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sécrétions dépurantes et assurent, aussi bien que l'alimentation par l'influence heureuse des solides sur les liquides, la réparation physiologique de ses principes immédiats.

La nourriture seule ne suffit pas, elle constitue un abus. Messieurs, pour arriver par la discussion à un résultat utile, il faut non-seulement étudier la phthisie pulmonaire par la recherche des causes générales ou particulières qui peuvent la produire, mais il faut encore la suivre dans tous ses détails et dans toutes ses phases; il faut en déterminer le point de départ de prédilection, caractériser l'affection dans sa nature, la suivre dans ses développements, en préciser les conséquences, chercher la source des accidents les plus saillants qui en découlent, tels que l'hémorragie, la fièvre, même de résorption; en un mot l'analyser dans tous ses détails favorables ou défavorables jusqu'au dernier moment de l'existence ou jusqu'à la guérison.

Je viens d'entendre l'honorable M. Burggraeve nous préconiser divers traitements conformes à ses opinions; mais qu'estce qu'un traitement, si avant tout on n'a pas eu soin de déterminer le siége et la nature de l'affection? Y a-t-il quelque chose de plus illogique que de commencer par où l'on doit finir? C'est, disons-le, jeter au hasard des remèdes qui feront le plus souvent, de cette manière, plus de mal que de bien.

Mais enfin, pourquoi la discussion, jusqu'à ce moment, s'estelle soutenue librement sans qu'on ait pu s'entendre? C'est que nous sommes partis d'un point tout scientifique qui n'avait point l'anatomie et la physiologie pour bases; c'est que, sans tenir compte des contestations émises dès le principe par des praticiens compétents, nous avons admis l'immunité des houilleurs vis-à-vis de la phthisie pulmonaire. Je tiens aussi, Messieurs, en ce moment des renseignements

fournis par un médecin très-recommandable, placé dans les meilleures conditions pour vous donner des éclaircissements sur cette immunité des houilleurs. Le talent et la position de cet homme, à la tête d'un hôpital important, vous inspireront, comme à moi, la plus grande confiance. Je veux parler de M. le professeur Sauveur de Liége. Cet honorable confrère a eu la bonté de me remettre une statistique des phthisiques qu'il a eus à traiter dans son service. Il résulte, Messieurs, de cette statistique, que depuis le mois de novembre 1857, jusqu'au mois d'avril 1858, il est entré dans la salle des hommes fiévreux de l'hôpital de Bavière, 30 tuberculeux, dont 24 de différentes professions et 6 houilleurs, livrés à ces travaux depuis leur jeunesse ; ainsi, voilà 1/5 de la statistique produit par les houilleurs.

Sur ces 30 phthisiques, 19 sont morts, 11 sont sortis non guéris; des 6 houilleurs, 4 sont morts et 2 sont sortis non guéris. Déjà dans une séance antérieure, M. Boulvin avait contesté des assertions avancées sur la rareté de la phthisie pulmonaire chez les houilleurs. D'après ces faits et ceux qui vous ont été déjà antérieurement relatés, il me semble inutile d'insister davantage sur cette prétendue immunité des houilleurs, mais il faut reconnaître que des phthisiques se rencontrent dans toutes les conditions et dans tous les lieux : en Belgique, comme en Espagne et en Portugal; en Italie et dans le midi de la France, comme en Russie et en Hollande. Il ne peut y avoir de différence que dans le plus ou le moins.

Ces faits recueillis par l'observation, prouvent que ce n'est pas la réfrigération, que ce n'est pas le manque de nourriture substantielle non plus que l'inactivité seulement qui produisent la phthisie; mais que d'autres causes, tantôt réunies, tantôt séparées, peuvent, en agissant sur des sujets

d'une constitution prédisposée à la maladie, déterminer dans un temps plus ou moins long ces fâcheux accidents, et les produire d'une manière d'autant plus redoutable, que la cause matérielle du mal nait souvent au milieu d'apparences extérieures qui éloignent de la pensée toute idée de maladie et feraient croire à la meilleure santé.

Que reste-t-il donc à faire, Messieurs, pour entrer dans une discussion plus fructueuse? Sur quel terrain faut-il la placer? Nous devons, à mon avis, suivre la marche que nous a donnée M. Vanden Broeck et prendre pour bases de nos débats l'anatomie et la physiologie.

