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la jeunesse plus soumise à l'autorité des magistrats; la conscription s'exécute aux lieux où le nom seul de la conscription soulevait les esprits, et servir la patrie est une partie de la religion.

Dans les départemens qu'a visités le premier consul, il a recueilli partout le témoignage de ce retour aux principes qui font la force et le bonheur de la société.

Dans l'Eure, dans la Seine-Inférieure, dans l'Oise, on est fier de la gloire nationale; on sent dans toute leur étendue les avantages de l'égalité; on bénit le retour de la paix, on béait le rétablissement du culte public. C'est par tous ces liens que les cœurs ont été rattachés à l'Etat et à la constitution.

Le devoir du gouvernement est de nourrir et d'éclairer ces heureuses dispositions.

Les autres cultes s'organisent; et des consistoires se composent de citoyens éclairés, défenseurs connus de l'ordre public, de la libertécivile et de la liberté religieuse.

L'instruction publique, cet appui nécessaire des sociétés, est partout demandée avec ardeur. Déjà s'ouvrent plusieurs lycées; déjà, comme le Gouvernement l'avait prévu, une multitude d'écoles particulières s'élèvent au rang des écoles secondaires. Tous les citoyens sentent qu'il n'est point de bonheur sans lumières : que sans talens et sans counoissances il n'y a d'égalité que celle de la misère et de la servitude.

Une école militaire recevra de jeunes défenseurs de la patrie. Soldats, ils apprendront à supporter la vie des camps et les fatigues de la guerre. Par une longue obéissance ils se formeront à l'art de commander, et apporteront aux armées la force et la discipline unies aux connaissances et aux talens.

Dans les lycées, comme dans l'école militaire, la jeunesse des départemens nouvellement incorporée à la République, vivra confocdue avec la jeunesse de l'ancienne France. De la fusion des esprits et des mœurs, de la communication des habitudes et des caractères, du mêlange des intérêts, des ambitions et des espérances, naitra cette fraternité qui, de plusieurs peuples, ne fera qu'un seul peuple destiné par sa position, par son courage, par ses vertus, à être le lien et l'exemple de l'Europe.

L'Institut national, qui a sa puissance sur l'instruction publique, a reçu une direction plus utile; et désormais il déploiera, sur le caractère de la nation, sur la langue, sur les sciences, sur les lettres et les arts, une influence plus active.

Pour assurer la stabilité de nos institutions naissantes, pour éloigner des regards des citoyens ce spectre de la discorde qui leur apparissait encore dans le retour périodique des élections à la suprême magistrature, les amis de la patrie appelaient le consulat à vie sur la tête du premier magistrat. Le peuple consulté a répondu à leur appel, et le sénat a proclamé la volonté du peuple.

Le systême des listes d'éligibilité n'a pu résister au creuset de l'expérience et à la force de l'opinion publique.

L'organisation du sénat était incomplète.

La justice nationale était disséminée dans des tribunaux sans harmonie, sans dépendance mutuelle; point d'autorité qui les proté

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geât ou qui pût les réformer; point de lien qui les assujettit à use
discipline commune.

Il manquait enfin à la France un pouvoir que réclamait la justice
même, celui de faire grace. Combien de fois, depuis douze ans, il
avait été invoqué! combien de malheureux avaient succombé vic-
times d'une inflexibilité que les sages reprochaient à nos lois! Com-
bien de coupables qu'une funeste indulgence avait acquittés, parce
que les peines étaient trop sévères !

Un sénatus-consulte a rendu au peuple l'exercice de ses droits que
l'assemblée constituante avait reconnus; mais il les lui a rendus éo-
vironnés de précautions qui le défendent de l'erreur ou de la précipi
tation de ses choix; qui assurent l'influence de la propriété et l'as-
cendant des lumières.

Que les premiers magistrats viennent à vaquer,
marche du sénat sont tracés; des formes certaines garantissent la sa-
les devoirs et la
gesse et la liberté de son choix, et la soudaineté de ce choix ne laisse
ni à l'ambition le moyen de conspirer, ni à l'anarchie le moyen de
détruire.

Le ciment du tems consolidera chaque jour cette institution tuté-
laire. Elle sera le terme de toutes les inquiétudes et le but de toutes
les espérances, comme elle est la plus belle des récompenses pro-
mises aux services et aux vertus publiques.

La justice embrasse d'une chaine commune tous les tribunaux : ils ont leur subordination et leur censure: toujours libres dans l'exercice de leurs fonctions, toujours indépendans du pouvoir, et jamais indépendans des lois.

