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Rappelez-vous, Messieurs, les paroles de M. Husson, dans son rapport à l'Académie de médecine de Paris.

« Dans la position où nous sommes, divisés comme nous paraissons l'être, disait-il, il est évident que ceux qui veulent l'examen paraitront ridicules à ceux qui le repoussent, et que ces derniers le seront pour ceux qui le désirent. ́

<< Il vous est impossible de vous soustraire à cette nécessité qui, d'un côté comme de l'autre, déverse la risée ou la moquerie sur une partie de cette Assemblée.

« Et cependant, vous devez la subir tout entière, cette nécessité, et dans l'alternative où vous êtes placés, n'étant plus les maîtres de diriger l'opinion du monde savant sur la question qui vous est soumise, il vous restera à juger si le ridicule doit s'attacher à ceux qui se prononceront pour l'examen d'une question qui a été l'objet constant des études de plusieurs d'entre nous, ou s'il doit frappper ceux qui repoussent ce sujet sans l'avoir étudié.

« Voilà, Messieurs, où est la question du ridicule tout entière; car il n'est plus aujourd'hui dans le magnétisme en lui-même. Il en a été déplacé depuis que des observateurs éclairés et impartiaux, dont personne ici ne récuse les talents, ont pris part à cette longue et solennelle discussion. »

A ces considérations, j'en ajouterai une autre d'un ordre plus élevé.

Jusqu'ici on n'a pas reculé devant le reproche de matérialisme adressé aux médecins. Eh bien, les phénomènes psycologiques du magnétisme animal sont tels, qu'ils séparent complétement l'être moral de l'être physique. Ces phénomènes révèlent une nature morale, noble et essentiellement bonne. Partout ils permettent de constater les principes élevés qui constituent l'essence morale de l'humanité. S'occuper du

magnétisme animal, c'est donc rejeter, une fois pour toutes, le reproche qui nous a été injustement adressé.

Messieurs, j'ai eu l'honneur de vous dire, en commençant, que le sujet de cette lecture m'avait été inspiré par un fait qui s'est présenté à mon observation. Je l'avouerai sans embarras j'étais de ceux qui n'osent pas aborder l'examen du magnétisme animal, de crainte du ridicule. D'ailleurs, me disais je, à quoi bon s'occuper de ce qui est surnaturel? Mes devoirs de médecin m'y ont forcé. Oui, Messieurs, malgré moi, et presque à mon insu, je suis entré dans cette voie mystérieuse où tout est encore obscurité et où, à chaque pas, on craint quelque embûche, quelque surprise faite à notre bonne foi.

Si ce n'était la réserve que ma position commande, je pourrais vous faire l'histoire de cette maladie dont j'ai tenu un journal exact. Qu'il suffise de vous dire que j'ai constaté tous les phénomènes qu'on admet aujourd'hui comme constituant le domaine du magnétisme animal: l'insensibilité physique, l'exaltation surnaturelle de l'imagination et de l'intelligence, l'appréciation du temps, la clairvoyance, le déplacement des sens, la vue à distance, etc.

En général, ces phénomènes nous paraissent impossibles, parceque nous leur appliquons notre manière habituelle de sentir et de comprendre les choses. Ainsi nous ne concevons pas la possibilité de voir sans l'intervention de l'œil, mais cet organe quel est-il, si ce n'est un instrument de renforcement, afin de rendre l'impression des rayons lumineux plus vive? Or, si la puissance nerveuse peut-être doublée, quintuplée, comme elle l'est réellement dans l'état magnétique, de quelle nécessité sera alors cet instrument? La question serait alors de savoir si pour les sens il faut des nerfs spéciaux. Quelques

physiologistes commencent à en douter. S'il en était ainsi, on concevrait comment le fluide lumineux peut laisser des impressions visuelles sur telle ou telle partie du système nerveux périphérique. Car il n'existe entre les nerfs aucune différence de structure. Il en serait de même des sens du goût, de l'ouïe, du toucher.

La vue à distance nous paraît également impossible. Mais le pigeon voyageur transporté dans un autre hémisphère, comment retrouve-t-il son colombier?

Si c'est par la vue, l'explication du phénomème magnétique est trouvée.