Comme les poumons et l'appareil respiratoire tout entier sont le siége de l'affection qui nous occupe si sérieusement, il faut avant tout que cet appareil soit examiné dans toutes ses parties constituantes, mais sous le point de vue de la part que chacune d'elles prend dans l'acte complet de la respiration, dans les propriétés physiques et organiques des différents tissus des parenchymes; voir les conséquences qui résultent, pour cette fonction si complexe, dans ses actes et les organes qui l'exécutent, de l'absence presque totale d'un exercice modéré et forcé, par conséquent des effets de la gymnastique et du travail. C'est par des aperçus semblables, je pense, Messieurs, que nous serons plus facilement amenés à nous entendre et à faire sortir de nos discussions des vérités précieuses pour la pratique.

Cette manière de procéder servira aussi de base, en les rendant plus faciles, aux recherches diagnostiques des maladies de poitrine en général.

J'insiste sur ce point, Messieurs, parce que je le considère comme une partie essentielle de l'ensemble auquel nous allons passer; il constitue même le point de départ de la marche que

nous allons suivre pour élever notre édifice et arriver à un tout parfaitement d'accord. Cet exposé sur la phthisie pulmonaire renfermera tous les aperçus recueillis dans ma pratique nosocomiale, mes études et mes recherches anatomiques.

Je regrette d'être obligé de poser comme bases du travail les principes les plus élémentaires de la science; sur eux doivent s'appuyer les conséquences que nous en déduirons. J'ai beaucoup entendu parler de la qualité du sang dans la production de la phthisie pulmonaire; quelques-uns d'entre vous ont souvent insisté sur le manque de certains principes immédiats de sa composition, sur l'altération de certains autres, sur le manque de globules, de fibrine, etc., et j'ai remarqué qu'on insistait spécialement sur le genre d'alimentation pour expliquer la nature bonne ou mauvaise du fluide sanguin. Personne ne niera l'influence de la nourriture, soit végétale, soit animale, sur la composition du sang; tous nous en reconnaissous l'influence différente, en ajoutant que, quoique bonnes l'une et l'autre, l'une et l'autre peuvent aussi conduire à des conséquences également fâcheuses.

Mais personne ne nous a dit jusqu'ici que les sécrétions produites par le travail organique, augmentées, forcées même par l'exercice des appareils de l'économie, sont d'une grande valeur dans la composition du fluide nutritif général. Le sang ne se répare pas seulement par l'introduction des matières assimilables, il se répare aussi en se dépouillant des matières qui lui sont étrangères par l'élimination des différents détritus. Ces choses sont fort simples, il est même à regretter qu'on doive s'en rafraîchir la mémoire en présence d'une Société aussi savante, mais il faut être clair avant tout et pour être compris dans mes développements ultérieurs, je me trouve

forcé d'en faire mention ici, tout en demandant votre indul

gence.

Avant de passer à l'exposition des faits pathologiques touchant les tubercules pulmonaires, avant de rechercher le mécanisme de leur production, leur siége ordinaire et leur ramollissement; avant de vous entretenir des hémoptysies qui les précèdent ou les accompagnent et de suivre cette affection dans l'ensemble des phénomènes qui la caractérisent, je me sens obligé de jeter un aperçu général, tant sur la structure de l'appareil respiratoire que sur les fonctions particulières de chacune de ses parties constituantes. Je vous prie de m'écouter avec patience; je serai aussi bref que possible.

La poitrine de l'homme, par l'étendue variée de son jeu, est faite pour le repos, comme pour les plus grands mouvements; instrument d'aspiration et d'expiration, elle peut être considérée comme une caisse cylindrique et élastique, susceptible de se dilater verticalement, transversalement et d'arrière en avant. Elle est plus mobile dans ses régions inférieures que dans ses parties supérieures; faite pour obéir à la dilatation variée des organes qu'elle renferme, elle subit toutes les conséquences des changements de forme de ces viscères; tantôt elle augmente, tantôt elle diminue, dans l'état de santé comme dans l'état de maladie. Dans toutes les conditions d'âge, de sexe et de profession, les parois du thorax sont résistantes, élastiques et susceptibles de vibration; la forme du thorax est comparable à celle d'un cylindre conique variablement aplati en haut, arrondi sur les côtés, large en bas et creusé en arrière où se trouve la colonne vertébrale. Les côtes, au nombre de vingt-quatre, situées sur les parties latérales et dont la longueur augmente jusqu'à la septième, sont des arcs osseux qui forment la base du cylindre thoracique;

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