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» il s'effectue entre les organes des animaux chez lesqnels le cerveau et les nerfs sont très-peu distincts de » la moëlle épinière. Convaincu, par des exemples sans nombre, que les parties d'un être vivant correspondent » et se mettent, pour ainsi dire, à l'unisson par leur simple » état de contiguité, il soupçonnait que les liaisons sym>pathiques n'étaient, dans quelques circonstances, que le >> résultat d'une véritable faculté imitative, et que l'imi»tation était, peut-être, aux étres animés, ce que l'at»traction ou les affinités chimiques sont à la matière » brute et inorganique. C'est de cette loi majeure et uni» verselle qu'il faisait dériver la sociabilité, penchant pri» mitif et inhérent à notre existence, qui a dû précéder >> la réflexion toujours tardive de l'homme. Il croyait que » la nature, accoutumée à gouverner par des impressions >> le monde sensible, avait dû rendre constant cet attrait » irrésistible, et le soustraire jusqu'à un certain point à >> nos combinaisons et à nos calculs. Les motifs de l'asso»ciation ne sont-ils pas journellement expliqués par ce » qui s'observe dans les animaux qui, pour la plupart, ne » vivent pleinement et entièrement qu'à côté de leurs sem» blables? Quel spectacle merveilleux, que cette puis»sance sympathique exercée par la reine-abeille sur les » bourdons animés au travail par son unique présence; et qui, pour parler comme l'auteur, ne vivent que pour » elle et par elle! On sait avec quelle rapidité se comina niquent par l'intermède des sens de la vue, de l'ouie, » de toucher, tant d'autres effets imitatifs ou sympathiques, >> tels que ceux de la pitié, de la peur, du rire, des larmes, » du bâillement, des convulsions, du fanatisme et de l'en >> thousiasme. Roussel était persuadé que la doctrine des » sympathies, agrandie et perfectionnée, jetterait quel»ques lumières sur des phénomènes encore ignorés, et spécialement sur le problême de la génération, et sur l'étiologie des maladies épidémiques. Il remarquait une » analogie très - manifeste entre le virus particulier qui » communique, et le principe contagieux qui développe

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une affection morbifique. C'est ainsi que la hardiesse de » son génie savait envisager, sous le point de vue le plus » vaste, l'un des sujets les plus féconds pour le physisien, » le moraliste et le philosophe.

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On pense bien qu'un homme qui réunissait, au même degré que le docteur Roussel, la sagacité et le jugement, devait avoir dans la pratique de la médecine des idées neuves et de grands succès. Il prenait un vif intérêt aux maladies qui, par leur marche ou leurs accidens, excitaient son attention et piquaient sa curiosité; il s'attachait surtout à celles dans lesquelles il pouvait saisir l'effet des rapports qu'il avait développés dans son systême. Plusieurs anecdotes citées par M. Alibert prouvent que le docteur Roussel avait obtenu dans sa pratique les mêmes succès que dans ses ouvrages.

Une femme non moins intéressante par les qualités du cœur qu'étonnante par la sagacité et l'étendue de son esprit, Mme B., à laquelle le docteur Roussel était trèsattaché, et aux enfans de laquelle il avait prodigué ses soins dans des maladies très-graves, s'exprimait ainsi en écrivant au C. Alibert, qui lui avait demandé quelques détails sur ses rapports avec le docteur Roussel:

« Je lui ai personnellement tant d'obligations, il a donné » à ma famille tant de preuves de zèle et de dévoûment, » et j'ai toujours été si pénétrée de la rareté de son mé» rite et de l'excellence de son cœur, qu'il était pour moi » un être surnaturel. »

Nous citerons une anecdote curieuse qui honore infiniment la mémoire du docteur Roussel:

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Bordeu avait été contraint de faire un voyage; il char» gea Roussel de veiller pendant son absence à la santé » d'une jeune dame dans le cas où son assistance serait ré» clamée. Quelque tems après, il fut effectivement appelé; » mais comme le vulgaire ne juge souvent du mérite d'un » homme que par le faste qui l'environne, on trouva » Roussel dans un appartement si modeste, qu'on augura » mal de son talent: on ne le reçut pas en conséquence

» avec les égards qui convenaient à la dignité de ses » fonctions. Roussel se retira en dédaignant cette injure, et » en annonçant une hémorrhagie qui arriva effectivement » à l'heure qu'il avait indiquée. On imagine aisément qu'un » tel accident dut commander l'estime et la confiance : on » fut supplier le docteur Roussel de revenir; il y con>> sentit avec bonté, et la malade fut bientôt guérie. »

Si Roussel était doué de l'amour de l'étude, de la sagacité et du jugement qui forment le grand praticien, il l'était aussi d'une sensibilité physique et morale qui ne s'accorde guère avec l'exercice de la médecine. Le spectacle affligeant de la misère et du malheur, le tableau non moins déchirant de la nature aux prises avec les souffrances ou la mort, celui que présentent toujours les derniers instans de l'homme expirant, le chagrin de trouver souvent toutes les ressources de l'art inutiles, dans des instans où tant d'intérêts si chers attendent tout de lui, lui rendaient l'exercice de cette profession infiniment pénible, aussi l'abandonna-t-il presqu'entièrement pour se livrer à des études environnées d'objets plus en rapport avec la délicatesse de ses organes; l'amitié seule put le ramener quelquefois vers la pratique et hui prêter les forces dont il avait besoin; il prodiguait encore à ses amis tous ses soins et toutes les ressources de son art, mais sa pratique ne s'étendait plus hors de ce cercle.

