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tin, J. Frank, Guersant, Blache ont fait connaître sur ce point le résultat de leurs recherches. J. Frank (1) dit que la respiration reste constamment gênée dans tout le cours de la maladie, et que la toux qui n'a rien de croupal conserve ce caractère jusqu'à la fin.

M. Guersant (2) s'exprime ainsi : « La bronchite plus ou moins étendue se rencontre assez fréquemment avec le croup, et cette complication n'est pas aussi fâcheuse que je l'avais cru d'abord. Il m'a paru même qu'elle était plutôt favorable, parce qu'elle favorise le décollement et l'espèce de dissolution des concrétions plastiques. Il peut arriver même quelquefois que l'abondance des mucosités dans les bronches et le larynx masque entièrement la toux croupale. »

M. Blache (3) n'est pas parvenu à prouver que dans la bronchite compliquant la diphthérie laryngée, le timbre et le ton de la toux propres au croup soient conservés. Voici ce qu'il dit dans la troisième observation de son travail : « 11 y avait aphonie, gêne de la respiration, sifflement laryngo-trachéal presque non interrompu, gonflement des glandes cervicales, concrétions pelliculaires des amygdales, toux sonore, aiguë, parfois un peu rauque. »

30 Pneumonie. Les pneumonies soit partielles, soit diffuses, sont assez fréquentes pendant la durée et vers la fin de la diphtherie laryngée: on les observe aussi même lorsque le malade est guéri et convalescent de cette affection. M. Horteloup a rapporté un fait très-curieux de cette complication; M. Blache a remarqué, chez l'enfant qui fait le sujet de la seconde observation, que la toux, la voix, la respiration, le sifflement laryngo-trachéal ne furent pas le moins du monde influencés par la pneumonie et que ces symptômes gardèrent leur physionomie caractéristique. Pendant la vie on constata les principaux symptômes de la pneumonie. L'autopsie du cadavre de cet enfant, qui n'était âgé que de 5 ans, révéla une hépatisation rouge dans les deux tiers du lobe inférieur.

On voit aussi quelquefois le croup se développer pendant le cours d'une pneumonie. M. le professeur Trousseau a cité à ce sujet l'observation suivante : Au no 1 de la salle Saint-Thomas, est un enfant qui était entré dans le service pour une pneumonie. Pendant qu'on le traitait pour cette affection, une angine est survenue, l'amygdale droite s'est recouverte d'une fausse membrane épaisse; or, comme la diphthérie est épidémique dans ce service, M. Trousseau a craint que la maladie ne fit des progrès, et il s'est hâté de cautériser la plaque pseudo-membraneuse avec l'acide chlorhydrique. Le lendemain, la luette et l'autre amygdale étaient envahies. Nouvelle cautérisation; le larynx n'a pas tardé à se prendre, mais d'une manière légère, et la thérapeutique active qui fat employée en triompha bientôt.

4o Phthisie. Le croup n'est

pas rare chez les enfants atteints de phthisie pulmonaire. Il a là certaines allures qui lui sont propres et qui ont été par

(1) Loc. cit., p. 146.

(2) Loc. cit., p. 350.

(3) Du croup et du pseudo-croup. Archives gén. de méd., p. 505 à 599, t. XVII. 1828.

faitement indiquées par M. Guersant. J'ai vu succomber, à l'hôpital des Enfants, dit ce praticien, une jeune fille phthisique, à un croup très-intense qui ne dura que quatre jours. La fausse membrane s'étendait dans le pharynx et le larynx, et descendait, sous forme de bande, dans la trachée-artère, et cependant la toux n'avait pas été une seule fois croupale, à cause de la grande quantité de mucus et de pus qui était rejetée à chaque fois dans les secousses de la toux. Dans ce cas remarquable, l'aphonie et le sifflement laryngo-trachéal réunis à l'angine couenneuse, étaient les seuls symptômes qui pussent faire soupçonner le croup, car la toux était aussi humide que dans un simple catharre. Indépendamment de cet exemple, j'ai rencontré plusieurs fois le croup dans une période avancée de la phthisie pulmonaire, et il a toujours été alors trèspromptement mortel.

