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que tous les hommes de génie, fut plus flatté de ces différentes commissions que de ces distinctions frivoles, de ces titres, de ces rubans qui ont si souvent décoré la ridicule médiocrité qu'on eût oubliée sans l'orgueil qui la faisait remarquer. Il ambitionna aussi peu ces pensions ou cette réunion de traitemens qui trop souvent ont voué à l'inutilité ou à la paresse, des talens pour qui elles eussent dû être non-seulement une récompense du passé, mais un motif puissant d'émulation pour l'avenir.

Il n'est peut-être pas d'ouvrage qui ait eu le succès du Théâtre d'agriculture. Dix-neuf éditions se sont succédées avec rapidité dans l'époque d'un demi-siècle. Je n'y comprends pas celles qui se sont faites en pays étranger. Rien, à mon avis, ne prouve plus l'utilité de cet ouvrage que cet empressement à le reproduire. C'est là son plus bel éloge, et assurément il ne peut point étre suspect.

Mais à quelle cause attribuer l'oubli presque général de cet ouvrage et de son auteur? Aux variations, aux changemens successifs qu'a éprouvé, avec une rapidité pen ordinaire aux idiômes des autres peuples, la langue. française; bien des circonstances dont je m'abstiens de parler l'ont rendue méconnaissable, ou du moins trèsdifférente de ce qu'elle était il y a deux cents ans.

Les progrès des arts, le commerce avec d'autres nations, des tournures nouvelles, des acceptions plus étendues, notre délicatesse, notre inconstance, nos caprices, out mis en désuétude bien des mots et des expressions. Ceux à qui elles ne sont pas étrangères les retrouvent avec plaisir dans Marot, dans Pibrac, dans Montagne, etc. Mais bien des personnes qui ne cherchent que l'instruction dans des livres de sciences, d'arts et d'agriculture, se trouvent rebutées à la lecture des mots surannés présentés sous une orthographe qui a vieilli; et depuis longtems le public a abandonné un livre qui n'est plus dans le commerce, mais que les savans conservent précieusement dans les bibliothèques, et que les amateurs ont lu et consultent tous les jours avec le plus grand intérêt.

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C'était donc un grand service à rendre à l'agriculture que de le reproduire de manière que sa lecture fût à la portée de ceux qui aiment ou qui cultivent cette partie si intéressante. C'est ce que vient de faire le C. A. M. Gisors. Sans altérer en aucune manière le style, et moins encore le sens de l'auteur, il s'est contenté de substituer le mot d'usage à celui dont la surannation eût exigé une espèce de vocabulaire, toujours pénible à consulter (1).

C'est donc un monument qu'il a élevé, pour l'utilité pu blique, à la mémoire d'Olivier de Serres. Il s'en occupait lorsque d'un autre côté, un homme qui n'est étranger à aucune gloire, à aucun mérite, à aucune vertu, sans y être sollicité, et par le sentiment seul d'une justice éclairée, a ouvert une souscription pour faire élever à Olivier de Serres, le Triptolême français, le Nestor, ou plutôt le créateur moderne de l'agriculture, en France, une statue de marbre qui doit être placée au milieu de la place publique de Ville-Neuve de Berg, sa patrie. C'est ainsi que le général Caffarelli, alors préfet de l'Ardèche, a ajouté à sa gloire en l'associant à celle d'Olivier de Serres, et a donné une heureuse impulsion qui ne sera point perdue pour l'émulation.

Il y a tout lieu d'espérer que son successeur ne négli– gera rien pour remplir des vues aussi louables. Combien son autorité sera chère au peuple de son département, lorsqu'il la verra empressée de reproduire les traits de celui qui ne s'occupa que du bonheur de son pays, de la France, de l'Europe entière !

Ce n'est plus dans la poussière des bibliothèques qu'il faudra déterrer et lire péniblement cet ouvrage. Sa publication aura un autre avantage, celui de démasquer la tourbe des compilateurs qui l'ont mis à contribution de tant de manières, l'ont tronqué, mutilé, sans le nommer avec reconnaissance; l'ont associé à leurs erreurs,

(1) Il était aussi nécessaire, à mon avis, de traduire le mot suranné que de corriger l'ancienne orthographe.

à leurs contradictions, se sout servilement copiés les uns les autres, n'osant s'écarter un instant du sentier battu, comme ces oisons qui marchent à la file.

Entrez dans une bibliothèque d'agriculture; que trouvez-vous dans cette collection si volumineuse? A l'exception des ouvrages de Roger Schabol, des Duhamel, des Parmentier, des Rosière, et d'un petit nombre d'autres qui portent l'empreinte du talent et des saines connaissances de leurs auteurs, vous ne trouvez que des répétitions fastidieuses, des principes erronés, des systèmes fabriqués par des écrivains qui n'ont jamais étudié l'agriculture que dans leur cabinet. A l'immensité de livres q i traitent de cet objet, on nous prendrait pour le peuple le plus fécond et le plus éclairé; mais à leur lecture, on verrait sous bien des rapports combien ces compilalatious erronées décèlent notre stérilité et souvent notre ignorance.