L'étude par laquelle il remplaça la médecine fut celle de la politique spéculative. Cette science ne demande pas, comme on le sait, moins de sagacité et de jugement que celle de la médecine. Les grandes sociétés sont, de tems en tems, attaquées de maladies morales non moins compliquées que nos maladies physiques, et dont les causes tiennent, comme dans ces dernières, à une organisation plus ou moins vicieuse.

Ecoutons encore M. Alibert sur ce sujet intéressant: « Roussel méditait avec d'autant plus de fruit sur les » formes, la nature et le génie des sociétés, qu'il y était

>> en quelque sorte étranger. Il observait d'autant mieux » le monde, qu'il n'en était ni trop loin ni trop près, et » qu'il avait l'air de n'être qu'un témoin de ce qui se fait » dans la vie. Personne n'a mieux parlé que lui des ma

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ladies politiques. It disait que l'instabilité et l'exagéra» tion des idées étaient aux actes de l'entendement, ce » que les convulsions sont au mouvement du corps ; il » ajoutait qu'une irritabilité extrême était l'effet constant » de cette dégradation organique, et se manifestait par » l'intolérance; que l'énergie de ceux qui en étaient at» teints était hors des limites de la nature, et par consé» quent vicieuse ; que c'était une force déréglée comme » celle des maniaques, qui ne savait que renverser et » détruire, car il n'y a que les mouvemens mesurés et bien ordonnés qui puissent créer. Dans ses méditations > constances sur l'organisation politique des empires, » avait vu des traits de différence bien remarquables entre » les mouvemens qui ont précédé ou suivi la fondation des républiques anciennes, et les troubles suscités au sein des révolutions modernes. Dans celles-là, les hommes » qu'on a vu produire et fomenter ces agitations extraor» dinaires, avaient un but qu'ils voulaient atteindre, et jamais ils n'ont franchi la limite proposée par leurs entreprises et leurs pensées; dans celles-ci, au contraire, » c'est une fatale divagation des esprits, sans motif comme sans objet, qui les précipite aveuglément dans tous les » écarts, ou les fait errer sans cesse au gré des passions » et des emportemens populaires. >>

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Il est impossible d'avoir analysé les principes de l'ordre social sans avoir placé au premier rang la foi des engagemens et le respect des propriétés. Voilà comme Roussel s'exprimait lui-même sur ce dernier objet ; il est impossible de ne pas admirer la justesse d'un principe qu'il fait dériver de la nature elle-mêine: « La propriété, disait» il, comme la plupart des autres biens, perdrait beau» coup de ses charmes, si par la pensée on ne pouvait en » étendre la jouissance au-delà de notre courte existence.

L'imagination agrandit l'espace où la nature nous a cir» conscrits; elle n'embellit pas seulement la vie, mais » encore elle nous délivre en quelque sorte de la mort en >> nous faisant espérer de nous survivre à nous-mêmes par » les bienfaits, en nous faisant croire qu'après avoir cessé » d'être, nous tiendrons encore à ceux que nous aimons » par quelque chose qui dure plus que nous. »

Peut-on rendre le sentiment plus touchant, le parer de plus de charmes et l'appliquer d'une manière plus adroite à de plus grands intérêts! Le caractère distinctif du talent de Roussel était l'analyse, et c'était par elle quil s'était convaincu que le sentiment avait été notre premier guide dans toutes les institutions.

Mais nous nous apercevons que le plaisir et peut-être le besoin de parler de Roussel et de son panégyriste, et de les citer tour à tour, nous ont emporté trop loin. Nous n'avons encore rien dit du caractère, des mœurs et des habitudes de cet aimable philosophe; nous n'avons parlé que de ses ouvrages, nous avons besoin de parler de sa personne. Nos lecteurs ne seront pas fachés de connaître le personnel d'un homme d'un talent aussi distingué; mais nous sommes forcés de renvoyer cette partie intéressante de l'éloge de Roussel à un troisième extrait.

B. IMBERT.

AGRICULTURE.

DE L'ÉTUDE DE L'AGRICULTURE, par L. REYNIER.

D'EXCELLENS esprits ont déjà traité cette question; mais ils l'ont considérée dans ses rapports avec l'instruction publique; et le gouvernement, ayant prononcé, met fin à toute discussion ultérieure. Ce n'est plus l'enseignement de l'agriculture, mais seulement la nécessité de l'étudier que je crois devoir encore reproduire. Une fois qu'un certain nombre d'hommes, en état de donner une éducation be

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