5o Entérite. Les entérites compliquent quelquefois la maladie, c'est une remarque qui a été faite par M. Guersant. Cet habile observateur auquel, comme on le voit, nous faisons de larges emprunts, a noté quelque chose d'assez curieux, c'est la gastrite diphtheritique. Écoutons ce qu'il rapporte à ce sujet (1): « L'œsophagite diphtheritique doit être rare ; je ne l'ai jamais rencontrée, et je ne sache pas qu'aucun auteur en ait parlé; l'inflammation diphthéritique s'arrête ordinairement aux limites du pharynx; mais je l'ai retrouvéc plusieurs fois dans l'estomac; la face interne de cet organe était en partie recouverte d'une fausse membrane absolument semblable à celle qu'on observait dans le larynx. Lorsque le docteur Albers, de Bremen, vint, en 1825, visiter l'hôpital des Enfants, je fis faire, sous ses yeux, la nécropsie d'une petite fille qui avait succombé au croup et à cette espèce de gastrite pseudo-men braneuse, qu'il n'avait jamais eu occasion d'observer. Les entérites et les entéro-colites surtout, si fréquentes chez les enfants, compliquent quelquefois le croup, mais je n'ai jamais remarqué qu'elles prissent alors le caractère pseudo-membraneux que je viens d'indiquer dans la gastrite.›

M. Louis a trouvé chez la plupart des adultes atteints de croup, qu'il a ouverts, une inflammation plus ou moins grande de la muqueuse de l'estomac et des intestins, ou de l'une et de l'autre isolément.

Les entérites que l'on observe chez les individus affectés de croup ne peuventelles pas être occasionnées par le traitement mis en usage ; et les cautérisations avec la solution concentrée d'azotate d'argent, ne doivent-elles pas entrer en sérieuse ligne de compte dans la production de ces accidents?

6° Fièvre typhoïde. - Cette complication est excessivement rare. Encore ici n'est-ce pas la fièvre typhoïde qui vient compliquer le croup, mais bien l'angine membraneuse qui vient se montrer pendant le cours de la fièvre typhoïde. Nous rapporterons un fait dans tous ses détails, tel que M. Barbier, aide clinique au Val-de-Grâce, l'a publié (2):

(1) Loc. cit., p. 349.

(2) Fièvre typhoïde compliquée de croup laryngo-bronchique, Gaz, méd,de Paris, pages 49 à 52, 1848.

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12o OBSERVATION. Dans le service de M. le professeur Michel Lévy a été admis Haxain, Jean, jeune soldat au 45e de ligne; il a quinze mois de service, est âgé de 22 ans et né dans le département des Vosges. Tempérament lymphatico-sanguin, bonne constitution; muscles bien développés, thorax bien conformé. Il était cultivateur dans son pays.

» Il nous dit avoir fait une maladie grave à l'âge de dix ans. Il est en garnison à Courbevoie depuis qu'il est militaire ; il a été détaché au camp de Compiègne durant quarante jours; il n'a pas été malade.

Il est entré à l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, le 20 décembre 1847. Il fait remonter à huit jours l'invasion de sa maladie. Pendant ces huit jours, il a été pris successivement de frisson suivi de chaleur, puis de courbature, de céphalalgie, de mal de gorge, d'anorexie, de soif, de coliques, de diarrhée (il allait à la selle deux ou trois fois par jour), de toux et de douleurs derrière le sternum, douleurs qui s'exaspéraient surtout au moment des quintes de toux. La veille de son entrée, il a eu une épistaxis légère.

› Le 20, au soir, jour de son entrée, 96 pulsations fortes; coloration rouge, uniforme de la face, coloration d'un rouge presque vineux de la face postérieure du tronc, peau halitueuse, yeux gonflés, larmoyants, céphalalgie persistante, langue blanchâtre à la surface et rouge sur ses bords; rougeur du pharynx et des amygdales, ventre un peu douloureux vers l'épigastre et à la région iliaque droite; crépitation iliaque droite; toux quinteuse et férine; respiration sans râle, bruits du cœur normaux; rate de volume ordinaire. Eau gommeuse.

