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individus présentant tous les signes rationnels de la phthisie.

Pour les tubercules par mortification les chances de guérison ne sont pas aussi favorables. D'abord, la perte de substance qui en est inséparable, et dont l'étendue s'accroit en raison de leur nombre, laisse des vides qui doivent se remplir d'autant plus difficilement qu'autour d'eux le tissu pulmonaire a perdu toute son élasticité.

On a parlé dans la discussion de la guérison spontanée des cavernes tuberbuleuses comme d'un fait assez commun. Laënnec, je le sais, et plusieurs auteurs après lui ont rencontré dans les lobules supérieurs du poumon du tissu fibro-cartilagineux, qu'ils considéraient comme produit d'une cicatrice. Moi-même j'ai cru y trouver de ce tissu auquel j'ai attaché la même signification. Cependant il m'est survenu des doutes sur la justesse de ce diagnostic. Pour qu'une caverne se cicatrise, les parois doivent en être en contact; or comment, en présence de ce fait que les poumons sont toujours contigus aux côtes, sur lesquelles ils sont étroitement appliqués, dont ils suivent tous les mouvements, comprendre que ce contact puisse avoir fieu, à moins de supposer un corps étranger comprimant le poumon et le refoulant au point d'effacer le vide que l'excavation y avait laissée, ce qui peut arriver, je le comprends, une tumeur, un épanchement peuvent avoir cet effet, mais cela doit rester cependant dans les rares exceptions.

Si les tubercules par mortification se fondent, que leurs éléments réagissent les uns sur les autres, ils subiront la fermentation putride, et s'ils sont absorbés dans cet étal, ils porteront l'infection dans toute l'économie. Ce n'est que pour autant qu'ils se dessèchent sur place ou qu'ils se convertissent en substance crétacée, qu'ils peuvent rester inoffensifs, pendant quelque temps au moins, et ètre rejetés même par

expectoration. Il y a peut-être encore d'autres voies de guérison, mais mon œil ne les découvre pas.

Existe-t-il un traitement antiphthisique?

N'étant pas question de combattre un vice déterminé, mais de corriger des anomalies de la constitution variables de leur nature, il ne peut s'agir d'adopter une ligne de conduite uniforme destinée à remplir cette indication. Fortifier la constitution générale, la garantir des influences qui tendraient à l'affaiblir, c'est de quoi il faut avant tout se préoccuper. Vouloir spécifier davantage, indiquer à l'avance un régime qui réponde aux exigences de tous les cas, ce serait faire preuvede peu de jugement. Ce ne sont pas des phthisies, mais des phthisiques qui réclament nos soins.

Ce qu'on peut dire d'une manière générale, c'est qu'une alimentation saine, réparatrice, est un des principaux éléments du traitement. Cette alimentation peut-elle être la même chez tous les phthisiques? Je ne le pense pas. Ce n'est pas ce qu'on mange qui nourrit, mais ce qu'on digère. On voit sous ce rapport là des choses étranges, bizarres. Tout le monde sait qu'à tel estomac, il faut des aliments savoureux, osmázômés, des viandes noires, des condiments, des épices, à tel autre, il faut une nourriture douce, muqueuse, sucrée. La digestibilité des aliments varie d'après les individus; or, il faut qu'ils soient digérés pour être utiles. Le lait purge celuici, constipe celui-là, produit chez le mème tantôt un de ces effets, tantôt l'autre. Après la tête d'une femme, dis-je, quelquefois, quand je suis mis en demeure, par des exigences déraisonnables, de formuler un régime d'une manière absolue, après la tête d'une femme il n'y a rien de plus capricieux que l'estomac de l'homme. La réflexion peut ne pas paraitre rigoureusement académique, mais elle rend bien ma pensée.

Frappé de l'abus que, dans les consomptions pulmonaires on a fait du régime lacté, quelques médecins ont voulu le bannir entièrement de son traitement, et y substituer imperturbablement un régime à la viande. Il y a excès des deux côtés.

Intra Iliacos muros peccatur et extra.

Entre les régimes le tout est de bien choisir suivant les cas, et de se décider pour celui dont les résultats sont les plus avantageux. C'est ici surtout que l'indication a juvantibus et laedentibus trouve sa place.