Si c'est par l'instinct, elle l'est également, puisque dès lors on admet une intuition supérieure aux obstacles et aux distances.

La magnétisation à distance, qu'est-ce, sinon une attraction? Nous voyons les corps inanimés attirer à eux des corps moins puissants; pourquoi n'en serait-il pas de même des corps animés?

Vous voyez, Messieurs, que je ne fais que poser les questions sans les résoudre.

Mais le temps me presse et j'ai encore à vous entretenir du second point de mon sujet, c'est-à-dire l'application du magnétisme animal à l'art de guérir.

Veuillez encore m'accorder quelques instants votre bienveillante attention.

En quoi le magnétisme animal peut-il servir à la guérison des malades?

Cette question me semble subordonnée à cette autre Convient-il d'employer ce moyen, même dans la supposition qu'il soit efficace?

Eh bien, je pense que non.

Le magnétisme animal dépend d'un trouble profond du système nerveux; il peut donc y avoir du danger à le provoquer.

Les individus soumis à cette influence perdent toute énergie morale et deviennent victimes des moindres secousses physiques et morales.

Ce ne sont plus des êtres libres, mais des esclaves.

Nous ne parlons pas des sujets ou plutôt des compères des magnétiseurs de profession, avec ceux-là la science n'a rien de commun, mais de ces êtres chétifs, la plupart du temps hystériques, où l'état magnétique se développe le plus facilement.

Or, est-ce chose morale que de priver ces malheureux de leur propre arbitre?

C'est, dira-t-on, parce qu'ils ont l'instinct du mal et du remède.

Messieurs, à en juger par les résultats obtenus jusqu'ici, cet instinct doit être bien faible; sans cela quel est le mal qui pourrait rester caché, nous ne dirons pas à l'œil, mais à la vue intérieure des magnétisés ?

Chez la malade que nous avons observée il y a eu une espèce d'intuition de son mal, mais les indications qu'elle nous a fournies sont restées vagues et indéterminées. La seule chose qu'elle précisait, c'était le moment où ses accès devaient finir; ce fut au point qu'un jour elle tomba comme foudroyée et se fit une blessure à la tète au moment où la pendule sonnait le dernier coup indiqué par elle.

Comment le magnétisme animal guérirait-il? Est-ce comme fluide? Mais les courants magnétiques envoyés par Mesmer ne sont plus admis aujourd'hui.

Ne confondons pas le magnétisme animal avec l'électricité. II Suppl.

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Les effets de cette dernière sont tout physiques et on le comprend.

Ce n'est pas d'aujourd'hui que date cette médication. Van Helmont, cette abstraction faite homme, écrivit un livre sur la Cure magnétique des plaies. Un certain Burgravius (nous ignorons jusqu'à quel point nous pouvons le compter pour un de nos aïeux) a disserté sur le traitement magnétique des maladies en général.

Maxwell a donné une eau et une poudre magnétiques, bien entendu dont il était l'inventeur.

Le père Kircher a ajouté à son traité sur l'aimant un supplément sur les Aimants animés.

Un autre jésuite, le père Hell, prétend avoir guéri des obstructions du foie en plaçant un aimant sur la poitrine et un autre sur le dos. Il est vrai que ce qu'il ignorait, c'est à quoi on reconnaît une obstruction du foie.

C'est l'histoire de tous les guérisseurs. Ils s'attaquent à ce qu'ils ignorent, et ce qu'ils guérissent n'est jamais ce qui est incurable.

Au reste, ce ne sont pas de telles cures qui doivent étonner, aujourd'hui surtout que nous connaissons la puissance des courants électro-magnétiques.

Les magnétiseurs de profession, à l'exemple de Mesmer leur maître, prétendent remplacer les courants magnétiques par l'imposition des mains ou certaines passes sur lesquelles ils disent attirer ou refouler le fluide magnétique. Ils ont obtenu ainsi des états extatiques ou somnambuliques, mais de guérisons, jamais.

Un des effets les plus sérieux du magnétisme animal, c'est l'insensibilité ou l'état d'anesthésie où il jette les malades, au point qu'on peut leur pratiquer les opérations les plus

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