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› Le 21, au matin, 102 pulsations, face violette, vertiges, insomnie, épistaxis; céphalalgie, langue blanchâtre, rougeur vive du pharynx et des piliers antérieurs du voile du palais; bandelette nacrée sur la gencive inférieure, anorexie, soif intense, douleur dans la région sous-ombilicale, crépitation iliaque, trois selles, toux férine et quinteuse fréquente; expectoration mucoso-salivaire à bulles fines, pas de râles, bruits du cœur normaux. Diète, riz gommé édulcoré, looch; saignée de 300 grammes.

» Le 21, au soir, 96 pulsations; prostration profonde, peau très-chaude; le malade se découvre à chaque instant; enrouement, trois selles.

» Le 22, au matin, 102 pulsations, 24 inspirations. Dans le sang de la saignée faite hier matin, on a constaté une diminution notable dans le chiffre normal de la fibrine. Décubitus dorsal, prostration profonde. Une douzaine de taches rosées environ apparaissent sur l'abdomen et la paroi inférieure du thorax; langue recouverte d'un enduit blanchâtre, inégal, bandelettes nacrées sur les gencives supérieure et inférieure, gargouillement iliaque, douleurs dans le ventre, plus vives vers le cœcum, neuf selles; toux férine, crachats albumineux recouverts d'une spume très-fine, sonorité du thorax et respiration normale. Diète, riz gommé édulcoré, looch, décoction blanche, huit ventouses scarifiées sur le ventre, cataplasmes ensuite.

» Le 22, au soir, 102 pulsations, 50 inspirations, face vultueuse, violacée,

langue sèche et brunâtre, douleurs vives dans la région sous-ombilicale; quatre selles, expectoration difficile. — Vingt sangsues dans la région sous-ombilicale.

› Le 23, au matin, 96 pulsations, 36 inspirations; insomnie, agitation nocturne, prostration profonde, peau chaude et sèche, décubitus dorsal, langue brunâtre, moins sèche que hier, bandelettes nacrées, douleurs abdominales moins vives, un vomissement, dix selles, gargouillement iliaque droit, aphonie, toux convulsive et fréquente, expectoration difficile, presque nulle, crachats mucoso-salivaires d'un jaune verdâtre, råles sous-crépitants à la base postérieure droite. Diète. Riz gommé édulcoré; décoction blanche; cataplasme opiacé sur le ventre.

› Le 23, au soir, 102 pulsations fortes, résistantes, 24 inspirations, face injectée, yeux injectés et à moitié fermés, aphonie, rougeur du pharynx et des amygdales, rougeur et gonflement de la luette, quatre selles; expectoration difficile.-Inspirations de vapeur de sureau, saignée de 350 grammes.

› Le 24, au matin, 90 pulsations moins résistantes, 30 inspirations. Couenne transparente, verdâtre, incomplète; coagulum mou et volumineux; décubitus dorsal, face injectée, langue sèche, un peu fissurée, recouverte d'un enduit brunâtre. L'arrière-bouche est tapissée d'un mucus épais, dysphagie, ventre douloureux et crépitation iliaque, quatre selles; voix éteinte, toux férine, quinteuse, expectoration difficile. La sonorité du thorax est normale antérieurement råle sibilant à la base antérieure droite; postérieurement et à gauche, la sonorité est normale ; à droite, elle est diminuée, à la base postérieure droite, la respiration est affaiblie, elle est marquée par des råles secs et lointains : dans la zone moyenne de ce même côté, on entend des râles sous-crépitants; latéralement, la respiration est normale. Mêmes prescriptions.

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Le 24, au soir, 96 pulsations, face vultueuse, aphonie, expectoration abondante, spumeuse, à bulles inégales; pas de selles, les taches rosées se prononcent davantage.

› Le 23, au matin, 96 pulsations dépressibles, 30 inspirations, prostration, sommeil assez calme, surdité commençante, regard fixe, face violacée, bouche continuellement entr'ouverte, bandelettes nacrées sur les gencives supérieure et inférieure; langue humide recouverte d'un enduit brunâtre. Le malade éprouve de la difficulté pour ouvrir la bouche, douleur vive à l'épigastre, douleurs abdominales au niveau du cœcum, gargouillement iliaque droit, quatre selles, toux férine, quinteuse, expectoration mucoso-salivaire aérée, très-abondante, râles sous-crépitants et sonores disséminés dans toute la partie antérieure droite du thorax : dans la région postérieure, on entend des râles sous-crépitants, disséminés qui prédominent à droite.-Diète. Riz gommé édulcoré; décoction blanche; vapeurs de sureau; frictions avec un liniment laudanisé et flanelles sèches sur le ventre.