S'il est vrai que la genèse des tubercules pulmonaires soit la conséquence, tantôt d'un exsudat dans le tissu du poumon, tantôt d'une mortification de quelques portions de ce tissu, avenus à la suite de congestion, l'indication générale du traitement prophylactique chez des sujets prédisposés à la phthisie est d'écarter avec soin et de combattre avec persévérance l'hypérémie pulmonaire. Pour la remplir, le moyen le plus efficace me paraît être une gymnastique bien dirigée. Elle aura pour résultat de détourner le sang des viscères sans en appauvrir la masse, en même temps, qu'en élargissant la cavité thoracique, en agrandissant l'espace où jouent les poumons, elle facilitera la marche du sang au travers et en présentera dans un temps donné une plus grande partic à l'aération. Je pourrais citer un grand nombre de cas où cette méthode appliquée par continuité et avec intelligence a donné les plus beaux résultats; elle rentre complétement dans les vues de notre honorable collègue Fossion.

Prévenir la formation des tubercules, c'est tout ce qu'on peut attendre de la médecine. Les faire disparaître quand ils sont déposés, neutraliser l'effet de leur présence, en obtenir

le rejet me paraît être au-dessus des ressources de l'art, et c'est aussi l'avis d'un grand nombre de praticiens distingués, La nature y parvient quelquefois, mais par des moyens qui nous sont inconnus et qui ne peuvent, par conséquent, nous servir de guide.

Le traitement général, dont je viens d'esquisser à grands traits quelques linéaments, doit être appliqué surtout avec rigueur et persévérance quand on a affaire à de jeunes sujets à constitution délicate, à poitrine étroite ou issus de parents phthisiques. C'est de nouveau de la gymnastique qu'on obtiendra les secours les plus certains. La lecture à haute voix, le chant seront d'un grand secours. Étant connu, que les poumons sont étroitement appliqués aux côtes et qu'ils en suivent tous les mouvements, on comprend que l'augmentation de capacité du thorax élargira proportionnellement le champ de la respiration. C'est donc sur l'agrandissement de cette boite que les efforts doivent se porter. Je dois me borner à cette indication générale. Je rappellerai que feu mon regrettable ami Fourcault, qui a rendu tant de service à l'hygiène des phthisiques, avait imaginé pour ceux qui déjà sont fort affaiblis, un exercice très-simple et très-ingénieux. Il consistait à étendre et fléchir par de brusques secousses les extrémités supérieures et inférieures, pendant cinq ou six minutes le soir ou le matin, avant ou après le sommeil. Eu égard à l'endroit où cet exercice devait être pris, il y avait donné le nom de gymnastique clinique. On joint à cela le massage ou pétrissage des muscles des quatre extrémités, exercé soit par le malade lui-même, soit par une main étrangère.

. I.

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DE la revaccination, Communication faite à l'Académie royale de médecine de Belgique; par M. VLEMINCKX, membre titulaire.

L'Académie a adopté, dans une de ses dernières séances, sur un rapport très-remarquable de l'honorable M. Marinus, plusieurs propositions relatives à la vertu préservatrice du vaccin.

Deux de ces propositions sont ainsi conçues :

1° « La revaccination est le complément utile, indispensable de la première vaccination, pour assurer une préservation durable, non qu'elle soit toujours nécessaire, mais afin d'acquérir la certitude que toute disposition à la réceptivité de la variole est éteinte dans l'économie;

2o « L'âge de dix à quinze ans est le plus opportun pour pratiquer la revaccination, en supposant que le sujet a été vacciné dans la première enfance. >>

Déjà à une autre époque (c'était en 1850), la Compagnie avait adopté la proposition suivante de l'honorable M. Craninx:

«Dans les cas d'épidémie de variole et de varioloïde, il est prudent de revacciner toutes les personnes qui sont à moins à dix ans de date de leur première vaccination, et indistinctement toutes celles dont la vaccination laisse quelques doutes. »

Je ne me serais pas permis de venir vous entretenir de nouveau de ce sujet, immédiatement après le vote que vous avez émis, si une circonstance heureuse ne m'avait mis en possession d'un document qui m'a paru jeter quelque lumière sur l'importante question de la réceptivité.

Je viens d'avoir l'honneur de vous le rappeler, Messieurs, vous avez assigné quinze ans au plus, à la vertu préservatrice du vaccin.

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