Images de page
PDF
ePub

en 1855; à M. Boëns, les résultats de ses observations sur les grippes qui ont sévi à Liége en 1848 et en 1855; et, à deux médecins français, MM. Ragaine et Robiquet, des données sur les épidémies dysenteriques qu'ils ont aussi traitées dans ces derniers temps, le premier à Givet, et le second, dans plusieurs localités du Département de l'Orne. Le travail de M. Mascart, le seul qui n'ait pas été examiné, sera mis incessamment en discussion.

Au nombre des mémoires que l'Académie a reçus de ses correspondants, il en est un de M. Sovet, intitulé: Du vertige rhumatismal, état pathologique que notre collègue décrit avec beaucoup de soin, et qu'il considère comme pouvant occuper une place distincte dans le cadre de la nosologie. La Compagnie, tout en reconnaissant le mérite et la haute utilité de cette communication, a jugé, conformément aux conclusions du rapport de ses commissaires, dont M. Lequime a été l'organe, qu'elle ne pouvait se prononcer sur l'opinion émise par M. Sovet, avant qu'il l'ait corroborée par de nouvelles observations.

La trachéotomie appliquée au traitement du croup, compte certainement de nombreux succès; mais, si la question d'utilité est positivement jugée, du moins en France, il n'en est pas de même de celle d'opportunité, la trachéotomie étant, d'ailleurs, une opération très-délicate sous tous les rapports. C'est ce que M. François a fait remarquer dans le rapport qu'il a rédigé en son nom propre et au nom de MM. Hairion et Michaux, sur de nouvelles observations que M. le docteur Bribosia fils, de Namur, nous a présentées sur trois cas de croup, guéris à la suite de la trachéotomie. L'opération ne réussit, dit ce jeune médecin, que si on la pratique de bonne heure, en ne perdant pas un temps précieux en moyens im

puissants. S'il est vrai, comme M. François le déclare avec raison, que le croup doit être d'abord combattu par un traitement approprié, et qu'il est sage de ne recourir à la trachéotomie qu'au début de l'asphyxie ou comme ressource ultime, toujours est-il, comme l'Académie l'a reconnu, que M. Bribosia a bien mérité, en cherchant à éclairer une question fort ardue et à rendre l'opération dont il s'agit, d'une exécution plus facile et plus sùre.

Deux cas de dislocation du cœur, observés par M. Spring, lui ont fourni l'occasion d'aborder quelques problèmes difficiles de la percussion et de l'auscultation dans un mémoire dont il nous a donné lecture, et qui renferme des vues nouvelles sur le mécanisme des adhérences pulmonaires, sur la nature du son tympanique, ainsi que sur la valeur diagnostique du bruit de frottement pleural et des pulsations hétéropiques du cœur.

M. Spring attribue aux membranes diverses irritées et hypérémiées ainsi qu'au tissu fibroïde qui résulte de leur inflammation exsudative, une rétractilité semblable à celle que les chirurgiens signalent pour le tissu cicatriciel, surtout pour celui qui succède aux combustions. C'est à l'aide de cette rétractilité qu'il explique comment le cœur a pu être déplacé d'une façon qu'on n'observe pas dans les cas de simple épanchement pleurétique.

Pour ce qui concerne le son tympanique de la percussion, notre collègue a été amené à rechercher les conditions acoustiques de la résonnance du cœur en général. A la suite de cet examen, il affirme que le son est tympanique chaque fois que les vibrations excitées par la percussion, sont égales et fixes. L'adhérence pulmonaire peut, selon lui, les rendre égales, et le cœur peut se placer dans la poitrine, de manière à les rendre fixes.

[blocks in formation]

Le bruit de frottement pleural ne semblait pouvoir se produire qu'à l'aide du plissement physiologique des poumons; cependant il a existé dans un cas où le poumon était adhérent dans toute son étendue, si ce n'est à l'endroit où se faisaient entendre les bruits de frottement.

Enfin, l'une des observations dont nous rendons compte ici, semble servir d'argument contre une théorie assez généralement répandue du mécanisme des mouvements et des bruits du cœur. M. Spring a eu l'occasion rare d'ausculter une oreillette du cœur que l'adhérence avait rapprochée de la paroi thoracique. Il y a constaté le fait, d'ailleurs soumis à la vérification des élèves de sa clinique, que le second bruit loin d'être plus manifeste dans les oreillettes du cœur, y manque au contraire.

