Pagina-afbeeldingen
PDF
ePub

faisant faire et refaire plusieurs fois un même ouvrage, sans parvenir à se satisfaire eux-mêmes. Souvent, après plusieurs tentatives aussi dispendieuses qu'inutiles, ils finissent par se confier à des entrepreneurs qui ne cessent de leur tendre des piéges, pour les faire entrer dans leurs vues intéressées, en prodiguant la matière et les Ouvrages superflus. Delà une infinité d'abus qui ruinent les particuliers les plus riches et épuisent l'Etat sans rien produire. » A. D.

[merged small][merged small][ocr errors][merged small]

POUR la dernière fois je t'invoque, Aréthuse;
En faveur d'un ami, viens, sois encor ma Muse;
Nos vers par Lycoris peut-être seront lus,
Eh! qui refuserait quelques vers à Gallus ?..

Puisse, pour ce bienfait, ton onde pure et claire

Couler inaliérable au sein de l'onde amère !

Tandis que mes chevreaux tondent l'arbuste en fleur;
Viens, chantons de Gallus l'amoureuse douleur.

Nos chants sont écoutés, la forêt les répète.

QUELS lieux, Nymphes, quels bois vous servaient de retraite, Quand, brûlé d'un feu lent, Gallus fuyait le jour ?, ?

Pourquoi désertiez-vous votre docte séjour,

Et le sommet du Pinde, et ces rives fécondes

Où le Permesse épand ses poëtiques ondes?

Tandis que sous un antre il succombe à ses maux,
Tout pleurait; les lauriers, les pins et les ormeaux:
Le Médale attendri pleurait ; et le Lycée

Vit des larmes sortir de sa cime glacée.

Ses brebis l'entouraient: (Des maux de leur berger,
Gallus, on vit souvent les troupeaux s'affliger;

Garde-toi d'en rougir; songe, divin poëte,
Que le bel Adonis a porté la houlette. )

Les pasteurs des taureaux, ceux des troupeaux bélans,
Ceux des troupeaux fangeux qui s'engraissent de glands,
Des hameaux consternés arrivent pleins d'alarmes,
Et tous lui demandaient la cause de ses larines.
Apollon vient: quel trouble égare tes esprits?
Cet objet de tes pleurs, dit-il, ta Lycoris
Brave, près d'un rival, les frimas et la guerre.
Sylvain parait, le front couronné de fougère,
Agitant dans ses mains le jonc retentissant.
Enfin de l'Arcadie accourt le dieu puissant;
Je l'ai vu; le carmin et l'hyèble sauvage
D'une teinte sanglante enflammaient son visage.
Il n'est donc pas, dit-il, de terme à tes douleurs !
Tu crois fléchir l'Amour; l'Amour aime les pleurs
Comme l'herbe altérée aime une eau vive et pure;
L'abeille, le cytise ; et l'agneau, la verdure.

MAIS le triste Gallus: Bergers de ces hameaux,
Dit-il, à vos forêts vous conterez mes maux:
Vous seuls savez chanter, Pasteurs de l'Arcadie!
Si vos doigts, imitant l'antique mélodie,
Font soupirer pour moi d'harmonieux roseaux,
Ah! combien mollement reposeront mes os!

QUE le Ciel parmi vous n'a-t-il fixé ma vie !
Gallus à vous servir eût borné son envie;
Le sort d'un vendangeur aurait comblé mes vœux.
J'eusse aimé soit Philis, soit Laure aux blonds cheveux;
Oui, Philis, quoique brune, eût été mon amante;
La violette est noire et n'est pas moins charmante :
On eût vu près de moi, parmi les pampres verts,
Philis tresser des fleurs, Laure chanter des vers.

C'EST ici, Lycoris, que les bois, que les plaines;
Ici, que les gazons; ici, que les fontaines
Forment le plus riant, le plus beau des séjours;
Viens, j'y veux avec toi consumer tous mes jours.
Que dis-je! un fol amour sur un sanglant rivage
Te fait braver les traits, les armes, le ravage;
Oubliant ta patr ie, oubliant ton amant,

Seule (Dieux que ne puis-je en douter un moment!)

Tu

[graphic]

Tu vois les bords du Rhin, et tes pieds infidèles
Foulent des monts glacés les neiges éternelles !
Frimas qui désolez et ces monts et ces champs,
Respectez Lycoris; et vous, glaçons tranchans!
Ah! combien de ses pieds la plante est délicate!

VIENS, chantre de Chalcis, viens, oublions l'ingrate;
Da Berger de Sicile empruntons le hautbois;
Viens, je dirai les vers que modula ta voix.
J'irai, je percerai les bois inaccessibles;
J'écrirai mes amours sur les arbres sensibles :

Confidens de mes maux, ils croîtront tous les jours,
Tous les jours avec eux vous croitrez, mes amours!

CEPENDANT, compagnon des Nymphes du Menale,
Tantôt je franchirai sa cime pastorale,

Tantôt, malgré l'hiver, dans le fond des forêts,
Le sanglier fougueux tombera sous mes traits;
Je ceindrai ces forêts de meutes aboyantes ;

Déjà j'entends leurs cris sur les roches bruyantes;
Dans les bois, sur les monts, je les suis à grands pas,
Et mon arc frémissant lance au loin le trépas...
Comme si ma fureur n'était pas incurable!

