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Plus d'une fois il m'est arrivé que l'os à écarter se fractura pendant que j'en détachais les parties molles. Cependant je ne trouve pas que cet accident augmente trop les difficultés pour achever l'opération. Dans deux cas où je fis l'ablation complète de la mâchoire, il m'est arrivé que l'os se cassa immédiatement à l'origine des condyles; malgré cela je réussis très-bien à écarter l'os totalement sans trop de difficultés.

Je ne crois pas que le procédé d'arrachement produise la gangrène de la plaie, que je n'ai observé qu'une seule fois, mais à une époque où toutes les plaies se sphacélaient plus ou moins facilement sur tous les malades de l'hôpital.

On a aussi parlé des hémorragies consécutives au procédé d'arrachement. Mais ces hémorragies ne furent observées que lorsqu'une petite artère avait été blessée près de son origine. de la carotide et que la ligature que l'on avait mise s'était détachée, ce qui a lieu quand l'opéré parle beaucoup ou mache du pain ou de la viande dans les premiers jours. De cette manière, j'ai vu mourir un malade trois jours après l'opération, le médecin de jour appelé près le malade ayant négligé de mettre une nouvelle ligature sur la petite artère d'où provenait l'hémorragie, ou de comprimer la carotide, que j'aurais liée si on m'eut instruit de cet accident.

4. EMPYÈME PULSATILE, observation communiquée par M. J.-F. HEYFELDER, membre honoraire.

M. Stokes de Dublin (Abhandlung über die Diagnose und Behandlung der Boustkrankheiten u. s. w. ausden. Englischen von Gosh. o. d. Busch. Bremen, 1839) et M. Aran, (Gazette des hôpitaux du 28 août 1858, page 402) ont rapporté deux cas d'une variété particulière de pleurésie latente, à laquelle le premier de ces auteurs a donné le nom d'empyème pulsatile.

Ayant eu dernièrement l'occasion d'observer un cas de cette maladie qui parait fort rare, je m'empresse de le communiquer à l'Académie.

Pierre Schago, âgé de quarante-six ans, pharmacien, de petite taille, d'une constitution délicate, ayant joui jusque-là d'une bonne santé, fut pris de douleurs rhumatismales qui se propagèrent de l'épaule droite jusqu'au sternum. En même temps il eut une série d'accidents febriles, toussa un peu et perdit l'appétit.

Au bout de deux mois une petite tumeur lisse, de forme sphérique, se développa sur le côté droit de la poitrine tout près du sternum, entre la seconde et la troisième côtes. D'abord cette tumeur ne présenta pas toujours la même grandeur; au contraire, elle disparaissait de temps en temps presque entièrement pour reparaitre plus forte ensuite; elle finit par s'accroître visiblement, ne disparut plus, et la respiration devint génée. A partir de ce moment, la tumeur présenta des battements isochrones aux battements du pouls radial. Le malade consulta plusieurs médecins, qui, après un examen plus ou moins soigneux, le déclarèrent attaqué d'un anévrysme incurable. Au mois de juin de l'année passée, il se présenta à moi et je le trouvai dans l'état suivant :

Figure pâle, amaigrissement notable, peau blanche, grisâtre et chaude, pouls accéléré, respiration courte. La tumeur, située entre la deuxième et la troisième côtes du côté droit, offre un diamètre de trois pouces et une forme sphérique et diffuse. La peau qui la recouvre est tendue, amincie et d'une couleur livide; elle présente des battements isochrones aux battements du cœur et du pouls, plus forts pendant la respiration. A la percussion, un bruit obscur; à l'auscultation, aucun bruit anormal caractéristique d'anévrysme. Par la palpation je

constate une fluctuation; la pression avec la main diminue un peu l'étendue de la tumeur.

L'origine et le développement de cette tumeur et les autres signes mentionnés écartèrent la pensée d'un pseudoplasme. Les battements isochrones au pouls simulaient un anévrysme, mais quelle artère devait en être le siége? Était-ce une artère intercostale? J'ai bien observé le faux anévrysme d'une artère intercostale, mais je ne me souviens pas d'un exemple d'un anévrysme vrai de cette artère. Aussi l'anévrysme présente un noyau dur, mais jamais on n'observe de la fluctuation. Je me rappelai un cas rapporté par M. Ribes père, dans ses Mélanges d'anatomie, de physiologie et de chirurgie, où il est question d'un anévrysme de l'artère poplitée, tandis qu'il fut constaté plus tard qu'il n'y avait qu'un abcès au-dessus de cette artère; je fis une ponction exploratrice qui donna issue à du pus, ce qui m'engagea à dilater la petite ouverture, après quoi sept à huit onces de pus s'évacuèrent. La tumeur disparut, les battements diminuèrent, et le malade respirant plus librement, se trouva mieux. L'examen fait avec la sonde me fit découvrir une poche assez étendue dans la poitrine, dont je ne voyais pas les limites.