Pressé par le temps, je dois maintenant me borner à citer les autres travaux que l'Académie a reçus sur la pathologie interne, sur la thérapeutique et sur la physiologie. Ils comprennent les notes de M. Rieken, sur l'uroscopie et sur son état actuel dans les différents pays; les articles de M. De la Rue, de Bergerac, sur la créosote contre l'érysipèle et sur l'emploi des émétiques dans le croup; l'exposé fait par M. François, du travail de Don Gracia y Bernal, sur la lèpre; le travail de M. Burin Du Buisson, relatif à la présence du manganèse dans le sang et à sa valeur en thérapeutique; les considérations de M. Burggraeve, sur l'importance de l'hématologie; l'essai de M. Sigart, sur les asthénies; le mémoire de M. Chartroule, traitant de l'emploi de l'iode pur dans la phthisie, et celui de M. Marrotte sur le régime et le traitement des maladies aiguës; l'observation de M. François, concernant un cas de mort apparente, simulée par un accès de fièvre intermittente pernicicuse; les notes de M. Van Biervliet, sur un cas de section

des nerfs pneumogastriques et sur une hémorrhagie ovarique; le mémoire de M. Brenier, relatif à l'ophthalmologic comparée; le travail de M. Boëns, sur l'accommodation de l'œil aux distances; les résultats des expériences de M. Van Kempen, sur la transmission de la sensibilité et du mouvement dans la moelle épinière, etc.

Vous vous rappelez, Messieurs, le beau et important mémoire que M. Stas nous a lu naguère sur la nicotine et sur la manière de décéler les alcalis organiques dans les cas d'empoisonnement. Notre collègue a institué ses recherches. en 1851, et les principaux organes des animaux sacrifiés ont été placés dans des conserves et enfouis dans des caisses en bois pleines de terre. En 1858, M. Aug. Melsens, répétiteur de chimie à l'École vétérinaire, les en a retirés et les a soumis à des expériences faites en vue de s'assurer si la nicotine, base organique volatile, ne se modifie pas sous l'influence de la décomposition putride. Il ressort de ses expériences que les phénomènes de la putréfaction lente et prolongée, s'opérant à l'abri du contact de l'air et à une température basse, ne détruit pas la nicotine, qu'il semble que ses sels résistent mieux à l'action de la décomposition organique, et qu'on peut isoler cette base de façon à la caractériser complétement. La Compagnie a reçu ce travail avec reconnaissance, car vous en avez facilement reconnu l'utilité.

Restreindre le nombre des opérations et surtout des opérations sanglantes, en substituant les agents de cautérisation ou les appareils mécaniques aux instruments tranchants; diminuer les dangers et les inconvénients des amputations en les remplaçant par la résection des os malades et, lorsque l'amputation est indispensable, ménager les os eux-mêmes le plus possible, tel est incontestablement, comme on l'a dit, la

tendance de la chirurgie de notre époque. Cet esprit conservateur, qui est un retour vers le passé et aux vrais principes de l'art, se répand chaque jour davantage parmi les praticiens de notre pays.

Le rapport que nous a présenté M. De Meyer sur un livre de M. le docteur Metzig, de Lissa, a de nouveau procuré à M. Seutin, l'occasion de nous entretenir des avantages qu'il retire de son appareil amovo-inamovible dans les fractures compliquées. L'une de ses remarques se rapporte à un coup de feu qu'un homme reçut dans la région axillaire et qui nécessita la résection d'une grande partie de l'humérus. Le malade guérit parfaitement à l'aide des bandes amidonnées de notre collègue, appareil dont l'Académie a proclamé depuis longtemps la haute utilité et dont on apprécie de plus en plus les ressources.

Plusieurs autres communications nous ont été faites sur des sujets qui se rattachent au point que je viens de toucher. La première est un mémoire de M. Michaux sur l'amputation tibio-tarsienne et le parallèle de cette opération avec l'amputation sus-malléolaire et de celle de la jambe au lieu d'élection. Notre collègue exprime son opinion sur l'une des questions les plus importantes relatives à la résection de l'amputation des membres inférieurs; il pose, comme règle générale, qu'il faut amputer la jambe aussi bas que possible et que la désarticulation tibio-tarsienne, ne doit pas lui ètre préférée. Cette communication a été suivie d'une discussion dans laquelle MM. Didot et Seutin ont été entendus. Nous avons accueilli ce travail avec le plus vif intérêt, comme renfermant des vues originales et d'une utilité pratique immédiate. Il a valu, depuis, à notre collègue, un bel éloge au sein de l'Académie des sciences de Paris, où l'un des praticiens français

« PrécédentContinuer »