[blocks in formation]

...

Sur les maux des mortels apprit à s'attendrir!
Adieu, Nymphes; ces jeux que vous venez m'offrir,
Ces bois, tout m'importune: et toi-même, ô na lyre,
Toi-même sur l'Amour tu n'aurais pas d'empire!
Quand j'irais, m'exilant dans des climas divers,
Boire l'Hèbre lointain glacé par les hivers;
Quand j'irais me fixer dans ces champs où l'Afrique
Voit la vigne expirer sous les feux du tropique ;
Anx climas les plus froids, au plus brûlant séjour,
L'Amour règne: cédons, quand tout cède à l'Amour.

MUSE, c'en est assez; reçois de ton poëte

Ces vers qu'il a chantés en creusant sa houlette :
Puissent-ils, par tes mains présentés en ce jour,
Charmer Gallus, Gallus pour qui mon tendre amour
Va croissant, comme un saule, au bord d'une eau limpide.

LEVONS-NOUS; aux chanteurs l'ombre est souvent perfide;
An XI. 2me. Trimestre.

Q

[ocr errors]

L'ombre nuit aux Moissons, mais surtout à la voix:

Vesper vient; mes troupeaux, retournons sous nos toits.

QUOIQUE la traduction des Eclogues de Virgile entrât nécessairement dans le plan que je me suis tracé de donner les poëtes bucoliques de l'antiquité, néanmoins, malgré mon amour pour Virgile, je n'aurais jamais osé en traduire une éclogue, si je ne me fusse assuré par un des amis de M. Delille, que, non seulement il ne les traduisait pas, mais que son intention même n'était pas de les traduire. Puisse cette éclogue de Gallus trouver grace devant ses yeux; c'est à lui surtout que j'ai voulu plaire: beureux! si l'étude constante de sa traduction des Géorgiques a pu m'empêcher de succomber entiè rement sous le fardeau. Avec un tel guide, il n'est pas impossible qu'un poëte médiocre ne fasse une traduction passable : un homme de talent est presque certain de réussir; mais toute la gloire ne lui en appartient pas; il est bien différent d'entrer dans une carrière avec les conseils d'un homme qui l'a parcourue avec succès, ou d'y entrer lorsqu'elle n'était fameuse que par les revers de ses prédécesseurs; et quelques éloges que méritent Laharpe, par sa traduction du Philoctete; Boisjoslin, par celle de la Forêt de Windsor; et surtout De Saint-Ange, par celle des Métamorphoses, ouvrage qui gagne souvent à être comparé avec le texte, et la seule traduction d'Ovide qu'un homme de goût puisse lire ; je pense qu'ils doivent tous être regardés comme de l'école de Delille. C'est lui qui a fait voir ce que l'homme de génie entend par fidélité, et mêufe comment il était possible quelquefois de se faire aimer davantage en étant infidèle. Avant lui on ne connaissait que quelques morceaux fort courts, traduits par Boileau, et dont un même, quoique très-beau, a été critiqué un peu trop sévèrement par Rollin et Laharpe. Voltaire avait bien donné quelques excellens passages de poëtes modernes, plus aisés à traduire que les anciens; mais si, dans la comparaison de l'aigle blessé par un serpent, il s'est montré, du moins à mon avis, supérieur à Ho inère, à Cicéron et à Virgile, il faut convenir avec la même sincé. rité que dans le fameux morceau d'Homère, Miño marpos σulo etc. et dans cet autre si admirable de Virgile: Nor erat, et placidum, etc. ses imitations sont d'une faiblesse extrême; ce qui prouve que la manière de traduire qu'avait adoptée Voltaire, n'était pas très-sûre, même avec le plus grand talent. L'auteur du Méchant et de Vert Vert, de l'aveu de tout littérateur, n'aurait pu qu'égarer les tra ducteurs qui auraient été tentés de le prendre pour modèle. Enfia inalgré les encouragemens que Voltaire donnait aux jeunes pceles on regardait généralement une traduction en vers français comm

impossible, lorsque celle de Delille parut, et lui valut en peu de tems le titre de Classique; ce que Pierre Didot, mon frère, a exprimé en vers assez heureux:

L'auteur harmonieux, doux, fécond, élégant,
Qui deux fois aux Français chanta les Géorgiques,
Delille, inscrit déjà dans le rang des classiques.
FIRMIN DIDOT.

LES DEUX MISSIONNAIRES.

OR, connaissez-vous en France
Certain couple sauvageon,

Prisant peu la tolérance!

Messieurs Lah. . pé et Naig .'. n ?

ENTR'EUX il s'élève un schisme,
L'un étant grave docteur

Ferré sur le catéchisme,

L'autre athée inquisiteur.

Tous deux braillent comme pies ;
Déistes ne sont leurs saints.

Lah.. pe les nomme impies ;
Naig.. n les dit capucins.

A ces oracles suprêmes,

Bonnes gens, soyez

soumis.

Nul n'aura d'esprit qu'eux-mêmes :

Ils n'ont point d'autres amis.

LEUR éloquence modeste

Amollit les cœurs de fer;

Lah.. pe a le feu céleste
Et Naig.. n le feu d'enfer.

PARTOUT ces deux Prométhées
Vont créant mortels nouveaux;
Lah.. pe fait les athées,

Et Naig.. fait les dévots.

« VorigeDoorgaan »