bourdonne,
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