Les amateurs n'auront point ce reproche à faire à l'ouvrage de de Serres. Il est fondé sur les lois iminuables de la nature, sur les expériences éclairées d'une saine physique, autant que le permettait le tems où il a vécu. Le Succès de l'application de ses principes, que de bons cultivateurs se sont fait un devoir de ne pas abandonner, en garantit l'utilité.

Il débute par la connaissance des terres, leur culture, leur emménagement, suivant les positions et les différens climats, leur exploitation. Il s'occupe des récoltes, de la conservation des grains, des engrais, des vignes, des vins, de la manière de les suppléer par des boissons également factices et saines.

C'est dans cet ouvrage qu'on lira avec intérêt tout ce qu'il dit des prairies, de leur formation, leur arrosement, lear conservation ; des pépinières, des bois, de la formation des taillis, des arbres, de leurs qualités, de leur conduite; des potagers légumiers, fruitiers, botaniques, etc. L'auteur devait naturellement s'occuper des bestiaux, et c'est ce qu'il a fait dans le plus grand détail. Les agri

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culteurs trouveront de très-grandes lumières sur le soin des chevaux, des haras, des troupeaux, des boeufs, taureaux et vaches, de tous les animaux volatiles nécessaires dans une ferme et qui en augmentent le produit; sur la partie qui concerne les vers à soie, les abeilles, la manière de les gouverner. Il entre dans les détails du ménage, des maladies des hommes et des bestiaux ; il n'a rien oublié, rien négligé, et ce livre seul peut tenir lieu à tous les fermiers, de tous les autres, où ils cherchent souvent sans succès ce qu'ils ont le plus d'intérêt de savoir.

Cet ouvrage n'offre pas seulement des principes d'une pratique journalière, il se distingue encore par une érudition peu commune. L'auteur y a rassemblé tout ce que l'antiquité nous a offert de plus lumineux, ce qu'il avait pu recueillir des voyageurs étrangers, et des relations sur différens pays.

Pline, Caton, Palludius, Columelle, Varon, Virgile, etc., y figurent alternativement, mais dégagés des préjugés ou des erreurs qui font qu'on ne doit les lire qu'avec la plus grande précaution. CL.

HYGIÈNE PUBLIQUE.

RAPPORT fait à l'Ecole de médecine de Paris, sur une question relative à la nourriture des cochons, par le C. CHAUSSIER.

DANS une lettre en date du 1er jour complémentaire de l'an 10, le C. Conseiller-d'Etat Préfet de police fait part à l'école de médecine qu'un écarisseur, demeurant à Paris, nourrit chez lui une assez grande quantité de cochons avec la chair de cheval; et comme dans le nombre des chevaux qui sont abattus il peut s'en trouver de morveux, il craint que la chair des cochons ainsi nourris occasionne des maladies aux personnes qui en feraient usage, et si cette méthode est nuisible, il craint qu'elle se

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propage hors la ville: en conséquence, il demande l'avis de l'école sur cet objet, afin qu'il puisse prescrire l'ordre, et les mesures nécessaires.

Cette question, qui prouve la sollicitude et la vigilance continuelle du C. Préfet de police sur tous les objets de salubrité publique, nous paraît mériter la plus grande attention, parce que pour parvenir à une solution exacte de ce problême, il faut entrer dans différentes considérations qui intéressent non-seulement l'administration de la police, mais encore le commerce, les arts, et même féconomie rurale.

Sans doute il est fort important d'écarter avec soin des habitations des hommes tout ce qui peut altérer l'air, l'eau, les alimens, tout ce qui peut former des foyers d'infection, de putridité, et devenir ainsi cause de débilitation et de maladies. Ce précepte est surtout d'une nécessité première et absolue dans les cités populeuses qui renferment un grand nombre d'hommes rapprochés par le besoin. de leurs affaires, de leur commerce; aussi chez tous les peuples les lois, les ordonnances et les réglemens sont uniformes sur ce point important. Tous s'accordent à proscrire de l'intérieur des villes les ateliers dont les matériaux ou les procédés sont évidemment nuisibles à la salubrité; ifs défendent expressément d'élever, de nourrir, d'engraisser du bétail dans les villes, et ne permettent ces sortes d'établissemens que dans les faubourgs, dans les hameaux circonvisins, dans les endroits suffisamment isolés qui présentent un espace assez grand pour la circulation, le renouvellement de l'air, la dilatation, la dissémination des miasmes et des vapeurs que fournit le rassemblement des animaux, l'entassement des fumiers.

Quoique ces mesures soient de rigueur et doivent s'appliquer également à toutes les villes, Paris cependant exige quelques considérations particulières. En effet, maintenant qu'on a renfermé dans une même enceinte de vastes terrains qui étaient auparavant séparés de la ville, il ne serait pas juste de rejeter actuellement hors An XI. 2me Trimestre.

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