Le droit de faire grace quand l'intérêt de la République l'exige ou quand les circonstances commandent l'indulgence, est remis aux mains du premier magistrat ; mais il ne lui est remis que sous la garde de la justice même; il ne l'exerce que sous les yeux d'un conseil, et après avoir consulté les organes les plus sévères de la loi.

Si les institutions doivent être jugées par leurs effets, jamais institution n'eut un résultat plus important que le sénatus-consulte or ganique. C'est à compter de ce moment que le peuple français s'est confié à sa destinée, que les propriétés ont reptis leur valeur première, que se sont multipliées les longues spéculations: jusques-là tout semblait flotter encore. On aimait le présent, on doutait du lendemain, et les ennemis de la patrie nourrissaient toujours des espérances. Depuis cette époque, il ne leur reste que de l'impuissence et de la haine.

L'Isle d'Elbe avait été cédée à la France; elle lui donnait un peuple doux, industrieux, deux ports superbes, une mine féconde et précieuse mais séparée de la France, elle ne pouvait être intimement attachée à aucun de ses départemens, ni soumise aux règles d'une administration commune. On a fait fléchir les principes sous la nécessité des circonstances; on a établi pour l'Isle d'Elbe les exceptions que.commandaient sa position et l'intérêt public.

L'abdication du souverain, le vœu du peuple, la nécessité des choses, avaient mis le Piémont au pouvoir de la France. Au milieu des nations qui l'environnaient, les élémens qui composaient sa population, le Piémont ne pouvaient supporter, m le poids de sa

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propre indépendance, ni les dépenses d'une monarchie. Réuni à la France, il jouira de sa sécurité et de sa grandeur; ses citoyens lábo rieux, éclairés, développeront leur industrie et leurs talens dans le sein des arts et de la paix.

Dans l'intérieur de la France règnent le calme et la sécurité. La vigilance des magistrats, une justice sévère, une gendarmerie fortement constituée et dirigée par un chef qui a vieilli dans la carrière de l'honneur, ont imprimé partout la terreur aux brigands.

L'intérêt particulier s'est élevé jusqu'au sentiment de l'intérêt public. Les citoyens ont osé attaquer ceux qu'autrefois ils redoutaient, lors même qu'ils étaient enchaines aux pieds des tribunaux. Des communes entières sé sont armées et les ont détruits. L'étranger envie la sureté de nos routes, et cette force publique qui, souvent invisible, mais toujours présente, veille sur ses pas, et le protége, sans qu'il la réclame.

Dans le cours d'une année difficile, au milieu d'une pénurie générale, le pauvre ne s'est point défié des soins du gouvernement: il a supporté avec courage des privations nécessaires; et les secours qu'il avait su attendre, il les a reçus avec reconnaissance.

Le crime de faux n'est plus encouragé par l'espoir de l'impunité. Le zèle des tribunanx chargés de le frapper, et la juste sévérité des lois, out enfia arrêté les progrès de ce fléau qui menaçait la fortune publique et les fortunes particulières.

Notre culture se perfectionne et défie les cultures les plus vantées de l'Europe. Dans tous les départemens, il est des cultivateurs éclairés qui donnent des leçons et des exemples.

L'éducation des chevaux a été encouragée par des primes; l'amélioration des laines, par l'introduction des troupeaux de races étrangères. Partout des administrateurs zélés recherchent et révèlent les richesses de notre sol, et propagent les méthodes utiles et les résultats heureux de l'expérience.

Nos fabriques se multiplient, s'animent et s'éclairent; émules entre elles, bientôt, sans doute elles seront les rivales des fabriques les plus renommées dans l'étranger. Il ne manque désormais à leur prospérité, que des capitaux moins chèrement achetés. Mais déjà les capitaux abandonnent les spéculations hasardeuses de l'agiotage, et retournent à la terre et aux entreprises utiles. Plus de vingt mille ouvriers français, qui étaient dispersés dans l'Europe, sont rappeles par les soius et par les bienfaits du gouvernement, et vont être rendus à nos manufactures.

Parini nos fabriques, il en est une plus particulière à la France, que Colbert échauffa de son génie. Elle avait été ensevelie sous les ruines de Lyon : le Gouvernement a mis tous ses soins à l'en retirer. Lyon renait à la splendeur et à l'opulence; et 'déjà, du sein de leurs ateliers, ses fabricans imposent des tributs au luxe de l'Europe. Mais le principe de leurs succès est dans le luxe même de la France: c'est dans la mobilité de nos goûts et dans l'inconstance de nos modes, que le luxe étranger doit trouver son aliment; . c'est-là ce qui fait mouvoir et vivre une population immense, qui, sans cela, irait se perdre dans la corruption et dans la misère., Il y aura à Compiègue, il s'élèvera bientôt sur les coutins de

la Vendée, des prytanées où la jeunesse se formera pour l'indus trie et pour les arts, mécaniques. De là, nos chantiers, nos manufacturės, tireront un jour les chefs de leurs ateliers et de leurs

travaux.

