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sion qu'on a donnée aux nombres, et les nombres eux-mêmes étant les exposans de la génération des sons, rien n'est si naturel que l'expression des divers sons par les chiffres de l'Arithmétique.

Il ne faut donc pas être surpris qu'on ait tenté quelquefois de ramener la Musique à cette expression naturelle. Pour peu qu'on réfléchisse sur cet Art, non en Musicien, mais en Philosophe, on en sent bientôt les défauts: l'on sent encore que ces défauts sont inhérens au fond. même du systême, et dépendans uniquement du mauvais choix et non pas du mauvais usage de ses caracteres : car d'ailleurs, on ne sauroit disconvenir qu'une longue pratique, suppléant en cela au raisonnement, ne nous ait appris à les combiner de la maniere la plus avantageuse qu'ils peuvent l'être.

Enfin, le raisonnement nous mene encore jusqu'à connoître sensiblement que la Musique, dépendant des nombres, elle devroit avoir la même expression qu'eux, nécessité qui ne naît pas seulement d'une certaine convenance générale; mais du fond même des principes physiques de cet Art.

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Quand on est une fois parvenu - là

par une suite de raisonnemens bien fondés et bien conséquens, c'est alors qu'il faut quitter la Philosophie et redevenir Musicien, et c'est justement ce que n'ont fait aucun de ceux qui jusqu'à présent ont proposé des systêmes en ce genre. Les uns, partant quelquefois d'une théorie très-fine, n'ont jamais su venir à bout de la ramener à l'usage, et les autres, n'embrassant proprement que le mécanique de leur Art, n'ont pu remonter jusqu'aux grands principes qu'ils ne connoissoient pas, et d'où cependant, il faut nécessairement partir pour embrasser un systême lié. Le défaut de pratique dans les uns, le défaut de théorie dans les autres, et peut-être, s'il faut le dire, le défaut de génie dans tous, ont fait que jusqu'à présent aucun des projets qu'on a publiés n'a remédié aux inconvéniens de la Musique ordinaire, en conservant ses avantages.

Ce n'est pas qu'il se trouve une grande difficulté dans l'expression des sons par les chiffres, puisqu'on pourroit toujours les représenter en nombre, ou par les

degrés de leurs intervalles ou par les rapports de leurs vibrations; mais l'embarras d'employer une certaine multitude de chiffres sans ramener les inconvéniens de la Musique ordinaire, et le besoin de fixer le genre et la progression des sons par rapport à tous les différens modes demandent plus d'attention qu'il ne paroît d'abord: car la question est proprement de trouver une méthode géné rale pour représenter, avec un très-petit nombre de caracteres tous les sons. de la Musique considérés dans chacun des vingt-quatre modes.

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Mais la grande difficulté où tous les inventeurs de systêmes ont échoué, c'est celle de l'expression des différentes durées des silences et des sons. Trompés par les fausses règles de la Musique ordinaire, ils n'ont jamais pu s'élever audessus de l'idée des rondes, des noires et des croches; ils se sont rendus les esclaves de cette mécanique, ils ont adopté les mauvaises relations qu'elle établit : ainsi, pour donner aux notes des valeurs déterminées, il a fallu inventer de nouyeaux signes, introduire dans chaque note

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une

une complication de figures, par rapport à la durée, et par rapport au son, d'où s'ensuivant des inconvéniens que n'a pas la Musique ordinaire, c'est avec raison que toutes, ces méthodes sont tombées dans le décri; mais enfin, les défauts de cet Art n'en subsistent pas moins pour avoir été comparés avec des défauts, plus grands; et quand on publieroit encore mille méthodes plus mauvaises on en seroit toujours au même point de la question, et tout cela ne rendroit pas plus parfaite celle que nous pratiquons aujourd'hui.

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Tout le monde, excepté les Artistes → ne cesse de se plaindre de l'extrême lon gueur qu'exige l'étude de la Musique, avant qué de la posséder passablement : mais comme la Musique est une des sciences sur lesquelles on a moins réfléchi soit que le plaisir qu'on y prend nuise au sens-froid nécessaire pour méditer; soit que ceux qui la pratiquent ne soient pas trop communément gens à réflexions, on ne s'est guere avisé jusqu'ici de rechercher les véritables causes de sa difficulté, et l'on ainjustement taxé l'Art même Musique.

E

des défauts que l'Artiste y avoit introduits.

On sent bien, à la vérité, que cette quantité de lignes, de clefs, de transpositions, de dièses, de bémols, de bécarres, de mesures simples et composées, de rondes, de blanches, de noires, de croches, de doubles, de triples-croches, de pauses, de demi-pauses, de soupirs, de demi-soupirs, de quart de soupirs, etc. donne une foule de signes et de combinaisons, d'où résulte bien de l'embarras ét bien des inconvéniens, mais quels sont précisément ces inconvéniens? Naissentils directement de la Musique elle-même, ou de la mauvaise maniere de l'exprimer? Sónt-ils susceptibles de corrections, et quels sont les remedes convenables qu'on y pourroit apporter ? Il est rare qu'on pousse l'examen jusques-là, et après avoir éu la patience pendant des années entieres, de s'emplir la tête de sons, et la mémoire de verbiage, il arrive souvent qu'on est tout étonné de ne rien concevoir à tout cela, qu'on prend en dégoût la Musique et le Musicien, et qu'on laisse-là Pun et l'autre, plus convaincu de l'en

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