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174. Nous entendons par conscience du devoir l'ensemble des notions immédiates fournies par le sens intime sur le devoir. Le sens intime, quand il donne ces notions, prend le nom de sens moral. Conscience du devoir et sens moral ne sont rien autre chose que la raison elle-même; la raison qui, après nous avoir donné directement l'existence du devoir, doit compléter son œuvre en rendant directement sensibles à nos yeux la nature du devoir, son premier principe et son mode d'action sur nous.

Cette mission ne lui est point contestée par la

partie spéciale de la philosophie qui prend le nom de religion. Citons une des plus récentes décisions de l'Eglise catholique : « Hominem rationis exercitio fruentem, hujus facultatis applicatione posse percipere aut « etiam demonstrare plures veritates metaphysicas «<et morales, inter quas EXISTENTIA DEI, ANIMÆ SPIRI«<<TUALITAS, LIBERTAS ET IMMORTALITAS, ATQUE BONI ET << MALI DISTINCTIO, etc., enumerantur1.»-Au surplus, signalé par la raison, le premier principe du devoir nous apparaîtra admirablement confirmé et résumé par l'Évangile. A défaut d'autres titres à l'estime, notre traité aura du moins ce bonheur de mettre en lumière l'identité, à cet égard, de la révélation naturelle et de la révélation positive.

175. Une des pensées principales de notre ouvrage est de distinguer, plus nettement qu'on ne le fait d'ordinaire, deux sortes d'enseignements donnés par la conscience. Les uns, absolus, sont les mêmes pour tous. Les autres, relatifs, sont différents dans les différents individus. Cette distinction apparaîtra par la division de notre troisième partie.

176. Voici l'énoncé général de cette division:

LIVRE I. Conscience du devoir.

absolue des caractères du devoir.

LIVRE II. Conscience du devoir.

Révélation

Révélation

Sentiment

absolue du premier principe du devoir.

LIVRE III. Conscience du devoir.

relatif de l'amour du devoir.

1 Concile d'Amiens, cap. xvI, § 3. M. l'abbé Gratry, De la connais

sance de Dieu, avant-propos.

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relatif du mérite et du démérite de nos actions.

LIVRE V. Conscience du devoir.

relative des objets du devoir.

Connaissance

ÉPILOGUE de la troisième partie. - Existence d'une science complète et absolue du devoir.

LIVRE PREMIER.

CONSCIENCE DU DEVOIR.

RÉVÉLATION ABSOLUE

DES CARACTÈRES DU DEVOIR.

177. Division de ce livre.

177. Souveraineté du devoir.-Diversité et indivisibilité des aspects du devoir. — Universalité de l'application du devoir.-Tels sont les trois caractères que nous allons successivement décrire.

TITRE PREMIER.

SOUVERAINETÉ DU DEVOIR.

« Connaissez-vous un être moral qui ne reconnaisse,

« au fond de sa conscience, que la raison doit com«mander à la passion? »

(COUSIN, Le Vrai, le beau, le bien, re leçon.)

178. La souveraineté du devoir diffère de l'empire de la force, du commandement de l'autorité, de l'influence du conseil, et du respect de la convention.

178. L'explication de ce premier caractère ne demande pas de longs développements. La souveraineté du devoir est plus que l'empire de la force, plus que le commandement de l'autorité, plus que

l'influence du conseil, plus que le respect de la convention.

La force et l'autorité imposent un résultat. L'homme qui est obligé de l'accepter malgré son désir de s'y soustraire, ne fait acte ni de liberté, ni de foi, ni de raison. Le conseil est demandé spontanément, soit à un supérieur, soit à un égal, soit à un inférieur. Celui qui le reçoit n'est point tenu de l'écouter. Si, n'étant pas certain qu'il soit bon, il le suit par confiance en celui qui l'a donné, il fait acte de liberté et de foi, mais non de raison.- La convention est conclue librement. Si elle est morale, elle produit le devoir. Si elle ne l'est pas, et que, par un faux point d'honneur, celui qui l'a consentie l'exécute, il fait acte de liberté, mais non de foi ni de raison.

La souveraineté du devoir ne s'impose pas à la faiblesse, comme la force et l'autorité.-Elle n'appelle pas la foi aveugle, comme le conseil.-Elle ne demande pas l'observation d'une prétendue bienséance, comme la convention qu'on a eu tort de faire. Elle s'adresse directement à la raison et l'oblige par son propre assentiment. Le devoir «< agit moralement sur le cœur et « le pénètre d'un sentiment particulier qui force les << hommes à blâmer eux-mêmes leur propre conduite, « et à se juger dignes de châtiment lorsqu'ils ne se << sont pas conformés à la règle prescrite; motif qui << seul est capable de donner à l'obligation assez de << force pour fléchir la volonté1.»-« D'une part, «< l'intérêt fait appel à notre sensibilité, sans entraî

1 Puffendorff, Droit de la nature et des gens, liv. I, chap. vI, S 5.

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