Quatorze millions, produft de la taxe des barrières, et dif-millions d'extraordinaire, ont été pendant l'an 16, employés aux routes publiques. Les anciennes communications ont été réparétt et entretenues. Des communications nouvelles ont été ouvertes. Le Simplon le Mont-Céuis, le Mont-Genèvre, nous livreront bientot un triple et facile accès en Italie. Un grand chemin conduira de Gênes à Marseille. Une route est tracée du Saint-Esprit à Gap une autre de Rennes à Brest par Pontivy. A Pontivy s élèvent des établissemens qui auront une grande influence sur l'esprit public des départemens dont se composait l'ancienne Bretagne; un canal y portera le commerce et une prospérité nouvelle.

Sur les bords du Rhin, de Bingen à Coblentz, une route néces saire est taillée dans des rochers inaccessibles. Les communes voisines associent leurs travaux aux sacrifices du trésor public; et les peuples de l'autre rive, qui riaient de la folie de l'entreprise', restent confondus de la rapidité de l'exécution.

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De nombreux ateliers sont distribués sur le canal de SaintQuentin

Le canal de l'Ourcq vient de s'ouvrir, et bientôt Paris jouira -de ses eaux, de la salubrité et des embellissemens qu'elles lui promettent.

Le canal destiné à unir la navigation de la Seine, de la Saóne, du Doubs et du Rhin, est presque, entièrement exécuté jusqu'à Dole; et le trésor public reçoit déjà, dans l'augmentation du prix des bois auxquels ce canal sert de débouché, une somme égale à celle qu'il a fourbie pour en continuer les travaux.

Les canaux d'Aigues-Mortes et du Rhone, le desséchement des marais de la Charente Inférieure, sont commencés, et donneront de nouvelles routes au commerce, et de nouvelles terres à la culture, On travaille à réparer les digues de l'ile de Cadsand, celles d'Ostende, celles des Cotes-du-Nord, et à rétablir la navigation de nos rivières. Cette navigation n'est déjà plus abandonnée aux seuls soins du gouvernement. Les propriétaires des bateaux qui les fréquentent, oat enfin senti qu'elle était leur patrimoine, et ils appellent sur eitt mêmes les taxes qui doivent en assurer l'entretien.

(La suite au numéro prochain.)

ERRATA du No 15.

Page 373, ligne 2, au lieu de: des voûtes jointes entre elles, fires? des tours jointes, etc.

Même page, ligne 20, au lieu de : LOVERS

CASTLE, lisez : LOVER'S CASTLE.

De l'Impr, de la Ve PANCKOUCKE, rue de Grenelle, No 321, F. G.

LA DECADE

PHILOSOPHIQUE, LITTÉRAIRE

ET POLITIQUE.

AN XI de la République Française.2me TRIMESTRE.

20 ventose.

HISTOIRE NATURELLE.

NOUVEAU DICTIONNAIRE D'HISTOIRE NATURELLE ; appliquée aux arts, principalement à l'économie rurale et domestique; par une société de Naturalistes et d'Agriculteurs. (1)

De toutes les sciences celle qui tient le plus à l'agriculture et aux arts utiles, est, sans contredit, l'histoire naturelle. Elle leur fait mieux connaître les productions qu'ils

(1) Pour l'homme, les quadrupèdes, les oiseaux, les cétacés. - Sonnini, membre de la Société d'agriculture de Paris, éditeur et continuateur de l'Histoire naturelle de Buffon; Virey, auteur de l'Histoire du genre humain.

L'art vétérinaire, l'économie domestique. Parmentier, Huzard, membres de l'institut national; Sonnini, membre de la Société d'agriculture de Paris, etc. etc.

Les poissons, les reptiles, les mollusques et les vers. Bosc, membre de la Société d'histoire naturelle de Paris, de la Société linnéenne de Londres.

Les insectes. - Olivier, membre de l'Institut national; Latreille, membre associé de l'Institut national.

Botanique et son application aux arts, à l'agriculture, au jardinage, à l'économie rurale et domestique.-Chaptal, Parmentier, Cels, mem-\ An XI. 2me, Trimestre. Ff

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