» Le 25, au soir, 102 pulsations, 30 inspirations, accablement, face violacée, une selle.

› Le 26, au matin, 95 pulsations, 33 inspirations, le malade accuse beau

coup de faiblesse, yeux à demi fermés, céphalalgie persistante, voix enrouée, presque éteinte; langue sèche, anorexie, soif très-vive, luette œdématiée, recouverte d'un enduit blanchâtre, pelliculaire; dysphagie, ventre souple, quatre selles; toux quinteuse, crachats séreux, abondants: råles sonores et sous-crépitants secs et sous-crépitants humides, mélangés postérieurement, prédominant à droite; râles sonores et sous-crépitants dans toute la région antérieure du thorax.-Diète. Riz gommé édulcoré; lait sucré, 125 grammes; potion opiacée, 0,05; décoction blanche, frictions huileuses et flanelles sèches sur le ventre. On continue à faire inspirer au malade des vapeurs de sureau.

› Le 26, au soir, 96 pulsations, 53 inspirations, prostration profonde, mémoire incomplète, voix éteinte, délire calme, langue sèche et brunâtre, rougeur vive dans toute l'arrière-bouche, luette œdématiée et toujours recouverte d'un enduit blanchâtre qui tapisse aussi les piliers antérieurs, dysphagie, une selle, pas d'urines, aphonie, expectoration difficile.- Deux sinapismes; potion ipécastibiée du Formulaire qui a produit dans la nuit des vomituritions et deux selles. › Le 27, au matin, 108 pulsations, 30 inspirations, face décolorée, délire nocturne; le malade parle presque continuellement et avec effort, mais sa voix éteinte est difficilement comprise, il n'y a pas de suite dans les idées. A chaque instant il s'assied sur son lit, pour se recoucher ensuite : souvent il se découvre: on dirait que les couvertures lui sont d'un poids insupportable ou lui causent une chaleur incommode. Langue sèche et brunâtre, bandelettes nacrées, soif vive, rougeur brunâtre du pharynx, exsudation blanchâtre très-épaisse, faisant adhérer la base de la langue à la voûte du palais; déglutition difficile, ventre souple, deux selles, vomituritions, taches lenticulaires nombreuses sur les parois du thorax et de l'abdomen: sentiment de douleur et de chaleur dans toute la poitrine. La toux et l'expectoration ont les mêmes caractères que hier, râles sonores et sous-crépitants disséminés dans toute la partie antérieure du thorax, plus nombreux aux deux sommets. L'état du malade n'a pas permis de l'asseoir sur son lit, pour l'ausculter en arrière. Bouillon dégraissé, lierre terrestre édulcoré, potion gommeuse, 50 grammes; extrait de quinquina, 1 gramme, vin sucré, 50 grammes, deux sinapismes aux mollets.

Le 27, au soir, 90 pulsations plus fortes, 24 inspirations, déglutition plus facile, pas de délire; urines rendues involontairement.

Le 28, au matin, 96 pulsations, 24 inspirations suspirieuses; la première moitié de la nuit a été calme; il y a eu du délire pendant la seconde moitié. Prostration profonde. Hébétude, paroles entrecoupées, le malade parait avoir perdu la mémoire bouche entr'ouverte, langue visqueuse, collante; on trouve à sa surface un mucus concrété. La rougeur du pharynx est moins vive, la luette moins tuméfiée. A la face postérieure du pharynx adhèrent des mucosités blanchâtres. Le malade se plaint de douleurs dans la gorge. Ventre souple, respiration trachéale; toux fréquente et quinteuse; postérieurement, sonorité égale et råles sous-crépitants, secs aux deux sommets, humides aux deux bases du thorax. Le malade supporte mieux que hier la station assise. Diète.

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