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JOURNAUX,

FRANÇOIS ET ÉTRANGERS.

PAR UNE SOCIÉTÉ DE GENS-DE-LETTRES¿

JUILLET, 1784.

TOME VII.

TREIZIEME ANNÉE

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A PARIS;

Chez VALADE, Imprimeur-Libraire, rue des
Noyers, vis-à-vis Saint-Yves.

AKC APPROBATION ET PRIVILEGE DU ROI,

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Le prix de la Soufcription de l'Esprit des Journaux, pris à Liege & à Bruxelles, eft de 24 liv. argent de France, pour l'année entiere, que l'on paiera en fouf

crivant.

Le prix de chaque Volume fera de so fols pour les perfonnes qui n'auront pas foufcrit.

On s'adreffera chez J. J. Tutot, Imprimeur-Libraire, en Vinave-d'Ifle, à Liege, & au Bureau des Poftes Impériales, & dans tous les Bureaux des Poftes de l'Allemagne.

A Bruxelles, chez Lemaire, Libraire, au Bureau de l'Esprit des Journaux, rue de la Magdelaine; à M. Horgnies, Expéditeur des Gazettes étrangeres, pour tous les Pays-Bas Autrichiens; chez B. Lefrancq, Libraire. A Amfterdam, chez les héritiers Van Harrevelt B. Vlam, D. J. Changuion & Dufaulchoy, Librair res, dans le Kalveftraat.

A La Haye, chez Goffe & Detune, Libraires.
A Pragues, chez Wolfgand-Gerle, Libraire.
A Vienne, chez Graffer, Libraire.

A Hambourg, chez Virchaux & Ambraife Daclin, Libraires, pour tout le Nord.

A Paris, chez Valade, Imprimeur-Libraire, rue des Noyers, vis-à-vis Saint-Yves, pour toute la France au prix de 27 liv. pour Paris, & de 33 pour les Provinces, rendu franc de port par-tout le Royaume.

A Nancy, chez Matthieu, Libraire, pour toute la Lorraine.

On s'adreffera chez les mêmes pour le Journal Hiftorique & Politique, 52 cahiers de 48 pag. chacun par an, qui paroît régulièrement une fois chaque femaine, La Soufcription eft de 12 liv. de France.

On pourra adreffer les différentes pieces que l'on defireroit faire paroître dans l'Efprit des Journaux, à M. Horgnies à Bruxelles à Liege, au Bureau des Poftes Impériales,

L'ESPRIT

DES

JOURNAUX.

TELEPHE, en douze livres, avec cette épigraphe tirée de Virgile:

Et quorum pars magna fui.

A Londres, & fe trouve à Paris, chez Pif fot, libraire, quai des Auguftins. 1784. Vol. in- 8vo. de 264 pages. Prix 3 liv. 12 f. broché.

Nous ne manquons ni de poëmés en profe;

ni de romans poétiques. Tous ou presque tous ont pour objet l'inftruction. Le Télémaque, le Sethos, les Voyages de Cyrus, n'envisagent que les princes, ne femblent écrits que pour les princes: le héros du nouveau poëme en profe, Telephe, quoique prince lui-même, fe rapproche un peu plus de nous. Plus connu par les traits de la fable que par ceux de l'hiftoire, Télephe fut le fruit des amours d'Hercule &

d'Augé, fille d'Aléus, roi des Tégéates dans l'Arcadie. Les mythologiftes ajoutent que ce prince, irrité de l'incontinence de fa fille, l'expofa elle & fon fils au gré des vents dans un coffre qu'il abandonna aux flors de la mer, & qui, porté fur les bords du Caïque, fut remis à Theutras. La beauté de la mere fit d'abord fur ce roi de Myfie la même impreffion qu'elle avoit faite fur le pere de Télephe. Il adopta le fils, lui promit la couronne, & le fit élever comme fon héritier préfomptif. Le destin de Télephe le conduifit à la guerre de Troye, où combattant d'abord pour cette ville, il fut bleffé par Achille, & prit enfuite le parti des Grecs, par reconnoiffance pour fon vainqueur, qui feul avoit pu le guérir de fa bleffure.

Quelques mythologiftes font d'abord nour rir cet enfant d'Hercule par une biche sur le mont Parthénien. Un berger le remet à Theutras, qui l'éleve, & le fait paffer quelque tems pour fon propre fils, mais qui, fur le point de fe donner un véritable héritier, le chaffe de fa cour, fans lui déclarer fa véritable originę. La trifte fituation, les longues erreurs & les aventures de Télephe ainfi abandonné à : lui-même font ce qui a fourni à M. P*** l'in, téreffante fiction où nous allons le fuivre.

LIVRE PREMIER. » Entre la ville de Gnof» fus & le rivage de la mer, on voit des tom"beaux épars dans une plaine ftérile, dont la

vue infpire la trifteffe au voyageur folitaire. » Elle n'offre à fes yeux ni arbres, ni ruiffeaux. Tout y eft calme dans l'air comme

fur la terre, & rien n'y peut diftraire l'hom» me fenfible qui aime le filence, & qui fe » plaît dans la douleur. «

Telephe s'avançoit dans la Crete pour y » chercher l'hofpitalité, lorfqu'il apperçut un » vieillard qui erroit autour de ces tombeaux. » Après l'avoir obfervé long-tems, il défira l'in» terroger; c'eft un infortuné, difoit-il, qui » peut-être prendra quelque intérêt à mon fort. » Je ne demande point aux dieux que les puif» fans de la terre m'affocient à leur deftinée : » il ne faut à mon cœur qu'un homme compatiffant qui me dife: Vous êtes à plaindre, n & je vous plains. Ce malheureux pleure ici » fans doute des enfans, ou des amis; & pri» vé des derniers appuis de fa vieilleffe, il » vient chercher un remede à fa douleur. «<

"

Télephe ne fe trompe point dans fes con jectures. Le vieillard qu'il apperçoit, eft le fage & malheureux Sophofene. Leur abord eft celui de deux infortunés, qui bientôt épanchent mutuellement leur douleur dans leur sein, en fe racontant leur trifte fort. Peut-être le lecteur, naturellement plus intéreffé pour le jeune Telephe, défireroit-il que le récit de fes aventures précédât celui de Sophofene, & le mit d'abord à portée de connoître ce qu'il voudroit déja favoir de fon héros. Peut-être même le récit de Sophofene n'a-t-il rien d'affez frappant pour fuppléer à ce premier intérêt. C'est cependant l'hiftoire de ce fage qui fait d'abord le principal fujer du premier entretien.

Sophofene defcend de ces fameux Curetes

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