L'ouverture se guérit en peu de temps, après quoi la tumeur se développa de nouveau, mais cette fois elle s'ouvrit d'elle-même et donna issue à beaucoup de pus. Au bout de huit semaines, la plaie fut complétement cicatrisée et la tumeur ne reparut plus. Aujourd'hui, en examinant le malade on trouve une cicatrice large de deux pouces et longue d'un pouce, point de battements, le côté droit de la poitrine plus aplati que le côté gauche, un bruit sourd à la percussion et la respiration plus obscure en cet endroit, à l'auscultation. En même temps le sujet a gagné beaucoup d'embonpoint et se porte bien.

D'après ce que j'ai rapporté, je ne doute pas que le siége de l'épanchement était dans l'intérieur de la poitrine et dans une poche qui s'y était formée. Le développement de la tumeur et tous les symptômes qui furent observés avant son apparition, démontrent l'existence d'un épanchement enkystė, que j'ai observé plus d'une fois dans un autre endroit de la poitrine. Son siége si près du cœur parait être rare, car jusqu'à présent je n'en connais que deux exemples rapportés par MM. Stokes et Aran et celui que je viens de rapporter. Aussi je crois que dans le cas observé par M. Aran, le diagnostic fut plus facile, la tumeur fluctuante s'étant formée sur le côté gauche vis-à-vis du cœur, duquel devaient dépendre les battements semblables à ceux d'un anévrysme.

Le pleurésie lente ou chronique observée plus fréquemment sur le côté gauche que sur le côté droit, y cause ordinairement un déplacement assez notable du cœur, qui poussé vers le côté droit y fait entendre les battements. Dans le cas observé par M. Aran, l'épanchement enkysté du pus se trouva sur le côté gauche, par conséquent, devant le cœur, qui lui communiquait les battements semblables à ceux d'un anévrysme.

V. RAPPORTS ET DISCUSSIONS.

1. RAPPORT de la Commission chargée d'examiner la question soumise à l'Académie par le Gouvernement au sujet de la récidive de l'ophthalmie dite militaire (1).

Messieurs,

M. le Ministre de l'Intérieur a communiqué à votre Compagnie une lettre de M. le Ministre de la Justice, datée du 14 septembre dernier et qui est ainsi conçue :

(1) Commissaires rapporteurs: MM. GouzÉE, HAIRION et VLEMINCKX.

« Il arrive souvent que d'anciens militaires qui pendant qu'ils étaient sous les drapeaux, furent atteints d'ophthalmie militaire, souffrent de nouveau de maladies d'yeux très-graves, après avoir reçu leur congé; plusieurs d'entre eux réclament. alors les secours du Gouvernement.

<< I importe pour ces cas, de savoir si l'ophthalmie militaire, une fois guérie, est sujette à se représenter chez ceux qui l'ont éprouvée. Je désirerais connaître à cet égard l'avis de l'Académie. »

Le Bureau nous ayant invités à examiner cette question, nous nous sommes empressés de déférer à sa demande.

Messieurs, si nous devions prendre à la lettre la dépêche ministérielle, la réponse à faire serait facile; elle consisterait en ceci « Oui, l'ophthalmie militaire, une fois guérie, peut se représenter chez ceux qui l'ont éprouvée. »

Mais évidemment le Gouvernement n'a pas voulu ne savoir que cela. A quoi lui servirait, en effet, cette simple et bien concise déclaration? A quoi l'avancerait-elle? Ce qu'il a dù désirer connaitre, ce qu'il lui importait de savoir, c'est l'opinion de l'Académie sur la durée de sa responsabilité, en ce qui concerne les maladies oculaires dont peuvent être atteints, dans leurs foyers, les hommes qui ont appartenu à l'armée.

Une fois entendue de cette façon, la question prend des proportions plus vastes et réclame toute l'attention, toute la sollicitude de la Compagnie.

Mais avant d'aller plus loin, Messieurs, permettez-nous une fois pour toutes, de ne plus nous servir de l'expression « ophthalmie militaire. » Indépendamment de ce qu'elle a de peu scientifique, elle présente le grand inconvénient de faire croire que le mal est exclusivement l'apanage des armées. Or, vous savez

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